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Prononciation de la lettre "VAV" / "WAW"

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Kown
Messages: 58
Je suis satisfait de votre réponse, je n'ai plus aucune question par rapport au "waw". Merci.
La fin de votre commentaire m'oriente à vous demander le peu de sources prouvant que la ponctuation existe avant la naissance de David s'il vous plait?

"(Je précise tout de même –puisque je vois que c'est évident pour vous que la pontuation n'existait pas encore- que selon certains, la ponctuation existait AVANT la naissance du roi David, même si de nombreuses preuves indiquent le contraire)"
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Je ne sais pas pourquoi vous parlez de "peu de sources", en fait il y en a beaucoup qui pensaient que la ponctuation actuelle date de Matan Thora (donc de plus de 3300 ans, donc avant la naissance de David).

Bien entendu leur argument majeur est le fait que l'on trouve dans le Zohar Akadosh des mentions de nos nekoudot comme 'holam ségol kamats 'hirik… (voir par exemple Zohar I, 24b), que dans le sefer Thora il n'y a pas de "nekoudot" (Zohar II, 116a) et voir aussi Zohar (III, 65a), et à encore beaucoup d'autres endroits.

Pour une multitude de références, vous pouvez vous reporter –entre autres- au Shaarei Zohar (Margulies) sur Nedarim 37a.

Etant donné que le Zohar est un enseignement reçu de Rabbi Shimon Bar Yo'haï (IIème siècle), nombreux sont les auteurs qui ont voulu voir dans les nekoudot utilisées par le Zohar (qui sont les nôtres) un système non pas inventé par l'homme mais reçu directement de D… au Sinaï.

C'est pourquoi lorsque R.Elia Levita –alias R.E. Ba'hour, alias "le Tishbi"- écrivit dans la préface de son Messoret Amassoret et dans d'autres de ses ouvrages que le système de ponctuation que l'on utilise aujourd'hui est inventé par les grammairiens de Tibériade (et donc pas plus tôt qu'au VIème ou VIIème siècle), il provoqua un tollé dans la communauté des kabbalistes qui y voyaient une remise en cause de l'authenticité du Zohar Akadosh qui cite ces nekoudot.

La simple liste des ouvrages et des auteurs qui traitent de ce sujet est vraiment très longue et je pense impossible de vous résumer tout ça en moins de 10 pages.

Quoi qu'il en soit pour ce qui est des partisans les plus connus de l'ancienneté des nekoudot, je vous citerais le Rav Moshé Konits dans son Ben Yo'haï (Wien 1815) qui a écrit son livre pour répondre à celui du Yaabets (Mitpa'hat Sfarim), qui, ce dernier, voyait dans le fait que le Zohar cite les nekoudot une preuve à sa théorie que le Zohar actuel comporte des ajouts qui ne sont pas d'origine tannaïque.

De nombreux autres sont venus par la suite pour contrer le Ben Yo'haï.

Voir encore le Eshtadlout Im Shadal du Rav Yaacov Ba'hra'h (1896), celui-ci rédigé contre le Vikoua'h Al 'Ho'hmat Akabala de Shadal (=Shmouel David Luzzato).

Aussi le Zohar Arakia (§6) de Rav Yerou'ham Leiner (1951) et encore beaucoup d'autres livres du même genre, comme le Maguen vetsina de R. Its'hak Eizik 'Haver (contre le Ari Nohem de R.Y.A. de Modène), le Kadmout sefer Azohar du Radal (=R.David Louria). Le Aderet Eliahou (1885. R.Shlomo Nissim), etc…..

Et pour citer un auteur plus connu du grand public, même s'il n'a pas écrit longuement sur ce sujet mais il y fait des allusions très nettes, je mentionnerais le 'Hida, voir par exemple son Shem Agdolim II, 30a (lettre Teit §6) (voir sur place les annotations Ein 'Hano'h –qui je pense se méprend sur une subtilité assez simple)
et voir encore la terrible appréciation du Ein 'Hano'h un peu plus loin II, 47a sur lettre Mem §159.

Je dois m'arrêter là car c'est bientôt l'heure de la Bdikat 'Hamets.
Bonne Bdika, Joyeuses fêtes et bonnes études.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Suite à mon message du 25 Mars 2011dans lequel je lançais un appel à toute personne pouvant m'indiquer où trouver des écrits du Rav Méir Mazouz qui citerait ses preuves concernant la prononciation des lettres.

Yoyo31 m'indiquait un livre -Sfat Emet- qui m'a toujours l'air introuvable, je ne sais donc pas ce qui y est dit.

Mais entretemps j'ai rencontré le Rav Méir Mazouz en personne et je le lui ai demandé, voici sa réponse:
dans le responsa de son beau-frère le Rav Berdah, shout Its'hak Yeranen helek Beit siman 9.

Je ne l'ai pas encore lu, mais je publie déjà l'info.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
voici un lien pour accéder à la première page concernée:
http://www.hebrewbooks.org/pdfpager.aspx?req=21293&st=&pgnum=102&hilite=

Mille remerciements à toute l'équipe de Hebrewbooks.org qui participe grandement (et bénévolement) à la diffusion de la Thora.
http://www.hebrewbooks.org/

Il m'est difficile de supposer qu'ils se rendent tous vraiment comptent à quel point leur travail est appréciable.

Que D... les bénisse !
tragule
Messages: 28
par rapport au vav/waw, je pense que les preuves à partir des richonim sont assez faibles, vu que leurs écrits sont assez tardives par rapport à la prononciation "d'origine", donc celle des sages du talmud.

il semble que les 2 prononciations sont très anciennes.

les deux sont mentionnées dans "sefer ha'hiloufim" p.20
disponible sur ce lien:
http://www.hum.huji.ac.il/units.php?cat=5040&incat=4972

là-bas il écrit que ben asher et ben naftali, deux experts de la grammaire hébraïque, étaient d'accord que le mot לפוה (bemidbar 26 23) doit se prononcer "lefouwa" comme en irak, et non pas "lefouva" comme en erets israël. il en ressort que dans des autres mots, la prononciation diffère entre les deux.

Pour différencier du bet rafa, il se peut qu'à l'époque, la différence entre beit dagesh et rafe nétait pas encore établie (comme on peut comprendre des transcriptions anciennes comme les septantes, où on trouve "Abraham" et non pas "Avraham").

une autre explication, que je base sur une tradition de certaines régions du Maroc (au nord, là ou le ואו se disait vav), différencie le bet rafa du vav. c'est dur à expliquer à l'écrit, mais en gros en prononçant le vet les dents ne touchent pas la lèvre inférieure, alors qu'en prononçant le vav oui.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Je ne suis pas certain de bien comprendre ce que dit ce livre, ma compréhension de l’arabe étant très limitée.

Toutefois, si je ne fais pas erreur, je crois qu’il s’agît plutôt de la manière d’orthographier le texte biblique et non de sa prononciation.

Les deux protagonistes seraient d’accord qu’il faille écrire ce terme avec un Vav (et non avec un Vet), la prononciation babylonienne mise en avant n’étant pas le sujet de discussion.

Toutefois, même dans l’hypothèse où je ferais erreur et que votre interprétation soit la bonne, le texte dirait donc selon vous : « que ben asher et ben naftali…étaient d'accord que le mot לפוה (bemidbar 26 23) doit se prononcer "lefouwa" comme en irak, et non pas "lefouva" comme en erets israël », votre déduction ne m’apparaît pas évidente, vous écrivez : « il en ressort que dans des autres mots, la prononciation diffère entre les deux ».

J’aurais plutôt dit qu’il en résulte que ce mot doive se prononcer Lefouwa (comme en Irak) et non Levoufa (comme il est prononcé en erets Israel), mais que les deux communautés (et les deux grammairiens aussi) s’accordent à prononcer cette lettre VAV (et non systématiquement WAW comme certains), mais comme tous ceux qui prononcent VAV, il y a des endroits ou le vav sert de « support » à un ‘holam ou à un melapoum !
par exemple dans Baroukh Ata, on ne dit pas Barvoukh Ata.
Notre Baroukh tend plus vers le Barwoukh que le Barvoukh.

C’est en cela que les deux grammairiens s’accordaient : il faut prononcer Lefoua (ou Lefouwa) et non Lefouva.

Or ce type de discussion et de doute ne peut s’envisager QUE selon la lecture dite classique du Vav (=pas celle de rav mazouz et des tunisiens et yéménites), car selon les partisans du WAW, cette lettre ne change pas vraiment de prononciation en fonction des mots et il est exclu d’imaginer la prononciation Lefouva.

Donc SI vous avez la bonne lecture du texte arabe, je dirais qu’il apporte une preuve CONTRE rav Mazouz et en faveur du VAV.


Citation:
il se peut qu'à l'époque, la différence entre beit dagesh et rafe nétait pas encore établie (comme on peut comprendre des transcriptions anciennes comme les septantes, où on trouve "Abraham" et non pas "Avraham").


Les retranscriptions de Vet par un B sont très fréquentes mêmes aux époques où il y avait indiscutablement une différence nettement établie dans la lecture.
Par exemple en France (même du nord) [et en Allemagne] et ce, au XIXème et au XXème siècles !
Nous trouvons des tas de documents où des termes hébraïques sont retranscrits en caractères latins et systématiquement le Vet est rendu par un B –tant qu’il n’est pas en début de mot (là, c’est un V).

Souvent, le Bet est alors signifié par un double B, mais cette habitude s’est perdue avant que celle de rendre le Vet par un B ne disparaisse –et encore, elle n’a pas tout à fait disparue !

Je pense que c’est plutôt la prononciation du B (en français mais) dans les termes étrangers qui a évolué !
J’en veux pour preuve l’école Yabné qui se prononce Yavné et s’écrit Yabné, pourquoi ? Si ce n’est parce qu’en écrivant Yabné on a toujours lu Yavné (car c’est un terme étranger) jusqu’à ce que cette règle se perde et s’oublie.

Cette idée de prononcer une lettre différemment selon qu’elle s’emploie dans un mot étranger ou français ressemble à une autre règle –largement abandonnée de nos jours- qui indique d’utiliser les lettres SH pour rendre le son CH lorsqu’il s’agît de termes étrangers , quoi que cette dernière ait semble-t-il toujours été discutée et je me demande si je ne suis plus le seul en France à suivre cet usage en écrivant Shabbat et Shalom au lieu de Chabbat et Chalom beaucoup plus fréquents.
Ayant appris cette règle dans ma jeunesse (au millénaire précédent), je l’appliquai encore durant les années 80, puis, une absence prolongée m’a tenu à l’écart des évolutions de langage et d’écriture jusqu’à ce que je débarque des Etats-Unis en 2004 pour constater que des tas de choses avaient changé durant mon absence.
Comme le SH aux Etats-Unis se lit comme le CH français, je suis resté « bloqué » dessus, mais je constate que la moyenne d’âge de ceux qui suivent cette règle dépasse les 70 ans.

Il y a des livres dans lesquels on trouve BH pour le Vet (sauf en début de mot) et BB pour le Bet, par exemple, le Choul’han Aroukh Abrégé (NB : Choul’han et non Shoul’han !) du Rav Ernest Weill, il écrit: Loulabh, le 9 Abh, Erebh Pessa’h, Yôme Tôbh, Yebhâmôth, Bâbhâ, Techoubhâh (mais bizzarement Habdâlâh et Eïroubine).

Et en début de mot: Vayyiqrâ.

Et pour le Bet : Chabbâth, Rabbâh, etc.

Pourtant ce livre n’a pas un siècle.

Il y a encore des centaines de livres où l’on retrouve ces notions, surtout le B pour rendre le Vet, comme dans Yabné.
tragule
Messages: 28
De ma connaissance du livre (j'ai parcouru la grande partie), il discute pas du tout de l'orthographe (ketiv) mais seulement de la prononciation/metagim/teamim(keri).

Le lashon traduit veux dire " (par rapport au) lashon ופוה(la note dit quil faut corriger - לפוה, car dans parachat pinhas y a pas ופוה), y a pas de désaccord qu'il se lit en vav à la façon d'irak(donc bavel), et non pas comme le bet rafa, veut-dire comme ענוים et autres (le mot arabe וגירהא. en hébreu on traduit וזולתה) chez les שאמיין(mot arabe désignant israël-syrie à peu près)".

donc -

1. Y a une façon de lire ואו en bavel, et tout le monde est d'accord que c'est ainsi que se prononce לפוה.

2. Y a une façon de lire ואו en erets israel (au moins dans le mot ענוים et autres qui ressemblent), et tout le monde eest daccord que לפוה se prononce autrement.

Donc, les 2 communautés ne lisent pas de la même façon, du moins pour les mots ענוים et compagnie. Erets-Israel lisaient Vav. Je pense qu'il serait raisonnable de dire que Bavel lisaient Waw.

Reste à expliquer comment se fait-il qu'en Israel on lisait lefouwa, contre leur minhag habituel. Vous m'avez donné (je pense que sans faire exprès, mais megalgelin zechout...) une direction avec la comparaison au ואו voyelle - comme dans barouch. Le problème avec cette solution dans le cas de לפוה est que la lettre a déjà une voyelle - le kamats.

Je propose que le mot se lisait (pour e"i) ופואה, le shourouk appartenant au פ qui précède (le koubouts déjà présent ne contredit pas cela - voir Taamei 21 Sfarim, Rav Mordechai Broyer), et le kamats au א qui est kri vela ketiv. Ce phénomène apparaît dans 2 autes mots bibliques - דניאל (écrit דנאל. Yehezkel 14 14, radak et minhat shay ad locum) et ירושלים (écrit ירושלם partout à part 5 fois).

Pour Bavel, pas besoin de tout ça - le ואו se lit comme une consonne normale, avec un dagesh et un kamats.

Selon cette explication, la coutume aujordhui de lire "lefouva" (chez les ashkenazes et certains sepharades) correspond à la prononciation israélienne du ואו, mais à la façon de lire de Bavel (le vav étant juste une consonne, et sans alef caché).
Laenael
Messages: 13
Aussi petit que je sois, j'ai peut-être un indice supplémentaire pour répondre à cette question.
A plusieurs reprises j'ai entendu des linguistes dirent que le Waw se prononçait à l'origine comme le W anglais, donc "ou", et que cela est devenu en parlé moderne enseigné comme le W allemand (dont j'ai entendu une fois que cela serait par l'influence Ashkénaze sur l'hébreu moderne, exactement comme ils auraient imposé la cursive Ashkénaze au détriment de la cursive Séfarade qui aurait disparue - je mets au conditionnel, n'ayant aucun élément pour confirmer ou infirmer).
Je ne sais pas s'il y a l'unanimité quant à ce propos.

J'ai retrouvé une vidéo que j'avais trouvé intéressante sur l'écriture et la prononciation, en voici le lien :
https://www.youtube.com/watch?v=0MitZjSajdk
Le Waw est abordé à 32:20 et l'explication du professeur à 33:06.
tragule
Messages: 28
A. Le livre parle surtout de la prononciation. La majorité des hilloufim dans ce livre sont entre différents Teamim, Metagim, Nikoud, etc. .

B. Je traduis la phrase Arabe en entier:

ואמא לפטה ופֻוה מא פיה כלאף אנהא בוָו עלי מא יקרא בלעראק
Mais pour le mot (traduisible aussi comme - lachon, prononciation...) ופוה, il n'y a pas de controverse qu'il se prononce en waw de la manière qu'il se lit en Iraq (Babylone).

לא בשבה אלבֵי אלרפי אעני מת'ל ענוים וגירהא ללשאמיין
et non pas comme (littéralement - non en ressemblance) le Bet doux/faible, c.à.d comme ענוים et autres pour les Shamiyins ( Remarquez que j'ai bien suivi, écrivant SHamiyins et non CHamiyins ;) ! Le mot Sham désigne Israël et parfois la Syrie. Par ailleurs les juifs de Syrie prononcent V jusquà nos jours).

J'en déduit qu'il existait déjà deux façons différentes de prononcer cette lettre (parce que ענוים se prononce anaVim que pour les Shamiyins, et pas généralement. En plus, dans ענוים on ne pourrait expliquer le w comme résultant d'un holam ou shourek).


(d'ailleurs le lien ne marche plus, faut utiliser plutôt celui-ci https://web.archive.org/web/20130921214724/http://www.hum.huji.ac.il/upload/_FILE_1374493565.pdf , p. 22, et remarquez la note en Anglais en bas de la page!)
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
A Tragule 2 :

Citation:
A. Le livre parle surtout de la prononciation. La majorité des hilloufim dans ce livre sont entre différents Teamim, Metagim, Nikoud, etc. .
B. Je traduis la phrase Arabe en entier:

ואמא לפטה ופֻוה מא פיה כלאף אנהא בוָו עלי מא יקרא בלעראק
Mais pour le mot (traduisible aussi comme - lachon, prononciation...) ופוה, il n'y a pas de controverse qu'il se prononce en waw de la manière qu'il se lit en Iraq (Babylone).
לא בשבה אלבֵי אלרפי אעני מת'ל ענוים וגירהא ללשאמיין
et non pas comme (littéralement - non en ressemblance) le Bet doux/faible, c.à.d comme ענוים et autres pour les Shamiyins ( Remarquez que j'ai bien suivi, écrivant SHamiyins et non CHamiyins ;) ! Le mot Sham désigne Israël et parfois la Syrie. Par ailleurs les juifs de Syrie prononcent V jusquà nos jours).
J'en déduit qu'il existait déjà deux façons différentes de prononcer cette lettre (parce que ענוים se prononce anaVim que pour les Shamiyins, et pas généralement. En plus, dans ענוים on ne pourrait expliquer le w comme résultant d'un holam ou shourek).
(d'ailleurs le lien ne marche plus, faut utiliser plutôt celui-ci https://web.archive.org/web/20130921214724/http://www.hum.huji.ac.il/upload/_FILE_1374493565.pdf , p. 22, et remarquez la note en Anglais en bas de la page!)


Merci pour votre contribution.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
A Tragule 1 :

Citation:
De ma connaissance du livre (j'ai parcouru la grande partie), il discute pas du tout de l'orthographe (ketiv) mais seulement de la prononciation/metagim/teamim(keri).
Le lashon traduit veux dire " (par rapport au) lashon ופוה(la note dit quil faut corriger - לפוה, car dans parachat pinhas y a pas ופוה), y a pas de désaccord qu'il se lit en vav à la façon d'irak(donc bavel), et non pas comme le bet rafa, veut-dire comme ענוים et autres (le mot arabe וגירהא. en hébreu on traduit וזולתה) chez les שאמיין(mot arabe désignant israël-syrie à peu près)".
donc -
1. Y a une façon de lire ואו en bavel, et tout le monde est d'accord que c'est ainsi que se prononce לפוה.
2. Y a une façon de lire ואו en erets israel (au moins dans le mot ענוים et autres qui ressemblent), et tout le monde eest daccord que לפוה se prononce autrement.
Donc, les 2 communautés ne lisent pas de la même façon, du moins pour les mots ענוים et compagnie. Erets-Israel lisaient Vav. Je pense qu'il serait raisonnable de dire que Bavel lisaient Waw.
Reste à expliquer comment se fait-il qu'en Israel on lisait lefouwa, contre leur minhag habituel. Vous m'avez donné (je pense que sans faire exprès, mais megalgelin zechout...) une direction avec la comparaison au ואו voyelle - comme dans barouch. Le problème avec cette solution dans le cas de לפוה est que la lettre a déjà une voyelle - le kamats.
Je propose que le mot se lisait (pour e"i) ופואה, le shourouk appartenant au פ qui précède (le koubouts déjà présent ne contredit pas cela - voir Taamei 21 Sfarim, Rav Mordechai Broyer), et le kamats au א qui est kri vela ketiv. Ce phénomène apparaît dans 2 autes mots bibliques - דניאל (écrit דנאל. Yehezkel 14 14, radak et minhat shay ad locum) et ירושלים (écrit ירושלם partout à part 5 fois).
Pour Bavel, pas besoin de tout ça - le ואו se lit comme une consonne normale, avec un dagesh et un kamats.
Selon cette explication, la coutume aujordhui de lire "lefouva" (chez les ashkenazes et certains sepharades) correspond à la prononciation israélienne du ואו, mais à la façon de lire de Bavel (le vav étant juste une consonne, et sans alef caché).


Vous écrivez :
Citation:
Vous m'avez donné (je pense que sans faire exprès, mais megalgelin zechout...) une direction avec la comparaison au ואו voyelle - comme dans barouch. Le problème avec cette solution dans le cas de לפוה est que la lettre a déjà une voyelle - le kamats.


Ce n’est pas un problème ; si on voit le Vav comme faisant office de W (anglais), dans Baroukh, la lecture serait (je sais que plus aucun Sfarade ne le fait, mais c’est ma supposition de la prononciation d’origine) Barwoukh.

Pour donner « Baroukh », ça devrait être sans Vav, ainsi : ברך avec un Shourouk sous le Reish. Seulement, le Barwoukh est devenu Baroukh avec le temps.

Ainsi, lorsque le Vav est ponctué d’un Pata’h, c’est normal de le lire Wa.

C-à-d qu’il n’y aurait pas de Vav voyelle et Vav consonne.
Le Vav serait toujours une consonne.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
A Leanel :

Citation:
Aussi petit que je sois, j'ai peut-être un indice supplémentaire pour répondre à cette question.
A plusieurs reprises j'ai entendu des linguistes dirent que le Waw se prononçait à l'origine comme le W anglais, donc "ou", et que cela est devenu en parlé moderne enseigné comme le W allemand (dont j'ai entendu une fois que cela serait par l'influence Ashkénaze sur l'hébreu moderne, exactement comme ils auraient imposé la cursive Ashkénaze au détriment de la cursive Séfarade qui aurait disparue - je mets au conditionnel, n'ayant aucun élément pour confirmer ou infirmer).
Je ne sais pas s'il y a l'unanimité quant à ce propos.
J'ai retrouvé une vidéo que j'avais trouvé intéressante sur l'écriture et la prononciation, en voici le lien :
https://www.youtube.com/watch?v=0MitZjSajdk
Le Waw est abordé à 32:20 et l'explication du professeur à 33:06.


Je n’ai pas regardé la vidéo, mais c’est assez classique comme position.

Oui, l’écriture retenue en Israël est l’ashkenaze, mais par contre la prononciation est assez proche de la Sfarade.

(Les Sfaradim raillent les Ashkenazim à ce propos en citant le verset (Bereshit XXVII, 22) הקול קול יעקב והידים ידי עשיו)

Donc le Vav ne devrait pas être inspiré du W allemand.

Seulement, il se trouve, comme dit plus haut, que dans plusieurs pays Sfarades aussi on prononçait Vav et non Waw.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Et enfin, après ces réponses, j’ajoute encore quelques informations concernant la prononciation du Vav :

Rashi dans Souka (21a) et Erouvin (47a) écrit (pour expliquer גס בה) un mot (Privé ?) en rendant le V par la lettre Vav, alors que dans d’autres endroits comme Kidoushin (33a), Ktouvot (28a) et Guitin (61b) et (81a), il l’écrit avec un Veit.

Il y a encore de nombreuses preuves à partir des Rishonim, et c’est même assez explicite sous la plume de R. Its’hak (Profiat) Duran (XIVème siècle), dans son Maassé Ephod (§XXXII -Wien 1865, p.175) où il écrit que les Anciens distinguaient encore entre la prononciation du Vav et du Veit, mais la subtilité de cette distinction s’est perdue.
C’est donc que le Vav ne se prononçait pas Waw (qui n’a plus aucun rapport avec le Veit).

Une preuve, moins convaincante mais intéressante, peut être amenée à partir de l’élégie rédigée par Rabbi Yehouda Arié de Modène (1571-1648) alors qu’il avait 13 ans (en 1584) en mémoire de son maître Rabbi Moshé Bassola.
Il s’agit d’un poème (une Kina) qui se lit en hébreu comme en italien (seul le découpage des mots diffère d’une langue à l’autre, mais les syllabes sont les mêmes ! c’est assez insolite), et on y constate que le Vav se prononçait comme un V.
Voir ce texte étonnant dans son Midbar Yehouda (daf 80b), ou encore à la fin de son Pi Haarié, ou aussi dans Kiriat Sefer (III, p.34), ou dans Rabbi Yehouda Arié Modèna (N.Y. 1901, §3, p.7).

[Il y aussi, dans le rapport du Vikoua’h de Rabbi Ye’hiel de Paris en version latine, pas les non-juifs, des indications prouvant qu’ils disaient Vav et non Waw.
Voir en fin de chapitre XVII, soit dans « La controverse sur le Talmud sous Saint Louis » (Paris 1881) p.41, où, dans la partie latine, les lettres « Lamed et Vav » sont appelées « Lameth et Vahv » (et non Wahw ou encore Uahu).

Mais je ne suis pas persuadé de la valeur de cette preuve, car il y a aussi un livre, Liber Bellorum Domini, écrit en latin par Guillaume de Bourges (XIIème-XIIIème siècle), juif converti au christianisme, où l’on trouve plusieurs versets retranscrits en caractères latins, ce qui nous permet de savoir comment les lettres étaient prononcées à son époque en France.
Le Vav semble être lu Waw. Par exemple (§XIX) « lamaueth nafso », ou encore (§XXIII) « miqueue israel » et d’autres exemples.

Mais c’est en réalité parce qu’en latin le V et le U se valaient, on ne distinguait pas trop entre les deux, souvent la forme V était réservée pour les débuts de mots et U pour le reste, c-à-d qu’un U peut aussi bien se lire V.
C’était ainsi en français aussi, jusque dans certains livres imprimés (on trouve aussi des choses ressemblantes entre le I et le J, ou entre le S et le F).

Et pour prouver qu’il n’y a rien à déduire de la retranscription du Vav par un U dans ce livre, il suffit de constater qu’il retranscrit aussi le Veit (Beit Refouya) par un U, voir (§XXIII) où il écrit « roheu » pour rendre רוכב.]

Mais, comme dit, des preuves de l'époque des Rishonim ne sont pas d'une très grande valeur (pour fixer la prononciation originelle), car on en trouve dans les deux sens.

[Il y a aussi des preuves de l’époque post-talmudique (début Gueonim), par exemple dans les noms des Nekoudot, le Sheva dont la graphie (deux points verticaux souscrits) correspond au Shevaya syriaque, voir Yad Shadal (Luzzatto) (§V, -éd. Trieste-Cracovie 1895, p.12), laisse entendre que son nom est bien Sheva et non Shewa.

Pourtant, voir encore les lettres de Shadal dans Epistolario (Padova 1890, p.666-7) où il est en désaccord avec Rabinovicz sur l’origine du nom du Sheva, justement parce qu’on ne peut pas imaginer passer du Veit au Vav…]

On pourrait apporter des preuves qui semblent indiquer qu’à l’époque des ‘Hazal eux-mêmes, le Vav ressemblait plus à un V qu’à un W (anglais).

Par exemple, voyez Rashi qui explique la Gmara Souka (40b) qui utilise le mot אפיקטויזין (généralement lu « Afiktoyzin »), comme étant un Notrikon des mots אפיק טפי זין (Afik Tfei Zin) ce qui indique tout d’abord que la lecture correcte n’est pas Afiktoyzin mais Afiktveizin, et nous en comprenons que le Vav devait plutôt se lire comme un V s’il a pu remplacer un F (Afiktveizin pour Afiktfeizin).
Mais si on le lit comme un W anglais, comment vient-il remplacer le פ du mot טפי ?
Cela veut donc dire que les ‘Hazal prononçaient Vav et non Waw.

Voir encore le Ramban (Bereshit XXX, 20) qui explique qu’on trouve dans le Yeroushalmi Kilaïm (V,3) et Yevamot (VII,3) le mot Avir écrit avec un Veit אביר au lieu d’un Vav אויר et que ça revient au même (שאינם מקפידים בכך). Cela tend à dire que le Vav ne se prononçait pas Waw.

Voir aussi la préface de Marcus Jastrow à son dictionnaire (8ème page) où il indique que le Vav et le Veit peuvent retranscrire le même mot emprunté d’une langue étrangère, comme pour « Boulevtes » qui s’écrit בולבטס ou בולווטס (voir aussi dans ce dictionnaire p.146).

Il y a encore dans les ‘Hesronot Hashas sur Shabbat (116a) deux jeux de mots sur le mot « evangelium » (évangile) par Rabbi Méir (און גליון) et par Rabbi Yo’hanan (עון גליון), qui indiquent tous deux que la prononciation du Vav était comme un V.
Toutefois, comme expliqué plus haut, à partir d’un mot en latin on ne peut rien prouver [d’autant qu’en ce cas précis, l’origine grecque ancienne était précisément εὐαγγέλιον (euangélion)].

Aussi, Rabbi Elazar Hakalir (que plusieurs Rishonim considèrent comme un Tana) fait rimer « Lévi » avec « Navi », s’il prononçait Lewi ça n’irait pas (car dans Navi c’est un Veit).
Toutefois, à l’époque des Rishonim, nous avons le Ibn Ezra (Kohelet V,1) qui le lui reproche justement (ce qui indique que ce dernier distinguait le Vav du Veit).
[En fait de rimes, on pourrait aussi prouver à partir des Hoshanot (mais c’est bien plus tardif que l’époque des ‘Hazal), vers la fin des Hoshanot de Hoshana Raba (Kol Mevasser Veomer), il y a une rime entre le Vav et le Veit : שם רשעים להאביד, עושה חסד למשיחו לדוד.]

Voyez encore ce que j'ai écrit ici https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=57105#57105 en parlant du Zohar qui y avait été mentionné.
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