Citation:
A la suite de la lecture d'une réponse sur le Yenouka, par le Rav Wattenberg (https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=61006#61006), dans laquelle il argumente sur la présence de miracle chez les non-juifs :
"A l'inverse, il y a des histoires de miracles (très documentées et attestées etc.) par des "saints" chrétiens, musulmans, bouddhistes, etc. Et même chez les sorciers vaudous d'Afrique"
Plusieurs questions me viennent en tête :
- Comment, dans la perspective de la tradition juive, devons-nous comprendre les récits de miracles (modernes ou non) et de prophéties attribués à des non-juifs — qu’il s’agisse de figures religieuses comme Jésus, Mohamed, ou encore de personnages bibliques tels que Bil‘am — et quel sens leur donner par rapport à la croyance en D., à la question de la véracité de ces récits,
La prophétie de Bilam est attestée par ma Torah elle-même, celles de Jésus et Mahomet ne le sont pas, ni ne sont acceptées dans le judaïsme en tant que telles.
Mais il me semble que votre question porte en réalité plutôt sur les « miracles » que sur les prophéties.
Là aussi, les miracles attribués à Jésus ne sont pas vus comme des Nissim (« miracles ») dans la tradition juive, mais plutôt comme de la magie/sorcellerie.
Il faut souligner que les textes fondateurs du judaïsme (comme le Talmud) n’attribuent aucun miracle au Jésus dont il parle (et il n’est pas évident d’affirmer que ce soit le Jésus des Chrétiens, plusieurs Rishonim prouvent l’inverse).
Ce sont des textes apocryphes juifs (Toldot Yeshou), souvent très tardifs
(époque des Rishonim et début A’haronim), qui en parlent en rattachant ce pouvoir à la magie et aux forces maléfiques.
Quant aux miracles de Mahomet, là encore c’est nécessairement tardif
(vous pensez bien qu’aucune mention ne peut figurer dans la Torah, le Nakh ou le Talmud, puisque Mahomet n’était pas né à cette époque) et de rares mentions très tardives n’y accordent aucune foi.
Globalement, que ce soit l’histoire de la division de la lune ou la réinsertion d’un globe oculaire pour Mahomet, comme les histoires de multiplications des pains ou de balade sur l’eau pour Jésus, le judaïsme traditionnel n’y prête pas foi ni attention, d’aucuns pensent qu’il ne s’agit que de fabulations et récits imaginaires, certains estiment qu’il y a eu usage de magie noire, tandis que d’autres supposent qu’il devait y avoir une base par des tours de passe-passe et de prestidigitation, qui ont été un peu complétés et romancés pour en faire les exploits racontés aujourd’hui.
D’une manière ou d’une autre, il faut comprendre que la capacité à faire des « miracles » (des choses qui semblent aux autres surnaturelles) se retrouve chez des tas de gens aujourd’hui, des personnes sur lesquelles vous n’aurez aucun doute que leurs exploits ne sont pas à mettre en relation avec leur niveau de pureté ou de spiritualité.
Les David Copperfield et consorts reconnaissent volontiers qu’il ne s’agit que d’illusionnisme, pourtant leurs prouesses dépassent souvent les miracles que l’on peut raconter sur tel ou tel prophète.
Dans un autre registre, les Uri Geller et Cie prétendent manier des pouvoirs surnaturels, mais sans revendiquer une Kdousha particulière, ils ne se font pas passer pour des envoyés de D.ieu sur Terre.
Ce qui reviendrait en réalité à dire que ces pouvoirs dits surnaturels seraient parfaitement naturels mais encore inconnus de la science, voilà tout.
Citation:
et au fait que certains justes juifs consacrent leur vie à se rapprocher de D. sans jamais être témoins de tels miracles ?
L’objectif du judaïsme n’est pas de faire des miracles.
Le but de la vie n’est pas de devenir magicien.
Un Tsadik n’est PAS supposé opérer des miracles.
Si l’on raconte des miracles et histoires incroyables à propos certains Tsadikim, ça ne veut pas dire qu’un Tsadik doit aspirer à cela.
Il y a toujours eu des tsadikim en mode « rabbins miraculeux » et d’autres en mode « rabbins responsables et dirigeants » de la Rou’hniout du peuple.
Ces premiers étaient toujours rares et très minoritaires, les dirigeants du peuple juif n’étaient généralement pas les rabanim « miraculeux ».
Ceux qui ont été les gardiens de notre tradition, ceux qui ont transmis la Torah de génération en génération, n’étaient PAS des rabanim miraculeux.
Certaines aptitudes de l’âme permettent un certain type de connexion au divin qui fait que certaines personnes sont plus sensibles à certaines « ondes » spirituelles
(qui se baladent pourtant autour de nous tous, mais il faut savoir les capter).
Ces gens à l’âme sensible, s’ils s’investissent dans la Avodat Hashem, deviennent des « rabbins miraculeux », du genre Baba Salei, Baba Elazar et autres « Babas » ou certains Rabbis ‘Hassidiques.
Mais ces rabanim ne peuvent pas remplir le rôle primordial de transmission de la Torah et direction du judaïsme.
Ils pourront bien entendu enseigner à un ou deux élèves quelques choses, mais vous les verrez rarement comme Rosh Yeshiva ou Maguid Shiour etc. Ils n’en sont pas capables, ce n’est pas compatible. Même à l’époque du Shas, les rabbins miraculeux n’étaient pas les (plus grands) transmetteurs de Torah.
Rabbi ‘Hanina Ben Dossa, par exemple, était un rabbin miraculeux, dont les prières étaient plus facilement exaucées, plus facilement que celles de son maître, R. Yo’hanan Ben Zakay, qui était le Gdol Hador et plus grand Tsadik que Rabbi ‘Hanina Ben Dossa
(Brakhot 34b).
Ce qui signifie que le niveau de Tsidkout d’un Rav n’est PAS étroitement lié à son pouvoir de Tfila ou sa capacité à faire des miracles.
Les naïfs et les enfants s’imaginent que le seul critère de mesure de Tsidkout serait l’aptitude à la magie et au « surnaturel », c’est une erreur.
Citation:
- Dans une autre réponse, le Rav Wattenberg nous explique que certains "miracles" furent inventés (https://www.techouvot.com/les_miracles_de_nos_jours-vt8029898.html) ; dès lors comment pouvons nous et devons nous faire la différence entre les miracles (hormis ceux des textes reconnus tel que ceux de la Torah) et les histoires de "tapis volant" ?
Je sais que mes questions sont complexes, et peuvent sembler floues, ainsi n'hésitez pas à me reprendre sur la formulation de celles-ci.
Je vous remercie et vous souhaite Chabat Chalom.
Comme expliqué sur la page indiquée par ce lien, il faut distinguer entre les miracles attestés par la Torah et ceux relatés par un naïf.
La règle de base est de savoir que
chaque chose insensée à laquelle vous adhérerez, peut être de nature à saper votre Emouna.
A partir de là, il vaut mieux se contenter du minimum admis dans la tradition, à savoir les miracles attestés par la Torah et par la tradition.
Les miracles du Baal Shem Tov seront donc à minimiser autant que faire se peut, on évitera ainsi les drames familiaux déjà évoqués sur ce site (
https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=45070#45070 ).
Il n’y a donc pas une liste des miracles à valider, il faut se fier à son bon sens et analyser les choses avec clairvoyance, et savoir qu’un Rav n’a pas besoin de faire des miracles pour être un Kadosh Elyon et très proche de D.ieu.
Mais il est inutile d’établir la liste des miracles de tous les rabbins, libre à chacun de croire ou de ne pas croire aux miracles attribués aux rabanim contemporains, certains juifs bien intentionnés mais à la Emouna faible et plus affaiblie encore par la paucité de leurs connaissances talmudiques, ont besoin de croire à ces choses pour tenter de se forger un lien avec le spirituel, il ne convient pas de les en empêcher.