Pour un ashkénaze, le mieux est de préparer un concentré de thé avant Chabat en versant de l'eau bouillante sur des sachets de thé (ou des feuilles de thé), puis enlever ces sachets, après quoi pendant Chabat verser de ce concentré dans un keli chéni.
La deuxième possibilité est de verser de l'eau bouillante sur un sachet de thé avant Chabat tout en remuant les feuilles de thé, puis pendant Chabat verser sur ce sachet de thé de l'eau chaude d'un keli richon, à condition que ce sachet soit sec.
Par ailleurs, celui qui introduit un sachet de thé pendant Chabat dans un keli chlichi a sur qui s'appuyer, mais celui qui s'abstient est digne de bénédiction.
Pour un sépharade aussi le mieux est de préparer un concentré de thé avant Chabat.
Mais s'il n'a pas préparé de concentré, il lui est permis de mettre un sachet de thé pendant Chabat dans un keli chlichi.
Sources et explications :
Kalei Habichoul : des aliments qui cuisent facilement
En règle générale, un aliment ne peut pas cuire dans un keli chéni, comme on le voit dans le Choul'han Arou'h (סי' שיח ס"ט).
Néanmoins, les Richonim sont discutés au sujet de certains aliments qui sont tendres ou fins.
Le Yereïm (Rabbi Eliézer de Metz du 12e siècle) affirme que certaines choses tendres (comme par exemple du pain) peuvent cuire dans un keli chéni.
D'un autre côté, le Tour (סי' שיח ס"ה) soutient que rien ne peut cuire dans un keli chéni.
Le Choul'han Arou'h (סי' שיח ס"ה) tranche comme l'opinion du Tour (d'après le principe de yech veyech halakha keyech batra). Mais le Rama retient l'avis du Yereïm.
L'avis des décisionnaires sépharades sur les kalei habichoul
Le Ben Ich 'Haï (שנה שניה פרשת בא ס"ו) adopte l'opinion du Yereïm.
Rav Bentzion Abba-Chaoul (אור לציון פ"ל ס"ה) soutient qu'il n'est pas à craindre que des aliments cuisent dans un keli chéni mise à part le pain et les feuilles de thé.
Rav Ovadia Yossef (חזון עובדיה ח"ד פ"י ס"כ) quant à lui adopte l'opinion du Choul'han Arou'h selon laquelle d'après la stricte loi rien ne cuit dans un keli chéni.
Keli chlichi
Il est vrai que dans le Yereïm (סי' רעד) il est écrit qu'il faut faire attention de ne rien mettre dans un keli chéni ou chlichi. Cependant les Richonim et les décisionnaires (dont le Tour et le Beit Yossef) qui rapportent ses propos ne mentionnent pas qu'il interdit le keli chelichi. Il semble qu'ils avaient une différente version.
En tout état de cause, cette question est sujette à discussion entre le Ba'h et le Pri Megadim.
Le Ba'h (סי' שיח ס"ז) déduit de la Guemara (.שבת מב) qu'il n'y a pas de différence entre un keli chéni et un keli chlichi.
A contrario le Pri Megadim (שם א"א סקל"ה) déduit du Beit Yossef (שם סעיף י"א) et du Maguen Avraham (סי' תמז סק"ט) qu'il est permis de mettre du pain ou des feuilles de thé dans un keli chlichi.
Le Michna Broura (שם סקמ"ז) d'un côté écrit qu'il est permis de mettre du pain dans un keli chlichi. D'un autre côté, à propos des feuilles de thé (שם סקל"ט) n'apporte pas la possibilité de les mettre dans un keli chelichi.
Il semble donc que le Michna Broura s'appuie sur le Pri Megadim uniquement au propos du pain où l'on peut rallier l'avis du Raavia qui permet de cuire à l'eau un aliment qui a été déjà cuit au four.
En revanche, les décisionnaires sépharades ont une position indulgente à l'égard du keli chlichi. Tel est l'avis de Rav Bentzion Abba-Chaoul (שם) qui s'aligne à l'opinion du Pri Megadim. Par ailleurs Rav Ovadia Yossef (שם) on l'a vu considère que même dans un keli chéni c'est permis selon la stricte loi.
Comment préparer du thé ?
Le Michna Broura (שם סקל"ט) autorise à verser de l'eau bouillante sur des feuilles de thé avant Chabat tout en les remuant, puis pendant Chabat verser sur elles (après qu'elles aient séchées) de l'eau chaude d'un keli richon.
Mais il considère que le mieux est de préparer un concentré. Par ailleurs il ne mentionne pas la possibilité de préparer du thé dans un keli chlichi.
Le Pri Megadim (שם א"א סקל"ה) on l'a vu permet de le préparer dans un keli chelichi.
C'est aussi l'avis de Rav Moche Feinstein (אגרות משה ח"ד סי' עד בישול אות טו) qui écrit qu'il n'est mentionné nulle part que certaines choses cuisent dans un keli chlichi. Par ailleurs il précise que le fait que l'eau rougisse lorsque qu'on met du thé dans un keli chlichi n'est pas considéré comme une cuisson, car même de l'eau froide rougit en contact avec du thé.
D'un autre côté le Arou'h Hachoul'han (שם סכ"ח) interdit de préparer du thé dans un keli chlichi, car il prétend qu'on voit bien que les feuilles de thé cuisent dans un keli chlichi du fait qu'elles cuisent facilement. Et tel est l'avis de Rav Elyachiv (הלכות שבת בשבת ח"א פ"ח הע' 79).
Les décisionnaires sépharades
Rav Ovadia Yossef (חזון עובדיה ח"ד פ"י סכ"א) considère que selon la stricte loi il est permis de verser sur des feuilles de thé de l'eau chaude d'un keli chéni. Néanmoins il écrit (שם ס"ז) qu'a priori il est souhaitable de préparer un concentré de thé avant Chabat.
Rav Bentzion Abba-Chaoul (שם) adopte l'avis du Yereïm, du Rama et du Ben Ich 'Hai qui interdisent de verser de l'eau bouillante d'un keli chéni sur des feuilles de thé, mais il s'aligne à l'opinion du Pri Megadim qui autorise à les mettre dans un keli chlichi.
Néanmoins, il permet de verser de l'eau chaude d'un keli chéni sur un sachet de thé, étant donné qu'un irouï (versement) ne cuit que la couche extérieure d'un aliment (כדי קליפה), par conséquent le irouï ne cuit que le sachet mais pas les feuilles qu'il renferme.
