Converti et différences

Bonjour

J'ai vu un cours de Rav ron Chaya qui m’a remué.

En effet il dit qu’un converti n'a pas le droit de réciter “chelo assani li goy(a)”

Depuis j'ai fait des recherches et en effet plusieurs décisionnaires recommandent de ne pas le dire ou alors le dire sans dire le nom de Hachem. Ce qui revient au même...

Je me suis mise à pleurer toutes les larmes de mon corps.
Nous nous sentons déjà différents de part le regard ou les paroles des autres. Et les décisionnaires font eux-mêmes des différences.

Ne dit-on pas qu'on ne doit pas rappeler au converti qu'il est converti ?
Lorsque l'on passe dans le Mikvé, c'est comme une naissance. Nous recevons notre Nechama juive. Alors pourquoi ne pourrait-on pas dire cette Braha ?

Un bon juif qui a fait des mitsvots toute sa vie et finit sa vie comme un racha sans faire techouva ne sera-t-il qu'un bon juif toute sa vie?

Un converti qui est désormais considéré comme juif et qui donnera (pour une femme) naissance à des enfants juifs n'a-t-il pas le droit également qu'on laisse son passé derrière lui pour ne voir que la finalité ?

Pour ma part je fais mes brahot tous les matins. Et je continuerai à la dire même si c'est une Braha Levatala pour certains.

Je ne parle jamais à personne de ma conversion car systématiquement les gens voient les convertis d'un autre œil et les réflexions du genre "oui mais elle n'est pas vraiment juive elle est convertie" fusent de toutes parts.

Je pleure très souvent de cette discrimination.
Même dans les tefilots il y a une différence entre juif et converti. Il est toujours précisé "guer"...

Seul(e) un(e) converti(e) peut comprendre ce que nous ressentons.

J'aurais aimé être juive depuis toujours, D... en a décidé autrement mais les hommes s'arrangent toujours pour nous le rappeler.

Les juifs qui vous dénigrent parce que vous êtes une convertie sont dans l’erreur et commettent des péchés condamnés par la Torah.

Leur vision est polluée par des aprioris qui ne sont pas tirés de la Torah du tout, parfois, ça confine au racisme.
Considérez-les comme ces juifs anti-religieux qui de toute façon vous méprisent aussi (tout comme ils méprisent tout juif religieux), ils sont dans le péché à cause de leur ignorance.

Les juifs pratiquants prient trois fois par jour pour vous et pour tous les convertis (dans la Amida, « al hatsadikim… veal guérei hatsédek…»), ceux qui vous snobent se trompent.

Mais ne vous focalisez pas sur eux, analysez plutôt votre propre estime de vous ; vous devriez être fière de votre état !

Vous dites « J'aurais aimé être juive depuis toujours, D... en a décidé autrement », si D.ieu en a décidé autrement, c’est qu’il savait que vous pourriez, tout en naissant non-juive, faire le chemin que vous avez fait.

Ce n’est pas donné à tout le monde, loin de là.

Et je serai prêt à parier que l’écrasante majorité de ceux qui vous rappellent vos origines n’en auraient pas été capables.

Je pense que vous devriez développer une fierté d’être une Guiyoret.

Il y avait parmi les Tossafistes, un rav prénommé Avraham et appelé Rabbi Avraham Haguer (Rabbi Avraham le converti). C’est ainsi que les autres Tossafistes l’appelaient. Cf. Tosfot Kidoushin 71a.

S’il avait honte de son statut, il eut été interdit de le surnommer ainsi.
C’est donc qu’il devait en être fier, c’est de lui qu’il faut s’inspirer.

Concernant la brakha, au contraire ! Soyez fière de sauter cette brakha, rappelant par-là tous les jours votre mérite extraordinaire devant les anges et le Kissé Hakavod, d’avoir fait cette démarche de conversion.
Je trouve qu’en faisant cette brakha, vous diminuez vos mérites, c’est dommage.
Revendiquez et soyez fière, s’il y a quelques imbéciles qui ne comprennent pas, tant pis pour eux.

Vous glorifieriez plus D.ieu par votre abstention, en sautant cette Brakha, qu’en la récitant !
Votre abstention clame tout haut qu’il y a une personne qui -bien qu’étant née non-juive, a adhéré au judaïsme et à la Torah par conviction.

Si vous tenez absolument à dire cette Brakha, je ne peux pas vous dire que c’est assurément un grave péché, voyez ce que j’ai écrit ici : https://www.techouvot.com/la_berakha_chelo_assani_goy_pour_un_guer-vt19009.html

Pour ce qui et de la discrimination, voyez encore ce que j'ai écrit là: https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=51348#51348

Je suis né juif et je trouve les convertis bien plus admirables. J'aurais même voulu faire ce chemin pour montrer ma volonté, gravir une montagne plutôt que d'y naitre à son sommet, mais je ne peux pas, et je ne n'aurais peut-être pas eu le courage de le faire.

Cela n'est que mon avis mais, même dans les faits, Rabbi Akiva qui est l'un des plus grand maîtres est le fils d'un converti. Le roi David et par conséquent le Mashiah descendent également d'une convertie. Qui oserait dire qu'ils descendent de personnes qui ne sont pas vraiment juives ?

La fierté d'être converti ne doit jamais être effacée par ceux qui les discriminent, de même que la fierté d'être juif n'est pas effacée par les antisémites, même si cela peut être malheureusement caché pour ne pas se confronter à l'erreur de certaines personnes.

Chalom Yael40.

Avec la permission du Rav Wattenberg, et avec votre accord, je souhaite (non pas ajouter ou développer ce qu’a dit le Rav, mais) dire quelque chose en tant qu’ancien élève de Rav Ron Chaya.

Je comprends, chère Mme, ce que vous ressentez ; j’ai moi-même (en tant que juif de naissance) connu des convertis qui ont souffert de ce genre de désagrément, si ce n’est pas pire que ça, malheureusement (sans rentrer dans les détails pour chacune de ces personnes).

Je tiens cependant à vous dire qu’il ne faut pas considérer les Rabbanim – tels que le Rav Chaya – comme étant des gens mal intentionnés (même s’il en existe d’autres, malheureusement).
Et puis, ce n’est pas parce que vous êtes convertie que vous êtes une cible pour des gens tordus (juifs ou pas, d’ailleurs) ; moi-même, j’ai beaucoup souffert depuis mon enfance à cause de gens (enfants, adolescents, ou même adultes) qui sont remplis de mauvaises Midot ... alors que je suis Juif de naissance. Et malheureusement, ça n’a pas vraiment changé depuis.
Il y a beaucoup de gens qui ont des mauvaises Midot, mais c’est, comme l’a dit Rav Wattenberg, à cause de l’ignorance. Mais, en général, les Rabbanim – tels que le Rav Chaya – font énormément de choses pour les gens en général, y compris parfois pour des Non-juifs, même s’ils ne sont pas forcément convertis ou en voie de conversion. Sachez que beaucoup de convertis (ou de gens en voie de conversion) sont passé par la Yéchiva du Rav Chaya, au point où lui-même ne sait pas combien il y en a eu au total.

Et avec cela, comme Rav Wattenberg vous l’a déjà expliqué, vous imaginez bien que de tels Rabbanim, lorsqu’ils disent si un(e) converti(e) peut, oui ou non, réciter la Brakha de « Chélo ‘Assani Goy(a) », ce n’est pas par ségrégation, mais plutôt par soucis de respecter la Loi de ne pas prononcer le Nom de D. en vain, ce qui est très grave, et qu’au contraire, s’ils ne s’étaient pas souciés de cela, c’est là qu’on pourrait peut-être soupçonner le manque d’intention de la part des Rabbanim envers les convertis – ce qui, vous l’aurez compris, n’est pas le cas ... C’est d’ailleurs ce que comme vous l’a dit et fait comprendre le Rav Wattenberg.

A OAPerez et Parker :

Merci pour vos contributions respectives.

A Yael40 :
Voyez, Parker est capable de dire l'inverse et aller jusqu'à "regretter" de ne pas être né Goy pour pouvoir se convertir de lui-même.

Il n'y a donc pas de "regrets" à avoir, D.ieu sait faire naître chacun là où il doit grandir.