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Tefila Betsibour publique dans les aéroports étrangers

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YDH
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Bonjour Rav Wattenberg,

Que pensez-vous des Minha improvisés publiquement dans les aéroports étrangers ? Sans parler des chahrit avec talith et tefiline…
D’un point de vue halakha et hachkafa ?
Vaut-il mieux pas faire soit beyahid discrètement si on peut ou bien faire deux Arvit ?
Si un coreligionnaire vient nous solliciter pour participer à ce genre d’office pour compléter un quorum, est-ce une faute que de refuser ?

Merci.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 7095
Citation:
Bonjour Rav Wattenberg,
Que pensez-vous des Minha improvisés publiquement dans les aéroports étrangers ? Sans parler des chahrit avec talith et tefiline…
D’un point de vue halakha et hachkafa ?
Vaut-il mieux pas faire soit beyahid discrètement si on peut ou bien faire deux Arvit ?
Si un coreligionnaire vient nous solliciter pour participer à ce genre d’office pour compléter un quorum, est-ce une faute que de refuser ?



Concernant « faire deux fois Arvit », c’est-à-dire sauter volontairement Min’ha : non. A moins d’être réellement dans un cas de Oness (par exemple dans un aéroport en Algérie 😊).

Faire la Tfila Betsibour dans un aéroport, en dehors d’un espace aménagé à cet effet (ou retiré), n’est généralement pas souhaitable.
Si dans certains pays (en Israël) ça pourrait passer, il en est où ça serait très mal perçu et générateur de ‘Hiloul Hashem.
Dans les pays européens, il convient de savoir faire preuve de discrétion.

Idem pour organiser un minian dans l’avion, généralement en bloquant l’accès aux toilettes, c’est plus une Aveira qu’une Mitsva.
Celui qui s’entête à organiser ce type de Minian car il souhaite dire Kadish pour son parent, ne se rend pas compte qu’un tel Kadish n’est pas bénéfique pour la Neshama du défunt, au contraire.
Combien de fois ai-je assisté à de tels minianim en plein vol, et aux énervements qui s’ensuivirent.
Je me souviens d’une fois particulière où une dame qui s’était retrouvée bloquée dans les toilettes (par des personnes qui faisaient la Amida) et d’autres passagers qui voulaient s’y rendre et ne le pouvaient pas. C’est terrible de ne pas comprendre par soi-même qu’il ne faut pas faire la Amida à cet endroit.

[J’ai lu le Tshouvot Vehanhagot (I, §163) qui se demande, lorsqu’on forme un minian dans un avion et que les participants se trouvent des deux côtés de l’allée qui mène aux WC, si l’on peut considérer qu’il y a association pour le Minian, car cela pourrait être vu comme une interruption (Hefsek) par le « Shvil Harabim » (un chemin avec du passage qui les sépare).

Là-dessus, un récent Sefer nommé Avnei Barzel (Eisenstein) (I, §29,6, p.142) nous rassure : le quorum est valide et on n’a pas à se soucier du "chemin" qui ne constituera pas un Hefsek étant donné que, généralement, les participants au minian l’obstruent aussi de toute façon !
C’est vraiment terrible.
Voir aussi ‘Hashoukei ‘Hémed Moed Katan (26b, p.440).]

Rav Shlomo Zalman Auerbach (Halikhot Shlomo Tfila, §8,4, note 12) était opposé à l’organisation d’un Minian dans l’avion.
J’ai aussi lu la même chose à propos de Rav Ovadia Yossef qui préférait prier beya’hid seul à sa place qu’en Minian dans l’avion. Voir aussi Yalkout Yossef (§90, 35).

Certains vont jusqu’à dire que si l’on prie Beminian dans l’avion et que ça occasionne du ‘Hiloul Hashem, on ne serait pas quitte de la Tfila, car c’est une Mitsva Habaa Beaveira (Rav Zilberstein dans Avnei ‘Hoshen III, p.418).

[Voir aussi Kanfei Roua’h dans Avnei ‘Hefets (Zilberstein) (p.233-234) qui émet la possibilité de penser qu’un minian dans un avion n’aurait pas valeur de minian et ça ne serait pas une Tfila betsibour.
Voir aussi Zekher Yehossef (IV, §235) et encore rav Zilberstein dans ‘Hashoukei ‘Hémed Rosh Hashana (17b, p.209).]

Si c’est un vol Elal, qu’il y a un espace rendu disponible par l’équipage et que c’est avec leur accord, ça peut se faire.
Mais s’imposer en bloquant l’accès aux WC dans un charter, ce n’est franchement pas malin.

Si l’on a commencé un Minian et qu’on prie debout dans l’avion, qu’une zone de turbulence se déclare et que le personnel de navigation demande de rejoindre son siège et d’attacher sa ceinture, il faudra, en pleine Amida, rejoindre son siège et s’asseoir et mettre sa ceinture (Shévet Halévi XI, §25,3).
Mais a priori, à part quelques exceptions (-je veux donc dire : dans la majeure partie des cas), il est préférable de rester à sa place pour prier.

Quant à savoir comment réagir lorsqu’on est sollicité pour participer à un Minian à l’aéroport, difficile d’établir une règle unique, cela dépendra du pays, de la situation, de l’espace, de la place, de la promiscuité, etc.
Si ce minian sera source de ‘Hiloul Hashem, il ne faut pas y participer, voire -dans la mesure du possible- décourager les autres aussi.

A plus forte raison s’il s’agit de faire Minian dans l’avion même, devant l’accès aux toilettes.
Que chacun prie discrètement dans son coin, ça sera bien mieux, souvent même pour la Kavana, même en priant assis, cf. Shévet Halévi (XI, §24 et §25) et Halikhot Shlomo (Tfila 8,4) (voir aussi Igrot Moshé O’’H IV, fin de §20).

Même dans le train, le Rouv de Paris, R. ‘Haïm Yaakov Rottenberg, disait de faire la Amida assis, car la Kavana prime sur le fait d’être debout.
Il se peut que dans certains trains (type TER intercités) où il y a des espaces vides assez larges et l’on peut s’y tenir debout aisément et sans avoir besoin de se tenir, peut-être que dans ce cas il aurait dit de faire la Amida debout si l’on trouve une place qui n’est pas dans le passage et qui ne dérange personne.
Voir encore Bartenora Brakhot (IV,5), Kobets Or Israel (XXX, p.140) (que l’Admour de Bobov priait assis dans l’avion) et Shout Sheélat Its’hak (III, §9), Yeshouat Moshé (II, §100) et Beit Avi (IV, §31).

[Rav Gross (Iguerta De’hedvata 43, p.148, §5) se demande pour le cas où l’on doit prier dans l’avion, puisqu’il est difficile de prier debout en classe économique, peut-être faut-il prendre un billet en première classe pour pouvoir se mettre debout pour la Amida. Il écrit que c’est au moins comme un Hidour Mitsva pour lequel on devra aller jusqu’à ajouter un tiers du prix d’une place. Dans les faits, généralement, la première classe revient à beaucoup plus qu’un tiers de plus.]

Il est une mauvaise une Mida qui amène à considérer comme un manque de ferveur la volonté de ne pas déranger autrui par son culte.
Je ne crois pas que ce soit uniquement le fruit de la bêtise, il y a assurément un manque au niveau des Midot aussi pour en arriver à cela (ou alors avoir grandi dans des pays où cela ne pose problème à personne au point de ne pas remarquer qu’en France ou en Europe ça dérange les gens).

Certains Rabanim ne voient pas de problème à faire la Tfila à voix haute dans un avion en présence de nombreux non-juifs, avec Talit et Tfilines, en se balançant frénétiquement et en bloquant l’accès aux toilettes.
Hélas.

J’ai lu dans Ha’hafets ‘Hayim ‘hayav oupealo (I, p.229-230) le témoignage d’un rav lituanien (Rav Yo’hanan Zofovitz) imprimé dans le périodique Shaarei Tsion (Eloul 1934) qui raconte avoir voyagé dans un train où la grande majorité des passagers était non juive et parmi eux se trouvaient quelques juifs dont le ‘Hafets ‘Hayim et son gendre R. Tsvi Hirsh Levinsohn.
Lors d’un arrêt matinal qui dura une heure à une gare en chemin pour Vilna, ils comprirent qu’ils n’arriveraient pas à temps à Vilna pour y prier et se résolurent donc à prier Sha’harit dans le train durant cet arrêt.
Rav Tsvi mit son Talit et ses Tfilines et pria à voix haute et behitlahavout comme à son habitude, tandis que le ‘Hafets ‘Hayim se déplaça vers une place dans un coin près d’une fenêtre, enleva sa veste (ou son manteau ?), mit son talit, remit sa veste (/manteau) par-dessus pour ne pas que l’on remarque son Talit, puis mit ses tfilines furtivement et pria en silence et discrètement.

Les autres juifs, voyant cela, suivirent l’exemple du ‘Hafets ‘Hayim en évitant de se faire remarquer et en recouvrant leur talit par leur manteau pour ne pas déranger les autres usagers.

Je ne crois pas que le ‘Hafets ‘Hayim faisait preuve de manque de ferveur, il considérait pourtant qu’il ne fallait pas déranger les non-juifs en mettant son talit par-dessus sa veste, ou en faisant la Tfila de manière ostentatoire.

PS: veuillez excuser les fautes ou incohérences, je suis un peu malade et n'ai pas la force de me relire.
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