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Chofar : différences de coutumes

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arioulifnei2
Messages: 1
Bonjour,

C’est une question bien précise pour laquelle j’aimerais avoir une réponse claire s’il vous plaît.

J’aurais aussi besoin de la source sur laquelle vous baserez votre réponse.

Nous sommes une communauté Sépharade depuis plus de 40 ans. Nous tolérons la présence d’une personne qui appartient à la communauté habbad pour donner des cours de temps en temps. Cette personne souhaite sonner le chofar. Or, elle sonne le chofar d’une façon particulière. En effet, elle coupe le 3 ème son du chevarim en 2 voire en 3.

Sommes nous, en tant que Sépharades acquittés par cette sonnerie ?

Je vous remercie d’avance pour votre retour.

Chavoua Tov.
Rav Mordehai Alberman
Messages: 104
En écoutant des chevarim dont le son est brisé, ceux qui ont l'habitude d'écouter des chevarim dont le son est régulier (comme c'est le cas pour beaucoup de sépharades) se rendent quitte de la mitzva de chofar.

Toutefois, si un ashkénaze (ou quelqu'un qui a l'habitude de sonner le chofar selon la coutume ashkénaze) sonne le chofar à des sépharades, il faut préalablement lui demander de ne pas inspirer et de ne pas s'arrêter le temps d'une inspiration entre les chevarim et la teroua du tachrat (acrostiche de tekia chevarim teroua tekia) des tekiot demeyouchav (le chofar que l'on sonne avant moussaf).
.
Sources et explications :

Chevarim : différences de coutumes

La façon de sonner les chevarim est sujette à discussion parmi les Richonim.

Le Ramban (דרשה לראש השנה סוף פרק ח) soutient que le son des chevarim ne doit pas être régulier (פשוט) comme une courte tekia, mais il doit être brisé comme un sanglot (par exemple ou-tou).

D'un autre côté, le Ritva (ראש השנה לג: ד"ה שיעור) écrit que la seule différence entre un chever et une tekia repose sur la longueur du son, mais pas sur le type de son. Et c'est ce qui ressort aussi de Tossephot (שם לג: ד"ה שיעור).

De facto, les communautés issues de Pologne, d'Allemagne et de Hongrie se rangent derrière l'avis du Ritva et leur chever s'apparente à une courte tekia. Et telle est aussi la coutume de beaucoup de sépharades, même si certains d'entre eux ont l'habitude de monter à la fin du chever [tou-ou].

En revanche, les communautés issues de Russie et de Lituanie se rangent derrière l'opinion du Ramban et sonnent des chevarim brisés. Et tel est la coutume habad [אוצר מנהגי חב"ד עמ' קג].

S'acquitter d'un son de chofar différent de son habitude

Le Yaabetz dans son livre Mor Ouketzia (סי' תקצ), à propos de la teroua, témoigne d'une grande différence de coutumes entre les sépharades, les allemands et les polonais.

Il affirme que chacun, en suivant sa coutume, se rend quitte, car toutes ces formes de teroua sont valides.

Rav Bentzion Abba-Chaoul (אור לציון ח"ד פ"ה סכ"א) rapporte ses propos et en déduit qu'en écoutant une teroua différente de notre coutume, nous nous rendons quitte.

En outre, il rapporte les propos du Choul'han Arou'h (סי' תקפו ס"ו) selon lesquels nous nous rendons quitte de la mitzva même si le son du chofar est très grave ou très aigu, car tous les sons de chofar sont valides.

Il en déduit que si le son de la tekia n'est pas régulier du début à la fin, mais qu'il monte et qu'il descend, malgré tout, nous nous en rendons quitte, car tous les sons de chofar sont valides, comme l'écrit le Choul'han Arou'h.

Nous pouvons donc en déduire que si nous nous rendons quitte d'une teroua différente de notre coutume, de la même façon nous ne rendons quitte de chevarim différents de notre habitude, d'autant que cette coutume se fonde sur les propos du Ramban.

De plus, Rav Nissim Karelitz (חוט שני ר"ה פ"ד סק"ב) et Rav Ophir Malka (הליכות מועד פ"ד סי"א) précisent que le Ritva est d'accord qu'en faisant des chevarim comme le décrit le Ramban, nous nous rendons quitte, seulement selon lui, il n'est pas nécessaire de sonner un son brisé.

Une ou deux respirations entre les chevarim et la teroua

La façon de sonner le tachrat est sujette à discussion entre le Choul'han Arou'h et le Rama.

Selon le Choul'han Arou'h (סי' תקצ ס"ד), lorsqu'on sonne le tachrat des tekiot demeyouchav, les chevarim et la teroua doivent être sonnés d'une seule respiration.

Mais les chevarim et la teroua du tachrat des tekiot demeoumad (le chofar que l'on sonne pendant Moussaf) doivent être sonnés avec deux respirations.

En revanche, le Rama écrit que la coutume ashkénaze est de sonner les chevarim et la teroua avec deux respirations même lors des tekiot demeyouchav.

Le Michna Broura (סקי"ז) précise que les décisionnaires qui pensent qu'il faut sonner les chevarim et la teroua avec deux respirations, si le baal tokéa (celui qui sonne le chofar) les a sonnés d'une seule respiration, a posteriori nous nous rendons quitte.

C'est pourquoi un ashkénaze se rend quitte des tekiot sépharades.

En revanche, selon les décisionnaires qui soutiennent qu'il faut sonner les chevarim et la teroua d'une seule respiration, si le baal tokéa les a sonnés avec deux respirations, nous ne nous rendons pas quitte, comme l'écrit le Michna Broura (סקט"ז) et le Kaf Ha'haïm (סקל"א).

C'est pourquoi, a priori un sépharade ne se rend pas quitte des tekiot demeyouchav si le baal tokéa suit la coutume du Rama.

Par conséquent, si le baal tokéa est ashkénaze, ou qu'il a l'habitude de sonner le chofar selon la coutume ashkénaze, et qu'il sonne le chofar à des sépharades, il faut lui demander de sonner les chevarim et la teroua des tekiot demeyouchav d'une seule respiration.

Différentes coutumes parmi les ashkénazes

Cependant, il faut savoir que pas tous les ashkénazes suivent la coutume du Rama à ce sujet.

En effet, le Gaon de Vilna conteste les propos du Rama et s'aligne à l'opinion du Choul'han Arou'h.

Aussi, le Cha'ar Hatzioun (סקי"ח) écrit que la conclusion du Choul'han Arou'h est excellente, car de cette façon, nous nous rendons quitte de tous les avis. Et c'est aussi la conclusion du 'Hazon Ich (סי' קלו סק"ב).

Et telle est la coutume de beaucoup d'ashkénazes en tout cas en Eretz Israel.

Il est également probable que certains Habad suivent les directives du Choul'han Arou'h, étant donné que l'Admour Hazaken écrit dans son Choul'han Arou'h Harav (סי' תקצ ס"ט) que dans un endroit où il n'y a pas de coutume claire, il faut procéder d'après la conclusion du Choul'han Arou'h.

Deux respirations : définition

La définition de deux respirations est sujette à discussion parmi les décisionnaires.

D'un côté, le Choul'han Arou'h Harav (ס"ח) soutient qu'il faut vraiment respirer entre les deux, c’est-à-dire inspirer après les chevarim et expirer en sonnant la teroua. Et tel est l'avis également du Rav de Brisk (פניני רבינו הגרי"ז עמ' סח).

D'un autre côté, le Michna Broura (שם סקי"ח) comprend qu'il faut faire entre les deux une petite pause, le temps qui nous prend pour inspirer (un quart de seconde), mais il n'est pas nécessaire de réellement inspirer entre les deux.

C'est pourquoi un baal tokéa qui sonne le chofar à des sépharades ne doit pas inspirer ou s'arrêter le temps d'une inspiration entre les chevarim et la teroua du tachrat des tekiot demeyouchav.
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