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La réponse de qualité à vos questions

Shoah, cannibalisme permis ?

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aralé
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Kvod Harav Wattenberg,

Tout d'abord merci pour l'ensemble de vos réponses qui allient une connaissance encyclopédique juive et non-juive et un profond bon sens.

Je viens de visionner un documentaire sur le ghetto de Varsovie. Les gens y sont morts de faim par dizaines de milliers . Images horribles.

Je me suis souvenu que dans les camps de prisonniers russes où ils mourraient de faim, certains pour survivre ont mangé des cadavres. On raconte la même chose pour les goulags.

Certes, le cannibalisme est repoussant même si on masque ça dans une soupe. Mais des enfants qui meurent de faim c'est terrifiant.

En situation de pikouah néfech on peut (ou on doit ?) transgresser les lois habituelles pour sauver une vie. Qu'en est-il de se nourrir de cadavres ? Était-ce permis ? Obligatoire dans un cas comme la shoah ? Ou ça reste interdit ?

Comme je n'ai jamais entendu que ça a été pratiqué et qu'il y avaient de nombreux rabbins savants, je suppute que c'est interdit même dans des situation de pikouah néfech massif. Et je me demande pourquoi ?

Par ailleurs, je sais que le cannibalisme est interdit par la Tora, sans, si je ne me trompe, que ça figure dans le Houmach. D'où le sait-on ? Par bon sens ?

Désolé de poser une telle question, mais je suis sous l'émotion d'avoir vu tous ces Juifs mourir de faim.

Merci d'avance
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6347
Citation:
Tout d'abord merci pour l'ensemble de vos réponses qui allient une connaissance encyclopédique juive et non-juive et un profond bon sens.
Je viens de visionner un documentaire sur le ghetto de Varsovie. Les gens y sont morts de faim par dizaines de milliers . Images horribles.
Je me suis souvenu que dans les camps de prisonniers russes où ils mourraient de faim, certains pour survivre ont mangé des cadavres. On raconte la même chose pour les goulags.
Certes, le cannibalisme est repoussant même si on masque ça dans une soupe. Mais des enfants qui meurent de faim c'est terrifiant.
En situation de pikouah néfech on peut (ou on doit ?) transgresser les lois habituelles pour sauver une vie. Qu'en est-il de se nourrir de cadavres ? Était-ce permis ? Obligatoire dans un cas comme la shoah ? Ou ça reste interdit ?
Comme je n'ai jamais entendu que ça a été pratiqué et qu'il y avaient de nombreux rabbins savants, je suppute que c'est interdit même dans des situation de pikouah néfech massif. Et je me demande pourquoi ?
Par ailleurs, je sais que le cannibalisme est interdit par la Tora, sans, si je ne me trompe, que ça figure dans le Houmach. D'où le sait-on ? Par bon sens ?
Désolé de poser une telle question, mais je suis sous l'émotion d'avoir vu tous ces Juifs mourir de faim.



Je vous cite:
Citation:
Tout d'abord merci pour l'ensemble de vos réponses qui allient une connaissance encyclopédique juive et non-juive et un profond bon sens.

Merci, vous êtes trop bon avec moi.

Citation:
Je me suis souvenu que dans les camps de prisonniers russes où ils mourraient de faim, certains pour survivre ont mangé des cadavres. On raconte la même chose pour les goulags.


En 1986, j’ai rencontré des juifs qui avaient réussi à s’échapper d’URSS après un exil en Sibérie, ils venaient d’en réchapper.
L’un d’eux avait dit que lorsqu’ils trouvaient une souris (qui allait servir de repas) c’était la fête.
Ça m’a marqué.

Citation:
En situation de pikouah néfech on peut (ou on doit ?) transgresser les lois habituelles pour sauver une vie. Qu'en est-il de se nourrir de cadavres ? Était-ce permis ? Obligatoire dans un cas comme la shoah ? Ou ça reste interdit ?
Comme je n'ai jamais entendu que ça a été pratiqué et qu'il y avaient de nombreux rabbins savants, je suppute que c'est interdit même dans des situation de pikouah néfech massif. Et je me demande pourquoi ?


Si les sages (Ktouvot 23a et Edouyot II, 2) ont dit « Lo Raïnou eina Reaya », à plus forte raison le dira-t-on sur « Lo Shamanou ».

Le fait que vous n’ayez jamais entendu que la question du cannibalisme se soit posée durant la Shoah n’indique pas qu’elle ne l’ait point été.
Et de fait, la question s’est malheureusement posée durant cette période horrible et nous en avons même une attestation écrite par le Rav Yehoshoua Moshé Aharonsohn (1910-1992), l’auteur du Shout Yeshouat Moshé, qui a tenu un journal intime durant la guerre -publié après son décès sous le titre Alei Merourot (1996 et seconde édition en 2013) qui comprend aussi une partie où sont mentionnées les questions Halakhiques auxquelles il a été confronté durant la Shoah.

Vous y trouverez (p.248-9) qu’au mois de Iyar 5705 (1945), le Rav ainsi que tout un groupe de juifs se sont retrouvés enfermés dans un champ (et surveillés par des S.S.).
Lorsque la faim commença à se faire insupportable, ils commencèrent à manger les herbes amères qui poussaient autour d’un étang qui se trouvait là-bas (et qui font penser au titre de l’ouvrage).
Malheureusement, les civils allemands habitant le secteur se sont plaints auprès des S.S. bourreaux et gardiens des juifs, arguant que si leurs prisonniers mangeaient l’herbe et la verdure, il n’en resterait plus assez pour leurs troupeaux qui doivent brouter.
C’est pourquoi, les nazis ont interdit aux juifs de manger l’herbe sous peine de mort.
A partir de là, selon le témoignage du rav, il y avait des morts chaque minute, des centaines de morts de faim les uns après les autres.

Et c’est là qu’une de ses connaissances, nommée Z.P. (ou Z.F. ? c’est en hébreu ז.פ.) est venu lui demander qu’étant donné qu’il sent qu’il est dans ses derniers instants et qu’il va mourir incessamment s’il ne mange rien, peut-il couper un bout d’un des morts pour manger un peu et sauver sa vie ?

Il a aussi signifié au rav que s’il autorisait cette consommation en raison du danger, cela permettrait assurément de sauver des vies, surtout qu’ils savaient que la fin de la guerre approchait à grands pas ; sauver une vie aujourd’hui était plus prometteur que durant les premières années de la guerre où l’on n’en voyait pas encore la fin, dommage de mourir si proche du but.

Le Rav raconte qu’avant de répondre, il s’est mis à pleurer et à implorer D.ieu en silence, de bien vouloir reprendre son âme si ça peut lui éviter de tomber si bas (de devoir consommer de la chair humaine).

Puis il répondit que selon la logique Halakhique, cela devrait être autorisé dans ce cas -comme on peut le voir dans le Midrash, mais qu’il y a lieu de craindre que certains en viennent à tuer les plus faibles (lorsque les corps manqueront) et surtout, craindre que les S.S. décident de tuer tout le monde sous prétexte que nous ne sommes que des cannibales barbares.

L’argument a convaincu Monsieur Z.P.

Le Rav indique qu’à peu près une heure après cela, les S.S. ont reçu l’ordre de déménager ce campement (et apparemment cela solutionnait le problème de la famine d’une manière ou d’une autre). Ils étaient restés 14 jours « coincés » à cet endroit.

Vous avez donc raison, que même durant la Shoah, les rabbanim n’ont pas autorisé le cannibalisme -même s’il est halakhiquement autorisable lorsqu’il n’y a pas lieu de considérer les craintes évoquées plus haut.

Nous trouvons aussi dans le Shout Mimaamakim du rav Ephraïm Oshry (IV, §23) une question qui s’est posée dans les années 50, suite à un crash d’un avion en zone déserte, les survivants avaient-ils ou non le droit de manger les morts ?
Le Rav répond que OUI, c’était Moutar dans ce cas, mais il ajoute que durant la guerre dans le ghetto de Kovno et aux alentours, jamais l’anthropophagie n’avait été pratiquée (=à sa connaissance / avec accord rabbinique) et les juifs ont préféré mourir plutôt que de s’abaisser à cela.
(Le Shout Mimaamakim du Rav Oshry est essentiellement un compte-rendu des questions qui ont été posées au ghetto de Kovno durant la guerre, Rav Oshry y était un jeune rabbin adjoint et a noté toutes les questions particulières de cette période. Après la guerre, il les a publiées en y joignant des ‘Hidoushim personnels et des ‘Habourot ainsi que quelques questions de l’après-guerre, comme celle-ci.)

Si ce qu’il écrit est peut-être vrai pour le ghetto de Kovno, il y a eu des situations plus pénibles, plus dramatiques et plus catastrophiques encore que ça, par exemple au camp de concentration d'Ebensee, où il a vraisemblablement été question de cannibalisme, comme le laisse entendre R. David Weiss-Halivni dans son autobiographie « Le livre et l’épée » (éditions du Rocher 1999, p.70).

Et déjà, le verset dans Eikha (IV, 10) indiquait malheureusement des cas d’anthropophagie lors de la famine liée au ‘Horban de Jérusalem ידי נשים רחמניות בשלו ילדיהן


Citation:
Par ailleurs, je sais que le cannibalisme est interdit par la Tora, sans, si je ne me trompe, que ça figure dans le Houmach. D'où le sait-on ? Par bon sens ?


Il n’est pas évident pour tous que ce soit explicitement interdit dans la Torah ; d’aucuns considèrent certes que c’est un issour Lav, déduit par Kal Va’homer de l’animal non-kasher (cf. Shita Mekoubetset Ktouvot 60a au nom du Raa), d’autres voient ça comme un issour Essé déduit du verset (Vayikra XI, 2) qui dit « Zot Ha’haya Asher Tokhlou » (celle-ci et pas une autre) (Rambam Hil. Maakhalot Assourot II, 3) et enfin, certains estiment que l’interdit n’est que Miderabanan (Rashba Ktouvot 60, Raavad Torat Kohanim Shmini, Ramban Ktouvot 60 et Vayikra XI, 3).

Le Shoul’han Aroukh (Y’’D §79, 1) écrit que c’est interdit Min Hatorah mais il mentionne que selon certains ce n’est que Miderabanan.
(Voyez encore Encyclopedia Talmudit 1, p.159)


J’ai entendu que le Rav Kook aurait dit que même selon l’opinion pour laquelle il n’y a pas d’interdit Min Hatorah, ce n’est que parce que la gravité de la faute entraîne qu’il est superflu de l’interdire explicitement, chacun le comprend de lui-même, voilà pourquoi la Torah n’a pas pris soin de l’interdire.

Cela veut dire que le péché serait tellement évident et grave qu’il n’est pas nécessaire de l’interdire dans le texte de la torah, ce n’est donc pas un Lav ni un Essé, mais c’est pire.

L’idée est intéressante, mais elle demande à être analysée et approfondie, sans quoi, comment expliquer que la Torah ait pris soin d’interdire explicitement le meurtre ?
Ne pouvait-on pas le comprendre de nous-mêmes ?
Et que dire de la consommation des Shkatsim ? Pourquoi la Torah précise qu’il est interdit de manger un cafard et ne dit rien (selon certains) de la chair humaine ?

Quoi qu’il en soit, là où la question se posera c’est dans le cas où le choix se présente entre consommer de la chair humaine ou celle d’un animal Taref.

Imaginons un malade en danger de mort s’il ne mange pas et il n’a le choix qu’entre un corps humain et de la viande interdite -disons du cheval.
Que faut-il choisir ?
Selon rav Kook, il semblerait qu’il faille préférer le cheval, bien que son interdiction soit établie clairement dans la Torah…

Ce Psak paradoxal se trouve aussi être le choix du rav Glasner dans son Dor Revii (il a appelé ses Sfarim ainsi car il était descendant à la 4ème génération du ‘Hatam Sofer) sur ‘Houlin (Pti’ha Klalit, ot Beit, daf 26c, d’’h Veod), pour qui il est évident qu’il faille préférer la viande Treifa et ne pas « s’abaisser au cannibalisme pour éviter de transgresser un interdit explicite de la Torah ».

Je ne vois pas comment justifier halakhiquement sa position si ce n’est en la mettant en relation avec celle du Rav Kook, ou encore, en considérant qu’il y ait dans la Torah un interdit englobant ce type de conduite, c’est un peu ce qui ressort ce ses mots ;

Il écrit qu’il serait impensable que le peuple juif puisse/doive transgresser le bon sens à ce point pour éviter de transgresser un interdit de la Torah.
Car tout ce qui est abominable aux yeux des peuples évolués nous est forcément interdit au titre de Kedoshim Tiyou et il est impossible qu’il nous soit permis de faire quelque chose qui semble évidemment interdit par le bon sens au monde entier.

Voici ses mots :
היעלה על הדעת שאנו עם הנבחר עם חכם ונבון, נעבור על חוק הנימוס כזה, כדי להינצל מאיסור תורה?... דכל שמתועב בעיני האומות הנאורים שאסורה לנו... מטעם המצווה דקדושים תהיו, וכל שאסור לכלל מין האנושי הנאורה בחוק הנימוס, אי אפשר להיות מותר לנו עם קדוש

Il semble donc dire que le cannibalisme serait interdit par la Torah dans le cadre de la Mitsva de Kedoshim Tiyou (Soyez saints), à la différence de Rav Kook qui ne cherche pas à trouver l’interdit dans le texte de la Torah mais dans son esprit.

En tout état de cause, le Dor Revii -lui aussi- se base sur le bon sens pour exclure le cannibalisme par les mots « Kedoshim Tiyou », car c’est une pratique de sauvages.

[Dans le Talmud (Guitin 47a) on nous raconte que Reish Lakish s’est vendu aux « Loudiim », selon certains en tant que gladiateur (– Loudiim, du terme Ludus gladiatorius – les écoles de gladiateurs que les romains appelaient « Ludus » tout court) et selon d’autres, il s’agirait de cannibales (cf. Rashi ad loc). Voyez Tosfot (ad loc) qui précise que cela a eu lieu avant que ledit Reish Lakish ne fasse Tshouva.]


Cette idée selon laquelle le bon sens serait la volonté de D.ieu se retrouve chez ‘Hazal ;
Voyez le Rashi sur Shemot (31, 2) [et Gmara Brakhot (55a), Midrash Kohelet Raba (VII, 18), Bereshit Raba (I, 14)] au sujet de Betsalel que l’on félicite pour son bon sens (de vouloir construire le Mishkan AVANT les Kélim) qui aurait pu sembler aller à l’encontre de l’ordre de D.ieu, il a pourtant tenu à clarifier les choses et il s’est avéré que Moshé s’était trompé dans l’ordre des constructions et que Betsalel, par la force de son bon sens, a retrouvé la volonté de D.ieu et a eu raison.

Voyez aussi Rashi sur Dvarim (II, 26) [et Yalkout ‘Houkat (§764) et Tan’houma Buber en fin d’ajout sur Dvarim (daf 3b-4a §10)] lorsque D.ieu a dit de faire la guerre à Si’hon, Moshé leur a proposé la paix en premier lieu (de son propre chef).
Il s’en est justifié en disant à D.ieu c’est de Toi/ou de la Torah (selon les deux explications données -Ayen sham) que je l’ai appris... Et ça n’est pas considéré « contre la volonté de D.ieu » car c’est le bon sens qui le veut.

L’idée est que « le bon sens » peut parfois nous dicter une conduite qui pourrait sembler interdite par la Torah mais qui serait (-s’il s’agit d’un véritable « bon sens », car certains sont prompts à perdre le Nord et se diriger dans le « mauvais sens ») la véritable volonté de D.ieu (comme ici, manger du cheval mais pas de la chair humaine).

[Bien entendu, c’est un concept à manier avec une extrême prudence, car ce que je nomme ici « le bon sens » nécessiterait une vraie définition afin de ne pas le confondre avec les idées à la mode/en vogue, ni avec les niaiseries de quelques pseudo-philosophes mentalement égarés.
Disons que je parle avant tout d’un « bon sens » reconnu en tant que tel par des Talmidei ‘hakhamim (eux qui ont une idée de ce que la Torah attend de l’homme), voir ce qu’écrit le Rav Yossef Eliahou Henkin dans une tshouva sur les Agounot imprimée dans le Otsar Haposkim (fin de tome IV, p.354) qui distingue la Oumdana des Gdolei Hador de celle de tout un chacun.]

Nous retrouvons encore cette idée dans le Emet Leyaakov du Rav Kamenetsky (Parshat Lekh Lekha XIV, 14, p.91) qui dit que si Avraham Avinou avait demandé à un Rav s’il devait halakhiquement partir en guerre contre les rois pour sauver Loth, la réponse aurait assurément été négative, car la Halakha ne demande pas de mettre sa vie en danger pour tenter de sauver autrui.
Cependant, Avraham y est allé par « Menschlikhkeit » (difficilement traduisible, disons « parce que c’était un Mentsch »), il s’est senti responsable de Loth son neveu, car son père (Haran) qui aurait pu le protéger, avait péri dans la fournaise pour avoir déclaré adhérer au monothéisme d’Avraham.

C’est ce sentiment de responsabilité et de solidarité familiale qui le poussa à poursuivre les rois en dépit du danger et envers et contre ce que la halakha aurait indiqué.

[Je me souviens aussi que Rav Dovid Powarsky avait raconté que lorsqu’il était jeune, il y avait dans son village une vielle femme dont l’état de santé avait poussé les médecins à lui proscrire tout jeûne, mais à l’approche de Yom Kippour, elle annonça qu’il lui était impossible de manger à Yom Kippour et qu’elle préférait mourir.
On consulta le rabbin qui insista pour lui interdire halakhiquement de jeûner en raison du danger, mais la dame resta têtue et entêtée.
Le jour fatidique arriva, elle jeûna… et en mourut !
Mais les Rabanim n’avaient pas opposé plus de résistance à sa volonté de jeûner et Rav Powarsky en avait déduit qu’il pouvait y avoir des situations qui « dépasseraient » la Halakha stricto-sensu.

Il a raconté ça lorsque ses enfants ont voulu le convaincre d’arrêter de donner cours à la Yeshiva en raison de son état de santé défaillant (il parait que, durant les dernières années, il venait en chaise roulante et armé d’une bouteille d’oxygène -il est Niftar en 1999, le 6 Adar), il leur a dit qu’il « sent » que c’est ce qu’il doit faire (continuer ses cours), malgré le danger.
Mais là, il n’est plus vraiment question de « bon sens », seulement de « ressenti ».]


Voir encore Rav Nissim Gaon (Hakdama au Sefer Hamaftéa’h) qui écrit que tout ce qui est dicté par le bon sens (אובנתא דלבא) l’est par D.ieu à tous les hommes, juifs ou non.

Il y a aussi le ‘Hatam Sofer (Shout O’’H §208) qui écrit que si Heizek Shéeino Nikar n’entraîne pas d’obligation de rembourser, cela ne signifie pas que ce soit Moutar.
C-à-d que la Torah ne le condamne pas, mais c’est tout de même interdit -et ce, en vertu du verset Derakheiha Darkhei Noam (Mishlei III, 17) qui nous indique que la Torah ne peut pas autoriser une action que le bon sens réprouve.

C’est ce que le Ramban (Dvarim VI, 18) souligne en expliquant la nécessité du verset « Veassita Hayashar Vehatov » : la Torah ne peut pas détailler toutes les situations, c’est à l’homme de comprendre ce qui est « Yashar » et « Tov » (droit et bon) de faire.

Donc même si l’anthropophagie n’est pas interdite par le texte de la Torah, elle peut l’être par son esprit et même être plus grave que la consommation de viande de cheval.

Le Yaabets écrit dans ses notes sur Guitin (58a) qu’il y a des fautes qui ne sont mentionnées nulle part de manière explicite et qui sont pourtant très graves et intolérables aux yeux de D.ieu, justement parce qu’elles vont à l’encontre du bon sens (Sekhel). [cependant voir Tosfot Sotah (41b) et Shaagat Arié (§24)]

Nous trouvons encore chez les Rishonim (et A’haronim) que la Torah et le bon sens sont liés, voyez le

Ibn Ezra (Shemot XX, 2),

Moré Nevoukhim (III, §51),
Piroush Hamishnayot (‘Haguiga II, 1),

Radak (Bereshit XX, 6),

Kouzari (I, §67 et §89),

Ikarim (III, §25),

Radbaz (Shout §1052),

Or ha’haim (Bereshit XXIII, 4)
,

et encore beaucoup d’autres.
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