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Psak du bet yossef comme les 3 amoudé horaa

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DLV21
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Bonsoir rav wattenberg,

Comment le bet Yossef tranche comme les 3 amoude oraa alors que parfois il ya une majorite qui ne pense pas comme eux ?

Et pourquoi avoir choisi ces 3 en particulier a savoir, le rif le rambaM et le roch ?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6664
Citation:
Comment le bet Yossef tranche comme les 3 amoude oraa alors que parfois il ya une majorite qui ne pense pas comme eux ?
Et pourquoi avoir choisi ces 3 en particulier a savoir, le rif le rambaM et le roch ?



Avant de considérer votre question, il faudrait discuter de la valeur d’une telle majorité.
Peut-être que le din de Rov ne s’applique que dans le cadre d’un Beit Din ?

On pourrait aussi aggraver votre question en soulignant qu’il y a des cas où le Rav Karo tranche comme une minorité de ces trois avis (comme un seul d’entre eux et contre les deux autres).

Mais c’est votre seconde question qui pointe bien le problème : pourquoi ces trois-là ?

C’est le reproche que lui adresse le Maharshal dans Yam Shel Shlomo (hakdama de ‘Houlin) : que fait-il de l’opinion des Tossafistes ? et de tas d’autres Rishonim ? En quel honneur ne devrait-on considérer que trois opinions et par quel mérite ces trois-là auraient été élus ?

Nous n’avons pas de réponse officielle, mais la préférence du rav Karo est certainement due à ce que ces trois rabbins se sont exprimés de manière quasi-systématique sur tous les sujets halakhiques du Shas, il est donc plus facile de choisir ceux-là.

Quant à ne pas faire une sélection parmi les rabbins mais tout lire, Rav Karo trouvait ça trop épuisant car comment s’immiscer entre ces sommités et trancher entre elles ?
Qui sommes-nous pour nous permettre de penser que tel Rishon aurait tort et tel autre raison, ne serait-ce pas présomptueux de s’imposer en arbitre et en donneur de notes ?

Ce point ne faisait pas peur au Maharshal -comme il l’écrit, c’est justement le but de son Yam Shel Shlomo : tout lire, tout juger, tout critiquer, tout analyser, tout confronter et finalement trancher.

Dans la réalité, l’idée du «beit din » imaginaire comportant ces trois rabbanim et duquel on suivrait le Rov (la majorité), est un peu un leurre, car sur les milliers de cas traités, le Rambam ne s’oppose au Rif que sur (à peu près) 30 Halakhot (dont 10 seulement seraient des divergences nettes) !
Autrement dit, le Rambam est presque systématiquement Possek comme le Rif.

Concrètement, Rif et Rambam ne forment qu’un avis et non deux et dans ces conditions, dire qu’on tranche comme la majorité des avis entre Rif, Rosh, Rambam, revient à dire qu’on tranche comme le Rambam -ce qui est d’ailleurs le cas ; le Shoul’han Aroukh tranche généralement comme le Rambam et reprend même souvent mot à mot ses Halakhot.
S’il s’écarte parfois du Psak du Rambam, c’est parce qu’il s’écarte aussi de la règle qu’il a posée et ne suit pas la majorité du trio « Rif, Rosh, Rambam ».

Le Maharshal n’aimait pas cette règle et s’opposait au Shoul’han Aroukh.
Pour lui, peu importe qui dit quoi, il faut rechercher l’opinion qui a raison selon la compréhension que nous pouvons avoir du Shas.
Il faut donc lire tous les Rishonim et tout comparer, apporter (à partir du Shas) des preuves et des objections aux différents avis et trancher la Halakha en fonction du résultat.
Le rav Karo considérait qu’il n’est (quasiment) pas possible de réaliser un tel travail et qu’il valait mieux se reposer sur ces grands Poskim dont l’avis est assurément « kasher ».

Je pense que -dans la théorie, c’est le Maharshal qui a raison, mais dans la pratique, les auteurs -même tardifs- ont été plutôt inspirés par un système semblable à celui du Shoul’han Aroukh qui consiste à se dire qu’on n’est jamais sûr de nos preuves et qu’il est difficile de contrer des Rishonim à partir d’objections basées sur le Talmud car il est probable que ces Rishonim aient eu des éléments de réponse qui nous échapperaient.

Cela n’empêche pas certains auteurs d’opposer des preuves talmudiques à un Rishon et de conclure la Halakha différemment du Rishon, ce désaccord (entre Rav Karo et le Maharshal) est toujours d’actualité et se retrouve sous différentes formes et dans différents milieux.

Le Ben Ish ‘Haï (Pti’ha du Shout Rav Pealim) considère que le cheminement d’un Possek Sfarade se distingue de celui d’un Possek Ashkenaze en cela que ce dernier chercherait à apporter des preuves à partir de déductions qu’il pourrait trouver dans le Talmud, alors que le décisionnaire Sfarade cherche avant tout à trouver des prédécesseurs ayant traité le sujet ou un sujet comparable et seulement à partir de là, analyser ses preuves.

L’Ashkenaze aurait tendance à confronter son raisonnement d’emblée, sans se soucier outre-mesure de chercher si un possek l’a devancé et en considérant donc qu’il pourrait trouver un argument logique à partir du Shas pour prouver, invalider ou contrer une opinion, ce que le Sfarade n’oserait pas trop faire car il lui semble présomptueux de vouloir contredire un ancien sur base de preuve talmudique.
(Dans cette même Pti’ha, le Ben Ish ‘Haï s’offusque aussi de la critique du Maharshal sur le Rav Karo.)

Pour en revenir à votre question, le ‘Hida (Shem Hagdolim II, Beit §59, daf 9d) cite le rav Aboulafia qui disait concernant cette règle du rav Karo (de suivre ces trois-là) qu’elle a été approuvée par près de 200 rabbins de son époque.

C’est ce que tout le monde dit que le Shoul’han Aroukh a reçu l’approbation de 200 rabbins.

Il faut déjà noter que c’est vraisemblablement un peu moins de 200, sans quoi le Rav Aboulafia n’aurait pas dit « par près de 200 rabbins » « קרוב למאתים רבנים » et il faut surtout comprendre que la grande majorité voire la quasi-totalité de ces 200 rabbins ne faisaient certainement pas le poids du Rav Karo tout seul.

Je veux dire que Rav Karo ne gagne pas grand-chose dans notre estime grâce à l’approbation de ces rabbins inconnus et anonymes.

Il y gagnait à son époque afin de se faire connaître et que son Shoul’han Aroukh se répande, mais pour nous qui ne sommes pas les fidèles d’un de ces 200 rabbins et ne les connaissons même pas, leur approbation n’a que peu de valeur.
Il ne faut pas s’imaginer que nous parlons de la Haskama de 200 Gdolei Hador, mais de 200 petits rabbins de communauté dans différents petits villages.
Si nous apprécions le Rav Karo, c’est sur la foi de ses ouvrages et essentiellement de son Beit Yossef qui nous prouve l’envergure exceptionnelle de son auteur, pas sur le témoignage de ces 200 anonymes bienveillants.

Enfin, pour relativiser cette règle du Rav Karo (qui est en effet assez étonnante -comme le souligne le Maharshal), il faut noter qu’il écrit lui-même qu’il suivra la majorité des trois rabbanim en question, sauf dans le cas où la majeure partie des Poskim s’oppose à ce Psak.

Ce qui revient à relativiser terriblement la règle et la remet dans son contexte : il est plus pratique de se baser sur ces trois-là (qui se sont exprimés sur tous les sujets), mais si leur conclusion diffère de ce que les autres Poskim disent, le rav Karo lui-même s’en écartera.

C’est avec cet argument que le Sdei ‘Hemed (Klalei Hapos. fin de §XIII) veut répondre à l’attaque du Maharshal contre le rav Karo.

Dit autrement, cette règle serait étonnante et dérangeante si elle était réellement appliquée par rav Karo de manière stricte et systématique, mais dans les faits, c’est loin d’être le cas, c’est juste une toile de fond qui autorise de très nombreuses « exceptions ».

J'aurais bien voulu me relire pour corriger les fautes, mais je suis appelé par le devoir, je dois m'occuper de mes enfants. Veuillez pardonner les erreurs. Merci.
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