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Profiter de la lumière allumée par un enfant pendant Chabat

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Cheela-techouva
Messages: 120
Bonjour Rav,

J'essaye de présenter mes question aussi clairement que possible.

PREMIER CAS:

J'aimerais savoir s'il est permis de profiter de la lumière si, pendant chabat ou yom tov:

a) Mon enfant de moins de 3/4 ans a allumé la lumière pour ses besoins personnels hors ma présence et j'entre dans la pièce (par exemple dans sa chambre)

b) Mon enfant de 3/4 ans a allumé la lumière du salon pendant le repas en ma présence (ou en présence d'invités). (Doit-on manger les yeux fermés s'il faisait très sombre et que la minuterie ne s'était pas encore rallumée?)

DEUXIEME CAS: peut-on demander à l'enfant de l'éteindre si:

c) Il a allumé la lumière dans une chambre qui devient "inutilisable" de ce fait (lumière très forte dans une chambre d'enfant, ou même d'adulte).

d) Il a branché quelque chose de dangereux (exemple : fer à repasser branché au milieu du salon). Oui il s'agit d'un enfant de 3/4 ans mais parfois ils peuvent accéder à des placards et faire de grosses bétises.

Merci pour vos conseils et vos réponses.

Chabat chalom et kol touv.
Rav Mordehai Alberman
Messages: 64
a) Si un enfant a allumé la lumière pour ses besoins personnels, il est permis d'en profiter.

b) Si un enfant a allumé la lumière du salon pendant le repas, il est permis d'y manger les yeux ouverts même s'il faisait très sombre.

c) Il est interdit de demander à un enfant d'éteindre la lumière. Cependant, en cas de grande nécessité, celui qui approche un enfant de l'interrupteur pour qu'il l'éteigne en jouant, il a sur qui s'appuyer si cet enfant n'est pas en âge de comprendre que c'est interdit et qu'il ne comprend pas que nous intéressés par l'extinction de cette lumière.

d) Il est interdit de demander à un enfant de débrancher un fer à repasser branché au milieu du salon. Mais il est permis de demander à un non-juif de le débrancher.


Sources et explications :

a) Un enfant a allumé la lumière pour ses besoins personnels

Le Biour Halakha (סי' שכה ס"י ד"ה א"י) écrit au nom du Maguen Avraham que de la même façon qu'il est permis de profiter d'un travail qui a été fait par un non-juif pour ses besoins personnels, il est autorisé de profiter d'un travail interdit qu'a fait un enfant pendant Chabat pour ses besoins personnels [comme par exemple s'il a puisé de l'eau].

b) Un enfant a allumé la lumière du salon pendant le repas

Certes, le Biour Halakha (mentionné plus haut) écrit que de la même façon qu'il est interdit de profiter d'un travail qu'un non juif a fait pour nous pendant Chabat, il est défendu de profiter d'un travail interdit qu'un enfant a fait pour nous pendant Chabat.

Aussi, le Choul'han Arou'h (סי' רעו ס"א) écrit que si un non juif a allumé une bougie pour nos besoins, il est interdit de profiter de sa lumière, c’est-à-dire qu'il est défendu de faire à la lumière de cette bougie quelque chose qu'on n'aurait pas pu faire sans cette bougie, comme l'écrit le Michna Broura (שם סקי"ג).

Cependant, dans notre cas, nous pouvons autoriser de profiter de cette lumière pour deux raisons.

Premièrement, parce que manger un repas de Chabat est considéré comme une mitzvah. C’est-à-dire que, certes, le Biour Halakha (סי' רעו ס"א ד"ה אסור) soutient que si un non-juif a allumé une bougie pour nous, il nous est interdit de manger à sa lumière.

Cependant Rav Chlomo Zalman Auerbach (שמירת שבת כהלכתה פ"ל הע' קנג) remet en cause ses propos d'après le principe selon lequel lorsqu'un décisionnaire autorise quelque chose a priori, nous permettons cette chose a posteriori, même si la Halakha n'a pas été tranchée comme cet avis, comme l'écrit le Michna Broura (סי' שיח סק"ב).

Or en l'occurrence le Ba'al Ha Itour [Rabbi Itzhak bar Abba Mari de Marseille du 12e siècle] autorise a priori à demander à un non juif d'allumer une bougie pour les besoins du mitzvah (comme par exemple pour les besoins de la séouda de Chabat).

Deuxièmement, lorsqu'un enfant allume la lumière du salon pendant le repas, a priori il le fait pour nos besoins mais aussi pour ses besoins personnels.

Et les décisionnaires sont discutés dans le cas où un non juif allume une bougie pour ses besoins et aussi pour nos besoins. Le Rambam (פ"ו ה"ב), le Maguen Avraham (סי' רעו סק"ו) et le Kaf Ha'haïm (שם סקכ"ו) interdisent d'en profiter.

Mais d'un autre côté, le Rachba (:שבת קכב), le Ritva (שם), le 'Hemed Moché (שם סק"ד) et Rav Ovadia Yossef (חזו"ע ח"ג פי"ז סק"ה) autorisent d'en profiter. Et le Biour Halakha (שם ס"ב ד"ה מחצה) écrit qu'on ne doit pas réprimander celui qui s'appuie sur le Rachba.

Ainsi, en ralliant l'argument de Rav Chlomo Zalman Auerbach mentionné plus haut et l'opinion du Rachba, nous pouvons autoriser de profiter de cette lumière, c’est-à-dire de manger les yeux ouverts lorsqu'un enfant a allumé la lumière du salon même s'il faisait très sombre.

c) Demander à un enfant d'éteindre la lumière

Il est défendu de demander à un enfant de faire un travail interdit même s'il n'est pas en âge de comprendre que c'est interdit, comme l'écrit le Michna Broura (סי' שמג סק"ד).

Les décisionnaires sont discutés s'il est permis d'approcher un enfant de l'interrupteur pour qu'il l'éteigne en jouant. Rav Elyachiv (מאור השבת ח"ד סי' יד סע' קג הע' קפב) interdit. Mais Rav Chlomo Zalman Auerbach (שולחן שלמה סי' שמג הע' א) autorise en cas de grande nécessité, s'il n'est pas en âge de comprendre que c'est interdit et qu'il ne comprend pas que nous intéressés par l'extinction de cette lumière. Et tel est l'avis du Or'hot Chabat (פכ"ד ס"ח).

d) Demander à un enfant de débrancher un fer à repasser qui se trouve au milieu du salon

C'est interdit, car il est défendu de demander à un enfant de faire un travail interdit, comme l'écrit le Michna Broura (סי' שמג סק"ד).

Cependant, demander à un non-juif de le débrancher, c'est permis. Car c'est une melakha cheina tzrikha legoufa. Or il est permis de demander à un non-juif de faire une melakha cheina tzrikha legoufa pour les besoins d'une mitzvah [comme on le voit dans le Michna Broura (סי' שמ סק"ג) qui permet de demander à une non juive de couper les ongles d'une femme pour les besoins d'une tevila (immersion)].

Et de la même façon qu'il est permis de demander à un non-juif de faire un interdit derabanan en cas de mitzvah, c'est permis aussi pour éviter une souffrance physique, comme on le voit dans le Choul'han Arou'h (סי' שז ס"ה) et le Michna Broura (שם סקכ"ג) qu'il est permis de demander à un non-juif d'apporter de l'eau dans une cour collective où il n'y a pas d'érouv pour laver quelqu'un qui souffre.

[Pour éviter une souffrance animale, il est permis même de demander à un non-juif de faire un travail doraïta, comme on le voit dans le Choul'han Arou'h (סי' שה ס"כ) qui permet de demander à un non-juif de traire une vache si son lait la fait souffrir.]
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