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problème et éducation

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Laurent2504
Messages: 1
Bonjour

Je suis enseignant de qodech dans une école juive j'enseigne a des enfants pas forcement issus  de familles religieuses et j'étudie en parallèle le reste du temps dans un collel. Je fais cela depuis 20 ans en ayant petit à petit augmenté mes heures d'enseignement.
J'ai auparavant obtenu mon bac et une maîtrise de sciences économiques.
J'ai 3 enfants, mon fils aîné de 19 ans ma fille de 17 ans et mon autre fille de 13 ans.
Mon fils a fait un cursus scolaire jusqu'au bac qu'il a obtenu en ayant fait 2 ans de yechiva ketana (les années de 3eme et seconde). Il a réadapté ensuite en première. L'année de première s'est bien passée. Cependant depuis qu'il est entré en terminale il a fait un rejet du limoud qui s'est ensuite étendu aux tefiliots qu'il ne fait plus ou pratiquement plus.
Durant l'année de terminale (2016-17) il a très peut travaillé et à obtenu son bac de justesse.
Cette année (2017-18) il a fait une année de préparation au concours d'audio prothèse qu'il a plus ou moins abandonné en milieu d'année. Il s'est quand même présenté au concours mais à échoué.
Il veut pour l'année prochaine faire un BTS d'informatique mais en alternance pour gagner de l'argent, cependant il ne trouve pas d'entreprise.
Il a commencé à aller deux soirs par semaine à un cours avec ses copains. Le niveau est en dessous de ce qu'il est capable de suivre. Au niveau des relations il ne parle que très peut avec nous et il y a souvent des conflits. Il me reproche mes choix et dit qu'il a honte de moi.
J'ai deux frères qui ont une société qui marche assez bien et il me reproche de ne pas avoir moi aussi une situation comme eux. Son centre d'intérêt est l'argent et je suis donc en quelque sorte l'antithèse de ce à quoi il aspire. Il me dit qu'il a honte de dire à ses copains ce que je fais (ce sont parfois d'anciens élèves à moi).
Des qu'il lui arrive quelque chose, il "se venge" sur la religion.
Par exemple à Pessah, nous étions en Israël et il s'est fait voler son portable qu'il venait d'avoir 2 mois auparavant, et à partir de là il ne voulait plus prier en disant ça ne sert à rien.
Il fait donc aujourd'hui un rejet total de ma situation.
Je me demande donc dans le cas où j'aurais une opportunité (par exemple avec mes freres), si je ne devrais pas entrer dans le monde du travail pour qu'il me voit autrement et espérer, au travers de cela, rétablir des liens avec lui. Ceci d'autant plus que comme je m'en sort pas trop mal avec les élèves difficiles, on m'attribue des classes assez difficiles et cela me pèse de plus en plus.

J'aimerais donc avoir votre avis à ce sujet.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6685
Si vos élèves sont difficiles et que vous ne supportez plus ce travail, vous avez le droit d’en changer, mais si vous le faites dans l’espoir de « plaire à votre fils », en dehors de l’absurdité de la situation, je crains aussi l’inefficacité de la solution.

Vous n’avez pas à essayer de lui plaire, c’est plutôt l’inverse.
Lui, doit vous accepter tel que vous êtes, c’est VOUS qui avez investi en lui durant 19 ans, pas l’inverse, c’est à vous d’être en droit d’être déçu, pas à lui, c’est vous qui pouvez avoir honte d’un fils qui refuse de travailler ses examens et abandonne tout et n’obtient rien, pas lui d’avoir un père qui se soucie de son bien être depuis 19 ans !

Ça c’était pour « l’absurdité de la situation ».

Maintenant pour « l’inefficacité de la solution », je crains que si ce changement pourrait lui plaire de prime abord, ce n’est certainement pas cela qui va réellement améliorer vos relations.
Il va juste réadapter ses critiques. Si votre parnassa s’améliore, il va râler sur votre radinerie ou réclamer des vacances somptueuses etc.

Bref, je ne pense pas que vous deviez tenter de vous adapter à votre fils en changeant de situation professionnelle.

Je ne vous connais pas, ni vous ni votre fils, je ne sais pas dans quelle école il a été déçu du Kodesh (en terminale) ni si ses fréquentations et/ou enseignants en portent une grande responsabilité.

L’absence de sérieux dans le travail (avant ET après le bac) semble plutôt indiquer un problème de fréquentation.
Ses amis à l’école ne devaient pas tous être exemplaires…

Ce que je note, c’est qu’il avait fait un passage Yeshiva Ktana en abandonnant le ‘hol et c’est une initiative parfois prise à la légère.

Il est important, en France, pour ce type de décision, d’impliquer l’enfant (en fonction du niveau de sa compréhension), lui proposer le choix et qu’il décide lui-même de continuer le ‘hol ou d’intégrer une yeshiva ktana, en connaissance de cause.

Je ne sais pas si vous lui aviez présenté les choses ainsi, mais si oui, il aurait dû avoir du mal à en vouloir à autrui lorsqu’il a voulu réintégrer une filière avec ‘hol.
Il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même.

Dans ce cas, l’enfant a tendance à se justifier partiellement (pour ne pas perdre la face et se dire qu’il a commis une grosse bêtise), c-à-d qu’il va relativiser son regret et comprendre et admettre qu’il y avait du bon dans son choix initial d’aller en Yeshiva Ktana, même s’il préfère à présent laisser ce « bon » de côté pour pouvoir profiter d’un autre « bon » qui se trouve dans l’autre filière.

Ainsi, même le changement de filière n’est pas vécu comme un changement drastique, ce qui fait qu’il n’en veut pas à ses parents et qu’il ne se sent pas déboussolé, résultat, il n’a aucune envie/raison de s’écarter de la pratique religieuse, nullement mise en cause.

Lorsqu’il « se venge sur la religion » comme vous l’écrivez, c’est qu’il y a un problème, un malaise, une mauvaise compréhension de ce qu’est la religion.

Lorsqu’il dit que la prière ne sert à rien parce qu’on lui a volé son portable, c’est qu’il a une vision très infantile de la prière, du rapport avec D.ieu et de la religion en général.

Là il est possible que les enseignants y soient pour quelque chose, mais il est aussi probable que les parents aient leur part de responsabilité.

Comme je ne vous connais pas, ni vous ni votre famille, je suppose que le meilleur conseil que je puisse vous donner est d’en parler avec votre Rav qui vous connait bien et tenter de voir ce qu’il faudrait éventuellement corriger dans VOTRE approche de la religion afin de présenter à votre fils un autre regard sur la Torah. (car corriger celle de votre fils me semble perdu d’avance tant que vous êtes en relation tendue).

Plus globalement, je dirais encore qu’il est impératif de maintenir une bonne relation avec votre fils, quels que soient ses choix religieux.

Il faut préserver un rapport franc et honnête, en dépit des divergences d’opinion sur la religion, il reste votre fils et vous restez son père.

Il est majeur, le « forcer » à pratiquer ne pourrait que l’éloigner encore plus de D.ieu. Montrez le bon exemple, donnez lui envie par l’exemple, vous pouvez montrer votre satisfaction et exprimer votre joie lorsqu’il respecte une halakha, mais « fermez les yeux » lorsqu’il décide de ne pas prier.
C’est le seul moyen qu’on ait pour faire en sorte qu’il veuille de nouveau prier, il faut que ça vienne de lui.

Une intuition –à vous de voir son degré de pertinence selon la situation : félicitez-le lorsqu’il accomplit une mitsva qu’il ne range pas dans la catégorie « religion ».
Par exemple, s’il aide un voisin, fait un kidoush Hashem, tient la porte à une petite vieille, rend service à quelqu’un, voire même s’il dit un mot gentil à quelqu’un pour lui faire plaisir, ne manquez pas de souligner votre satisfaction de le voir accomplir des Mitsvot.

Il faut lui faire comprendre qu’il n’y a pas « la bonne conduite » et « la religion », mais que tout ça ne fait qu’un. Lorsqu’on fait un ‘hessed, qu’on fait plaisir à autrui, etc. on accomplit une mitsva dans cette religion qui indique aussi de prier, de manger kasher et de respecter shabbat. C’est la même religion et tout va dans le même sens.

Ainsi, il sera forcé d’admettre qu’il y a une part de la religion juive qui lui plaît et c’est un début pour réfléchir au reste, surtout s’il fréquente un cours avec ses amis, c’est une porte vers la réflexion…

Pour le reste, les prières (des parents) ne sont pas de trop.

Hatsla’ha.
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