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Percer le bouchon d'une bouteille

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Petityid
Messages: 11
Chers Rabanim,

J'ai entendu d'une personne que certains rabanim préconisent (si jamais cela n'a pas été fait avant) d'ouvrir de façon habituelle des bouteilles pendant Chabat, sans les trouer.

Cette personne m'a dit qu'elle aurait compris que la raison aurait été qu'ouvrir de la sorte ne constituerait pas une réelle melaha car le bouchon n'était pas complètement rattaché mais seulement partiellement (comme les bouteilles de jus de raisin par exemple) et qu'ainsi cela constituerait moins un problème si on l'ouvrait de façon habituelle. En revanche, selon eux, trouer le bouchon serait plus problématique.

Personnellement, je n'ai jamais entendu quelque chose de la sorte et on m'a toujours dit, et ai vu des rabanim, qu'il fallait trouer les bouteilles. Si je ne me trompe pas, cela est à cause de metaken quéli car en ouvrant le bouchon, cela en ferait un quéli et en le trouant, cela n'en est plus un.

- Ainsi, j'aurais s'il vous vous plaît aimer savoir s'il y a une svara qui pense qu'il serait préférable d'ouvrir normalement les bouteilles.

- Egalement, ouvrir normalement serait-ce une melakha derabanan ou deoraita?

- Enfin, y a-t-il une différence pour les deux questions précédentes si jamais la bouteille et le bouchon sont en plastique (bouteille d'eau par exemple), ou si le bouchon et la bouteille sont en fer, par exemple une bouteille de jus de raisin: le bouchon est en fer et est rattaché à une partie métallique qui est collée sur la bouteille en verre.

Merci beaucoup par avance.
Rav Mordehai Alberman
Messages: 128
A priori, il faut avant Chabbat ouvrir les bouteilles qui disposent d'un bouchon vissable, autant s'il est en métal qu'en plastique.

Il est également possible de détacher la bague du bouchon avant Chabbat.

Si on a oublié d'ouvrir des bouteilles dont le bouchon est en plastique, a posteriori, il est permis selon la stricte loi à un sépharade de les ouvrir. Et un ashkénaze qui les ouvre a sur qui s'appuyer, mais celui qui perce leur bouchon avant de les ouvrir est digne de bénédiction.

Si on a oublié d'ouvrir des bouteilles dont le bouchon est métallique, un ashkénaze doit trouer leur bouchon avant de les ouvrir.

Et bien que de grands décisionnaires sépharades ont permis a posteriori de les ouvrir, malgré tout, il est fortement recommandé de percer leur bouchon avant de les ouvrir.


Sources et explications :

Bouchons en plastique : les décisionnaires qui autorisent

L'ouverture des bouteilles à bouchons en plastique est sujette à discussion parmi les décisionnaires.

D'un côté, Rav Shlomo Zalman Auerbach (שמירת שבת כהלכתה פ"ט הערה עג) soutient qu'il est permis d'ouvrir une bouteille dont le bouchon est en plastique.

Il défend que cela ne s'inscrit pas dans l'interdit de tikoun kli (parfaire un ustensile).

En effet, il explique que puisqu'on voit bien que la bague est distincte du bouchon et que le bouchon après avoir été ouvert retrouve la forme qu'il avait lors de sa fabrication, par conséquent la bague est comparable à de la cire qui sert à coller le bouchon à la bouteille.

Rav Ovadia Yossef (חזון עובדיה ח"ה פ"י סט"ו) et Rav Bentzion Abba-Shaoul (אור לציון פכ"ז ס"ח) affirment également que selon la stricte loi, il est permis d'ouvrir une bouteille dont le bouchon est en plastique.

Ils expliquent que cela ne s'inscrit pas dans l'interdit de tikoun kli, en raison du fait que le bouchon avait un statut d'ustensile avant qu'on lui ait attaché sa bague.

Rav Shlomo Zalman Auerbach ajoute (שם הערה כז) que cela ne s'inscrit pas dans l'interdit de me'hatekh (découper), car on coupe au niveau des perforations pour des raisons de facilité, mais pas dans le but d'obtenir une taille exacte.

Cependant, même selon cette opinion, a priori, il faut ouvrir les bouteilles avant Chabbat, comme le précise le Shemirat Chabbat Kehil'hata (פ"ט ס"א).

Rav Ovadia Yossef (שם) aussi prend en compte l'avis des décisionnaires qui interdisent, en écrivant qu'il est souhaitable d'ouvrir toutes les bouteilles avant Chabbat.

Bouchons en plastique : les décisionnaires qui interdisent

D'un autre côté, Rav Elyashiv (שבות יצחק י"ד מלאכות פט"ו אות א סק"ג) et Rav Nissim Karelitz (חוט שני ח"ב פל"ז סק"ג) considèrent qu'ouvrir des bouteilles dont le bouchon est en plastique s'inscrit dans l'interdit de tikoun kli, qui est un engendrement de l'interdit de maké bepatish (achever un ustensile).

Ils expliquent qu'avant l'ouverture de la bouteille, le bouchon est inutilisable du fait qu'il est bloqué. Et lorsqu'on l'ouvre, alors le bouchon devient un ustensile qui est apte à ouvrir et à fermer la bouteille.

Il semble que d'après eux ce soit un interdit doraïta.

D'après Rav Elyashiv, cela s'inscrit également dans l'interdit de me'hatekh.

Bouchon en métal

En ce qui concerne les bouteilles dont le bouchon vissable est métallique, Rav Shlomo Zalman Auerbach admet que cela s'inscrit dans l'interdit de maké bepatish.

Il explique qu'en ouvrant la bouteille, on crée le bouchon, du fait que jusqu’à présent il n'était pas utilisable.

Rav Rav Elyashiv (הלכות שבת בשבת פי"ד הע' 68) ajoute que cela s'inscrit également dans l'interdit de me'hatekh, car en ouvrant la bouteille, le bouchon reçoit une certaine forme grâce à laquelle on pourra fermer facilement la bouteille en le vissant.

Les décisionnaires sépharades

Rav Ovadia Yossef (שם) écrit que selon la stricte loi, il est permis d'ouvrir une bouteille dont le bouchon vissable est métallique.

De même, dans le Or Letzion (שם) il est rapporté que tel était l'avis de Rav Bentzion Abba-Shaoul.

Ce dernier explique qu'en usine, on applique le bouchon sur la bouteille de haut en bas, ce qui veut dire qu'il devient un bouchon un instant avant que soit créée la bague.

Il en déduit que le bouchon avait déjà un statut d'ustensile avant qu'on lui détache sa bague.

Cependant, j'ai vu dans un feuillet dans lequel sont retranscris les cours de Rav Ophir Malka qu'aujourd'hui le mode de fabrication des bouchons métalliques a changé.

En effet, il témoigne qu'aujourd'hui la création du bouchon et celle de la bague se font simultanément.

Il en déduit qu'il n'avait pas de statut de bouchon avant d'avoir été appliqué à la bouteille. Par conséquent, on crée un ustensile en ouvrant la bouteille.

Percer le bouchon

Rav Shlomo Zalman Auerbach (שמירת שבת כהלכתה פ"ט הע' סו) et Rav Elyashiv (ארחות שבת פי"ב הע' ל) affirment que si on a oublié d'ouvrir les bouteilles avant Chabbat, on peut percer d'abord le bouchon (par exemple à l'aide d'un couteau) de façon à ce que le bouchon ne sera plus utilisable, puis il sera permis d'ouvrir ce bouchon.

Ils expliquent que puisqu'on n'a pas l'habitude d'utiliser un bouchon percé, l'ouverture d'un tel bouchon n'est pas considérée comme la création d'un ustensile.

Rav Shlomo Zalman Auerbach ajoute que cela ne s'inscrit pas dans l'interdit de sotère kli (détruire un ustensile), de la même façon que briser un moustaki (un ustensile de peu de valeur, comme par exemple une jarre faite de débris recollés) ne s'inscrit pas dans l'interdit de sotère kli, comme on le voit dans le Shoul'han Arou'h (סי' שיד ס"א).

Voyez aussi Or'hot Rabénou (ח"א עמ' קמז) qui rapporte que le Steipler perçait le bouchon vissable du vin lorsqu'il avait oublié de l'ouvrir avant Chabbat.

Voyez aussi le Rivevot Ephraïm (ח"ג סי' רסז) qui rapporte au nom de Rav Ovadia Yossef qu'il est souhaitable de trouer le bouchon avant de l'ouvrir.

Et c'est l'avis retenu aussi dans le Or'hot Chabbat (פי"ב סי"ז).

Certains interdisent de percer un bouchon

En effet, Rav 'Haim Pin'has Scheinberg (חידושי בתרא על שעה"צ סי' שיד סקי"ג) prétend que trouer un bouchon s'inscrit dans l'interdit de sotère kli.

Toutefois, de facto, il préconise de demander à un enfant de percer le bouchon, en s'appuyant sur l'avis du Gaon de Vina selon lequel l'interdit de sotère ne s'applique pas aux ustensiles, et en ralliant l'avis du Ran qui soutient que mekalkel pour les besoins de Chabbat est permis.

Pour revenir à votre question, je ne connais pas de décisionnaires qui aient écrit qu'ouvrir des bouteilles de façon habituelle soit préférable que de trouer leur bouchon.

Mais je peux comprendre leur raisonnement. En effet, ceux qui permettent d'ouvrir des bouteilles soutiennent que le bouchon avait un statut d'ustensile avant son ouverture. Par conséquent, percer un bouchon s'inscrit dans l'interdit de sotère kli.

Cependant, dans les faits, il ne fait pas de doute que nous pouvons suivre les quatre grands piliers de la Halakha que sont le Steipler, Rav Shlomo Zalman Auerbach, Rav Elyashiv et Rav Ovadia Yossef qui préconisent de trouer le bouchon avant de l'ouvrir.
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