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J'aimerais votre avis sur l'inexactitude historique du Seder Olam Rabba, notamment concernant la période du Second Temple. Je sais qu'il s'agit d'un sujet bien connu. Aujourd'hui, il est historiquement très difficile, voire impossible, de tenir que la période perse a duré 34 ans, par exemple. On pouvait dire ça à l'époque des Gueonim car il y avait moins de sources (théorie de la falsification chrétienne par le Rasag), mais aujourd'hui cela impliquerait la falsification de centaines de tablettes en cunéiforme et de documents.
Cela pose plusieurs questions sur l'exactitude historique de nombreuses aggadot: Knesset Hagedolah aurait duré quasiment un siècle, Shimon hatsadik ne peut pas être à la fois celui qui a "accueilli" Alexandre le Grand tout en étant à proximité des Maccabés, A'hashverosh serait vraisemblablement après Darius 1er (vraisemblablement Xerxès), etc.
Je sais qu'il existe de nombreuses sources (Meor Einayim notamment) sur ce sujet et qu'il est très possible de tenir cette position (inexactitude historique de certaines aggadot) en étant orthodoxe. Toutefois, je trouve ces solutions "déprimantes", car elles relativisent grandement la chaine de transmission, du fait que beaucoup de données historiques auraient été perdues.
J'aurais aimé avoir votre avis sur cette question.
Non, elles ne relativisent pas du tout la chaine de transmission sur les sujets halakhiques/ hashkafiques/ moussariques/ limoudiques.
Cela ne peut que relativiser la confiance que l’on pourrait avoir en les ‘Hazal sur des questions d’histoire, et il n’y a absolument rien de dramatique à se dire que les ‘Hazal n’étaient pas des historiens et ne cherchaient pas à l’être, ils ont mentionné des notions d’histoire et l’ont parfois avec les informations dont leur génération disposait.
Il eut été très déstabilisant de constater cela si les informations historiques se trouvant dans le Talmud avaient eu la prétention d’être une « transmission du Sinaï », mais rassurez-vous, ce n’est pas le cas.
Les Gueonim (cf.
Otsar Hagueonim Guitin daf 68) nous enseignent aussi qu’il en va de même concernant les informations scientifiques (en général) que l’on rencontre dans le Talmud ; elles n’ont pas la prétention de représenter une transmission du Sinaï, elles n’ont pas été reçues du Sinaï, il ne s’agit que de notions scientifiques que les ‘Hazal ont mentionnées en fonction de l’état de la science à leur époque.
Bien entendu, les informations scientifiques desquelles dépendront des sujets de la Torah, peuvent être transmises depuis le Sinaï, comme par exemple pour la durée de la lunaison (cf.
Rosh Hashana daf 25), mais lorsque les ‘Hazal parlent de remèdes médicaux qui ressemblent à des remèdes de grands-mères, il ne faut pas se mettre martel en tête pour les expliquer scientifiquement.
Le problème que vous ressent(i)ez est une des conséquences et un des aspects du « revers de la médaille » de ce que certains rabanim se plaisent à affirmer, en répétant à l'envi que chaque mot du Talmud a été dicté depuis le Sinaï par Roua’h Hakodesh.
Il s’agit d’expressions qu’ils ont mal comprises et les transmettent littéralement sans se soucier des incidences dramatiques de cet enseignement tel que formulé.
L’idée est que chaque mot du Talmud est Kadosh en cela que toutes les idées qu’il formule illustrent la Torah orale telle que transmise au Sinaï.
Les remèdes médicaux et les données historiques qui s’y trouvent ne datent pas du Sinaï
(surtout lorsqu’il s’agit d’une donnée historique sur un personnage ayant vécu après Matan Torah), mais participent à transmettre une idée et une hashkafa illustrant celle reçue au Sinaï.
Là-dessus, certains A’haronim veulent dire que toutes ces données ne seraient que des « codes » et des allusions à d’autres notions que les Sages ne voulaient pas distribuer ouvertement à tout lecteur, ils auraient donc dissimulé des messages dans des notions scientifiques de leur époque, sans se soucier de leur véracité, car ce qui les intéressaient dans ces citations était uniquement de transmettre des idées indétectables par celui qui ne les mériterait pas.
S’il est clair que ce type de code existe dans le Talmud, je ne vois pas de nécessité d’affirmer que toutes les données historiques seraient concernées par cette volonté de dissimulation d’enseignements.
