Citation:
Doit-on se lever quand on écoute le Kadish?
Certains le font d'autres non, est-ce bien, une coutume, ou obligatoire?
Généralement, les Sfaradim restent assis alors que les Ashkenazim
(Rama o’’h §56,1) se lèvent. (Par contre, celui est debout lorsque le Kadish débute devra rester debout même s’il est sfarade).
Dans son
Darkhei Moshé (o’’h §56), il indique que le
Maharil restait assis, sauf s’il était déjà debout au début du Kadish, dans ce cas, il restait debout jusqu’après avoir répondu Yehei Shmei Raba etc. (il existe une autre version selon laquelle il restait debout jusqu’à la fin du Kadish -cf.
Hagahot Vehéarot du
Tour Shirat Dvora, Jér. 1999, note 9).
Puis, le
Rama ajoute que le Minhag (en contrées ashkenazes) est de se lever et que c’est ce qui est indiqué par le
Yeroushalmi cité par les
Hagahot Mordekhaï (Hagahot Mordekhi) qui dit, au nom de Rabbi Eliezer et en étant Doresh un Passouk, qu’il faut se lever pour répondre Amen Yehei Shmei Raba ainsi que pour tout « davar shebikdousha ».
A ce stade, les ‘Hazal semblent soutenir l’habitude ashkenaze.
Cependant, le
Shaar Hakavanot (Droush Hakadish daf 16d cité dans
Kaf Ha’haïm §56, sk.20) rapporte que le
Arizal n’en tenait pas compte et restait assis pour Kadish, en expliquant que ce passage du
Yeroushalmi n’était pas réellement une phrase de ‘Hazal, mais serait un ajout personnel d’un copiste dans sa marge, qui aurait été ultérieurement intégré par erreur au corps du texte.
C’est assez étonnant dans la mesure où ce texte du
Yeroushalmi cite Rabbi Eliezer ; si un copiste ajoute sa propre remarque dans la marge, il ne l’écrit pas au nom de Rabbi Eliezer…
Il se trouve que le passouk cité par le
Yeroushalmi pour justifier le devoir de se lever (קום כי דבר ה' אליך), n’existe pas sous cette forme. C’est plutôt דבר אלקים לי אליך ויקם מעל הכסא.
Mais ce n’est pas ce qui a amené le
Arizal à décréter qu’il s’agissait d’un ajout apocryphe, selon le
Maguen Avraham (§56, sk.4) c’est plutôt parce que l’on comprend du véritable Passouk que ce fut un choix personnel d’Eglon (de se lever), et non une requête de la part d’Ehoud.
[Cependant, le Rema de Fano (Yonat Elem §99) a déjà répondu à cette difficulté en disant que s’il s’est levé c’est certainement parce cela lui avait été demandé. Et même s’il s’était levé de lui-même, nous devrions tout de même nous en inspirer par Kal Va’homer etc. (cf. Sanhédrin 60a).]
Le plus étrange dans tout ça, c’est que ce passage du
Yeroushalmi sur lequel tout le monde débat pour savoir s’il est authentique ou ajouté tardivement, n’existe pas !
Le
Rama le cite car il l’a lu dans les
Hagahot Mordekhaï, le
Maguen Avraham explique pourquoi le
Arizal pensait qu’il ne figurait pas dans le
Yeroushalmi d’origine, et en réalité, ce texte ne figure pas dans le
Yeroushalmi du tout, ni les textes d’origine, ni le texte que nous avons aujourd’hui dans toutes les impressions.
[Il semblerait que les Rishonim appelaient «
Yeroushalmi » des textes qui se trouvaient dans des Midrashim (parfois perdus depuis), puisque les Midrashim venaient eux aussi d’Erets Israel. Cela expliquerait de nombreuses citations du
Yeroushalmi (cf.
Maharats ‘Hayes Brakhot 15b) que nous trouvons dans les Rishonim et qui ne se retrouvent pas dans le
Yeroushalmi.
Il y a aussi la possibilité d’imaginer que ça faisait partie du
Yeroushalmi Kodshim qui est perdu.]
Toujours est-il que le Minhag Ashkenaze est de se lever pour Kadish, et les Sfaradim restent assis
(Shemesh Oumaguen III, o’’h §60,2).
Certains marocains se lèvent spécifiquement pour le Kadish qui introduit Arvit du vendredi soir (cf.
Mishna Broura §56, sk.8), il semblerait que ce soit une habitude tardive et inspirée du Minhag ashkenaz, c’est en tout cas l’avis du
Rav Shalom Messas (Shemesh Oumaguen IV, o’’h §20) qui écrit que jamais les Sfaradim ne se levaient pour Kadish, ni en semaine ni à Shabbat et qu’à Meknès tout le monde restait assis, mais que, récemment, certains ont commencé à se lever en apprenant ça des Ashkenazim.
Cependant, Rav Shalom Messas semble ne pas en tenir compte, mais cette habitude date tout de même de plus de quatre siècles dans certaines communautés sfarades, car le
Ben Ish ‘Haï (II, Vayera, §3) rapporte au nom du
Mahar’hou qu’il faut se lever pour ce Kadish du vendredi soir et le Barekhou qui suit
(moment de la réception de l’ajout de Roua’h, comme indiqué dns le Sidour du Rashash, cité aussi par le Ben Ish ‘Haï). Voir aussi
Kaf Ha’haïm (§56, sk.23).
Toutefois, un Sfarade qui prie dans un endroit où tout le monde se lève pour Kadish devra aussi se lever pour ne pas se distinguer [cf.
Ye’havé Daat (III, fin de §4), Or Letsion (II, §5,9)].
Les ‘Hassidim, vraisemblablement sous influence du
Arizal, restent aussi assis pour Kadish, comme les Sfaradim.