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Des miracles chez les non-juifs

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AM
Messages: 5
Bonjour

Suite à la lecture d'une réponse sur le Yenouka, par Rav Wattenberg
https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=61006
dans laquelle il argumente sur la présence de miracles chez les non-juifs:
Citation:
À l'inverse, il y a des histoires de miracles (très documentées et attestées etc.) par des "saints" chrétiens, musulmans, bouddhistes, etc. Et même chez les sorciers vaudous d'Afrique".

Plusieurs questions me viennent en tête:

• Comment, dans la perspective de la tradition juive, devons-nous comprendre les récits de miracles (modernes ou non) et de prophéties attribués à des non-juifs — qu’il s’agisse de figures religieuses comme Jésus, Mohamed, ou encore de personnages bibliques tels que Bil‘am — et quel sens leur donner par rapport à la croyance en D., à la question de la véracité de ces récits, et au fait que certains justes juifs consacrent leur vie à se rapprocher de D. sans jamais être témoins de tels miracles ?

• Dans une autre réponse, le Rav Wattenberg nous explique que certains "miracles" furent à nventés:
https://www.techouvot.com/les_miracles_de_nos_jours-vt8029898.html
Dès lors, comment pouvons-nous et devons-nous faire la différence entre les miracles (hormis ceux des textes reconnus tels que ceux de la Torah) et les histoires de "tapis volant" ?

Je sais que mes questions sont complexes et peuvent sembler floues, ainsi n'hésitez pas à me reprendre sur la formulation de celles-ci.
Je vous remercie et vous souhaite Chabat Chalom.

AM.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 7224
Citation:
A la suite de la lecture d'une réponse sur le Yenouka, par le Rav Wattenberg (https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=61006#61006), dans laquelle il argumente sur la présence de miracle chez les non-juifs :
"A l'inverse, il y a des histoires de miracles (très documentées et attestées etc.) par des "saints" chrétiens, musulmans, bouddhistes, etc. Et même chez les sorciers vaudous d'Afrique"
Plusieurs questions me viennent en tête :
- Comment, dans la perspective de la tradition juive, devons-nous comprendre les récits de miracles (modernes ou non) et de prophéties attribués à des non-juifs — qu’il s’agisse de figures religieuses comme Jésus, Mohamed, ou encore de personnages bibliques tels que Bil‘am — et quel sens leur donner par rapport à la croyance en D., à la question de la véracité de ces récits,


La prophétie de Bilam est attestée par ma Torah elle-même, celles de Jésus et Mahomet ne le sont pas, ni ne sont acceptées dans le judaïsme en tant que telles.
Mais il me semble que votre question porte en réalité plutôt sur les « miracles » que sur les prophéties.
Là aussi, les miracles attribués à Jésus ne sont pas vus comme des Nissim (« miracles ») dans la tradition juive, mais plutôt comme de la magie/sorcellerie.

Il faut souligner que les textes fondateurs du judaïsme (comme le Talmud) n’attribuent aucun miracle au Jésus dont il parle (et il n’est pas évident d’affirmer que ce soit le Jésus des Chrétiens, plusieurs Rishonim prouvent l’inverse).
Ce sont des textes apocryphes juifs (Toldot Yeshou), souvent très tardifs (époque des Rishonim et début A’haronim), qui en parlent en rattachant ce pouvoir à la magie et aux forces maléfiques.

Quant aux miracles de Mahomet, là encore c’est nécessairement tardif (vous pensez bien qu’aucune mention ne peut figurer dans la Torah, le Nakh ou le Talmud, puisque Mahomet n’était pas né à cette époque) et de rares mentions très tardives n’y accordent aucune foi.

Globalement, que ce soit l’histoire de la division de la lune ou la réinsertion d’un globe oculaire pour Mahomet, comme les histoires de multiplications des pains ou de balade sur l’eau pour Jésus, le judaïsme traditionnel n’y prête pas foi ni attention, d’aucuns pensent qu’il ne s’agit que de fabulations et récits imaginaires, certains estiment qu’il y a eu usage de magie noire, tandis que d’autres supposent qu’il devait y avoir une base par des tours de passe-passe et de prestidigitation, qui ont été un peu complétés et romancés pour en faire les exploits racontés aujourd’hui.

D’une manière ou d’une autre, il faut comprendre que la capacité à faire des « miracles » (des choses qui semblent aux autres surnaturelles) se retrouve chez des tas de gens aujourd’hui, des personnes sur lesquelles vous n’aurez aucun doute que leurs exploits ne sont pas à mettre en relation avec leur niveau de pureté ou de spiritualité.

Les David Copperfield et consorts reconnaissent volontiers qu’il ne s’agit que d’illusionnisme, pourtant leurs prouesses dépassent souvent les miracles que l’on peut raconter sur tel ou tel prophète.

Dans un autre registre, les Uri Geller et Cie prétendent manier des pouvoirs surnaturels, mais sans revendiquer une Kdousha particulière, ils ne se font pas passer pour des envoyés de D.ieu sur Terre.

Ce qui reviendrait en réalité à dire que ces pouvoirs dits surnaturels seraient parfaitement naturels mais encore inconnus de la science, voilà tout.


Citation:
et au fait que certains justes juifs consacrent leur vie à se rapprocher de D. sans jamais être témoins de tels miracles ?


L’objectif du judaïsme n’est pas de faire des miracles.

Le but de la vie n’est pas de devenir magicien.

Un Tsadik n’est PAS supposé opérer des miracles.

Si l’on raconte des miracles et histoires incroyables à propos certains Tsadikim, ça ne veut pas dire qu’un Tsadik doit aspirer à cela.

Il y a toujours eu des tsadikim en mode « rabbins miraculeux » et d’autres en mode « rabbins responsables et dirigeants » de la Rou’hniout du peuple.
Ces premiers étaient toujours rares et très minoritaires, les dirigeants du peuple juif n’étaient généralement pas les rabanim « miraculeux ».
Ceux qui ont été les gardiens de notre tradition, ceux qui ont transmis la Torah de génération en génération, n’étaient PAS des rabanim miraculeux.

Certaines aptitudes de l’âme permettent un certain type de connexion au divin qui fait que certaines personnes sont plus sensibles à certaines « ondes » spirituelles (qui se baladent pourtant autour de nous tous, mais il faut savoir les capter).

Ces gens à l’âme sensible, s’ils s’investissent dans la Avodat Hashem, deviennent des « rabbins miraculeux », du genre Baba Salei, Baba Elazar et autres « Babas » ou certains Rabbis ‘Hassidiques.
Mais ces rabanim ne peuvent pas remplir le rôle primordial de transmission de la Torah et direction du judaïsme.
Ils pourront bien entendu enseigner à un ou deux élèves quelques choses, mais vous les verrez rarement comme Rosh Yeshiva ou Maguid Shiour etc. Ils n’en sont pas capables, ce n’est pas compatible. Même à l’époque du Shas, les rabbins miraculeux n’étaient pas les (plus grands) transmetteurs de Torah.

Rabbi ‘Hanina Ben Dossa, par exemple, était un rabbin miraculeux, dont les prières étaient plus facilement exaucées, plus facilement que celles de son maître, R. Yo’hanan Ben Zakay, qui était le Gdol Hador et plus grand Tsadik que Rabbi ‘Hanina Ben Dossa (Brakhot 34b).

Ce qui signifie que le niveau de Tsidkout d’un Rav n’est PAS étroitement lié à son pouvoir de Tfila ou sa capacité à faire des miracles.
Les naïfs et les enfants s’imaginent que le seul critère de mesure de Tsidkout serait l’aptitude à la magie et au « surnaturel », c’est une erreur.

Citation:

- Dans une autre réponse, le Rav Wattenberg nous explique que certains "miracles" furent inventés (https://www.techouvot.com/les_miracles_de_nos_jours-vt8029898.html) ; dès lors comment pouvons nous et devons nous faire la différence entre les miracles (hormis ceux des textes reconnus tel que ceux de la Torah) et les histoires de "tapis volant" ?
Je sais que mes questions sont complexes, et peuvent sembler floues, ainsi n'hésitez pas à me reprendre sur la formulation de celles-ci.
Je vous remercie et vous souhaite Chabat Chalom.


Comme expliqué sur la page indiquée par ce lien, il faut distinguer entre les miracles attestés par la Torah et ceux relatés par un naïf.

La règle de base est de savoir que chaque chose insensée à laquelle vous adhérerez, peut être de nature à saper votre Emouna.

A partir de là, il vaut mieux se contenter du minimum admis dans la tradition, à savoir les miracles attestés par la Torah et par la tradition.

Les miracles du Baal Shem Tov seront donc à minimiser autant que faire se peut, on évitera ainsi les drames familiaux déjà évoqués sur ce site ( https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=45070#45070 ).

Il n’y a donc pas une liste des miracles à valider, il faut se fier à son bon sens et analyser les choses avec clairvoyance, et savoir qu’un Rav n’a pas besoin de faire des miracles pour être un Kadosh Elyon et très proche de D.ieu.

Mais il est inutile d’établir la liste des miracles de tous les rabbins, libre à chacun de croire ou de ne pas croire aux miracles attribués aux rabanim contemporains, certains juifs bien intentionnés mais à la Emouna faible et plus affaiblie encore par la paucité de leurs connaissances talmudiques, ont besoin de croire à ces choses pour tenter de se forger un lien avec le spirituel, il ne convient pas de les en empêcher.
anony
Messages: 51
J'ai l'impression qu'on a aussi tendance à se dire qu'un Rav miraculeux est un véritable tsadik, si D.ieu lui fait des miracles c'est qu'Il valide son niveau spirituel.
Alors qu'une autre personne très érudit mais sans miracles, c'est plus difficile pour les gens simples d'évaluer leur tsidkout, on aura plus tendances à lui trouver des défauts
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 7224
Citation:
J'ai l'impression qu'on a aussi tendance à se dire qu'un Rav miraculeux est un véritable tsadik, si D.ieu lui fait des miracles c'est qu'Il valide son niveau spirituel.
Alors qu'une autre personne très érudit mais sans miracles, c'est plus difficile pour les gens simples d'évaluer leur tsidkout, on aura plus tendances à lui trouver des défauts


Je souscris à ce que vous dites, mais cela concerne les Amei Haarets.
Tandis que ceux qui connaissent le judaïsme, le vrai, en l’ayant analysé de l’intérieur grâce au Talmud, sont généralement positionnés autrement.

Avant hier, à la Shul, j'ai cité le Rabbi de Kozmir, Rabbi Ye’hezkel Taub (1772–1856), qui a dit un Wort sur Parshat ‘Hayei Sarah (Beréshit 24,17) lorsque Rashi explique qu’Eliezer a couru et s’est dirigé vers Rivka car il a vu que l’eau était montée d’elle-même etc. Une question se pose : pourquoi Eliezer a-t-il tenu ensuite à vérifier ses Midot et si elle faisait bien Gmilout ‘Hassadim, après avoir vu un tel Ness accompli en sa faveur, lui fallait-il d’autres preuves ?!

Et il répond qu’on voit de là que le savoir-vivre et les bonnes Midot ont cent fois plus de valeur que les (la capacité à faire des) miracles et moftim.

J’ajoute, pour ma part, une autre déduction qui s’impose : on voit de là qu’il est possible d’être un Baal Moftim (faiseur de miracles) SANS avoir de bonnes Midot (sans quoi, si la capacité à faire des miracles impliquait nécessairement les bonnes Midot, pourquoi Eliezer devait-il encore vérifier ses Midot ?).
Ce qui signifie que RIEN n’indique que le faiseur de miracles serait un Tsadik.

Les Amei Haarets sont d’autant plus persuadés que miracles et Tsidkout vont de pair, depuis les multiples histoires fantaisistes que d’autres Amei Haarets font courir sur des Rabanim, leur attribuant une capacité surnaturelle. Lorsqu’on se renseigne un peu mieux, on met les choses en perspective.

Récemment, Rav David Yossef (actuel grand-rabbin sfarade d’Israël) a affirmé qu’on raconte -et imprime- des tas de Moftim/miracles/prodiges imaginaires qu’aurait accomplis son père Rav Ovadia Yossef, mais que c’est sans fondement, et que l’écrasante majorité de ces « miracles » est purement et simplement inventée. Voir ici : https://youtu.be/XZvZHHhl5QU?t=1336
Donc, oui, il y a des menteurs, il faut s'y faire.

Il en va de même à propos de nombreux autres Tsadikim, même si on ne le sait pas toujours, car tous n’ont pas laissé un fils soucieux du Emet qui aurait eu l’occasion de s’exprimer sur ce point.

A propos du ‘Hafets ‘Hayim aussi il y a eu, dès son décès, des tas d’histoires de Moftim. Son fils avait déjà « désamorcé » cet élan en disant qu’on raconte sur chaque rabbi ‘Hassidique comment on pouvait lui appliquer et voir en lui "Tsadik Gozer Vehakadosh Baroukh hou mekayem" (le Tsadik décrète et D.ieu accomplit), mais que sur son père, le ‘Hafets ‘Hayim, on peut souligner qu’il illustrait plutôt Hakadosh Baroukh hou Gozer veTsadik mekayem (D.ieu décrète et le Tsadik accomplit) et que c’était cela le plus grand Mofet (prodige).

Plus tard, la fille du ‘Hafets ‘Hayim, la Rabanit Feigel Zaks affirmera que 80% de ce qu’on raconte sur son père (en matière de Moftim) est totalement faux.
Témoignage rapporté par Rav Nathan Kamenetsky dans son Making of a Godol (improved edition, 2004, tome 1, foreword, page XX).

Ce phénomène n’est pas nouveau, mais disons que tant qu’il ne venait que confirmer la Gadlout d’un véritable Talmid ‘Hakham qui comptait parmi les rares rabanim auxquels les gens de la ville concernée avaient accès, ça allait.
Mais maintenant qu’il s’agit de raconter les prodiges de « Tsadikim » éloignés et de « faire son choix » en se décidant « fidèle de Rav untel » parce que l’on est impressionné par ses « miracles », c’est autre chose.

Formulé autrement : tant qu’il n’y avait absolument aucune corrélation entre l’argent et les légendes prodigieuses racontées au sujet d’un Rav, ça allait.
Mais depuis que c’est un business et que, tôt ou tard, le Rav à propos duquel on raconte des Moftim va se transformer en quêteur frénétique, c’est mauvais signe.

Si l’on raconte des miracles qui ne se « monnayent » pas, qui ne se traduisent pas en argent, ça va. Mais à partir du moment où l’on est prêt à donner de l’argent à un Rav (/son association/etc.) en raison de miracles qu’il aurait accomplis, ça ne va plus.

Si on connait ce Rav personnellement et, qu’à part ces miracles qu’on lui attribue, on a de bonnes raisons de lui faire confiance sur l’utilisation des fonds qu’on lui confie (car en le côtoyant on a pu, à la longue, s’apercevoir de sa Yashrout, de sa rigueur et de son honnêteté), alors ça va ; les miracles ne vont quand même pas le discréditer (quoi que, dans certains cas…), mais il ne faut pas que notre confiance en lui soit liée à des notions de miracles et prodiges.

Si les pseudo-tsadikim se multiplient de nos jours (plus particulièrement en Israël), c’est à cause de ceux qui accordent leur naïve confiance au premier venu pour peu qu’il fasse des miracles (ou que l’on raconte à son propos qu’il fasse des miracles).
C’est une grave responsabilité (de simplement adhérer à ces "rabanim", à plus forte raison de les soutenir), car ces gens font dévier la Torah de ce qu’elle est.
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