Citation:
Bonjour Rav,
Le Midrash Tanḥouma (Noaḥ 7) dit :
מִדַּת בָּשָׂר וָדָם, כְּשֶׁמָּרְדָה מְדִינָה לַמֶּלֶךְ, מְשַׁלֵּחַ לִגְיוֹנוֹתָיו עָלֶיהָ וְהוֹרֵג הַטּוֹבִים עִם הָרָעִים, לְפִי שֶׁאֵינוֹ יוֹדֵעַ מִי מָרַד 
493;ּמִי הוּא כָּשֵׁר. וְהַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא אֵינוֹ כֵן, אֶלָּא אֲפִלּוּ כָל הַדּוֹר מַכְעִיסוֹ וְיֵשׁ בּוֹ צַדִּיק אֶחָד, מַצִּילוֹ.
Ce passage affirme que, contrairement à un roi de chair et de sang, Hachem distingue les justes des méchants et sauve même un seul juste au sein d’une génération coupable.
Or, d’autres memrot Ḥazal semblent aller dans un sens différent :
Rachi, Beréchit 6:13 : כ"מ שאתה מוצא זנות וע"א אנדרלמוסיא באה לעולם והורגת טובים ורעים.
Baba Kama 60a : כֵּיוָן שֶׁנִּתְּנָה רְשׁוּת לַמַּשְׁחִית לְחַבֵּל אֵינוֹ מַבְדִּיל בֵּין צַדִּיק לְרָשָׁע.
Comment concilier ces enseignements apparemment contradictoires ?
J’ai vu dans la marge de mon
Tan’houma que j’ai noté cette question, sans y répondre.
J’aurais pu vous dire simplement que la distinction est explicite dans les mots de ‘Hazal: cela dépend si c’est D.ieu « personnellement » qui sévit, ou si c’est le « Mash’hit ».
L’idée étant, comme soulignée par le
Tan’houma, que seul D.ieu peut savoir qui est coupable et à quel point.
[Et non que le « mash’hit » refuserait de faire la distinction entre bons et mauvais, mais qu’il en serait incapable. Voyez à ce propos le Malbim sur Beréshit (18,23).]
Seulement ça serait vous tromper car le texte dans
Baba Kama (60a) (que vous citez incorrectement, vraisemblablement en reprenant une citation des Rishonim. Les mots sont : כיון שניתן רשות למשחית, אינו מבחין בין צדיקים לרשעים) se rapporte justement à un verset de Makat Bekhorot.
Ce qui amena les commentateurs à poser la question.
J’attire votre attention sur la précision ajoutée dans le
Rashi (Shemot 12,22 sv. Veatem) ואתם לא תצאו וגו'. מגיד, שמאחר שנתנה רשות למשחית לחבל, אינו מבחין בין צדיק לרשע ולילה רשות למחבלים הוא
(Cela nous enseigne que lorsque le Mash’hit (l'ange destructeur) reçoit l'autorisation de blesser (sévir), il ne fait pas de distinction entre les justes et les méchants — et la nuit est le temps des Me'hablim /anges destructeurs.)
Pourquoi
Rashi ajoute «
et la nuit est le temps des Me'hablim » ?
Voyez le
Siftei ‘Hakhamim (ad loc.) qui cite le
Reèm qui explique que ce passouk
(mettant en garde et interdisant de sortir de la maison) ne peut pas parler du Mash’hit pour l’Egypte dans le cadre des plaies, car tous les premiers nés étaient frappés, même ceux qui ne sortaient pas de chez eux, mais le verset parle du Mash’hit « classique » qui sévit toutes les nuits, c’est ce que
Rashi vient dire.
Et la raison pour laquelle ce rappel vient spécifiquement cette nuit-là, c’est pour ne pas que les Egyptiens puissent constater un Hébreu qui aurait lui aussi été frappé
(par le Mash’hit classique de chaque nuit) et qu’ils se disent que cette plaie n'était pas liée aux avertissements de Moshé.
Puis, le
Siftei ‘Hakhamim cite le
Na’halat Yaakov qui explique que bien qu’ici c’est D.ieu qui est passé en Egypte pour sévir et qu’on ne peut pas appliquer la règle qui concerne le Mash’hit qui ne fait pas de distinction
(=D.ieu lui-même peut distinguer entre Tsadik et Rasha), étant donné que la nuit est le «
moment des Me’hablim » et cette nuit était un «
Idan Rit’ha », un moment de colère, qui entrainait forcément un danger plus conséquent même par rapport aux Me’hablim « classiques ».
Voyez encore le
Pnei Yehoshoua (Baba Kama 60b sv. Leolam) qui répond comme le
Reèm (tout en ajoutant un élément dans son sens, en expliquant que s’il s’agissait du danger lié à Makat Bekhorot, comment le Shas voudrait en tirer une règle qui s’appliquerait toute l’année ?)
Voyez aussi ce qu’écrit le
Ramban (Shemot 12,21-22) à propos de l’ajout dans
Rashi. Il semble vouloir dire que cette fameuse nuit, D.ieu est passé en Egypte pour sévir, mais « le Mash’hit » lui aussi avait l’autorisation de sévir, et lui ne sait pas faire la distinction entre le gentil et le méchant.
Voyez encore le
Imrei Hatsvi (Baba Kama 60a, §22) qui pose votre question, cite le
Ramban et indique un
Midrash (Shemot Raba §17,5) qui irait dans ce sens.
Voir aussi le
Yedei Moshé (Shemot Raba §17,5 sv. Yesh Omrim) en ce sens.
PS: Je ne me relis pas, veuillez excuser les fautes.