Citation:
On dit que moché rabbénou n’apparait pas dans la paracha de tétsavé parce qu’il a demandé mééh’énina mi sifréh’a. Mais pourquoi c’est tombé juste sur la paracha de tétsavé et pas une autre ? quelle est le réméze et lien avec la paracha de tétsavé ?
Tout d’abord je vous ferai remarquer que le nom de Moshé n’est pas uniquement absent de Parshat Tetsavé, c’est aussi le cas d’autres Parshiot où Moshé n’est pas mentionné nommément, comme : Ekev, Reé, Shoftim, Ki Tetsé et Nitsavim.
Toutefois, cette information si répandue selon laquelle le nom de Moshé est absent uniquement de Tetsavé n’est pas une invention d’un rabbin de banlieue, c’est effectivement écrit dans le
Zohar ‘Hadash (daf 60c). Il faut donc l’expliquer un peu mieux en précisant qu’on parle seulement des 3 ‘houmashim Shemot Vayikra et Bamidbar.
Bereshit et Dvarim (Mishné Torah) étant exclus ; pour Bereshit car Moshé n’était pas encore né et pour Dvarim car il en est le rédacteur.
Comme le précise habilement le commentaire du
Rosh (Shemot 27,20) : תמצא בכל הסדרים אשר בתורה משנולד משה עד משנה תורה שהוא נזכר מלבד זה הסדר
Quant à expliquer pourquoi « c’est tombé sur Testsavé », certains commentateurs répondent de différentes manières.
Le
Ben Ish ‘Haï (Od Yossef ‘Haï, début de Ki Tissa) en disant que dans מחני נא מספרך (efface-moi de Ton livre), le mot מספרך signifie « de ton livre » mais on peut aussi le lire « du livre 20 » (מספר כ'), faisant ainsi allusion à la 20ème Parasha, soit Tetsavé.
C’est discutable car la répartition en Parshiot hebdomadaire n’a pas de valeur halakhique, seul le
Zohar (à de multiples endroits) introduit la notion des « 53 parshiot » de la Torah, mais elle est absente du Shas.
D’autant que nous savons qu’en Erets Israel les Parshiot étaient (approximativement) trois fois plus nombreuses et ils ne terminaient la Kriat Hatorah de tout le ‘Houmash qu’au bout de trois ans et demi. (Ce qui fait que Tetsavé n’était pas du tout la 20ème Parasha.)
C’est comme pour ceux qui expliquent que généralement le 7 Adar (date de décès de Moshé) tombe dans parshat Tetsavé. C’est sympathique mais peu convaincant dans le mesure où ceux qui répartissaient la Kria sur 3,5 ans ne pouvaient pas en dire autant.
Rav Yera’hmiel Magnishewer (/Frümer/ Ostrovtser) dans
Imrei Shefer (Varsovie 1913, daf 20a en fin de Ki Tissa) souligne que dans מחני נא מספרך אשר כתבת le mot אשר et le mot Tetsavé se rejoignent par l’isopséphie (ils ont la même valeur numérique) ce qui permet de remplacer (symboliquement) מחני נא מספרך אשר par מחני נא מספרך תצוה.
Le
Bnei Yissoskhor (Tevet Maamar 2 §30) explique au nom du
Megalé Amoukot (Vaet’hanan, §57) que Moshé est « caché » (=absent) de Tetsavé car les lettres cachées du mot משה
[les lettres cachées sont les lettres qui composent le nom de chacune des lettres et qui n’apparaissent pas dans le mot formé par ces lettres. Dans משה on décompose ainsi : מ"ם שי"ן ה"א, donc les lettres cachées sont מינא] ont la valeur numérique de 101 comme le nombre de versets qui composent la Parasha de Tetsavé
(c’est la seule parasha qui comporte 101 Psoukim). Donc la partie cachée de Moshé sera dans les 101 versets de Tetsavé.
En fait, ces deux dernières réponses, à l’instar des deux précédentes, reposent aussi sur la répartition des Parshiot telle que nous l’avons aujourd’hui et ne peuvent, par conséquent, aucunement justifier le “choix” de Tetsavé.
Toutefois, comme il n’y a en réalité rien à justifier (d’autant que si l’on partage les parshiot en trois comme ils le faisaient avant en Israël, il en résulte que Tetsavé n’est plus la seule Parasha de laquelle Moshé est absent…), il n’y a donc aucun problème.
