Techouvot.com

La réponse de qualité à vos questions

Misogynie juive

Voir le sujet suivant Voir le sujet précédent
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet
babaz
Messages: 61
Bonjour,
J’aurais aimé savoir pourquoi, dans le judaïsme, l’homme occupe une place prépondérante par rapport à la femme ?
1) Polygamie que pour l’homme,
2) La femme est considérée comme « la couronne » de l’homme, ce qui prouve bien que l’homme est dominant,
3) Les sages qui parlent dans le talmud ne sont que des hommes,
4) C’est à la femme de supplier sont mari de bien vouloir lui donner l’acte de divorce, si elle souhaite divorcer…

Merci.
Jacques Kohn ZAL
Messages: 2766
Il me paraît inexact de prétendre que le judaïsme pratique une quelconque misogynie (et non « mysoginie », comme écrit par erreur en titre de votre question).
1 – Il ne peut être question de « polygamie », c’est-à-dire de l’état de quelqu’un qui a plusieurs épouses, que pour l’homme. Lorsque plusieurs hommes épousent la même femme, ils pratiquent ce que l’on appelle la « polyandrie ».
Aucune des grandes religions du monde, que ce soit celles issues de la Bible ou celles pratiquées en Inde ou en Extrême-Orient, ne connaît la polyandrie, et ce pour l’évidente raison que celle-ci rend impossible tout établissement d’un lien de filiation.
Selon une étude de l’ethnographe G. P. Murdock à partir d’un échantillon de 558 sociétés considérées comme représentatives, la monogamie occupe 24%, la polygamie 75% et la polyandrie 1% des cas.
En ce qui concerne la polygamie dans le judaïsme, elle n’y occupe qu’une place insignifiante, les rabbins ne l’ayant autorisée, de facto, qu’avec l’autorisation de la première épouse. Elle a été totalement abolie dans le monde achkenaze par Rabbeinou Guerchom au début du onzième siècle, et elle ne subsiste dans les autres communautés que d’une façon tout à fait marginale.
2 – Considérer la femme comme la « couronne » de l’homme ne revient pas à conférer à celui-ci un rôle dominant, bien au contraire. La « couronne » est le point culminant du « couronné ».
D’ailleurs, lorsque le poète grec Homère dit des enfants qu’ils sont « la couronne de l’homme », ce n’est évidemment pas pour les diminuer par rapport à leur géniteur.
3 – Le Talmud a connu une femme célèbre, Berouria, l’épouse de Rabbi Méir, dont l’enseignement est consigné à plusieurs reprises dans la Guemara : Berakhoth 10a, ‘Erouvin 53b – 54a, ‘Avoda zara 18a, Pessa‘him 62b.
4 – Il est exact que la situation des ‘agounoth, c’est-à-dire des femmes qui se heurtent au refus opposé par leur mari de leur remettre un guet, est souvent poignante. Il convient cependant de rappeler que Rabbeinou Guerchom a également ordonné qu’un mari ne peut répudier son épouse qu’avec le consentement de celle-ici.
gallula
Messages: 3
merci pour cette réponse
j'aurai deux questions au sujet de la misogynie
1 eshet haïl: la femme ne serait qu'une femme d'intérieur ?
2 comment comprendre à plusieurs reprises que les femmes ont un daat kal, ce qui leur interdit d'étudier la Thora par exemple, ou bien comme nous le dit la gamra dans le perek hahelek quil faut les amener de la main droite et les repousser de la main gauche !
Jacques Kohn ZAL
Messages: 2766
Pour répondre à votre première question, il me suffira de vous rappeler la liste des femmes éminentes dont les noms émaillent le récit biblique et qui sont autant de preuves que nous avons connu des femmes vertueuses qui n’étaient pas des femmes d’intérieur.
Je rappelle que le Tanakh mentionne sept prophétesses : Sara, Miryam, Devora, ‘Hanna, Avigaïl, ‘Houlda et Esther (Meguila 14a).
En ce qui concerne votre deuxième question, n’oublions pas que les femmes sont dispensées de toutes les mitswoth actives « qui dépendent du temps » (mitswoth ‘assé chéha-zeman guerama), ce qui signifie que la non-exécution de ces mitswoth leur procure autant de mérites que leur exécution intégrale par les hommes.
Cela veut dire également que la Tora a entendu instituer une « division du travail » entre l’homme et la femme : A l’homme revient l’extériorité, c’est-à-dire les rapports avec le monde extérieur, et notamment l’étude de la Tora. La femme incarne au contraire l’intériorité, c’est-à-dire l’éducation des enfants et la tenue de la maison.
Il est évident pour la Tora que cette répartition des tâches ne doit pas être bouleversée. L’étude reste réservée aux hommes, avec quelques exceptions brillantes, comme Berouria, la femme de rabbi Méir (voir Berakhoth 10a).
Peut-être le dictum dans Sanhédrin 107b selon lequel il faut attirer de la main droite et repousser de la main gauche l’instinct (yétsèr), l’enfant et la femme (Rachi : Il ne faut ni les brimer trop strictement, ni les laisser totalement sans contrôle) s’explique-t-il par la nécessité de respecter la place de chacun dans cette répartition.
gallula
Messages: 3
Merci pour votre réponse mais il n'est nullement écrit la raison que vous exprimez dans le Rambam dans le chapitre Hilchot talmoud thora dans le michné tora il est écrit "baniyout daatan": de la pauvreté de leur savoir !
Aussi, au vu des grandes femmes, comment expliquer la louange de la femme d'intérieur ?
Jacques Kohn ZAL
Messages: 2766
Relisons ensemble ce qu’a écrit Rambam :
« Une femme qui étudie la Tora mérite une récompense, mais cette récompense n’est pas comme celle d’un homme, car ce n’est pas pour elle une obligation. Or, quiconque accomplit quelque chose qui ne lui est pas prescrit, sa récompense n’est pas comme celle à laquelle a droit celui pour qui c’est une obligation. Mais les ‘hakhamim ont cependant stipulé que l’on ne doit pas enseigner la Tora à sa fille, et ce parce que, chez la plupart des femmes, leur esprit ne se dirige pas vers l’étude. Bien au contraire, elles tiennent les choses de Tora pour des choses vaines. A cause de la pauvreté de leur esprit (‘aniyouth da’tane) les ‘hakhamim ont dit que quiconque enseigne la Tora à sa fille est comme s’il enseignait des fadaises. Dans quel cas ? Lorsqu’il lui enseigne la Tora orale. Quant à la Tora écrite, il ne doit pas l’enseigner a priori, mais s’il le fait ce n’est pas comme s’il enseignait des fadaises » (Hilkhoth talmud Tora, 1, 13).
Observons en premier lieu que l’interdiction porte sur l’enseignement donné à sa propre fille, alors qu’il n’est nullement interdit à celle-ci d’apprendre, ni à un autre que son père d’enseigner. Cette situation est à comparer avec celle que l’on trouve dans Yerouchalmi Ketouvoth 2, 10 : « On ne doit pas enseigner la Tora à un esclave, mais celui-ci peut étudier par lui-même. » Il est de même permis à une femme d’écouter des hommes qui étudient entre eux. La preuve en vient de la Guemara Souka 20b où l’on raconte que personne n’a élevé d’objection à ce que Tobie, le serviteur de rabbane Gamliel, se soit assis sous une table dans la souka pour écouter une discussion entre les Sages, alors qu’il leur est interdit d’enseigner la Tora à un esclave.
Quant à ce qui est écrit dans la Guemara Sota 20a et a été repris par Rambam : « Quiconque enseigne la Tora à sa fille est comme s’il enseignait des fadaises », on peut l’appliquer au père qui enseigne la Tora à sa fille encore enfant. Quant aux femmes dont l’esprit est tourné vers le service divin, il convient de les y renforcer, et pour cela leur prodiguer un enseignement.
On peut donc dire – et c’est ce que nous voyons aujourd’hui dans les nombreuses institutions de type Beith Ya‘aqov – qu’il incombe aux maîtres de chaque génération de donner un enseignement de Tora aux jeunes filles. On se référera à ce sujet au commentaire de Tora temina dans Devarim, chapitre 11, note 48.
Il faut cependant reconnaître que de nombreux Sages, y compris parmi les tannaïm, se sont montrés encore bien plus rigoureux que Rambam (voir par exemple rabbi El‘azar dans Yerouchalmi Sota 3, 4).
Peut-être est-ce pour cette raison que l’on a toujours insisté sur l’intériorité de la femme.
job314
Messages: 8
cher rav ,
dans la paracha Tazria, une femme ayant un fils est impure pendant sept jours, et si elle a une fille elle devient impure pendant 14 jours.
la raison peut paraitre choquante pour les femmes: une femme regrette plus d'avoir eu sa fille à cause des douleurs, que pour un fils.
comment expliquez-vous cela ?

merci.
Marc MEIMOUN
Messages: 123
Je tenais à vous rapporter la réfléxions "à chaud" d'une jeune femme qui a assisté au congrés du 11ème syoum à Chass de Paris, ou était présent nombre de Rabbanim.

" Impressionnante : car, dans les discours de plusieurs ravs, ce sont souvent les mêmes remerciements qui étaient destinés à leurs femmes.J'étais étonnée qu'à une soirée qui marque l'achèvement d'un cycle d'étude, des ravs d'une telle stature, fassent l'éloge des femmes en général, qui ont du mérite car elles encouragent et permettent à leurs maris au détriment de leur présence dans leur couple, à étudier la Thora. C'était une très belle forme de reconnaissance et surtout cela donnait une image plus valorisante des femmes."

De part mon expérience personnel j'ai eu la chance de fréquenté des rabbanim qui m'ont marqué par leurs attentions auprès de leur épouses.
Sans vouloir tomber dans le "pathos"
eliyoel
Messages: 9
Bonjour,

j'ai lu tout ce que vous y avez écrit au sujet de la misogynie, et je m'étonne : en effet, on sait que chez les 'hassidim on enseigne aux femmes peut-être différemment qu'aux hommes, mais aussi que le rabbi de loubavitch a demandé que les femmes étudient maintenant toute la thora, dévoilée et cachée. Plus, on sait que le baal shem tov considérait sa fille comme ayant un niveau incomparable à celui de ses plus brillants disciples, et lui enseignait des secrets qu'il ne dévoilait à personne d'autre.
Rabbi dov ber, 2ème rabbi de loubavitch, faisait pareil avec sa fille..
On peut certes rétorquer que ces 2 rabbanim savaient ce qu'ils faisaient..
Cependant, je m'interroge : nous approchons (peut-être même est-il arrivé à l'instant !) de la venue du machia'h, époque de la prédominance de la femme, et nous voyons effectivement l'émancipation de la femme dans tous les domaines ; aussi, dois-je comprendre que les paroles des 'hakhamim ne s'appliquaient (pour le cas précis dont nous parlons) qu'à l'époque prémessianique? ou alors il semble que bien que la thora ne soit pas misogyne, les hommes le sont/l'ont été, y compris nos 'hakhamim dans une moindre mesure..
Il ne me parait pas impossible de penser en effet que les juifs ont été influencés par les sociétés où ils habitaient, même si ce n'est que peu relativement à d'autres.
De plus, si vous expliquez qu'on peut (et non qu'on doit) comprendre les paroles du rambam de manière plus profonde qu'à priori, vous avez vous même pris comme exemple l'esclave, dont le statut est mentionné clairement dans la thora, alors que la femme n'a pas du tout le même statut dans la thora, qui ne la rabaisse pas comme elle le fait avec l'esclave me semble-t-il.
Si dans béréchite il est dit : (pérek 3, verset 16) véel ichekh téchoukatekh véhou yimechol bakh, on peut comprendre que la malédiction vient en grande partie du fait non pas que la femme doit se soumettre, mais beaucoup du fait que l'homme usera de sa force pour la soumettre, ce qui ne légitime pas qu'il le fasse, mais D... savait visiblement ce qu'il adviendrait...(tout comme si l'on veut dire que le quatrième fils de 'ham, kenaan, a été maudit, et sa peau est devenue noire, la noirceur de sa peau est une punition en grande partie à cause de la façon qu'ont les autres hommes de la percevoir).

De plus, si l'on veut ne pas voir de la misogynie, comment comprendre ce passage :
"et ce parce que, chez la plupart des femmes, leur esprit ne se dirige pas vers l’étude. Bien au contraire, elles tiennent les choses de Tora pour des choses vaines. A cause de la pauvreté de leur esprit (‘aniyouth da’tane) les ‘hakhamim ont dit que quiconque enseigne la Tora à sa fille est comme s’il enseignait des fadaises."
Que signifierait alors "la pauvreté de leur esprit", "elles tiennent les choses de Tora pour des choses vaines" ?
Jacques Kohn ZAL
Messages: 2766
1. J’ai répondu à la question sur l’impureté de la femme qui vient d’accoucher sous : « Parasha : Divrei Torah - Tazri‘a : Berith et touma ».
2. Il existe deux textes fondamentaux sur l’instruction des filles en Tora. A celui de Rambam déjà cité s’ajoute celui du Choul‘han ‘aroukh (Yoré dé‘a 246, 6).
« Une femme qui étudie la Tora mérite un salaire, mais pas le même que celui d’un homme, et ce parce qu’elle exécute ce qui ne lui a pas été ordonné.
Et bien qu’elle mérite un salaire, les Sages ont ordonné que l’on n’enseigne pas la Tora à sa fille, et ce parce que la plupart des femmes n’ont pas l’esprit tourné vers l’étude, et tiennent les paroles de Tora pour des paroles vaines à cause de la misère de leur esprit (‘aniyouth da‘athan)…
Le Rema ajoute : La femme est en tout cas tenue d’apprendre les lois relatives à la femme. »
On peut constater, à la lumière de ces deux textes, qu’ils abondent tellement en nuances de toutes sortes qu’il est naturel qu’ils aient donné lieu à diverses interprétations différentes, voire divergentes.
L’expression ‘aniyouth da‘athan ne saurait, par exemple, être considérée comme une affirmation d’une infériorité de la femme par rapport à l’homme. Elle ne signifie pas qu’elles sont incapables d’approfondissement, mais qu’elles sont, de par leur nature, moins portées, « pour la plupart » (et donc pas toutes) à élaborer des spéculations dans l’ordre de l’esprit.
Montrer les messages depuis:
Voir le sujet suivant Voir le sujet précédent
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum