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Mémoires rabbiniques

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modo
Messages: 106
Bonjour Rav,

Quels seraient, selon vous, les mémoires dont la lecture serait intéressante et/ou enrichissante ?

Merci
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Citation:
Quels seraient, selon vous, les mémoires dont la lecture serait intéressante et/ou enrichissante ?


Vous parlez de mémoires rabbiniques (/et similaires) ?

Veuillez affiner votre question.

Quid des langues ? Français, anglais, hébreu?
modo
Messages: 106
Oui exactement, quant à la langue je dirai plutôt francais/hebreu

Merci
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Les mémoires rabbiniques sont quasiment toutes enrichissantes.
Quand elles sont écrites par un Talmid ‘Hakham, pas par un écrivain romancier qui déforme, détourne et dénature les choses.

Et parfois, même lorsque ce n’est pas écrit par un Talmid ‘Hakham, on peut trouver des informations intéressantes.
Par exemple Isaac Bashevis Singer, dans quelques uns de ses livres, nous renseigne bien sur ses parents et la vie en Pologne à son époque.

Son père était le Megadim ‘Hadashim, Rav Pin’has Mendel Zinger et sa mère était la fille du rav de Bilgoray.


Je n’ose pas vous donner des titres d’autobiographies rabbiniques, car cela sous-entendrait "celles-ci et non les autres".
Et je ne peux pas vous citer ici cent titres.

Tout de même pour ne pas vous laisser sans rien :

-Meguilat Sefer du Yaabets (version originale en hébreu, pas la traduction française qui comporte des erreurs de traduction)

-‘Hayei Yehouda de R. Y.A. de Modène

-Seder Eliahou et Nefesh David du Aderet

-Maagal Tov du ‘Hida (version originale en hébreu, pas la traduction française qui comporte des erreurs de traduction)

-‘Hout Hameshoulash (Sofer)


Dernière édition par Rav Binyamin Wattenberg le Lun 25 Avril 2022, 9:09; édité 1 fois
sat1
Messages: 101
À quels livres de Isaac Bashevis Singer pensez-vous ?
J'ai vu que vous mentionnez Au tribunal de mon père et De nouveau au tribunal de mon père sur ce site. Y en a-t-il d'autres ?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Ces deux titres que vous citez sont ceux où il nous livre le plus d'informations sur ses parents (et la vie juive en Pologne).

Je ne suis pas un spécialiste de Singer, mais il semble clair que ces deux titres soient les plus intéressants de ce point de vue.

Ses autres livres sont d'un autre genre, même sa façon de décrire les choses y est différente, il le reconnait lui-même dans son avant-propos imprimé au début d'Au tribunal de mon père (Stock 1990, p.9).
Rien à voir avec Zlateh la chèvre et compagnie.

Dans le même registre, description de la vie juive chez les 'Hassidim en Pologne, il y a aussi le livre de son grand frère Israel Yehoshoua Singer, D'un monde qui n'est plus.
C'est terrifiant de voir à quel point leur père, qui était pourtant un Talmid 'Hakham, n'a pas su s'y prendre pour l'éducation religieuse de ses enfants. Si ça ressort entre les lignes plusieurs fois dans les écrits d'Isaac, c'est quasi omniprésent dans ce titre de son frère.

La volonté de leur père de vivre dans un monde spirituel, en méprisant les réalités matérielles, s'est révélée catastrophique et doit nous rappeler à l'ordre lorsqu'on peut avoir tendance à imposer un niveau de dévotion à nos enfants, au même titre qu'un niveau de halakha.
Quelles que soient les aspirations spirituelles élevées d'un parent, il doit savoir faire la part des choses et comprendre que d'autres peuvent exceller en Torah et Yirat Shamayim sans passer par les mêmes voies.

Il faut éduquer nos enfants à respecter scrupuleusement la halakha, mais il est interdit de les embarquer dans des 'Houmrot, des excès, ou de la 'hassidout (ou tout ce qui serait facultatif), contre leur assentiment.

Cela doit dépendre de la volonté et l'inclinaison de l'enfant.
Pour ce qui est halakhique, il faut les éduquer en ce sens, mais pour ce qui est facultatif, il ne faut en aucun cas le leur imposer, même si l'on ressent personnellement que c'est une 'houmra indispensable, qu'elle est essentielle, etc.
Car le ressenti de l'un n'est pas toujours celui de l'autre.

Le Rav Zinger attendait de ses enfants qu'ils soient de grands dévots et les privait de beaucoup de choses, leur interdisait beaucoup de choses. Résultat, il en a fait des Kofrim (à l'exception de son dernier fils, R. Moshé, qui est mort jeune pendant la guerre).

Bien sûr, il y a aussi la particularité de la génération qui a participé à cette dégringolade spirituelle, mais ce n'est pas étranger au problème mentionné; le changement de mentalité de la génération imposait de réagir avec intelligence et ne pas se contenter de laisser les enfants "pousser" tout seuls comme de par le passé.
Je crois que c'est tout aussi applicable à notre époque, où nos enfants grandissent dans un monde très différent de celui dans lequel leurs parents ont grandi, cela implique qu'il faille s'ingénier dans le cadre de l'éducation en général et de l'éducation religieuse en particulier.
'HozerImSheelot
Messages: 82
Dans son ouvrage "Au tribunal de mon père", l'auteur met souvent en exergue l'ambiance superstitieuse et la naïveté de son père, qui déplaisaient à son grand frère Joshua et à sa mère (relisez le chapitre 'Quand les oies criaient'). Il y aurait encore beaucoup de choses à dire... en tout cas, c'était un problème général du judaïsme de l'époque.

P.S: Si quelqu'un cherche la preuve que Jacob a pu ne pas reconnaître sa femme et l'avoir prise sa soeur, lisez p.69 dans l'édition française (!).
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
A 'HozerImSheelot:

Citation:
Dans son ouvrage "Au tribunal de mon père", l'auteur met souvent en exergue l'ambiance superstitieuse et la naïveté de son père, qui déplaisaient à son grand frère Joshua et à sa mère (relisez le chapitre 'Quand les oies criaient'). Il y aurait encore beaucoup de choses à dire... en tout cas, c'était un problème général du judaïsme de l'époque.


Oui, oui, c'est bien ce dont je parlais plus haut, des livres de ses fils on voit les failles qui ont pu concourir à leur abandon de la religion. Leur père a été très mystique et superstitieux et ça n'était pas adapté à cette époque en raison du vent de Haskala qui soufflait. Les critiques de la mère ont pu aussi jouer.
Elle même était agacée par certaines excentricités de son mari car ses propres frères se moquaient volontiers de ce beau-frère incapable d'assurer la Parnassa de sa famille en raison de son refus d'apprendre des bribes de russe et d'obtenir ainsi son droit d'exercer le rabbinat.

Mais je vous ai peut-être mal compris, vous vouliez ajouter autre chose? ou seulement confirmer mes dires? Donner un exemple dans le livre?
'HozerImSheelot
Messages: 82
Je tenais à dire que ce que vous avez montré du doigt était plus ou moins généralisé et que par ‘spiritualité’ il faut entendre aussi vision du monde enfantine, magique et superstitieuse.
J’avais relevé également d’autres éléments dans le livre de Singer: les conflits internes des cours hassidiques et entre elles ; la misogynie ; la dissolution de la cellule familiale traditionnelle (le nombre de divorces semble complètement disproportionné ; Singer a même surnommé un des rabbins d’un mauvais œil « marchand de guittin »); le comportement scandaleux des enfants au heder ; etc.
Le Judaïsme était malade (Quand ne l’a-t-il pas été? C’est la vraie question.).
'HozerImSheelot
Messages: 82
J'en profite pour vous poser une question, si cela ne vous dérange pas.
Je vous imagine friand de ce type d'histoires/d'anecdotes, j'espère que je ne me trompe pas.
Auriez-vous une idée de l'identité du génie qui vient vendre sa part au monde futur pour cent roubles?
Merci d'avance
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
A ‘HozerImSheelot 1 :

Citation:
Je tenais à dire que ce que vous avez montré du doigt était plus ou moins généralisé et que par ‘spiritualité’ il faut entendre aussi vision du monde enfantine, magique et superstitieuse.
J’avais relevé également d’autres éléments dans le livre de Singer: les conflits internes des cours hassidiques et entre elles ; la misogynie ; la dissolution de la cellule familiale traditionnelle (le nombre de divorces semble complètement disproportionné ; Singer a même surnommé un des rabbins d’un mauvais œil « marchand de guittin »); le comportement scandaleux des enfants au heder ; etc.
Le Judaïsme était malade (Quand ne l’a-t-il pas été? C’est la vraie question.).



Je vous cite :
Citation:
Le Judaïsme était malade (Quand ne l’a-t-il pas été? C’est la vraie question.).

Oui, c’est la vraie question.
Disons que la réponse est que justement, le jour où il ne sera plus malade, c’est le Messie qui arrive.

L’humanité entière est malade (et de manière souvent autrement plus grave et profonde que les juifs), les guerres, les conflits, les mensonges, les vols, les souffrances,…

Le judaïsme était malade avant-guerre, depuis, il l’est encore mais autrement.

Il y a des points où nous avons B’’H totalement été guéris, d’autres où l’amélioration n’est que partielle, et enfin d’autres que nous avons développés alors que nos ancêtres en étaient protégés.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
A ‘HozerImSheelot 2 :

Citation:
J'en profite pour vous poser une question, si cela ne vous dérange pas.
Je vous imagine friand de ce type d'histoires/d'anecdotes, j'espère que je ne me trompe pas.
Auriez-vous une idée de l'identité du génie qui vient vendre sa part au monde futur pour cent roubles?


Vous parlez du chapitre « Le Marchand », dans Au tribunal de mon père (Ed. Stock, p.161).

Non, je ne connais pas le nom de ce « vendeur » de Olam Haba, mais il n’a pas été le seul.

On raconte que le Rav ‘Haim Elazar Waks (le Nefesh ‘Haya) (1822-1889) a accepté de vendre sa part au Olam Haba à un riche juif en échange d’un don faramineux pour le Yishouv en Erets Israël, une année où la récolte avait été catastrophique puis dévastée par les sauterelles, des milliers de juifs risquaient de mourir de faim. (Toldot Hanefesh ‘Haya p.32-33) (‘Hakhmei Polin -Grünbaum- Jér. 2009, p.285.)

Ce concept de vente a même été traité à différentes occasions dans les responsa et Sfarim en tous genres, voyez par exemple :

Touv Taam Vadaat (Kluger) (I, Talmoud Torah §217)

Min’hat Its’hak (VI, §100)

Shaarei Shamayim (Rizikov) (§7, N.Y. 1937, daf 88a)

Shout Yevakesh Torah (Kaufman)(§89)

Yissakhar Zvouloun (Sternbuch) (Bnei Brak 1998, p.114)


Vous trouverez encore plusieurs anecdotes autour de la vente de Olam Haba dans le Kountras Mekhirat Olam Haba (Twersky) (Brooklyn N.Y. 2013).

La particularité de ce cas dont vous parlez c’est qu’il semblait avoir de très grandes connaissances en Torah, au point d’épater le Megadim ‘Hadashim, tout en étant devenu un véritable Kofer lemehadrin.

Désolé, j'ignore son nom.

Par contre, si vous enquêtez sur les identités secrètes des personnages cités dans Au tribunal de mon père, je peux vous révéler que l’ami du père de Singer, appelé « Reb Nachman » et dont il est question dans Au tribunal de mon père (Ed. Stock, p.134), ne se prénommait pas du tout Nachman.

Il se trouve que ce chapitre se retrouve dans le tome 2, De nouveau au tribunal de mon père (Ed. Mercure de France 2003, p.280) et la traduction y est légèrement différente.
Vous y verrez (en p.281) qu’il écrit clairement au sujet de cet ami « que j’appellerai Reb Nachman », c-à-d que ce n’est pas son nom mais un nom fictif.

Apparemment, il ne voulait pas dévoiler sa véritable identité, mais je pense qu’aujourd’hui, il y a prescription, donc je vous la livre, c’est Rav Shlomo Gavriel Rozental de Varsovie [auteur du Hitgalout Hatsadikim et du Tiféret Hatsadikim], élève de Reb Tsadok Hacohen et grand diffuseur de ses Sfarim.
Il a aidé le Rav Zinger à éditer le Sefer Notrikon du Pri Megadim, comme Singer le raconte (tandis que Moshé Lifshitz, libraire à Varsovie, est simplement associé avec Rav Zinger dans la diffusion du livre, qui a été imprimé à Bilgoray en 1910).

Il y a quelques imprécisions dans Au tribunal de mon père : le titre est Notrikon et non Nutrikum (p.134), dans le tome 2 (p.281) le titre est correctement retranscrit.
Aussi, Singer en nomme l’auteur Joseph Shor alias le Pri Megadim, mais il s’est embrouillé, car son patronyme était Teomim (Rabbi Yossef Teomim, auteur du Pri Megadim et du Sefer Notrikon).
Cette erreur se retrouve dans les deux tomes.

Il y a encore beaucoup de petites erreurs, par exemple dan le même chapitre, il parle de mâchoire de lion dans De nouveau au tribunal de mon père (p.286), alors qu’il s’agit bien sûr de mâchoire d’âne comme il est écrit dans Au tribunal de mon père (Ed. Stock, p.137).

Il y a encore plusieurs erreurs tout au long du livre, dans les deux tomes, mais cela reste des livres instructifs et intéressants.
'HozerImSheelot
Messages: 82
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
J’ai vu un autre cas d’un rabbin prêt à se défaire de son Olam Haba, c’est Rabbi Na’houm de Tchernobil qui, de passage dans un village dépourvu de Mikve, a annoncé qu’il donne toute sa part au Olam Haba à celui qui y offrirait un Mikve.

Il s’est ensuite expliqué, la Torah nous demande d’aimer D.ieu « bekhol meodekha » (te tous tes moyens), ce qui est expliqué : de toute ta fortune.
Or, dit-il, comme je n’ai pas d’argent, tout ce que je possède c’est mon Olam Haba, donc je l’offre à celui qui construirait un Mikve.
(Rapporté dans Otsar Israel du Meor Enaïm et dans Milei de’hassidouta-Va’hay Bahem, tome 1, p.255)
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