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La réponse de qualité à vos questions

Making of a Godol et éducation en Israël

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e2626
Messages: 25
Bonjour Rav,
J'ai découvert que le Rav Nathane Kaminetsky, fils de l'illustre Rosh Yeshivat Torah Vadaat aux U.S, le Rav Yaakov Kaminetsky a écrit deux livres 'Making of a Godol', et qui auraient été mis de côté par les Gdolim.

J'ai compris qu'il s'agissait de certaines anecdotes concernant les Gdolim comme son père ou encore Rav Aharon Kotler za"l qui 'banaliseraient' selon certains, l'image que devrait avoir un 'Gadol'.
C'est à mon goût une approche très intéressante de dévoiler un Téfah' de la réelle vie des Gdolim, et de percevoir que tout un chacun est capable d'atteindre ces niveaux même si notre vie est à priori semblable à celle du commun des mortels...
Je pense que c'est une approche 'houtsnikite comme dirait-on, cad que pour un 'haredi lambda d'Israël, c'est inenvisageable de raconter ça.
La différence entre une biographie écrite par un de nos frères d'Israël sur tel Roch Yeshiva ou tel Possek, serait la ville natale de chacun, et les Gdolim qu'il aurait eu la facilité de côtoyer etc. Ces récits laissent paraître que pour certains c'est un petit jeu d'atteindre les grands niveaux, que beaucoup de choses leur étaient accessibles. Si on insère une touche de 'piquant' au plat, et qu'on dévoile que pas tout est limpide, ça ne peut être qu'encourageant.
[Alors oui on va raconter aux Bahourim de Yeshiva Ktana que même Reb 'Haim Kanievsky ne comprenait pas les chiourim de Iyoun, ou que Reb Shmouel est sorti en pleurant du premier chiour de Reb Shimen Shkop, mais on ne va pas plus détailler, ou en savoir plus. (ex : j'ai entendu que Reb Haim a dit qu'il s'endormait en chiour de Iyoun à Lomze, et a dit que seuls les chiourim de Rav Shah' le tenaient réveillé ! Je serai étonné de lire ça dans une biographie officielle, et pas devoir chopper les fuites pour avoir ce genre d'anecdotes intéressantes, et qui, au final sont encourageantes.]

Pouvez-vous m'en dire plus ? (D'autres ex d'histoires qu'il raconte dans ses livres)
Qu'en pensez-vous ? Raconter que tel Rav n'aimait pas perdre aux échecs est si catastrophique et dangereux quant à son image de Rosh Yeshiva qui peut faire Chiour Klali pendant 3 heures ?

Où est-il possible de lire ces livres ? Je ne crois pas qu'ils soient en hébreu, me trompe-je ?

Qu'en ont pensé les Gdolim des U.S ? [De ce que j'ai compris, les regards des bannisseurs du livre étaient plus portés vers Rav Eliyachiv et Rav Dan Segal. (Rav Shternbourh aurait conforté l'auteur. Pas très étonnant malgré sa 'harifoute en général, mais il possède malgré tout un côté ouvert, 'houtsnik...) Mais dans tout ça, que pensent nos amis les américains ? Les talmidim des Gdolim sur qui il raconte ces histoires comment ont-ils réagi ?]

Si vous êtes d'accord que le Gadol n'a pas necessairement à être adulé et à être rendu parfait, comment pensez-vous qu'en Israël il serait possible d'éduquer nos enfants avec un recul sur ce système établi depuis déjà assez longtemps..?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Votre message est très intéressant, il est difficile de répondre sans vous connaitre, mais il semble que vous soyez Avrekh en Erets et connaissiez le monde des Yeshivot et ses faiblesses.

Avant tout, je vous redirige vers ce fil où j’ai déjà répondu en partie à vos questions (il y a 3 pages, pas tous les messages vont vous intéresser, mais certains d’entre eux, si):

https://www.techouvot.com/making_of_a_godol-vt14890.html?highlight=
https://www.techouvot.com/2-vt14890.html?postdays=0&postorder=asc&start=15
https://www.techouvot.com/3-vt14890.html?postdays=0&postorder=asc&start=30

Après cela, s’il vous reste des questions, je vous suggère de les reformuler et les poster à la suite de la page 3 dudit fil, de sorte que l’on puisse regrouper tout ce qui touche à ce livre sur un même fil.

Merci.
e2626
Messages: 25
Re-bonjour, en effet vous avez +/- pointé le personnage, en tout cas pour ce qui est de l'intérêt du forum. J'ai lu (je l'avoue, en diagonale...) ce que vous écrivez sur les messages que vous avez rédigé, et en effet lorsqu'on connaît (faut-il encore avoir un minimum de critique sur ce qui nous entourne sans en être happé) le 'terrain' en Israël, on se rend compte que c'est tout simplement la situation.

Disons que pour le livre c'est un débat sans grandes Nafk"m, et disons que chacun décidera de lire ou non certains livres, et jouera aux échecs ou au solitaire, dans la limite du raisonnable !
Mais j'aimerai avoir votre avis sur ma dernière question

(Je me recite, je n'ai pas réussi l'option 'citer' comme vous le faites avec brio.)

Si vous êtes d'accord que le Gadol n'a pas necessairement à être adulé et à être rendu parfait, comment pensez-vous qu'en Israël il serait possible d'éduquer nos enfants avec un recul sur ce système établi depuis déjà assez longtemps..?

Je m'explique un peu ; je crois qu'aujourd'hui pour éduquer un enfant équilibré dans son environnement (surtout en Israël où le principe de 'kehila' et de système est extrêmement important, contrairement à la France où le côté 'famille' peut être un facteur écrasant si le 'hinou'h est suivi à la lettre, l'enfant pourra MOINS se retrouver à chercher ailleurs), il faut qu'il ne sente pas marginal.
Si les parents répètent qu'il n'est pas comme les 'israéliens', il ne sentira pas avoir une place, et sa "fierté" que les parents lui ont transmise se transforma rapidement en "complexe" (si les parents n'en sont déjà pas les vecteurs de celui-ci).
Il est possible de se transformer en 'Ben Teyré', oublier sa provenance, et s'immiscer dans le 'black Bne Brak', et si on a des moyens (sous plusieurs sens du terme...), faire rentrer ses enfants dans les mosdot yeshivish. Le fils n'aura plus de français que le 'comme si comme ça'. [Remarquons que sur le terrain, à Bne Brak ou à Jéru, il y a pas mal de Rabbanim français qui ont procédé de la sorte, et qui ont leurs enfants, totalement israéliens certes, mais, qui ont réussi dans leur structure.

Passons à ce qui est du plus délicat : le français qui pense/veut pouvoir relever le défi de jouer sur les 2 plans, de permettre à son enfant de le faire profiter de l'ouverture qu'il a eu lui en tant qu'adolescent, ouverture qui lui a permise d'arriver là où il en est.

La confrontation se fera sentir lorsque l'enfant reviendra du 'heyder avec des phrases toutes faites, et des nayess qui choquent un français classique etc, et (pour justifier le titre 'making of a godol') qui sera à son tour celui qui adulera les Gdolim sans vraiment comprendre les choses. Le parent se voir alors en décalage avec son fils. Et c'est bien LA que je repose ma question ; quel(s) conseil(s) donneriez-vous ?

Je sais que certains diront qu'il faut rentrer en France, mais niveau qualité de limoud, il n'y a pas photo... Vous avez certes opté (enfin j'ose me prononcer, c'est peut-être/surement la vie qui vous y a mené, je ne veux pas commettre de mauvaises estimations) pour l'option France, malgré que vous ayez connu ET Israël, ET les Etats-Unis, mais je pense que vous avez malgré tout une petite idée sur la question, et vos conseils pourraient être des meilleurs.

[Je sais qu'une prise de contact rendrait le conseil bien plus bénéfique, mais disons que pour le moment ce n'est pas faisable, si je rentre en France bientôt espérons avoir le mérite !]

En vous remerciant !
e2626
Messages: 25
Bonjour, j'ai envoyé une réponse suite au message du rav Wattenberg,
mais je n'ai pas de moyen de remettre la main dessus, et il me semble
que le rav n'a pas encore répondu à la question. Pouvez-vous relancer
le rav, ou au moins me renvoyer ma question afin de pouvoir reposer la
question.
Merci !
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
A E2626-2 :

Citation:
j'ai envoyé une réponse suite au message du rav Wattenberg,
mais je n'ai pas de moyen de remettre la main dessus, et il me semble
que le rav n'a pas encore répondu à la question. Pouvez-vous relancer
le rav, ou au moins me renvoyer ma question afin de pouvoir reposer la
question.


Don’t worry, me voici.
Je ne repasse pas tous les jours sur chaque fil, ça ne serait pas possible.

Rassurez-vous, j’y arrive tôt ou tard, mais je ne peux pas garantir une réponse rapide.
Certains attendent depuis des mois (et quand je dis des mois, c’est parfois, plus que 12 mois…)

Mais me voici, je tente donc une réponse.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
A E2626-1 :

Citation:
Re-bonjour, en effet vous avez +/- pointé le personnage, en tout cas pour ce qui est de l'intérêt du forum. J'ai lu (je l'avoue, en diagonale...) ce que vous écrivez sur les messages que vous avez rédigé, et en effet lorsqu'on connaît (faut-il encore avoir un minimum de critique sur ce qui nous entourne sans en être happé) le 'terrain' en Israël, on se rend compte que c'est tout simplement la situation.
Disons que pour le livre c'est un débat sans grandes Nafk"m, et disons que chacun décidera de lire ou non certains livres, et jouera aux échecs ou au solitaire, dans la limite du raisonnable !
Mais j'aimerai avoir votre avis sur ma dernière question
(Je me recite, je n'ai pas réussi l'option 'citer' comme vous le faites avec brio.)
Si vous êtes d'accord que le Gadol n'a pas necessairement à être adulé et à être rendu parfait, comment pensez-vous qu'en Israël il serait possible d'éduquer nos enfants avec un recul sur ce système établi depuis déjà assez longtemps..?
Je m'explique un peu ; je crois qu'aujourd'hui pour éduquer un enfant équilibré dans son environnement (surtout en Israël où le principe de 'kehila' et de système est extrêmement important, contrairement à la France où le côté 'famille' peut être un facteur écrasant si le 'hinou'h est suivi à la lettre, l'enfant pourra MOINS se retrouver à chercher ailleurs), il faut qu'il ne sente pas marginal.
Si les parents répètent qu'il n'est pas comme les 'israéliens', il ne sentira pas avoir une place, et sa "fierté" que les parents lui ont transmise se transforma rapidement en "complexe" (si les parents n'en sont déjà pas les vecteurs de celui-ci).
Il est possible de se transformer en 'Ben Teyré', oublier sa provenance, et s'immiscer dans le 'black Bne Brak', et si on a des moyens (sous plusieurs sens du terme...), faire rentrer ses enfants dans les mosdot yeshivish. Le fils n'aura plus de français que le 'comme si comme ça'. [Remarquons que sur le terrain, à Bne Brak ou à Jéru, il y a pas mal de Rabbanim français qui ont procédé de la sorte, et qui ont leurs enfants, totalement israéliens certes, mais, qui ont réussi dans leur structure.
Passons à ce qui est du plus délicat : le français qui pense/veut pouvoir relever le défi de jouer sur les 2 plans, de permettre à son enfant de le faire profiter de l'ouverture qu'il a eu lui en tant qu'adolescent, ouverture qui lui a permise d'arriver là où il en est.
La confrontation se fera sentir lorsque l'enfant reviendra du 'heyder avec des phrases toutes faites, et des nayess qui choquent un français classique etc, et (pour justifier le titre 'making of a godol') qui sera à son tour celui qui adulera les Gdolim sans vraiment comprendre les choses. Le parent se voir alors en décalage avec son fils. Et c'est bien LA que je repose ma question ; quel(s) conseil(s) donneriez-vous ?
Je sais que certains diront qu'il faut rentrer en France, mais niveau qualité de limoud, il n'y a pas photo... Vous avez certes opté (enfin j'ose me prononcer, c'est peut-être/surement la vie qui vous y a mené, je ne veux pas commettre de mauvaises estimations) pour l'option France, malgré que vous ayez connu ET Israël, ET les Etats-Unis, mais je pense que vous avez malgré tout une petite idée sur la question, et vos conseils pourraient être des meilleurs.

[Je sais qu'une prise de contact rendrait le conseil bien plus bénéfique, mais disons que pour le moment ce n'est pas faisable, si je rentre en France bientôt espérons avoir le mérite !]
En vous remerciant !


Vous avez à moitié raison sur mon choix personnel ; j’ai choisi de quitter Israël, mais c’était pour partir aux USA que j’ai finalement dû quitter sept ans plus tard, à contre cœur, pour des difficultés de Parnassa et -surtout, parce que l’INS (Immigration and Naturalization Service) en avait marre de prolonger mon visa étudiant.

Je suis donc rentré en France car on m’y proposait différents postes de Maguid Shiour, c’est à la Yeshiva (qui n’existe plus depuis) du centre Alef que j’ai finalement atterri.
Mais si j’avais pu rester aux USA, j’y serais resté.

Par contre, pour Israël, c’était -à l’inverse- un départ idéologique/hashkafique, en dépit des difficultés financières inhérentes au statut d’Avrekh étranger aux USA ; ma Parnassa était bien mieux garantie en Erets, tout comme pour le travail de mon épouse.
C’est pour le Limoud et pour l’éducation des enfants que j’ai quitté Israël.

Ce qui fait que je suis sûrement mal placé pour pouvoir vous conseiller, car ces réflexions qui vous préoccupent m’ont amené à décider, il y a maintenant plus de trente ans, que j’aurais du mal à éduquer mes enfants en Israël.

Aussi, il faut souligner que j’étais à Bnei Brak, je ne connaissais pas très bien chaque quartier de Jérusalem et son ambiance.
Ce n’est pas comparable.

De plus, la vie y a considérablement changé durant les dernières décennies (positivement sur certains points et négativement sur d’autres).

Bref, que puis-je vous dire si ce n’est que j’ai refusé de devoir choisir entre faire de mes enfants des israéliens dans l’esprit, ou leur faire vivre une marginalisation hashkafique, les deux options étant -pour moi- nocives pour la Avodat Hashem des enfants. Je ne dis pas que tous les enfants éduqués en Israël sont forcément mal éduqués, je dis que -me connaissant, je ne me considérais pas capable de leur donner un bon ‘hinoukh en devant lutter contre les influences extérieures israéliennes.

Chaque pays a ses problèmes et difficultés, aux USA aussi il y a des difficultés propres au pays qui rendent le ‘Hinoukh plus difficile sur certains points, mais je me sentais capable d’affronter ces difficultés avec bien plus de réussite que les difficultés liées à l’éducation israélienne.
Aux USA aussi mes enfants savaient que nous étions différents, mais se savoir différent n’est pas problématique comme ça l’est pour un enfant en Erets (quartiers frum), où chacun se mêle de la vie du voisin avec très peu de tolérance religieuse.

Idem pour la France, où il est aussi très dur d’éduquer des enfants frum, mais le danger me paraissait, pour mon cas, moins conséquent.

En Israël, au vu des problèmes auxquels vous faites allusion, et qui me font comprendre que vous êtes un jeune Avrekh, vous n’avez pas encore d’enfants en âge de rencontrer les autres soucis qui arrivent : il faut aussi tenir compte des difficultés après le ‘Heyder, il y a la Yeshiva Ktana, puis la Gdola et enfin les Shidoukhim.
A chacune de ces étapes, votre éventuelle marginalisation risque de vous/leur porter préjudice.

Certains parents n’en prennent conscience que le moment venu, lorsque les aînés ont déjà 13 (ou 17) ans, et se rendent compte qu’ils ne peuvent plus changer de pays car leurs enfants sont déjà trop grands (et ne pourront pas intégrer une école en France ni ailleurs).

Et je ne vous parle pas des difficultés ajoutées aux Sfaradim s’ils sont dans un environnement Yeshivish de type Bnei Brak.
Même en étant parfaitement sur la ligne idéologique des autres Bnei Brakim, un Sfarade rencontrera des difficultés à faire accepter ses enfants dans les Yeshivot Ashkenazes.
Mais si vous avez un patronyme Ashkenaze, cela ne vous concerne pas (à moins que votre épouse soit née Sfarade, ça peut aussi vous jouer des tours, notamment à l’heure des Shidoukhim).

J’ajoute encore une autre difficulté pour moi: la situation en Israël a beaucoup changé durant les récentes décennies et je ne connais donc pas bien le terrain.

En bref, sans vous connaitre et au vu de mon parcours, je ne me sens pas très bien placé pour vous conseiller.

S’il y a un point qui me parait assez clair, c’est que la majorité de ceux qui ont voulu faire de leurs enfants "des petits français rebelles", n’ont pas réussi dans leur entreprise.
Les enfants ont besoin de grandir dans un environnement stable, non-hostile, c’est seulement plus tard, une fois qu’ils se sont formés dans la sérénité, qu’ils peuvent être amenés à développer un esprit critique.
Mais on ne peut pas éduquer un enfant dans la critique sans craindre un dérapage.

Cette réflexion encouragerait à éduquer les enfants comme des israéliens les premières années et leur apporter une ouverture critique vers l’âge de 14-17 ans en fonction de leur maturité.

Vous me direz que c’est un pari dangereux, car une fois éduqué en israélien jusqu’à cet âge, ça risque d’être irréversible.

Je vous répondrais deux choses :

a) C’est vrai mais tenter autre chose, en Israël, me parait encore plus hasardeux.

b) D’un autre côté, même en l’éduquant en mode israélien, votre côté français atténuera toujours le côté excessif des parents israéliens et votre enfant ne sera pas aussi israélien que ses camarades.

Je répète qu’il n’y a là qu’une ébauche de réflexion d’une personne assez mal placée pour vous conseiller. Faites-en bon usage.
Et vous devriez tout de même pouvoir trouver des personnes plus qualifiées que moi sur place, c’est tout de même le pays des rabbins, non ?
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