Citation:
        On m’a dit que la Bérah'a Hanotène layaèfe quoah' devait être récitée sans le nom d'Hashem. Pourtant, dans le sidour ce n’est pas ainsi, il y a le nom. Que faire en pratique ? 
    
 
Selon le Minhag Ashkenaz on récite cette Brakha 
(avec Shem). 
Chez les Sfaradim, c’est discuté. 
Rav Ovadia Yossef dit de la réciter, idem pour son fils 
Rav Its’hak dans 
Yalkout Yossef (I, p.50) et son fils
 Rav David dans 
Shout Otsrot Yossef (III, §10). 
Ils écrivent que le Minhag s’est répandu chez tous (les Sfaradim) de dire cette Brakha (Beshem Oumalkhout). 
Ils l’affirment avec tant de conviction que le
 Piskei Tshouvot (§46, note 138 et 143) s’est laissé tromper et a cru que tous les Sfaradim disaient cette Brakha.
Mais en réalité, c’est discuté et loin d’être évident. 
Avant eux, celui qui écrit que le Minhag de dire cette Brakha s’est répandu, c’est le 
‘Hida [Birkei Yossef (§46, sk.11), Shiyourei Brakha (§46, sk.8), Tov Ayin (§7), Zikhron Moshé (§46, 6), Kesher Goudal (§V, 17)], se basant sur les écrits du 
Arizal (Pri Ets ‘Haim Shaar Hatfila §2) (Shaar Hakavanot, Tfila daf 2b) (Olat Tamid daf 13a) indiquant de le faire, alors que le 
Shoul’han Aroukh (o’’h §46, 6) préconise de ne pas réciter cette bénédiction (Beshem Oumalkhout) puisqu’elle est absente du Talmud. 
D’autres Poskim aussi écrivent que cette habitude s’est répandue partout et qu’il convient de réciter cette bénédiction Beshem Oumalkhout comme l’indique le 
Arizal, voir le 
Kaf Ha’haim (o’’h §46, sk.47) qui en rapporte plusieurs, voir aussi le
 Shoul’han Gavoha (§46, sk.20) et le 
Erets ‘Haim (Suthon) (§46, 6).
Le 
‘Hida renforce son argumentaire en expliquant que le 
Rav Yossef Karo (auteur du Shoul’han Aroukh) serait certainement revenu sur sa position s’il avait su que le 
Arizal était d’avis de réciter cette Brakha. 
Cet argument me parait fort peu convaincant, mais il serait fastidieux d’expliquer ici pourquoi, je me contenterais donc simplement d’indiquer que 
Rav Ovadia Yossef (Yabia Omer II, o’’h §XXV, 12) non plus n’accepte pas cette argumentation du 
‘Hida. En supposant que le 
Rav Karo aurait changé d’avis s’il avait su la position du 
Arizal, nous pourrions aller loin. 
ROY n’accepte pas non plus l’idée défendue par le 
Ben Ish ‘Haï (Bereshit §10) selon laquelle on ne dirait pas 
SABAL contre le 
Arizal. 
Toutefois, 
ROY opte pour la récitation de la Brakha car c’est le Minhag qui s’est répandu dans toutes les communautés, ce qui semble renforcer la supposition du
 Ba’h (o’’h §46) concernant l’existence probable d’une version différente et ancienne du 
Talmud mentionnant cette bénédiction. 
Et bien qu’il subsiste toujours un doute, on ne dira pas 
SABAL en présence d’un Minhag, comme l’indique le
 Troumat Hadeshen (§34).
Néanmoins, l’argument majeur de 
ROY étant l’unanimité du Minhag de nos jours, il faut signaler que de nombreuses communautés, notamment au Maghreb, ne récitaient pas cette Brakha avec Shem Oumalkhout. 
Ce sont les communautés des ‘Halabim qui ont adopté cette habitude, c-à-d les communautés desquelles est issu ROY, comme l’Irak 
(Kaf Ha’haim) et la Syrie/Erets Israel 
(Erets ‘Haim Suthon). 
D’ailleurs, le 
Keter Shem Tov (I, p.18) écrit explicitement que l’on ne fait pas la Brakha (Sfaradim), sauf les communautés 
אסמ"ת, acronyme qui signifie dans ses écrits :  «
 Erets Irsael, Syrie, Egypte, Turquie », c-à-d les ‘Halabim.
En revanche, au Maroc, les écrits de 
Rav Shalom Messas répètent assez souvent de ne pas faire cette Brakha avec Shem Oumalkhout, comme l’indique le 
Shoul’han Aroukh, voir 
Shout Shemesh Oumaguen tome 1 (o’’h §15 et §25), tome 3 (o’’h §36, 2), tome 4 (o’’h §54 et §63), et 
Tevouot Shamesh (o’’h §16) 
[Lui aussi écrit que c’est le Minhag 
unanime « à part quelques exceptions », comme si la majorité des juifs ne récitaient pas cette Brakha Beshem Oumalkhout…]
Mais je ne pense que ce soit unanime au Maroc non plus, le 
Rav David Obadia écrit dans son 
Nahagou Haam (tfilat Sha’harit oumin’ha §3, en fin de Shout Natan David p.320) que l’habitude est comme le 
Rama, de réciter cette bénédiction.
Toujours est-il que l’argument de 
ROY n’a pas manqué de susciter l’étonnement du 
rav Shlomo Tolédano dans son 
Divrei Shalom Veémet (I, p.45) qui ne rate pas une occasion pour faire remarquer des imprécisions et incohérences dans les écrits de 
ROY. 
Il souligne donc que si 
ROY est prêt à fermer les yeux sur 
SABAL (et même sur 
Maran Hashoul’han Aroukh) parce qu’il y a (aurait) un Minhag, dès lors il ne devrait plus s’opposer aux communautés maghrébines qui souhaitent préserver et respecter leurs Minhaguim ancestraux.
En conclusion : 
Ashkenazim & ‘Halabim : on fait la Brakha.
Maghrébins : ça dépend des Minhaguim et des villes (
Rav Shalom Messas : non. 
Rav David Obadia : oui. Etc…)