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Kollel qui paie les bahourim

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Et cetera
Messages: 98
J'entends souvent des critiques de Rabbanim contre un certain rav qui accueille dans son kollel des bahourim et les paie. On lui reproche de sortir les bahourim des yeshivot pour qu'ils viennent chez lui. La plupart des bahourim auraient sûrement plus gagné sur le plan hashkafa/limoud dans les yeshivot classiques.
Qu'en pensez vous ? Et si cette critique est vraie, alors est ce que aller dans son kollel en tant qu'avrekh revient à soutenir tout ce qu'il fait ?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 7246
Citation:
J'entends souvent des critiques de Rabbanim contre un certain rav qui accueille dans son kollel des bahourim et les paie. On lui reproche de sortir les bahourim des yeshivot pour qu'ils viennent chez lui. La plupart des bahourim auraient sûrement plus gagné sur le plan hashkafa/limoud dans les yeshivot classiques.
Qu'en pensez vous ? Et si cette critique est vraie, alors est ce que aller dans son kollel en tant qu'avrekh revient à soutenir tout ce qu'il fait ?



Au contraire! aller dans son kollel fait qu'il ait un avrekh de plus, ce qui signifie qu'il prendra un ba'hour de moins, car les places sont limitées.
Donc ces Rabanim auraient tout intérêt, leshem shamayim 😊, à ce que des avrekhim y aillent afin qu'il y ait le moins de ba'hourim possible dans ce kollel.

Je sais que beaucoup critiquent ce Rav pour ça.
Je trouve aussi fort étrange de payer des ba'hourim, mais l'argument selon lequel c'est ce Rav qui serait par cela responsable de la "décadence" de ces ba'hourim ne me semble pas pertinent: chacun est responsable de soi.

Si un ba'hour décide d'aller dans ce kollel au lieu d'aller dans une vraie yeshiva qui le formerait bien mieux, c'est SON choix.
S'il préfère gagner des petits sous plutôt que de se former réellement en Torah c'est SON problème.

Ce kollel ne fait que proposer un cadre. Ce cadre sert et est souhaitable pour beaucoup de ba'hourim désabusés qui rentrent en France après un passage en yeshiva et qui ne veulent PAS intégrer une vraie yeshiva.

Sans ce Rav, ces jeunes iraient trainer et chercher des petits boulots de mashguia'h kashrout etc. Grâce à ce Rav et à la "carotte", ils étudient tous les jours la Torah, voilà qui devrait réjouir lesdits Rabanim 😊.

J'ai remarqué que les rabanim qui critiquent sévèrement ce Rav pour le fait qu'il paie des ba'hourim, ont eux-mêmes des mosdot pour ba'hourim, étrange coïncidence, non?
Dit autrement, je crois qu'il y a surtout de la jalousie et de la concurrence qui parlent ici.

Certes beaucoup de ba'hourim sont attirés par le kollel de ce Rav, mais au lieu de le critiquer, ces rabanim feraient mieux de se poser les bonnes questions: Pourquoi ces ba'hourim préfèrent aller chez ce Rav plutôt que chez eux?
Si leurs yeshivot étaient si bien, s'il était clair qu'elles formaient super bien les ba'hourim, seuls les idiots iraient à ce kollel pour être payé.

Si de bons potentiels sont gâchés en allant chez ce Rav, c'est surtout de la faute des Rabanim qui ont des yeshivot qui ne sont pas convoitées par les ba'hourim, qui ne leur trouvent pas grand-chose d'intéressant.
S'il y avait un super programme de Limoud, de supers Rabanim enseignants, etc. ça se saurait et au bout de quelques années, les ba'hourim afflueraient en masse.

Donc au lieu de reprocher à ce Rav de payer des Ba’hourim, ils feraient mieux de proposer de meilleures Yeshivot, plus attractives, avec de très bons Maguidei Shiourim, intelligents, efficaces, sympathiques, performant, pédagogues, gentils… (ce qui n'est pas toujours le cas, hélas).
CarotteDeKoogle
Messages: 1
Bonjour Rav,
Je pense que de traiter un tel sujet n’est pas si simple…

Pourquoi considérer la bourse donnée aux Bahourim comme une carotte ? N’ont-ils pas déjà la valeur de la Torah, son importance, l’envie de grandir et de devenir les prochaines lumières de la France ?
Cette bourse ne leur permettrait pas juste de subvenir à leurs besoins maintenant qu’ils se trouvent en France ? À partir d’un certain âge, un parent peut considérer que son enfant doive se débrouiller de lui même que ce soit dans ses choix, ou même dans son ‘argent de poche’. Ce n’est donc pas une carotte, mais juste un moyen de pouvoir vivre et de s’en sortir.

Vous dites qu’en étant payé, le bahour ne sera pas ‘machgiah’ kachrout’. Sous entendu ne nous plaignons pas qu’ils ne se rabaissent pas à faire machgiah’, et en plus de cela ils lisent des livres de Torah, c’est beau !
Je ne pense pas qu’il faille aborder cela sous une perspective si simplet. Le Bahour en question veut étudier la Torah, il veut s’investir et grandir, et il n’aurait pas pensé un seul instant changer de direction pour assurer la Kachrout dans le peuple juif. Chacun son domaine. Mais je ne fais pas le travail A mais plutôt le B uniquement parce que le A ne prévoit pas assez de revenus.
Quelqu’un qui est convaincu de l’importance de son limoud Torah, ne se verra pas se délaisser pour aller faire machgiah’ kachroute. Et inversement.

Pourquoi ne pas se dire que ce projet est le début d’un Lakewood à Paris, d’un Mir en Ile-de-France ou encore d’un ‘Brisk-Tsarfat’ ?
Les Rabbanim qui insultent cet endroit n’ont à mon avis côtoyé aucun des étudiants qui fréquentent ce Beth Hamidrach au quotidien.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 7246
Citation:
Bonjour Rav,
Je pense que de traiter un tel sujet n’est pas si simple…
Pourquoi considérer la bourse donnée aux Bahourim comme une carotte ? N’ont-ils pas déjà la valeur de la Torah, son importance, l’envie de grandir et de devenir les prochaines lumières de la France ?
Cette bourse ne leur permettrait pas juste de subvenir à leurs besoins maintenant qu’ils se trouvent en France ? À partir d’un certain âge, un parent peut considérer que son enfant doive se débrouiller de lui même que ce soit dans ses choix, ou même dans son ‘argent de poche’. Ce n’est donc pas une carotte, mais juste un moyen de pouvoir vivre et de s’en sortir.
Vous dites qu’en étant payé, le bahour ne sera pas ‘machgiah’ kachrout’. Sous entendu ne nous plaignons pas qu’ils ne se rabaissent pas à faire machgiah’, et en plus de cela ils lisent des livres de Torah, c’est beau !
Je ne pense pas qu’il faille aborder cela sous une perspective si simplet. Le Bahour en question veut étudier la Torah, il veut s’investir et grandir, et il n’aurait pas pensé un seul instant changer de direction pour assurer la Kachrout dans le peuple juif. Chacun son domaine. Mais je ne fais pas le travail A mais plutôt le B uniquement parce que le A ne prévoit pas assez de revenus.
Quelqu’un qui est convaincu de l’importance de son limoud Torah, ne se verra pas se délaisser pour aller faire machgiah’ kachroute. Et inversement.
Pourquoi ne pas se dire que ce projet est le début d’un Lakewood à Paris, d’un Mir en Ile-de-France ou encore d’un ‘Brisk-Tsarfat’ ?
Les Rabbanim qui insultent cet endroit n’ont à mon avis côtoyé aucun des étudiants qui fréquentent ce Beth Hamidrach au quotidien.


Alors très clairement: vous m’avez mal compris.
[C’est étonnant car d’autres m’ont bien compris et m’ont déjà reproché de prendre la défense de ce Rav critiqué 😊.]

Quand vous lisez mon message, ayez en tête que je viens répondre aux Rabanim qui critiquent ce Rav, mon argument consiste à dire que, « même d’après eux » qui pensent que cet endroit est nocif pour les ba’hourim (et que les ba’hourim feraient mieux d’aller dans leurs yeshivot) et qu’ils ne vont chez ce Rav que parce qu’il les paie etc., MALGRE tout ils ne peuvent pas nier que ce type d’endroit (je veux dire même un endroit de mauvaise qualité selon leurs dires) est bénéfique pour des ba’hourim désœuvrés et égarés qui, sans cette option, traineraient dans les rues ou tenteraient de gagner un peu d’argent en faisant Mashguia’h Kashrout (et non, de grâce, pas « pour assurer la Kachrout dans le peuple juif », généralement ces Ba’hourim le font le temps de trouver un meilleur job et leur but premier est de gagner des sous, pas d’assurer la Kashrout pour le peuple juif.
Ces gens existent aussi, des gens qui se sentent la fibre Kashrout et qui travaillent dans la Kashrout 100% lishma et enthousiastes, mais ce n’est pas le cas de la majorité des ba’hourim dont nous parlons)
.

Je n’ai peut-être pas assez appuyé sur l’idée que « même d’après eux », bien qu’elle pouvait se déduire du reste puisque je dis que les râleurs sont en fait des jaloux (c'est donc qu'ils ont tort sur ces critiques).
Mais relisez-moi sous ce prisme, vous comprendrez tout autrement. Je ne suis pas venu affirmer que les étudiants de ce Makom seraient des égarés/désabusés, ni que ce Makom serait une catastrophe, etc. Mais je suis venu dire plutôt l’inverse justement!

Je connais quelques étudiants de l’endroit qui semble, selon toute évidence, être l’établissement incriminé. Ils sont très sérieux, ils étudient sérieusement, et ne sont pas du tout du genre de ces ba’hourim qui trainent dans les rues.

Je connais aussi le Rav critiqué, celui qui dirige ce Makom, il ne tolérerait pas de tels profils de tire-au-flanc dans son Beit Hamidrash.

Et je sais que certains Rabanim le jalousent, car il a réussi là où d’autres sont encore loin derrière.
Ces Rabanim jalousent sa réussite, jalousent ses ressources, c’est pour cela qu’ils pestent contre lui à longueur de journée.
Dans les faits, ce Rav (que je prends soin de ne pas nommer même si les gens un peu au courant savent de qui il s’agit) fait venir de vrais Talmidei ‘Hakhamim pour y donner des shiourim et 'Habourot et a réussi à créer un gigantesque makom de limoud.

Les mauvaises langues disent que c’est parce qu’il bénéficie d’un très généreux donateur, je réponds une seule chose :
Et alors ?
Qu’est-ce que tout Rav digne de ce nom peut souhaiter ? de quoi peut-il se féliciter et se réjouir ? si ce n’est de savoir qu’il existe un donateur qui soit conscient de l’importance du limoud à ce point et qu’il ait trouvé un Rav en qui il ait confiance et qu’à eux deux ils puissent créer un Makom Torah de grande envergure ?
Adraba ! c’est une satisfaction pour tout Talmid ‘Hakham de savoir qu’un tel makom existe.

On dirait que ces Rabanim qui le critiquent perçoivent la Torah comme un business, comme s’il y avait une « concurrence ».
Mais nous travaillons tous dans le même but : Lehagdil Torah !
Donc la réussite de ce Rav est positive pour nous tous et nous devons nous en féliciter et souhaiter encore d’autres Mekomot Torah.
Et si ce Makom pouvait devenir un « Mir en Ile-de-France » comme vous dites, ça serait une bénédiction.
Elephdapim
Messages: 1
Rav, je voudrais vous poser directement la question : pourquoi dites‑vous que c’est “fort étonnant” que des bahourim bénéficient d’une bourse ?

En effet, si l’on regarde la situation des avrekhim dans les kollelim, ils reçoivent eux aussi un soutien financier, et cela n’est pas considéré comme problématique : au contraire, c’est perçu comme un moyen de leur permettre d’étudier sereinement. Alors en quoi le fait de donner une aide financière à un bahour serait-il fondamentalement différent ?

La plupart des bahourim ont déjà réussi leur cursus en Israël dans des yeshivot et viennent ici, dans ce type de kollel ou de yeshiva de type kibbutz, notamment pour pouvoir être autonomes financièrement et moins dépendants de leurs parents. De toutes façons, que ce soit pour un bahour ou un avrekh, tous reçoivent un financement, car ils ne produisent pas de plus-value matérielle pour subvenir à leurs besoins. Alors pourquoi être dérangé par le fait qu’ils reçoivent leur argent d’un donateur plutôt que de leurs parents ?

J’aimerais également souligner un point qui me tient à cœur : j’ai le sentiment que certains milieux orthodoxes, trop rigides et conservateurs, sont sceptiques face à la moindre nouveauté et ont intégré l’idée que, pour être un “bon froum”, il faudrait impérativement embrasser le folklore yeshivique (comme manger un shount le jeudi soir ou suivre certaines traditions de manière automatique). Or, selon moi, la Torah est accessible à tous (mounahat bekeren zavite) ; elle n’est pas “yeshiviche” par essence, et les yeshivot ne sont pas les dépositaires exclusifs de la Torah. Autrement dit, la Torah n’a pas été donnée ni à Mir, ni à Kamenitz, ni même à Poniovezh.

Même selon leurs propres arguments, il faut rappeler qu’il fut un temps, avant la guerre, où les yeshivotes pratiquaient effectivement cette forme de soutien : les bahourim recevaient une bourse pour vivre et manger chez les familles autour de la yeshiva, notamment à Mir. Il semble donc que cette pratique n’était pas perçue comme “étonnante” à l’époque.

Comme vous le soulignez vous-même, ce scepticisme vis-à-vis des bourses reflète souvent un rapport culturel particulier à l’argent en France. Je me demande donc : où se situe exactement la ligne halakhique ou éducative qui distingue ces situations, et qu’est-ce qui justifie que le soutien aux bahourim soit aujourd’hui perçu comme “étonnant” alors que le soutien aux avrekhim est accepté sans débat ?

Je tiens enfin à exprimer ma reconnaissance au Rav pour toutes les réponses qu’il apporte et vous dire combien je suis ravi de votre travail et de votre engagement.
e2626
Messages: 26
Pensez-vous sincèrement qu’il y’a un espoir en un tel Kollel ? Serait-il en mesure de former de réels Talmide Hahamim ? Faire quelque chose qu’il n’y a pas eu en France depuis l’époque des Baalé Hatosfot ?
Selon toute vraisemblance, il y’a des lieux aptes au Limoud, et des lieux aptes à faire pousser les Gdolim, les Rashe Yeshivot, Dayanim, Rabbanim. Même en Israël ou aux USA, on pourrait compter ces endroits sur les doigts de la main. Y’a t-il une chance qu’il puisse y avoir un ‘Mir-Ile-de-France’ ?
Que des Ramim compétents grandissent et forment à leur tour des Talmidim ? Que des Dayanim sortent de cet endroit et écrivent des responsa, etc.?
(Il y en a en France me diriez-vous. Mais ces Rabbanim, dont vous faites évidemment partie, ainsi que ce Rav qui est à la tête du Kolel, ne sont que des Yehidim, des personnes qui se sont formés par eux-mêmes. Vous n’avez pas été créé complètement par le système…)
Zrgryhz-4
Messages: 3
Bonjour Rav,

J’ai l’habitude de lire vos techouvot et j’apprécie votre manière de penser. Je viens de terminer celle sur la lecture féminine, et j’ai noté que vous défendiez les rabbanim, en disant qu’il ne fallait pas systématiquement les soupçonner de misogynie ou de mauvaises intentions et qu’il fallait plutôt les juger kave zh’out.

Mais dans cette dernière réponse, vous semblez affirmer que les critiques des roshei yeshiva à l’égard de ce nouveau système proviennent principalement de la jalousie ou d’une logique de concurrence. Cette approche me semble aussi généralisante que celle que vous aviez rejetée auparavant. Ne devons nous pas plutôt les juger kave zh’out ?

Par ailleurs, vous parlez peu des bahourim eux-mêmes. Pensez-vous que ce système de les payer pose un problème ? Y a-t-il une source dans laquelle une personne aurait à choisir entre aller travailler ou devenir bahour rémunéré, et où on lui recommanderait de devenir bahour ?

Et êtes-vous sûr qu’aucun n’est venu pour l’argent ? Si le salaire était de 300 euro, il y en aurait sans doute moins. Si c’était 1 000, sûrement plus. Et ceux qui avancent que cette argent est pour le mariage me semble aussi discutable, vu les échos que j’ai eus sur la manière dont certains dépensent leur argent, pas toujours de façon très économe.

Merci d’avance pour votre retour.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 7246
A E2626 :

Citation:
Pensez-vous sincèrement qu’il y’a un espoir en un tel Kollel ? Serait-il en mesure de former de réels Talmide Hahamim ? Faire quelque chose qu’il n’y a pas eu en France depuis l’époque des Baalé Hatosfot ?
Selon toute vraisemblance, il y’a des lieux aptes au Limoud, et des lieux aptes à faire pousser les Gdolim, les Rashe Yeshivot, Dayanim, Rabbanim. Même en Israël ou aux USA, on pourrait compter ces endroits sur les doigts de la main. Y’a t-il une chance qu’il puisse y avoir un ‘Mir-Ile-de-France’ ?
Que des Ramim compétents grandissent et forment à leur tour des Talmidim ? Que des Dayanim sortent de cet endroit et écrivent des responsa, etc.?


Vous êtes bien pessimiste je trouve, si ça a existé en France il y a 800 ans, c’est donc que ce n’est pas lié à la géographie.
Il n’est pas indispensable que le Olam hatorah soit uniquement en erets ou aux USA.
Un nouveau makom pourrait éclore en Europe.

L’ingrédient qui est clairement indispensable pour percer en limoud, c’est la fréquentation de grands Talmidei ‘hakhamim, le pays ne change pas grand-chose.

Depuis des décennies, des millions d’euros sont déversés par des donateurs français, bien trop souvent dans les comptes de kabbalistes et pseudo-kabbalistes qui sont, Ô hasard interpelant, très souvent eux-mêmes millionnaires.
(Question: il n'y a que moi que cela interpelle?)

Si ces millions étaient dirigés avant tout dans le but de créer des yeshivot de qualité au lieu d’enrichir des Babas qui ne font pas avancer la Torah en France (ni ailleurs généralement), il y aurait peut-être déjà de grandes Yeshivot en France, avec des enseignants -et des élèves- de premier plan.

Après, bien sûr, un Makom comme Mir ne se construit pas du jour au lendemain, mais il faut bien commencer un jour. On ne sait jamais de quoi les lendemains seront faits, si tel ou tel Makom va prospérer et continuer, mais il faut faire ce que l’on peut.


Citation:
(Il y en a en France me diriez-vous. Mais ces Rabbanim, dont vous faites évidemment partie, ainsi que ce Rav qui est à la tête du Kolel, ne sont que des Yehidim, des personnes qui se sont formés par eux-mêmes. Vous n’avez pas été créé complètement par le système…)


Il ne s’agit pas d’être « complètement créé par le système ». Le point est qu’on ne peut pas devenir un véritable Talmid ‘Hakham « de premier plan » sans avoir bénéficié de l’enseignement de ce « système » d’une manière ou d’une autre.
Celui qui ne serait jamais passé par la yeshiva et pourrait pourtant réciter tout son Talmud, serait moins Talmid ‘Hakham qu’un autre qui ne pourrait pas réciter le Talmud aussi bien, mais qui en aurait une compréhension plus parfaite.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 7246
A Zrgryhz-4:

Citation:
J’ai l’habitude de lire vos techouvot et j’apprécie votre manière de penser. Je viens de terminer celle sur la lecture féminine,

Bravo, il y a de quoi faire un siyoum car, de mémoire, c’est très long.

Citation:
et j’ai noté que vous défendiez les rabbanim, en disant qu’il ne fallait pas systématiquement les soupçonner de misogynie ou de mauvaises intentions et qu’il fallait plutôt les juger kave zh’out.
Mais dans cette dernière réponse, vous semblez affirmer que les critiques des roshei yeshiva à l’égard de ce nouveau système proviennent principalement de la jalousie ou d’une logique de concurrence. Cette approche me semble aussi généralisante que celle que vous aviez rejetée auparavant. Ne devons nous pas plutôt les juger kave zh’out ?


Au contraire ! comme vous le dites, ma politique est de juger les Rabanim positivement, donc je juge positivement le Rav qui dirige ce Makom (ainsi que les Rabanim qui y enseignent) !
Il en résulte que je ne souscris pas aux critiques d’autres Rabanim qui, eux, pour le coup, n’ont pas jugé des Rabanim (de ce Makom) positivement 😊.

Dit autrement, lorsqu’il s’agit de s’opposer à tous les rabanim qui disent qu’il ne convient pas de faire monter une femme à la Torah à la synagogue (et en les accusant de misogynie), je dis qu’il faut redescendre et comprendre que c’est un argument difficile à avaler si l’on voit que tous les Rabanim (ou presque) s’opposent à cela.
Mais lorsqu’il s’agit de quelques Rabanim qui critiquent quelques autres Rabanim, quel que soit le côté que vous soutiendrez vous serez contre quelques rabanim…

Et lorsque je remarque que ceux qui critiquent ce Makom ont eux-mêmes un Mossad qui leur permettrait de se sentir en « concurrence » (et il faut avouer que cela s'apparente souvent à une "concurrence déloyale" ), alors que les autres rabanim (qui ne dirigent pas un tel Mossad) ne montrent pas du tout la même virulence à l’encontre du kollel incriminé, la conclusion amenant à cette analyse n’est plus tellement éloignée.

En bref, on ne peut pas vraiment juger Lekhaf zkhout les deux côtés à la fois. On peut trouver des circonstances atténuantes, mais pas dire que les deux ont raison lorsque l’un critique la position de l’autre.


Citation:
Par ailleurs, vous parlez peu des bahourim eux-mêmes. Pensez-vous que ce système de les payer pose un problème ? Y a-t-il une source dans laquelle une personne aurait à choisir entre aller travailler ou devenir bahour rémunéré, et où on lui recommanderait de devenir bahour ?
Et êtes-vous sûr qu’aucun n’est venu pour l’argent ? Si le salaire était de 300 euro, il y en aurait sans doute moins. Si c’était 1 000, sûrement plus. Et ceux qui avancent que cette argent est pour le mariage me semble aussi discutable, vu les échos que j’ai eus sur la manière dont certains dépensent leur argent, pas toujours de façon très économe.


Voyez ce que je m’apprête à répondre à Elephdapim.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 7246
A Elephdapim:
Citation:

Rav, je voudrais vous poser directement la question : pourquoi dites vous que c’est “fort étonnant” que des bahourim bénéficient d’une bourse ?
En effet, si l’on regarde la situation des avrekhim dans les kollelim, ils reçoivent eux aussi un soutien financier, et cela n’est pas considéré comme problématique : au contraire, c’est perçu comme un moyen de leur permettre d’étudier sereinement. Alors en quoi le fait de donner une aide financière à un bahour serait-il fondamentalement différent ?


Pour être précis, je disais « fort étrange » et non « fort étonnant ».
« Etrange » signifiant « hors du commun », « inhabituel », « contraire à l’usage ».
Et, oui, il est contraire à l’usage et inhabituel de payer un Ba’hour Yeshiva pour son étude, de lui donner une bourse.
Mais je ne vais pas chipoter sur le terme, si c’est « étrange » ça peut aussi « étonner », donc votre reformulation me va.
Ce que je récuse cependant, c’est votre passage de « étonnant » à « problématique » des avrekhim dans les kollelim, ils reçoivent eux aussi un soutien financier, et cela n’est pas considéré comme problématique »), je n’ai pas dit que c’est problématique.

Ce que je veux souligner c’est que je ne viens pas dire qu’il faille s’y opposer, mais uniquement que ce n’est pas classique.

La différence avec un Avrekh (bien que là aussi, certains s’y opposent, mais il est très majoritairement répandu et accepté qu’il y ait une bourse au Kollel) est simple : un Avrekh, étant marié, n’habite pas chez ses parents. Il a donc des frais conséquents auxquels il doit faire face et ne pourrait pas consacrer sa journée au Limoud s’il devait se soucier de gagner de quoi payer son loyer et le reste, il a une famille à nourrir.
Ce qui n’est pas le cas du Ba’hour (=cela signifie « célibataire ») qui, généralement habite chez ses parents/n’a pas de loyer mensuel à payer, et est souvent « somekh al shoul’han aviv », c-à-d qu’il est nourri-logé gratuitement, la différence est énorme.

Alors, bien entendu, il se peut qu’il y ait parfois un ba’hour dont les parents s’opposent à le soutenir et lui refusent jusqu’au gîte, mais convenons que ce n’est pas le cas le plus répandu.
Idem pour un Ba’hour orphelin et sans ressources.
Je pense que dans ces cas, tous s’accorderont à dire qu’il faille le soutenir financièrement à l’instar de ce qui se fait pour un avrekh (quitte à ce que ce soit dans une moindre mesure).

Je suppose que vous m’accorderez que la bourse qu’un ba’hour touche n’est pas dépensée de la même manière que celle de l’avrekh.
Il ne s’agira pas de payer un loyer ni de faire les courses au supermarché, mais plutôt de payer des habits et des restaurants, ce que l’avrekh rechignera à s’offrir.
Voilà la différence et voilà qui explique pourquoi, généralement, les ba’hourim ne sont pas payés/ne touchent pas de bourse.


Citation:
La plupart des bahourim ont déjà réussi leur cursus en Israël dans des yeshivot et viennent ici, dans ce type de kollel ou de yeshiva de type kibbutz, notamment pour pouvoir être autonomes financièrement et moins dépendants de leurs parents. De toutes façons, que ce soit pour un bahour ou un avrekh, tous reçoivent un financement, car ils ne produisent pas de plus-value matérielle pour subvenir à leurs besoins. Alors pourquoi être dérangé par le fait qu’ils reçoivent leur argent d’un donateur plutôt que de leurs parents ?


Dérangé n’est pas le terme, nous étions sur « étonné » (« fort étonnant », et je n’avais parlé que de « fort étrange », mais là, avec « dérangé », vous passez encore un cap, comme vous l’aviez fait avec « problématique »).

Donc vous devriez plutôt demander : « pourquoi trouver cela étrange ? ».
Pourquoi ? Je vais vous dire pourquoi, car ces sommes auraient pu servir à des avrekhim qui en ont autrement besoin.

Encore une fois, en laissant de côté le cas du ba’hour déshérité et chassé de la maison paternelle, s’il peut manger et dormir chez ses parents, c’est autant de fonds qui auraient pu alléger le quotidien d’avrekhim (du même kollel ou d’ailleurs, peu importe).

Et même lorsqu’un ba’hour, touchant une bourse, décide de louer un studio pour gagner en autonomie, étant donné que c’est rarement un besoin aussi crucial que pour un avrekh (qui a plus besoin de gagner cette autonomie), on aurait pu s’en passer et l’argent « économisé » aurait pu être reversé à des avrekhim dans le besoin.
C’est bien ce qui se fait dans la majeure partie des cas, non ?

Qu’il y ait un peu d’argent de poche en participant à des miv’hanim ou similaire, ça se comprend, mais là nous parlons d’une paie mensuelle (qui ne doit dépendre que du respect des règles du contrat j’imagine) et il ne s’agit pas que de 50 ou 100€ par mois.

Maintenant, si vous me demandez si ça m’embête, je vous répondrais : pas du tout.
Je viens seulement expliquer en quoi ce n’est pas habituel, pas classique et différent de ce qui se fait un peu partout.

Tout d’abord je conçois que cela puisse aussi aider un ba’hour et, ensuite, je ne vais pas râler qu’un mécène veuille donner des bourses à des étudiants de Torah, mariés, célibataires ou divorcés.
Qu’il puisse donner ces sommes autrement, en augmentant les avrekhim, est une considération théorique, dans les faits, si on dit à un donateur qu’il n’a plus besoin de donner pour les Ba’hourim, il y a peu de chance qu’il décide d’augmenter les avrekhim en proportion.
D’autant que, d’une certaine manière, indirectement, le fait de payer ces ba’hourim contribue au Roua’h (à l’ambiance générale de Limoud) qui bénéficiera aussi aux Avrekhim.

Donc je ne viens pas « critiquer » cette particularité de ce kollel, je garde mes critiques pour les Mosdot qui s’engagent à payer des avrekhim, voire même des enseignants/rabanim, et se permettent de ne pas payer à temps.

Les Rashei Yeshivot (ou Rashei Kehilot etc.) qui se permettent d’aller à l’encontre de la Torah en ne payant pas leurs maguidei shiourim/rabanim à temps, le font souvent en ayant bonne conscience et en expliquant qu’ils font leur maximum mais que les donateurs se font rares etc.
Bizarrement, pour leur propre paie, il y a de l’argent (ou ils s'arrangent avec des avantages en nature...).
Et je souligne aussi que ce sont ces mêmes rabanim qui se lancent dans des défis inconsidérés sous prétexte de « Emouna et Bita’hon » qu’Hashem leur enverra ce qu’il faut pour faire vivre le Mossad dans lequel ils se lancent puisqu’ils le font Leshem Shamayim.

Désolé mais quand tu vois qu’Hashem ne t’a pas envoyé ce qu’il fallait pour payer tes rabanim à temps (je veux dire MÊME dans le (très rare) cas où le Rosh Yeshiva ne prend pas son salaire non plus car il n’y a vraiment rien sur le compte du Mossad), cela semble indiquer que ton « leshem shamayim » est relatif et que ton Bita’hon n’est pas sincère, ou en tout cas qu’il ne marche pas.

Et si le Rosh Yeshiva assure sa propre paie avant d’avoir assuré celles de tous ses employés, c’est qu’il ment lorsqu’il parle de Bita’hon.
C’est beaucoup plus fréquent et beaucoup plus critiquable que ce dont on parle ici.

Donc, non, je ne vais pas pester contre un mossad de Torah qui paie des ba’hourim (tant qu’il paie ses avrekhim et ses rabanim à temps).

Et si un donateur français a, pour une fois, un peu plus de jugeotte que tous les autres, et qu’au lieu de donner ses sous avec générosité à un Baba kabbaliste magicien, il préfère les confier à un Talmid ‘Hakham pour qu’il crée un Makom de Torah en France, j’applaudis des deux mains.

Si la France pouvait bénéficier de mécènes un peu plus éclairés, le judaïsme français n’en serait pas là, à la traine derrière tant d’autres pays. [Oui, précision : la qualité du judaïsme dont je parle ne se mesure pas en nombre de restaurants kasher dans la ville.]

Si d’autres juifs fortunés et qui aiment la Torah, l’aimaient avec un peu plus d’intérêt et de passion, ils se soucieraient du résultat de leur Tsedakot et choisiraient de meilleures adresses pour leurs dons.

Donc félicitons-nous qu’un mécène ait eu ce courage et cette clairvoyance d’investir pour le développement de la Torah en France en passant par un Talmid ‘Hakham.

Quant aux sempiternels râleurs, qu’ils nous montrent ce qu’ils peuvent faire de mieux avant de critiquer.
Si on passe son temps à critiquer ceux qui créent des Mosdot de Torah, cela contribuera à freiner le développement de la Torah en France, c’est tout.
Il faut savoir applaudir même si l’on pense qu’il y des aspects à parfaire, aucun Mossad n’est parfait, on peut toujours parfaire un peu plus.
Ce mossad tant critiqué reste (même d'après ceux qui le critiquent) un Mekom Torah gigantesque en France, qui abrite beaucoup d’étudiants de qualité et qui fait intervenir des Talmidei ‘Hakhamim de premier plan, comme Rav Paperman et Rav Katzenstein.
J’invite les Rabanim qui critiquent le Rav qui dirige ce Makom à présenter leurs reproches à ces deux Rabanim susnommés pour en discuter.


Citation:
J’aimerais également souligner un point qui me tient à cœur : j’ai le sentiment que certains milieux orthodoxes, trop rigides et conservateurs, sont sceptiques face à la moindre nouveauté et ont intégré l’idée que, pour être un “bon froum”, il faudrait impérativement embrasser le folklore yeshivique (comme manger un shount le jeudi soir ou suivre certaines traditions de manière automatique). Or, selon moi, la Torah est accessible à tous (mounahat bekeren zavite) ; elle n’est pas “yeshiviche” par essence, et les yeshivot ne sont pas les dépositaires exclusifs de la Torah. Autrement dit, la Torah n’a pas été donnée ni à Mir, ni à Kamenitz, ni même à Poniovezh.


Je ne comprends pas exactement ce que vous voulez dire.
Personne n’imposera le Tshulnt le jeudi soir pour valider une Yeshiva, et si l’on dit que la « Torah est accessible à tous », cela veut dire « à tous ceux qui savent la chercher là où elle est ».

Celui qui se dit « Torah mouna’hat Bekeren Zavit » et ne va pas étudier la Torah chez un maître qui l’aurait lui-même étudiée auprès d’un autre maître qui en avait fait autant, etc. , mais qui choisit de l’apprendre dans des livres et à l’université, désolé, mais il n’ira pas loin. Il deviendra peut-être savant, mais pas Talmid ‘Hakham.

Comme il y a déjà eu des incompréhensions sur ce fil et qu’il faut souligner, expliquer et répéter pour que les lecteurs n’aillent pas me prêter des intentions qui ne sont pas les miennes, je souligne que ce n’est PAS le cas du mossad dont nous parlons.

Le Rav qui le dirige est passé par les yeshivot classiques et il emploie (pour donner des shiourim et ‘habourot) des Talmidei ‘Hakhamim eux aussi formés par les Yeshivot classiques.
On n’y mangeait pas de Tshulnt le jeudi soir à leur époque, mais les enseignants y étaient de vrais Talmidei ‘hakhamim, formés par de vrais Talmidei ‘hakhamim, eux-mêmes élèves de vrais Talmidei ‘hakhamim, etc.


Citation:
Même selon leurs propres arguments, il faut rappeler qu’il fut un temps, avant la guerre, où les yeshivotes pratiquaient effectivement cette forme de soutien : les bahourim recevaient une bourse pour vivre et manger chez les familles autour de la yeshiva, notamment à Mir. Il semble donc que cette pratique n’était pas perçue comme “étonnante” à l’époque.


Non, non, il me semble que vous mélangez les choses.
Les ba’hourim n’étaient pas payés, mais hébergés et nourris par des familles. Ou, s’il y a eu des cas où c’est le Mossad (la yeshiva) qui payait ces familles hôtesses de ba’hourim (soit en donnant de l’argent aux hôtes, soit en le donnant aux ba’hourim qui le donneraient aux hôtes), c’est différent de notre cas.
Il s’agissait de Ba’hourim qui n’avaient pas leur famille dans la ville ni de soutien financier de leur famille.
C’est comme toute yeshiva -même aujourd’hui- où le ba’hour est nourri et logé. (Même si ses parents ne sont pas à jour dans les scolarités.)

Donc ces anciennes Yeshivot, qui n’étaient pas dotées d’un dortoir ni d’un réfectoire, plaçaient leurs élèves chez des particuliers car les Ba’hourim n’avaient ni famille ni argent.

Tandis que là, nous parlons de donner une bourse à un ba’hour qui n’est ni orphelin ni rejeté de chez lui et dont les parents ont de quoi l’héberger et le nourrir.


Citation:
Comme vous le soulignez vous-même, ce scepticisme vis-à-vis des bourses reflète souvent un rapport culturel particulier à l’argent en France. Je me demande donc : où se situe exactement la ligne halakhique ou éducative qui distingue ces situations, et qu’est-ce qui justifie que le soutien aux bahourim soit aujourd’hui perçu comme “étonnant” alors que le soutien aux avrekhim est accepté sans débat ?

Again : « étrange ».
Je crois que les éléments de réponse se trouvent déjà plus haut.


Citation:
Je tiens enfin à exprimer ma reconnaissance au Rav pour toutes les réponses qu’il apporte et vous dire combien je suis ravi de votre travail et de votre engagement.

Avec plaisir, you’re welcome.

PS valable pour ces trois messages postés ce soir sur ce fil: je ne me relis pas, sorry pour les fautes.
Zrgryhz-4
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