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La mort cérébrale

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Betsa24
Messages: 5
Rav Wattenberg,
Que pensez-vous de la controverse autour de la mort cérébrale ?

Je résume l’affaire : depuis l’invention du respirateur artificiel, un problème inédit s’est posé. Des patients dont le tronc cérébral est mort, incapables de respiration spontanée, mais dont le cœur bat toujours puisqu’il est approvisionné en oxygène (rien à voir avec le coma profond, l’état végétatif ou encore le syndrome d’enfermement, c’est un état irréversible sans réveil possible et sans respiration). Peut-on débrancher ce patient pour libérer le lit ? Peut-on lui prélever des organes pour sauver une vie ?
La majorité des Poskim a refusé pour diverses raisons ce critère de décès (mort du tronc cérébral et cessation définitive de la respiration autonome). Mais Rav Moshe Feinstein, dans une lettre qui a été accusée de tous les maux mais qui est de toute évidence authentique selon son fils, son gendre, ses petit-fils et secrétaires et selon la signature qui est apposée au bas (Igrot Moshe vol. 8, YD 4 54), reconnaît sans détours la mort respiratoire comme le bon critère halakhique sur la base de la Guemara Yoma 85a. De même Rav Ovadia Yossef en 2008 a reconnu la mort respiratoire et a ordonné à tous les députés Shas de voter en sa faveur.

Que pensez-vous de cette affaire ? Pensez-vous que le test respiratoire défendu par ces derniers Poskim est considéré par eux comme l’« essence de la vie », ou seulement comme un siman ? Est-il valide selon vous ? Dernière question : tous ces débats se concentrent sur le critère respiratoire, mais qu’en serait-il de la mort totale du cortex cérébral ou des zones de l’activité cognitive si tant est qu’il soit possible un jour de la localiser ? Cela aurait-il du sens de parler d’être humain vivant pour un corps qui ne possède plus de conscience, de pensée et de ressenti mais seulement une respiration par exemple ?
Disposez-vous d’éléments ou d’éclaircissements sur ce sujet ?

Merci pour vos précieuses réponses
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6957
Citation:
Rav Wattenberg,
Que pensez-vous de la controverse autour de la mort cérébrale ?

Je résume l’affaire : depuis l’invention du respirateur artificiel, un problème inédit s’est posé. Des patients dont le tronc cérébral est mort, incapables de respiration spontanée, mais dont le cœur bat toujours puisqu’il est approvisionné en oxygène (rien à voir avec le coma profond, l’état végétatif ou encore le syndrome d’enfermement, c’est un état irréversible sans réveil possible et sans respiration). Peut-on débrancher ce patient pour libérer le lit ? Peut-on lui prélever des organes pour sauver une vie ?
La majorité des Poskim a refusé pour diverses raisons ce critère de décès (mort du tronc cérébral et cessation définitive de la respiration autonome). Mais Rav Moshe Feinstein, dans une lettre qui a été accusée de tous les maux mais qui est de toute évidence authentique selon son fils, son gendre, ses petit-fils et secrétaires et selon la signature qui est apposée au bas (Igrot Moshe vol. 8, YD 4 54), reconnaît sans détours la mort respiratoire comme le bon critère halakhique sur la base de la Guemara Yoma 85a. De même Rav Ovadia Yossef en 2008 a reconnu la mort respiratoire et a ordonné à tous les députés Shas de voter en sa faveur.

Que pensez-vous de cette affaire ? Pensez-vous que le test respiratoire défendu par ces derniers Poskim est considéré par eux comme l’« essence de la vie », ou seulement comme un siman ? Est-il valide selon vous ? Dernière question : tous ces débats se concentrent sur le critère respiratoire, mais qu’en serait-il de la mort totale du cortex cérébral ou des zones de l’activité cognitive si tant est qu’il soit possible un jour de la localiser ? Cela aurait-il du sens de parler d’être humain vivant pour un corps qui ne possède plus de conscience, de pensée et de ressenti mais seulement une respiration par exemple ?
Disposez-vous d’éléments ou d’éclaircissements sur ce sujet ?



Si vous êtes intéressé par ce sujet complexe et épineux, je vous suggère de lire ce que j'ai écrit ici:
https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=47035#47035
et ça continue sur une seconde page:
https://www.techouvot.com/suivante-vt8026544.html?postdays=0&postorder=asc&start=15
Betsa24
Messages: 5
Merci
Effectivement l'existence de ce fil m'avait échappé et j'ai rattrapé sa lecture.
Mais je réitère mes deux questions sur cette souguia: dans cette souguia, recherche-t-on selon vous une définition essentielle de "la vie", ou seulement un test technique pour la déterminer?
Et, indépendamment de la question du critère cardiaque (Rav Wozner, Min'hat Its'hak, Tsits Eliézer) ou respiratoire (Rav Moshe Feinstein, Rav Ovadia, rabbinat israélien), dans quelle mesure peut-on considérer qu'un être humain est vivant si la totalité des fonctions cognitives, intellectuelles est morte (par exemple un individu anencéphale, mais disons que le tronc cérébral, lui, fonctionne et que l'individu respire) et qu'il ne reste qu'une coquille sans "rouah memalela"?
Kol touv
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6957
Citation:
Merci
Effectivement l'existence de ce fil m'avait échappé et j'ai rattrapé sa lecture.
Mais je réitère mes deux questions sur cette souguia: dans cette souguia, recherche-t-on selon vous une définition essentielle de "la vie", ou seulement un test technique pour la déterminer?


Dans la gmara, cela apparait comme un test et non comme une définition de ce qu’est la vie, mais concernant notre sujet, les deux se rejoignent, car ce qui nous importe est de savoir s’il s’agit encore d’une vie et le critère donné, même s’il n’est que « siman » et non « siba », nous servira de référence pour la siba aussi par rapport à ce safek (définir s’il est vivant ou non).
Bien entendu, ça se discute, et vous savez probablement déjà que l’unanimité fait défaut à de nombreux niveaux dans cette Souguia.


Citation:
Et, indépendamment de la question du critère cardiaque (Rav Wozner, Min'hat Its'hak, Tsits Eliézer) ou respiratoire (Rav Moshe Feinstein, Rav Ovadia, rabbinat israélien), dans quelle mesure peut-on considérer qu'un être humain est vivant si la totalité des fonctions cognitives, intellectuelles est morte (par exemple un individu anencéphale, mais disons que le tronc cérébral, lui, fonctionne et que l'individu respire) et qu'il ne reste qu'une coquille sans "rouah memalela"?

Généralement, dans le cas d’une anencéphalie (à moins qu’elle ne soit que partielle), ses heures sont comptées dès la naissance, il aurait un statut de Treifa d’emblée, s’il n’est pas mort-né. Mais peu importe la définition médicale, agénésie isolée du cervelet ou autre, parlons d’un cas où la personne ne peut que respirer etc. mais reste sans aucune conscience, ce que vous appelez « une coquille sans roua’h memalela ».
Cette personne garde le statut d’être humain vivant. Son handicap ne change pas son statut.
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