Si le 9 av tombe dans les 30 jours qui succèdent son accouchement, une femme est exemptée de jeûner.
Après 30 jours, une femme qui allaite, de manière générale doit jeûner, à moins qu'elle se sente très faible. Par ailleurs, il est recommandé qu'elle boive avant le jeûne une grande quantité d'eau ou d'une autre boisson.
Toutefois, dans le cas où elle n'a pas beaucoup de lait et qu'il est à craindre qu'à cause du jeûne elle n'aura plus de lait, ou qu'elle aura une baisse de lait, si son bébé se nourrit uniquement de lait maternel et qu'elle n'a pas encore essayé de lui donner un substitut de lait, elle ne doit pas jeûner.
Dans ce cas, le 9 av elle a le droit de boire et de manger autant qu'elle en a besoin. En revanche à Kippour, dans ce cas, elle doit boire une quantité de boisson de 40 cl toutes les 4 minutes, mais elle ne doit pas manger.
Sources et explications :
Les 30 jours qui succèdent l'accouchement
Le Choul'han Arou'h (סי' תקנד ס"ו) écrit que dans les 30 jours qui succèdent l'accouchement, une femme est exemptée de jeûner le 9 av.
Certes, le Rama (שם) écrit que la coutume (ashkénaze) est que les accouchées jeûnent dans les 30 jours, à moins que le jeûne soit pour elles très pénible.
Cependant, Rav Nissim Karelitz (חוט שני שבת ח"ד פצ"ג סק"א) soutient que dans notre génération où nous sommes plus faibles qu'à l'époque, une femme ne doit pas jeûner dans les 30 jours qui succèdent son accouchement, même si elle n'allaite pas.
Apres 30 jours
Le Choul'han Arou'h (סי' תקנד ס"ה) écrit que les femmes qui allaitent doivent jeûner le 9 av de la même façon qu'elles jeûnent à Kippour.
Cependant, le Cha'arei Techouva (שם סק"ו) rapporte au nom du Dvar Chmouel (סי' קז) que si la mère est très faible à tel point que si elle jeûne elle n'aura pas de lait, elle ne doit pas jeûner si son bébé ne se nourrit que de son lait, car c'est un danger pour lui.
Le Cha'arei Techouva ajoute au nom du 'Hida (ברכי יוסף ס"ה) que si le nourrisson est malade et que les médecins affirment que si sa mère jeûnera cela risquera d'altérer le lait et de nuire au bébé, elle a le droit de manger.
De même, le Arou'h Hachoul'han (שם ס"ז) précise que si elle est faible et qu'elle risque de tomber malade, une femme qui allaite ne doit pas jeûner le 9 av.
Le Torat Hayoledet (פרק נא הערה יא) rapporte qu'une fois le 'Hazon Ich permit de boire à Kippour (et a fortiori le 9 av) à une femme dont il était à craindre qu'elle ne pourrait plus allaiter son nourrisson à cause du jeûne.
Quand on peut lui donner un substitut de lait
Les décisionnaires sont discutés dans le cas où il est possible de donner au bébé un substitut de lait.
Rav Chlomo Zalman Auerbach (הליכות שלמה תשעה באב פט"ז ס"ב סק"ז) soutient qu'on ne doit pas prendre en compte la possibilité de donner au nourrisson un substitut de lait, car le lait maternel constitue son alimentation naturelle.
Par conséquent, selon lui, une femme qui allaite a le droit de boire et de manger le 9 av si elle se sent faible, ou lorsqu'il est à craindre qu'à cause du jeûne elle n'aura plus de lait ou qu'elle aura une baisse irréversible de lait après le jeûne.
Cependant la plupart des décisionnaires contestent cet avis et considèrent que s'il est possible de donner au bébé un substitut de lait, une femme qui allaite doit jeûner le 9 av.
Tel est l'avis de Rav Bentzion Abba-Chaoul (אור לציון ח"ג פכ"ט ס"ב) qui affirme qu'une femme qui allaite doit jeûner le 9 av même si à cause du jeûne elle aura une baisse de lait, car il est possible de donner au nourrisson un substitut de lait maternel, et aujourd'hui il existe de nombreux substituts de laits qui conviennent à presque tous les bébés.
Néanmoins, si malgré tout il a besoin exclusivement du lait de sa mère, il admet que dans ce cas elle est exemptée de jeûner.
C'est également l'avis de Rav Moche Sternbuch (תשובות והנהגות ח"ו סי' קלה) qui soutient qu'une femme qui allaite doit jeûner (à Kippour) lorsqu'il y a une possibilité de donner au nourrisson un substitut de lait.
C'est aussi l'avis de Rav Itzhak Zilberstein qui écrit dans son livre Torat Hayoledet (פרק נא הערה יא) qu'une femme qui n'a pas beaucoup de lait a le droit de boire à Kippour uniquement si le bébé a moins de 6 mois, ou qu'il est prématuré, ou qu'il souffre de troubles digestifs, ou qu'il est sensible et qu'il est à craindre qu'il ne digère pas un substitut de lait maternel.
Mais s'il a plus de 6 mois, il écrit que généralement on peut lui trouver un substitut au lait maternel.
Rav Nissim Karelitz (חוט שני שבת פצ"ג סק"א) va aussi dans ce sens. En effet, il soutient qu'une femme qui ne pourra pas allaiter son nourrisson si elle ne boit pas ne doit pas jeûner le 9 av si elle n'a pas encore essayé de donner à son bébé d'autres aliments ou un substitut de lait.
Il explique que chez les nourrissons chaque changement d'alimentation peut lui causer des troubles digestifs, ce qui peut constituer un danger pour lui.
Cependant, lorsqu'il n'est pas à craindre qu'elle ait une baisse de lait et qu'elle ne se sent pas faible, une femme qui allaite doit jeûner le 9 av (après que se soient écoulés 30 jours depuis l'accouchement) comme le souligne le Pisskei Techouvot (סי' תקנד הערה 43).
