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Les Tanaïms jouent-ils aux devinettes ?

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etane
Messages: 30
Bonjour Rav,
On m’a posé la question suivante :
Dans la guemara Pessa'him (daf 100b), la Guémara cite deux Baraïtot très brèves :
-"ILS SONT D’ACCORD QUE L’ON NE PEUT PAS COMMENCER UN REPAS "
-"ILS SONT D’ACCORD QUE L’ON PEUT COMMENCER UN REPAS"
Puis, la Guémara s’interroge de quel jour chaque barayta parle-t-elle. Pourquoi la barayta ne l’a pas dit clairement ? J’ai pensé répondre qu’il faut enseigner "bilchon kétsara", mais je ne pense pas que ce soit une bonne réponse, car ici il suffit juste de rajouter 2 ou 3 mots.
Merci beaucoup.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 7257
Citation:
On m’a posé la question suivante :
Dans la guemara Pessa'him (daf 100b), la Guémara cite deux Baraïtot très brèves :
-"ILS SONT D’ACCORD QUE L’ON NE PEUT PAS COMMENCER UN REPAS "
-"ILS SONT D’ACCORD QUE L’ON PEUT COMMENCER UN REPAS"
Puis, la Guémara s’interroge de quel jour chaque barayta parle-t-elle. Pourquoi la barayta ne l’a pas dit clairement ? J’ai pensé répondre qu’il faut enseigner "bilchon kétsara", mais je ne pense pas que ce soit une bonne réponse, car ici il suffit juste de rajouter 2 ou 3 mots.


Voici une règle qui vous permettra de mieux comprendre de nombreux autres passages du Talmud ainsi que celui-ci : lorsqu’on cite une Brayta, il faut savoir qu’elle n’a pas été rédigée/compilée/formulée de manière à être répandue et enseignée telle quelle.
Ces enseignements (et c’est aussi souvent le cas pour les Mishnayot) sont des phrases prononcées par des maîtres et retenues par des élèves qui répétaient les paroles du maître tout en ayant en tête le contexte.
La Torah orale se transmettait encore à l’oral (du temps des Tanaïm) et on se répétait de génération en génération la halakha constituée de deux éléments : les mots du maître et le contexte.

Avec le temps (et les Gzeirot), l’enseignement oral s’étiolait, on ne se souvenait plus tellement du contexte et on avait aussi parfois des doutes sur la phrase exacte telle que prononcée par le Rav.
Jusqu’à l’époque de Rabbi Yehouda Hanassi qui, voyant le désastre qui se profilait si l’on n’agissait pas, a pris la responsabilité de déroger à la règle qui interdit de mettre la Torah orale par écrit et il a (-secondé par tout un collège de Rabanim) mis la Mishna par écrit (ou selon d’autres il ne s’agissait à ce stade que de rédiger à l’oral, c-à-d la compiler, mais sans écrire) pour figer ces phrases.
Malgré tout, le contexte dans lequel a été prononcée chacune de ces phrases n’a pas été mis à l’écrit à ce moment, mais il était encore transmis à l’oral.

Jusqu’à ce que cela devienne aussi trop compliqué et d’autres Rabanim (à Tibériade, puis en Babylonie) ont décidé de mettre par écrit le contexte aussi, c’est inclus dans la Gmara.

C’est ce que nous voyons souvent dans le Talmud sous forme de « hakha bemay askinan », « bamé dvarim amourim », etc.

Ce travail concerne aussi bien les mishnayot que les Braytot, elles nécessitent parfois l’explication du Talmud qui rapporte le contexte dans lequel cette phrase a été prononcée, afin de mieux en saisir l’intention et les limites.

Ainsi, il arrive que l’on puisse se retrouver avec deux phrases totalement contradictoires (comme votre exemple) si l’on ne sait pas suite à quoi (et le contexte dans lequel) elles ont été prononcées, jusqu’à ce que le Talmud nous renseigne (soit par transmission orale soit par réflexion) sur le contexte de chacune et ainsi la contradiction est levée.
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