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On connait la chasse aux sorcières pratiquée pendant plusieurs siècles par l'Eglise. On estime qu'elle a fait 50 000 morts. Horriblement torturées les victimes ont avoué et ont été brûlées vives. Jusqu'à ce qu'on reconnaisse qu'il n'y a ni sorcière et ni sorcier.
Qu'en est-il chez nous dans le judaïsme ?
Il y a une différence de taille avec la chasse aux sorcières que vous mentionnez ; dans le judaïsme on ne torture pas pour obtenir des aveux amenant à une condamnation, c’est même quasiment à l’opposé : en principe il n’y a pas de condamnation à mort au tribunal tant qu’il n’y a pas eu deux témoins, une mise en garde préalable, et que le contrevenant ait donné la garantie qu’il comprenait bien ce qu’il encourait.
C’est ce qu’on appelle « hitir atsmo lemita », n’est condamné que celui qui a répondu à la mise en garde lui indiquant la peine encourue : « al menat ken ani ossé » (c’est en parfaite connaissance de cause que j’agis).
C’est donc aux antipodes de la torture pour faire avouer, tant que le contrevenant n’affirme pas devant témoins sa volonté d’agir en sachant que ça le mènera à la peine capitale, cette dernière n’était pas appliquée.
Ce qui rend les exécutions assez rares, forcément.
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On trouve le passouk "Mahchéfa lo tehayé" Exode 22/18. De quoi parle-t-on ? Reconnait-on l'existence réelle de pouvoir des sorcières ? Elles devaient avoir des pratiques idolâtres, vendre des potions, etc. On condamne les pratiques sans croire à leurs effets ? Ou pense-t-on que ces pratiques ont de l'effet, autre que l'effet placébo ?
C’est l’objet d’une grande discussion parmi les Rishonim. Essentiellement le Rambam et le Ramban. J’ai donné un cours sur ce sujet, vous le trouverez ici :
https://www.centre-alef.fr/3823/ et là :
https://chiourim.com/sorcellerie-les-faux-kabbalistes/
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Nos textes font-ils mention de sorcières condamnées à mort ? De chasse aux sorcières ?
La seule occurrence qui me vienne à l’esprit en parlant de « chasse aux sorcières » est dans le
Yeroushalmi ‘Haguiga (2,2 -daf 11a-b), où Shimon ben Shéta’h organise un grand « coup de filet » pour arrêter 80 sorcières qui sévissaient depuis un moment.
Mais là aussi, ce n’est qu’après qu’elles aient pratiqué leur art devant ses yeux.
[Il semblerait toutefois qu’il ait eu recours à ce qu’on appelle une Horaat Shaa, car nous ne trouvons pas qu’elles aient « accepté leur sort ». Voir aussi
Aroukh Laner (Sanhédrin 45b sv. Tala) et
Margaliot Hayam (45b §23) (ainsi que son
Mekor ‘Hessed §474) qui soulignent un autre aspect incitant à la Horaat Shaa.]
Cet épisode entraina, malheureusement, une vengeance de la part des proches desdites sorcières, qui fomentèrent un mauvais coup pour faire condamner à mort le fils de Shimon ben Shéta’h
(Yeroushalmi Sanhédrin 6,6).