Citation:
Selon le Rambam, la Tora a en partie été donnée pour nous éloigner de la avoda zara en cours à l'époque (si j'ai bien compris) (Moré 1,26 Munk [...]Tu sais par de nombreux passages du Pentateuque que la Loi avait principalement pour but de faire cesser l'idolâtrie, d'en effacer la trace, (de faire disparaître) tout ce qui s'y rattache, jusqu'à son souvenir même, et tout ce qui peut conduire à une de ses pratiques [telles que l'évocation, la magie, le passage par le feu, la divination, l'art de pronostiquer et d'augurer, la sorcellerie, l'incantation et la nécromancie], et enfin d’avertir qu'on doit se garder de faire même le simulacre de ces pratiques, et à plus forte raison de les imiter elles-mêmes[...]).
Question classique: S'il en est ainsi, alors pourquoi ne pas supprimer les commandements qui trouvent leurs racines dans la avoda zarah de l'époque ?
Car si ces interdits venaient à disparaitre, le danger de retomber dans la Avoda Zara serait là à nouveau.
Il ne faut pas croire que puisqu’on s’est écarté de la Avoda Zara, elle ne peut pas ressurgir.
Si les interdits de «
la magie, le passage par le feu, la divination, l'art de pronostiquer et d'augurer, la sorcellerie, l'incantation et la nécromancie » sont supprimés, on finira par retomber dans ces dérives et ce qu’elles drainent.
En interdisant tout ce qui s’apparente à la Avoda Zara de près ou de loin et en maintenant ces interdits, on met les chances de notre côté pour éviter une dérive.
Vous me direz qu’en dépit du maintien de ces interdits, nous constatons que certains juifs se sont tout de même rapprochés de plusieurs pratiques idolâtres, de la magie etc.
Vous avez raison, mais je vous répondrais : imaginez ce que ça serait si l’on faisait sauter ne serait-ce qu’une Mitsva qui sert de rappel et de garde-fou pour s’éloigner de la Avoda Zara…
D’où les interdits de ‘Houkot Hagoy et tout ce qui peut effacer ce qui nous distingue de ces peuples (même s’il ne s’agit pas de « pratiquer » la Avoda Zara, mais c’est une barrière…), comme les péot etc. (selon le Rambam).
A part cela, il faut comprendre que les Mitsvot (et les interdits) comportent un enseignement hashkafique ; dans les interdits d’Avoda Zara il y a des critiques de certaines Hashkafot dont ces Avodot sont imprégnées. Lorsque la Torah critique et interdit la conduite des serviteurs de Molekh, qui avaient recours aux sacrifices humains, de préférence des enfants, il y a un interdit halakhique, mais aussi une portée philosophique et un positionnement hashkafique qui se préserve, se maintient et se cultive par le respect de ce précepte.
Le culte de Molekh enseigne le peu d’importance de la vie humaine, et valide le droit de vie ou de mort des parents sur leurs enfants, encourage la hiérarchisation et le choix entre les enfants
(on peut imaginer que, généralement, ils choisissaient d’offrir en sacrifice celui qui était moins futé, moins zélé, ou moins débrouillard parmi leurs enfants), quand ce n’est pas le prêtre qui décide d’imposer un sacrifice d’un enfant d’autrui, ce qui valide l’utilisation du corps et de l’âme d’autrui pour son propre « progrès » spirituel, etc.
Ainsi, les mitsvot qui visent à nous éloigner de l’idolâtrie, sont autant de rappels et de signes pour nous renforcer dans une lutte contre ces dérives encore parfaitement applicables de nos jours.
Ceci étant dit, tous les Teamim que l’on peut donner aux Mitsvot viennent leur donner un sens, mais on ne peut jamais avoir l’assurance qu’ils résument et expliquent toute la Mitsva.
Il peut y avoir plusieurs Teamim à une Mitsva comme l’écrit
R. Avraham ben Harambam (Sefer Hamaspik, Shaar Haanava -p.60 dans l’éd. de poche). Ainsi, même si le Taam que l’on donne n’est plus applicable de nos jours, cela n’indique pas qu’il faille abroger cette Mitsva.
Remarquez que lorsque le
Rambam a écrit ces Teamim, la Avoda Zara avait déjà plus ou moins disparu et ça ne l’a pas empêché de codifier les détails des halakhot en question.