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Nous avons vécu cette semaine la perte de Rav Meir Mazouz, sans conteste l’un des plus grands dans le monde séfarade de ces dernières années et sûrement l’un des derniers transmetteurs d’une certaine massoret, de plus en plus rare en général et en particulier en France.
1/ Selon vous, de quoi devons nous nous inspirer le plus de ce qu’était ce Gadol ?
Il y a plusieurs aspects ; je dirais avant tout de s’inspirer de sa tolérance. Il essayait de trouver du positif dans toutes les communautés (fidèles à la Torah) et était Melamed Zkhout sur les autres, les « ‘hilonim », les ‘hassidim, et tous les groupes de juifs qui reconnaissent la Torah même s’ils ne la respectent pas toujours parfaitement.
Sa fuite du Kavod doit aussi nous inspirer, il ne recherchait pas les titres pompeux ni les places honorifiques, il recherchait le Emet et se comportait simplement.
Il avait aussi une ouverture d’esprit (même dans le limoud) qui fait parfois défaut à certains rabanim.
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2/ Que pensez vous de ce Iyoun tunisien dont il a œuvré toute sa vie à transmettre le flambeau et dont il disait qu’il était celui que nous avons toujours utilisé jusqu’à ces 200 dernières années ? Pourriez vous nous en parler ?
C’est difficile d’en parler ici. D’abord je n’ai pas le privilège d’être tunisien, ni d’avoir un ancêtre tunisien
(-enfin, pas à ma connaissance), ni d’avoir étudié dans des institutions tunisiennes.
Ensuite, il me semble compliqué d’expliquer ces notions à un public que je ne connais pas et dont j’ignore le niveau de Limoud et les connaissances talmudiques.
Disons brièvement que ce qui caractérise le Iyoun tunisien, c’est la recherche du Emet plus que de la beauté du raisonnement, du Pilpoul ou du ‘Hidoush.
Comprendre la Gmara en profondeur, sans lâcher le moindre détail, de sorte que tout soit cohérent.
Analyser avec le soin le plus scrupuleux chaque phrase et chaque mot, voire chaque lettre, dans la Gmara et dans Rashi, afin de tout passer au peigne fin et réaliser un travail acribique en vue d’obtenir un Pshat qui résiste à toute critique.
200 ans c’est pour la majorité des communautés, mais dans certains pays, notamment en Pologne, on avait commencé à cultiver le Pilpoul et les ‘Hiloukim bien avant, depuis un demi millénaire déjà, avec
Rabbi Yaakov Pollak.
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Je n’aurais pas l’audace de vous demander des Hespedim, simplement des pistes d’inspiration et d’élévation que la figure de ce Maître devrait, à votre sens, provoquer en nous.
Shabbat dernier (Shmini), j’ai fait un "Hesped" de
Rav Mazouz (en expliquant pourquoi je le pouvais alors que c’était Shabbat, et de surcroît en Nissan, et que le défunt a demandé de ne pas faire de Hesped), au Minian Ashkenaz du Centre Alef.
Pendant près d’une heure et demie, j’ai parlé de sa vie, son œuvre, ses Sfarim, ses Shitot, et de ce dont on peut s’inspirer de lui à notre niveau.