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Lever les mains pendant la Tefila ?

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Anibi
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Rabbi Akiva Eiger, dans ses annotations sur le Choulhan Arouh O"H siman 89, dit qu'il ne faut pas prier les bras tendus vers le haut, les mains ouvertes ( בפרישת כפים ) car c'est une coutume idolâtre. Pourtant Moché Rabeinou lui-même, dans la fin de la paracha Vaera, prie de cette façon ( ויצא משה את העיר ויפרוש כפיו אל ה' ), ainsi que pendant la guerre contre Amalek.
Qu'en pensez-vous ?

Merci.
Rav Binyamin Wattenberg
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Citation:
Rabbi Akiva Eiger, dans ses annotations sur le Choulhan Arouh O"H siman 89, dit qu'il ne faut pas prier les bras tendus vers le haut, les mains ouvertes ( בפרישת כפים ) car c'est une coutume idolâtre. Pourtant Moché Rabeinou lui-même, dans la fin de la paracha Vaera, prie de cette façon ( ויצא משה את העיר ויפרוש כפיו אל ה' ), ainsi que pendant la guerre contre Amalek.
Qu'en pensez-vous ?


Nous constatons dans la Bible que les Tsadikim priaient avec les bras tendus vers le haut, et nous constatons aussi que nous ne le faisons pas, il faut comprendre pourquoi.

Le Rav Eilinburg se pose la question dans son Shout Beèr Shéva (§73, daf 111a, sv. Mineouray), il indique les sources dont vous parlez et d’autres encore, pour s’étonner de notre minhag différent.

Il écrit qu’on ne peut pas répondre que seuls les personnages importants (Avot, prophètes, etc.) priaient ainsi mais que les imiter représenterait, pour nous, une attitude orgueilleuse, car nous voyons dans le Midrash (Pirkei deRabbi Eliezer §44) que les Bnei Israel ont imité cette posture de Moshé pour prier avec lui.

Le Beèr Shéva conclut en écrivant que « peut-être faut-il répondre » que, cette habitude s’étant répandue chez les idolâtres, elle aurait été proscrite et bannie du judaïsme, à l’instar des « Matsevot » (autels) utilisées par les Avot et ultérieurement interdites par la Torah.

Le commentaire de Rabbi Akiva Eiger que vous citez (hag. O’’H début de §89) ne fait que rapporter le Beèr Shéva (en indiquant §74 mais dans l’édition classique c’est en §73, daf 111a) et cite aussi l’exemple des Matsevot qu’il écrit, vous aviez donc la réponse sous les yeux.

Il y a effectivement certaines habitudes juives qui sont tombées en désuétude, voire qui ont été proscrites, en raison d’une coutume idolâtre ou chrétienne qui s’est répandue.
Il fut un temps où le Minhag juif était de déposer des arbres dans la synagogue pour Shavouot, mais ça a été interdit -dans certaines communautés- (et on limite à des fleurs etc.) car ça ressemblait trop au sapin de Noël.

L’expression « peut-être faut-il répondre » utilisée par Rav Eilinburg, laisse entendre un manque de conviction, mais il sera relativisé par la suite lorsqu’il conclut sa réponse par un כן נ"ל, signifiant qu’il est plutôt convaincu de sa réponse.

Pour ma part, je ne suis pas convaincu par son argument basé sur le Pirkei DeRabbi Eliezer (§44) ; si les Bnei Israel ont levé les mains eux aussi en imitant Moshé, cela n’indique pas encore qu’il convienne de le faire de nos jours.
On pourrait parfaitement imaginer que cette posture n’est pas à reproduire quotidiennement mais à réserver aux temps de guerre et de grande souffrance.
On voit bien dans la Gmara Shabbat (10a) que Rav Kahana, lors de sa prière, adoptait sa posture -notamment celles de ses mains- en fonction des situations de paix ou de guerre.

Plus encore, on pourrait dire que lever les bras vers le ciel serait à éviter à moins d’avoir une certaine assurance dans nos revendications, c’est pourquoi seuls les Tsadikim pourraient se l’autoriser, et si les Bnei Israel ont imité Moshé, c’est bien parce qu’ils l’accompagnaient dans cette prière et se basaient sur sa Tsidkout -pas sur la leur.

C’est l’argument que le Yaabets (Sidour Beit Yaakov, daf 12d §5, et dans la nouvelle édition tome 1 p.43) oppose au Beèr Shéva.
Il ajoute aussi que les Bnei Israel de cette époque, Dor Déa, étaient à un niveau supérieur qui pouvait éventuellement leur permettre ces postures durant la prière même sans se reposer sur les mérites de Moshé.

Néanmoins, d’après le Yaabets, le problème (pour nous) ne serait pas l’attitude orgueilleuse que cela représenterait, mais un interdit de se tenir avec les mains tendues vers le ciel durant trois heures, interdit souligné par le Sefer Habahir en raison d’un « danger », et repris par le Zohar (III, 145a) qui interdit tout simplement de « tendre les doigts (=les mains ouvertes) vers le haut » sans raison. (Donc même pour moins de trois heures, sauf s’il y a une raison impérieuse.)

Ainsi, l’habitude de lever les mains vers le ciel se serait perdue.

Le Péta’h Hadvir (§95, sk.2) écrit que lever les mains au ciel ne peut être envisagé que si l’on est sûr que nos mains ne sont pas « entachées » d’un issour Guézel, c-à-d qu’il faut être certain de ne jamais avoir rien volé à personne, même en « avak guézel ».
Autrement, cette levée de mains pourrait se retourner contre la personne et bloquer sa prière.

[NDLR : a priori, la prière de celui qui a volé n’est pas écoutée (cf. Midrash Shemot Raba 22,3 כל מי שידיו מלוכלכות בגזל הוא קורא להקדוש ברוך הוא ואינו עונה אותו), qu’il lève ou non ses mains. Il ne s’agirait donc pas seulement de dire que sa prière s’en verrait bloquée, mais que cela rappellerait ses péchés].

Voir aussi le verset dans Yeshaya (1,15) ובפרשכם כפיכם אעלים עיני מכם גם כי תרבו תפלה אינני שמע ידיכם דמים מלאו qui mentionne celui qui tend les mains vers le ciel en priant mais qui ne sera pas écouté car ses mains sont pleines de « Damim », c-à-d de sang.
On comprend que celui qui a du sang sur es mains ferait mieux de ne pas les tendre vers le ciel lorsqu’il prie.
Le vocable « damim » qui signifie le sang, peut aussi signifier l’argent…

Selon la Gmara Baba Batra (165a) la majorité des gens serait concernée par le issour Guézel, du coup on comprend qu’on ait abandonné cette pratique (de lever les mains pendant la prière).

Toutefois, le Sefer ‘Harédim (§16,73) écrit au nom de Rabbi Avraham ben Harambam qu’il convient de lever les mains au ciel durant la Amida, pendant les « bénédictions du milieu », c-à-d à l’exclusion des trois premières et des trois dernières bénédictions.
La source n’est pas indiquée, mais c’est dans le Sefer Hamaspik (perek al ‘hovat hatfila, édition Dana, p.100).
Le Beèr Shéva n’avait pas accès à ce Sefer.

PS: Je ne me relis pas, sorry pour les fautes.
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