Citation:
Quand on voit un arc en ciel, on a le droit de dire à un ami qu’il y a un arc en ciel dans le ciel pour faire la braha ou comme c’est une mauvaise nouvelle c’est mieux de pas lui dire et si il le voit tout seul c’est bien mais sinon c’est pas grave si il manque la braha ?
On lit dans le
‘Hayei Adam (§63,4) qu’il ne convient pas de dire aux autres qu’on voit un arc-en-ciel, car ça serait comme annoncer une mauvaise nouvelle.
Cette information y est rapportée au nom d’un «
livre dont j’ai oublié le nom », et le tout est écrit dans une parenthèse qui permet le doute quant à la paternité de cette phrase, il se peut que ce soit un ajout d’un autre
(que Rav Avraham Danzig) et uniquement dans les éditions ultérieures, pas dans l’original. Il faudrait vérifier si cette parenthèse figure dans les premières éditions.
Toujours est-il que l’information est relayée par le
Pit’hei Tshouva (§229), le
Mishna Broura (§229, sk.1) et autres A’haronim (cf.
Kaf Ha’haïm §229, sk.1).
Le
Shout Rivevot Ephraïm (VII, §278,15) aussi considère que l’habitude est de ne pas le dire aux autres lorsqu’on voit un arc-en-ciel.
Certains objectent que la Halakha stipule qu’il faut prévenir celui dont le parent est décédé, bien que ce soit une mauvaise nouvelle.
En fait, le
Shoul’han Aroukh (Y’’D §402,12) écrit qu’il n’est pas nécessaire de prévenir dans ce cas, mais le
Rama (ad loc) ajoute que l’habitude est de prévenir le fils du défunt (mais pas la fille), afin qu’il puisse faire Kadish (voir aussi
Psa’him 4a).
Nous voyons donc que lorsque l’annonce d’une mauvaise nouvelle permet de faire une prière, on laisse de côté la règle qui pousse à éviter ce type de mauvaises annonces, car c’est pour la bonne cause.
Ainsi, ici aussi, afin qu’il puisse faire la Brakha sur l’arc-en-ciel, nous devrions le prévenir.
Rav Sonnenfeld (Salmat ‘Haïm -éd. Bnei Brak 1995, §208) répond à cela en soulignant que dans le cas du Kadish, ce n’est pas pour gratifier le fils de cette Mitsva, mais pour permettre au défunt de bénéficier du Kadish de son fils.
Du coup, ici, il n’y a pas de "bénéficiaire" de ce type, voilà pourquoi on ne dira pas à son prochain qu’on voit un arc-en-ciel. (Il ajoute aussi qu’il est possible que le temps que l’informé sorte pour voir l’arc-en-ciel, il ait disparu…)
Toutefois, un autre son de cloche nous vient de Djerba ;
Rabbi Khalfon Moshé Hacohen (Brit Kehouna o’’h lettre Kouf, §3, daf 75b) écrit qu’il n’est pas d’accord avec le
Kaf Ha’haïm au nom du
‘Hayei Adam, et qu’au contraire, faire la brakha sur l’arc-en-ciel est une bonne chose, on remercie D.ieu de ne pas avoir détruit le monde, et il est souhaitable qu’un maximum de monde se remette en question et fasse Tshouva à la vue de ce signe. Il convient donc de prévenir son prochain de la présence d'un arc-en-ciel.
Cette position est suivie par
Rav Moshé Cohen (Birkat Hashem IV, §4,38, p.312).
Nous avons donc une Ma’hloket A’haronim sur le sujet avec (essentiellement) des Ashkenazim qui préfèrent ne pas dire, et (essentiellement) des Sfaradim qui pensent qu’il faut prévenir les autres lorsqu’on voit un arc-en-ciel.
Trouver une preuve à partir du Shas sur ce sujet me semble ardu, par contre, on peut comprendre d’un Rishon, bien qu’Ashkenaze, qu’il pensait comme les Sfaradim et peut donc renforcer leur position.
Il s’agit du
Sefer ‘Hassidim (§807) qui nous raconte qu’une fois quelqu’un a prévenu un autre, qui était à la synagogue en pleine ‘hazarat hashats (mais après la fin de la kdousha et de la brakha hakel hakadosh) qu’il y avait un arc-en-ciel dehors, il est sorti et a fait la brakha dessus.
On lui a dit qu’il était occupé par une mitsva (répondre à la ‘hazara) et est donc dispensé d’aller en faire une autre (la brakha sur un arc-en-ciel), et il a répondu que cette dernière était une Mitsva Ovéret (qui ne dure pas, qu’il faut attraper avant qu’elle ne soit perdue).
(NDLR: A priori, répondre à chaque brakha de la ‘hazara est aussi une Mitsva Ovéret, le fait que cette Mitsva soit plus fréquente n’est pas une raison de la délaisser).
Nous voyons donc du
Sefer ‘Hassidim qu’il semble donner raison à celui qui est sorti, et en tout cas, même s’il avait tort, aucun reproche n’est fait à celui qui est venu le prévenir de la présence d’un arc-en-ciel.
Il semblerait donc qu’il soit autorisé de prévenir autrui de la présence d’un arc-en-ciel.
Ceci étant dit, je précise quelques points :
1) Il n’est pas obligatoire de le lui dire
2) même en le lui disant, l’autre n’est pas tenu de sortir faire cette Brakha s’il est à la synagogue en train de prier ou d’étudier.
3) a priori, même s’il n’est pas en train d’accomplir une Mitsva, il n’a aucune obligation d’aller voir l’arc-en-ciel pour faire la brakha, cette brakha ne s’impose qu’à celui qui a vu un arc-en-ciel.
4) même d’après ceux qui voient un problème de « Motsi Diba » (ne pas annoncer de mauvaises nouvelles), il semblerait que l’on puisse éviter cela en n’informant pas l’autre de manière explicite mais seulement de manière indirecte (par exemple en lui demandant de nous rappeler le nossa’h de la brakha) (cf.
Psa'him 4a). Ça serait une solution pour s’en sortir d’après un maximum d’opinions.