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Le philosophe Chlomo Maïmone

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Arielb
Messages: 3
Bonjour Kevod harav,

Un ami m'a récemment parlé dun philosophe qui s'appelle Chlomo Maïmone.
En avez-vous déjà entendu parler ? Si oui, qui était-il ? Et que pensez-vous de son commentaire du moré nevouhim: giv'at hamoré ? Est-il moutar de le lire ?

Merci d'avance.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Citation:
Un ami m’a récemment parlé d’un philosophe qui s’appelle Chlomo Maïmone. Avez vous déjà entendu parler? Si oui qui était il? Et que pensez vous de son commentaire du moré nevouhim: giv’at hamoré? Serait il moutar de le lire?

Shlomo Maïmon fut un Apikoros de la seconde moitié du XVIIIème siècle, qui a abandonné la pratique de la Torah et a aussi cultivé de mauvaises Midot.
Nous ne pouvons pas juger autrui sans comprendre les vicissitudes de son existence et de son époque ainsi que ses malheurs personnels, mais le constat est clair, c’était un Apikoros aux mauvaises Midot (Pour les Midot, cf. « Un juif polonais », dans « Bourgeois et gens de peu » (Arvède Barine), Paris 1910, p.49-50).

Il a écrit sa Lebensgeschichte, c-à-d l’histoire de sa vie, donc en fait une autobiographie.
Elle a été traduite en français par M.R. Hayoun et publiée sous le titre « Histoire de ma vie », de Salomon Maïmon (1984 aux éditions Berg, et 2012 aux éditions Pocket).

[Il me semble que la traduction comporte quelques imperfections, les propos illogiques de la p.243 (éd. 2012) (sud-ouest) ne sont pas l’erreur d’inattention de Maïmon lui-même (voir éd. en allemand, tome 2 p.169-170, ici : https://books.googleusercontent.com/books/content?req=AKW5QacxV-hZwYFXvUYjPsTf4oU8O_R-lY0ubpl00CFTXTHNmTg3tSN_E0-1PkWL6HbxGe2pkliZ8CND5wq16Vb3BQI86EaRcBe23H1pOHj0YLTdrCFPqofvnQGj2yqyJNu_AqbMbfSv8ez6LPXuK61ehj1MjcuNuu3QWxuf38PS7r8M0MrheVbFpZZneeft2DMw0ecFccVRuxLp8cSFIDgsDj7Z0sSbqZEVvZmS-H4-GhkVzo-xATt8zp-UosCXxX0FH19jt21CG4XkM7HhrXp3P_HERAbDxQ ).
Les nombreuses fautes de frappe dans la traduction française (éd. 2012, p.108 note 1, p.109 note 2, p.150, p.155 note 1, p.163 note 1, p.217, p.283) l’indiquent aussi.]

Il faut savoir que jusqu’à l’âge de 30 ans, il ne s’appelait pas Maïmon, qui est un nom qu’il s’est inventé par admiration pour le Rambam.
Les noms de famille n’étaient pas encore imposés, il s’appelait plutôt Shlomo ben Yehoshoua.
C’est vers 1783-85 qu’il a commencé à se faire appeler Shlomo Maïmon (cf. éd.2012, p.197 note 2 et p.276 note 1), et pas avant 1787-88 qu’on a commencé à imposer aux juifs d’avoir un nom de famille fixe (cf. Daniel Tollet, Être juif en Pologne, Albin Michel 2010, p.188), en Russie c’est en 1804 (Mekor Baroukh I, p.735), et en France en 1808 (Otsar Israel X, p.161).
Je parle de tout ça un peu plus en détails dans mes notes sur la biographie de Rav Baroukh Epstein que j’ai écrite.

Maïmon est né vers 1752-53 et est décédé le 22 novembre 1800 (« Un juif polonais », dans « Bourgeois et gens de peu » (Arvède Barine), Paris 1910, p.57-58).

Cette autobiographie de Maïmon (Lebensgeschichte) nous renseigne sur les traumas qui ont assurément participé à son abandon de la Torah, et les défauts du judaïsme de cette époque que nous connaissons par ailleurs y sont évidemment confirmés ; les précepteurs et enseignants de Torah pour enfants étaient cruels et fouettaient leurs élèves jusqu’au sang (p.97), leur infligeaient des privations (p.98) et autres sévices.

Il était bien entendu « péché » d’apprendre une autre langue que l’hébreu (ils parlaient le yiddish) ainsi que de lire un autre livre que le Talmud et ses commentaires (p.142).
Il faut dire que son propre père aussi lui interdisait l’accès à ses Sfarim et ne lui autorisait que le Talmud (p.92).

Maïmon était considéré, selon ce qu’il écrit, comme un petit rabbin dès l’âge de 11 ans (p.141 -début du chap. XIII), âge auquel on le marie ( !) (chap X et XI), et il connait des problèmes avec sa belle-mère (p.130 et suiv.) .

Il était très sceptique à propos des nombreuses superstitions dont regorgeait le judaïsme de cette époque.
Il s’accrochait avec les kabbalistes qui ne voulaient pas faire confiance à la raison humaine (p.156), ou avec un talmudiste qui n’acceptait pas que la terre puisse être sphérique (p.158).

Bref, Maïmon s’est écarté de la Torah, a cherché à se convertir au protestantisme, et a fréquenté Mendelssohn (p.236) et autres philosophes, dont Kant (p.290).
Rien ne l’a réellement satisfait, il a plusieurs fois voulu se suicider (p.264).

Il aura finalement rendu l’âme malgré lui à l’âge de 47 ans, après s’être exclamé, sur son lit de mort, « Ah ! quel imbécile j’ai été ! le plus imbécile de tous les imbéciles ! », ce furent ses derniers mots. (« Un juif polonais », dans « Bourgeois et gens de peu » (Arvède Barine), Paris 1910, p.58)

En résumé, il ne faut pas le considérer comme un Rav, ni un Talmid ‘Hakham, ni un Tsadik, il n’était rien de tout cela. Au contraire, il était assez enragé contre la Torah et, dès lors, il ne faudra pas s’étonner que ses écrits comportent des pics contre le Talmud et du mépris pour les Mistvot et les ‘Hakhamim.

[Je souligne tout de même qu’il ne trouvait rien à redire sur la morale rabbinique du Talmud « si ce n’est qu’elle va un peu trop loin par endroits »… « Sa sainteté s’étend même aux simples pensées » (Histoire de ma vie p.166-7), il ne respectait pas le Talmud, mais reconnaissait que sa morale était pure et élevée.]

PS: je ne me relis pas, veuillez excuser les fautes.
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