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Tefilines rabbenou Tam

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M4610
Messages: 57
Chalom ouvrakha Rav,

Doit-on porter les téfilines Rabenou Tam en même temps que ceux de Rachi ?

Merci.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Citation:
Doit-on porter les téfilines Rabenou Tam en même temps que ceux de Rachi ?


Non, on ne "doit" pas, car il n'y a pas d'obligation du tout de porter les Tfilines de Rabénou Tam, ni en même temps ni séparément.

Certaines communautés ont l'habitude de prendre cette 'Houmra, généralement il s'agit de les mettre séparément (comme le font les Loubavitch), toutefois, si on a le Minhag de porter les deux en même temps, on peut le maintenir, bien que ce ne soit pas forcément recommandé par tous au niveau halakhique.

Ce sont les kabbalistes qui portent les deux paires en même temps, et je pense qu'il vaut mieux respecter les injonctions des Halakhistes et se tenir à l'écart de la Kabbala tant qu'on n'a pas étudié le Niglé (puis le Nistar).

Même mettre les Tfilines de R. Tam est en soit une 'Houmra poussée et lointaine et -à moins d'avoir un Minhag familial/communautaire en ce sens- il ne convient pas d'adopter cette 'Houmra avant de s'être assuré de pratiquer le reste (qui est obligatoire) convenablement.

Je sais bien que le Rabbi de Komarno dirait exactement l'inverse, il écrit dans son Shoul'han Hatahor (§34,1) que toute personne ayant un peu de judaïsme en lui se doit de mettre les Tfilines de Rashi et de Rabénou Tam, et que celui qui ne met pas les T. de R. Tam est un fou et un grossier personnage, et s'il le fait consciemment il est à considérer comme "Karkafta dela mana'h Tfilin"...

Cependant, c'est son opinion et elle n'est pas partagée par de très nombreux Tsadikim, parmi lesquels le Gaon de Vilna qui pensait l'inverse. Lui-même ne mettait pas les Tfilines de R. Tam, c'est dire...

Son élève R. 'Haim de Volozhin a voulu les mettre et a demandé l'avis du Gaon, qui lui a dit que la Halakha est comme Rashi, point. Et que s'il voulait se soucier d'opinions non retenues, il lui faudrait alors mettre 64 paires de Tfilines ! (car il n'y a pas "que" les opinions de Rashi et de R. Tam, il y en a d'autres, le Shimousha Raba, le Raavad..., et les combinaisons de Shitot, car même les Tfilines de R. Tam ne suivent pas l'opinion de R. Tam (!) concernant chaque point, uniquement pour l'ordre des parshiot, mais, par exemple, la position des parshiot doit être horizontale et non verticale selon R. Tam -et on n'a pas comptabilisé dans le calcul du Gaon les différences de Ktav, c'est dire, on pourrait passer à 128 paires et même plus..., idem pour les différences de nœud etc.)
Voyez Keter Rosh (§13 et §14), Shout Shemesh Oumaguen (III, o"h §58), et voir aussi Milouim du Maassé Rav (éd. 2009, p.286) pour le décompte des 64 paires.

[Un autre élément est présenté dans le Keter Rosh (op cit), c'est que le Gaon portait les Tfilines toute la journée et ne voulait donc pas retirer les Tfilines de Rashi pour mettre les R. Tam.
Vous lui diriez qu'il aurait pu mettre les deux ensemble, mais j'ai encore mieux à objecter au Gaon: s'il ne voulait pas perdre un instant de Tfilines selon la Shita de Rashi, il pouvait mettre les Tfilines de R. Tam après la Shkia de Rashi, qui est avant celle de R. Tam !
L'argument essentiel et à retenir est donc que la Halakha est comme les Tfilines de Rashi et qu'on n'a pas besoin de se soucier de toutes les Shitot non retenues. Mettre les R. Tam devrait être réservé à celui qui est un grand Tsadik, "Mou'hzak oumefoursam be'hassidout" selon l'expression du Shoul'han Aroukh (o"h §34,3).]

Il faut dire que le Komarner Rebbe écrit aussi (Shoul'han Hatahor §34,5) que celui qui est Yerei Shamayim se doit de mettre aussi les Tfilines du Shimousha Raba et du Raavad!
Il ne les considère pas comme les R. Tam car sur ces dernières, il assure qu'on peut faire la Brakha indifféremment de celles de Rashi (Shoul'han Hatahor §34,4).
[Selon lui, il faudra mettre Rashi et R. Tam ensemble (Shoul'han Hatahor §34,4) mais en prenant garde de ne surtout pas penser qu'on accomplit la Mitsva avec les deux, sans quoi on transgresserait Bal Tossif (Shoul'han Hatahor §34,3).]

Quoi qu'il en soit, ce Rabbi est toujours très virulent dans ses positions kabbalistiques, il est souvent en désaccord avec l'opinion des Poskim et se montre pourtant catégorique, voire menaçant.
Ses menaces et malédictions concerneront le Gaon de Vilna et de nombreux autres Tsadikim, il n'y a donc pas de quoi s'en affoler.
Toutefois, ses élèves (et descendants/ceux qui poursuivent son Minhag) doivent continuer à porter les deux Tfilines ensemble, comme préconisé par leur Rabbi. Mais les autres, ne doivent pas adopter ce Minhag d'eux-mêmes (à moins d'être kabbalistes et du niveau de s'inscrire dans cette lignée -contre les Poskim).

Le Ben Ish 'Haï aussi indique de les mettre en même temps (Ben Ish 'Haï I, Vayéra §21).
Il va jusqu'à expliquer qu'en fait Moshé Rabénou aussi mettait 2 paires de Tfilines et que tous les juifs aussi, et ce, jusqu'à l'époque des Gueonim (!).
[voir aussi Emounat ‘Hakhamim (Basila) (§30).]

Je trouve cela absolument étrange. D'abord que s'est-il passé pour que Rashi et Rabénou Tam décident subitement de ne plus mettre qu'une seule paire (si tous les juifs en mettaient 2 depuis plus de 2000 ans)?
Et ensuite, il n'y a aucune trace de ça dans la Gmara (qu'ils mettaient 2 paires à leur époque) et au contraire, il y a plutôt des Mashmaouyot inverses.
Voir aussi Yabia Omer (I, o’’h §3).
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
J’ajoute que les marocains ne mettaient pas les Tfilines de Rabénou Tam non plus, voyez Shout Shemesh Oumaguen (III, o’’h §58,4) qui dit que (au Maroc) les Rabanim non plus ne les mettaient pas, à part quelques rares rabanim.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
J’ajoute encore que Rav Yaakov Hillel (Shout Vayashov Hayam II, §3) a écrit une longue réponse pour contrer Rav Ovadia Yossef (sans le nommer) et dire qu’il faut mettre les 2 Tfilines en même temps.

Mais il ne répond pas aux arguments de Rav Ovadia Yossef, il ne fait que citer des sources qui indiquent de les mettre en même temps.

C’est ce que lui a reproché Rav Méir Mazouz, qu’il a eu beau apporter et citer des sources de différents kabbalistes, mais il ne répond pas aux arguments de ROY.

Ce à quoi R. Yaakov Hillel lui aurait répondu que son intention dans ce responsum était de dire que c’est Assour (interdit) de poser des Koushiot (sur cette habitude).

Rav Mazouz (Darkhei Haïyoun éd. 5772, p. 104) estime que ce n’est pas ainsi qu’on traite d’une question halakhique et que si l’on n’a rien à dire on se tait, et il se lamente sur les rabanim de notre génération…

Sans parler de ce cas précis (et Kvod Hagaon Harav Yaakov Hillel Shlita Bimkomo Mouna’h), j’adhère tout à fait et comprends très bien le désarroi de Rav Mazouz, de nos jours il est très habituel qu’un Rav vienne s’opposer aux dires d’un autre Rav, par réaction en mode intuitif, uniquement parce que sa conclusion ne lui plait pas, mais sans être en mesure de contrer ses arguments.

Le procès d'intention est devenu monnaie courante, on s’oppose avec emphase à un raisonnement détaillé et expliqué, en pérorant et en se contentant de scander des slogans, d’affirmer des fausses-vérités sur un ton paternaliste, d’indiquer des textes en réalité mal compris, des arguments aporétiques, des lieux communs, bref, tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins.

On « décide » de ce que doit être la Halakha, et on l’impose envers et contre tout. Le mode intuitif prend le dessus sur le mode dianoétique.

Il me semble que c’est une « Makat Medina », une maladie de l’époque ; on ressent cela dans d’autres domaines que la Torah aussi.
Les gens ne savent plus débattre, chacun est persuadé d’avoir raison et qu’il n’a pas à le prouver, il a raison un point c’est tout.

[Même dans la politique, il est fréquent que les débats soient de bas niveau. Il est possible que ce soit un dommage collatéral inévitable découlant de la retransmission télévisée des débats politiques de l’entre deux tours de la présidentielle depuis 1974, à partir du moment où l’on est jugé sur sa verve et sa capacité à clouer le bec de l’adversaire, on se soucie moins du débat de fond.
Ainsi, de nos jours où tout est débattu et rapporté sur internet, cela a peut-être participé à rendre certains rabbins incapables de raisonner, préférant utiliser les « arguments » bon marché des écervelés et délaissant la véritable analyse qui ne serait pas comprise par la masse des internautes.]
Utilisateur111
Messages: 27
Bonjour Rav,

https://www.thetorah.com/blogs/what-will-the-newly-found-tefillin-scrolls-reveal
Que pensez vous de cette article nous disant qu'il y avait déjà à l'époque des téfilin de Rachi et Rabbenou Tam ?

Est ce que vous mettez les Téfilin de Rabbenou Tam ?

Merci à vous.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
J’ai cité plus haut le Rav Shalom Messas qui écrit (Shemesh Oumaguen III, §58,4) qu’au Maroc, rares étaient ceux qui mettaient les Tfilines de RT.

Cependant, il faut relativiser cette assertion, car Rav Messas n’a pas forcément visité chaque village et les informations ne circulaient pas autant qu’aujourd’hui.

Ce qui me pousse à dire cela c’est que dans le Shout Vayaan Shmouel (Marciano) (§1) on, comprend que de nombreuses personnes mettaient les Tfilines de RT -il était à Debdou, au Nord-Est du Maroc.

Il semble donc que les debdoubis portant les Tfilines de RT étaient « moins rares » que les meknassis.

CQFD.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Citation:
Bonjour Rav,
https://www.thetorah.com/blogs/what-will-the-newly-found-tefillin-scrolls-reveal
Que pensez vous de cette article nous disant qu'il y avait déjà à l'époque des téfilin de Rachi et Rabbenou Tam ?


Je ne l’ai pas lu mais seulement survolé, car la page à laquelle vous renvoyez n’en dit rien et renvoie à une autre page.
J’ai subodoré que cette seconde page risquait d’en faire autant, j’ai donc brièvement survolé et n’y ai pas vu d’infirmations explicites concernant les Tfilines de R. Tam.

Quoi qu’il en soit, ils parlent de l’ouverture des Tfilines de Qumran, mais ça fait longtemps que ça a été fait, ils semblent en retard…

Déjà en 1964, Rav Shlomo Goren publiait son Torat Hamoadim et on y lit (p.497) que des tfilines ont été trouvées à Qumran selon l’ordre de Rabénou Tam.

Cependant cela ne prouve pas grand-chose car on y a aussi trouvé des Tfilines comportant d’autres textes que les 4 habituels, comme l’ajout des 10 commandements…
Les juifs qui portaient ces Tfilines n’étaient donc pas (tous) des juifs pharisiens, on ne peut, par conséquent, pas prouver la Shita de R. Tam.

Bien avant les découvertes de Qumran, il y a plusieurs siècles, l’hypogée du prophète Ye’hezkel s’étant écroulé, on y avait trouvé une ancienne Gniza contenant des Tfilines.
C’était effectivement l’habitude de mettre à la Gniza ce qui le nécessite en enterrant près des caveaux et mausolées rabbiniques.

Les Tfilines suivaient l’ordre de Rashi.
D’aucuns se sont empressés de vouloir y voir une preuve catégorique contre R. Tam, alors que d’autres, comme le Drisha (o’’h §34) citant son maître, écrit que c’est au contraire une preuve POUR R. Tam, car si ces phylactères ont été déposés à la Gniza, c’est qu’ils avaient été jugés inaptes et invalides…

C’est un argument surprenant, car il n’y avait pas que des Tfilines du bras, il y avait aussi celles de la tête, et dans ces dernières, on peut encore récupérer les Parshiot pour les replacer dans le bon ordre.

Plus encore, il y avait aussi les Batim des Tfilines, ce qui prouve bien que le problème n’était dû qu’à l’ancienneté et l’érosion des Tfilines et non au seul contenu des Parshiot.

Mais je n’y vois pas non plus une preuve catégorique pour Rashi, car même si ces gens ont porté toute leur vie des Tfilines de Rashi, cela n’exclut pas que d’autres, ailleurs, aient porté toute leur vie des tfilines de R. Tam.

Effectivement, la Brayta qui enseigne l’ordre des Parshiot (et sur laquelle Rashi et RT sont en désaccord) peut se lire de deux manières. Ces deux lectures n’ont pas attendu l’époque de Rashi et RT, bien avant eux déjà (et même avant qu’on la mette par écrit), certains Sofrim avaient compris comme l’un, d’autres comme l’autre.


Citation:
Est ce que vous mettez les Téfilin de Rabbenou Tam ?

Ce qui importe ici n’est pas ce que je fais, mais comment les Poskim voient la chose.
Cela devrait me pousser à éluder votre question, mais je me dis que si j’évite d’y répondre vous allez penser que c’est une réponse…

Donc je vous réponds : Je ne me considère pas assez pieux pour les mettre.

Ceci étant dit, si j’avais été très pieux, j’aurais probablement estimé qu’il est préférable que je vous mente par modestie (comme indiqué dans Baba Metsia 23b) et vous dise que je ne les mets pas.
Donc on ne s’en sort pas vraiment.
Mais comme cela n’a que peu d’importance, "peu importe".
Utilisateur111
Messages: 27
Merci pour votre réponse Rav, précise et concise comme à chaque fois :)
Je vous ai demandé votre facon d'agir car de nombreuses personnes mettent Rabbénou Tam, même s'ils ne sont pas forcément "pieux".
Par ailleurs, le Rabbi insiste sur le fait de les mettre dès 13 ans et que cela accélerera la venue du Machiah (bien que personnellement, je pense qu'il vaut mieux accomplir la Torah Koula, pour faire venir le Machiah, que d'entrer dans des houmrot).
Rav Ovadia Yossef incite aussi à les mettre après le mariage. Comment, donc, faut il agir face aux nombreux Posqim incitant à les mettre ?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Citation:
Merci pour votre réponse Rav, précise et concise comme à chaque fois :)
Je vous ai demandé votre facon d'agir car de nombreuses personnes mettent Rabbénou Tam, même s'ils ne sont pas forcément "pieux".
Par ailleurs, le Rabbi insiste sur le fait de les mettre dès 13 ans et que cela accélerera la venue du Machiah (bien que personnellement, je pense qu'il vaut mieux accomplir la Torah Koula, pour faire venir le Machiah, que d'entrer dans des houmrot).
Rav Ovadia Yossef incite aussi à les mettre après le mariage. Comment, donc, faut il agir face aux nombreux Posqim incitant à les mettre ?


Comme vous le voyez, les avis rabbiniques divergent totalement, puisque nous parlions du Gaon qui disait de ne pas les mettre.
En réalité, il y a depuis longtemps des minhaguim installés dans les différentes communautés et il semble acceptable de suivre son Minhag jusqu’à preuve du contraire, je veux dire jusqu’à trouver une raison d’y déroger, mais « bestama », on peut suivre son Minhag.

Celui qui a grandi en Tunisie sera enclin à les mettre, celui qui a grandi en tant que ‘Habad aussi.
Chacun peut suivre son Rav de nos jours (où nous sommes en « melting pot »), tout en veillant au Mi’hzei Keyohara.
C-à-d que suivre son Rav qui se trouve dans un autre pays n’est pas toujours intelligent. On risque de se retrouver le seul à mettre les Tfilines de RT dans une communauté où même les Rabanim ne les mettent pas, ce n’est pas convenable (dans ce cas, reste encore l’option de les mettre sans que personne ne le sache, toujours en cachette).


Citation:
et que cela accélerera la venue du Machiah (bien que personnellement, je pense qu'il vaut mieux accomplir la Torah Koula, pour faire venir le Machiah, que d'entrer dans des houmrot)

Vous avez raison, il faut déjà commencer par respecter la Halakha avant de s’ajouter trop de ‘Houmrot ; celui qui mettrait les Tfilines de RT sans veiller à respecter convenablement ce qui est "obligatoire d’après tout le monde", est quelque peu ridicule.

Quant au concept même d’accélérer la venue du Mashia’h en mettant les Tfilines de RT ou en accomplissant telle ou telle Mitsva, à mon sens, c’est une vue biaisée de la Torah et des Mitsvot.
Je veux dire que le but (et le sens) des Mitsvot n’est PAS de hâter la venue du messie.
Il faut accomplir la Torah Lishma et les Mitsvot Lishman, c-à-d pour elles-mêmes, pour ce qu’elles sont, car elles sont bonnes pour le Tikoun Hanefesh et le Tikoun Hamidot.

Nous ne devons pas accomplir les Mitsvot en vue d’obtenir un autre gain que celui-ci, ni faire venir le messie, ni bénéficier d’une récompense, etc.

Il faut faire les Mistvot car D.ieu nous l’a ordonné dans la Torah, ce qui indique qu’elles sont bénéfiques pour l’homme et la société, c’est là le sens premier du Kiyoum Hamitvot.

Après, s’il en découle une venue précipitée du messie, ou une récompense céleste (ou un tikoun des mondes supérieurs...), nous ne pouvons que nous en réjouir, mais cela ne doit PAS être notre motivation (cf. Avot §1,3).
joelb
Messages: 36
Shavoua Tov,

Dans une très belle réponse, Rav Y. Brand explique comment le Rambam est passé d'un avis à l'autre:
https://www.techouvot.com/nos_tefilin_et_ceux_de_nos_ancetres-vt8028697.html

Au début de sa vie, il mettait des téfilines qui suivaient l'avis de Rabbenou Tam puis il change et se range à l'avis de Rachi.

Au delà du fait que le Rambam se soit rangé derrière l'avis de Rachi, ma question porte sur les deux paires de téfilines. On voit bien que le Rambam avait conscience de ces deux avis, pourquoi n'a-t-il pas prescrit de mettre les deux paires pour être quitte selon tout le monde ?

Question d'histoire: Le Rambam savait-il que pendant ces jeunes années, il mettait des téfilines dites de Rabbenou Tam plutôt que celle de Rachi ? Ou bien il pensait qu'il n'y avait qu'une seule façon de mettre les téfilines, celles qu'on lui avait enseigné en Espagne, d'ailleurs, il s'est écoulé de nombreuses années avant qu'il voyage en Israël et il a fréquenté plusieurs communautés notament à Fez au Maroc, ces communautés mettaient des téfilines de Rachi ou Rabbenou Tam ?


Merci pour le temps que vous nous consacrez.
'Hanouka Saméa'h.
Joël
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Citation:
Dans une très belle réponse, Rav Y. Brand explique comment le Rambam est passé d'un avis à l'autre:
https://www.techouvot.com/nos_tefilin_et_ceux_de_nos_ancetres-vt8028697.html
Au début de sa vie, il mettait des téfilines qui suivaient l'avis de Rabbenou Tam puis il change et se range à l'avis de Rachi.
Au delà du fait que le Rambam se soit rangé derrière l'avis de Rachi, ma question porte sur les deux paires de téfilines. On voit bien que le Rambam avait conscience de ces deux avis, pourquoi n'a-t-il pas prescrit de mettre les deux paires pour être quitte selon tout le monde ?


Car on ne serait pas encore « quitte selon tout le monde ».
Il y a en effet d’autres avis, les Tfilines « Rashi » et « Rabénou Tam » ne suffisent pas du tout à avoir la certitude d’avoir mis les Tfilines « selon tout le monde ».

Lorsque R. ‘Haim de Volozhyn demanda au Gaon de Vilna s’il convenait de mettre les Rabénou Tam (à part les Rashi), le Gaon lui répondit que non, et que si sa volonté était de parer à tout doute et s’acquitter « d’après tout le monde », il lui faudrait mettre 64 paires de Tfilines ! (Keter Rosh (§13 et 14).

La Halakha ayant été retenue comme Rashi, on sait qu’on s’acquitte parfaitement de cette Mitsva en ne mettant que les Tfilines de Rashi (même si on pourrait imaginer que la lecture d’un autre était plus juste que celle de Rashi, c-à-d même si c’est Rabénou Tam -ou autre- qui a raison dans l’absolu pour sa lecture de la Brayta concernée, malgré tout, ce que nous devons faire c’est ce qui est retenu par la halakha, et celui qui mettrait -seulement- les Tfilines de Rabénou Tam ne serait PAS quitte de la Mitsva).


Citation:
Question d'histoire: Le Rambam savait-il que pendant ces jeunes années, il mettait des téfilines dites de Rabbenou Tam plutôt que celle de Rachi ? Ou bien il pensait qu'il n'y avait qu'une seule façon de mettre les téfilines, celles qu'on lui avait enseigné en Espagne,


Sans me replonger sans cette Souguia, je crois me souvenir (mais n’en suis pas sûr) qu’étant jeune il s’est contenté de suivre ce qu’on lui a indiqué, il ne savait pas qu’il y avait une autre Shita plus admise.

Citation:
d'ailleurs, il s'est écoulé de nombreuses années avant qu'il voyage en Israël et il a fréquenté plusieurs communautés notament à Fez au Maroc, ces communautés mettaient des téfilines de Rachi ou Rabbenou Tam ?

Le fait de visiter une communauté, voire même d’y passer quelques temps, ne permet pas toujours d’investiguer sur la façon de faire les Tfilines. Quand on voit les Tfilines de l’extérieur on ne remarque pas forcément grande différence, donc on peut passer des années dans une communauté qui aurait des Tfilines Rashi ou Rabénou Tam, sans en prendre conscience.

Quant à l’aspect historique de la question, je suppose que c’était partagé ; dans certaines villes (et à certaines époques) le Sofer suivait la compréhension dite de Rabénou Tam, dans d’autres, celle de Rashi.
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