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La pensée juive dans la vie d'un juif

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mimi26
Messages: 11
Bonjour Rav Wattenberg,

J'ai écouté l'interview d'un jeune rav du monde sioniste-religieux, un garçon très sérieux et très idéaliste que je connais personnellement.
Il évoque le fait que la place de la pensée juive est trop peu mise à avant dans monde des yeshivot, particulièrement des yeshivot lituaniennes. Il parle bien sûr de la pensée de Rav Kook, mais je pense qu'on peut poser la question sur les autres grands livres de pensée juive plus mainstream, comme le Maharal, le Néfesh Hahaim, etc.
Il est vrai que si un bahour respecte les sdarim d'une yeshiva, à part un petit seder de moussar (qui n'est pas vraiment de la pensée), il n'a pas beaucoup d'occasions d'approfondir ce type de sujet.

Pensez-vous qu'il y a un problème de ce côté-là ? Est-ce que les rabanim lituaniens pensent que c-est du bitoul thora ? Ou que les étudiants ne sont pas assez mûrs pour bien comprendre ? Ou que Limoud Tora keneged coulam ?

Pensez-vous que le manque de profondeur que vous dénoncez parfois dans le monde religieux vient peut-être de là ?

Si on a le choix, sur quoi faut-il mettre le paquet ?

Sa taana principale est qu'on ne peut pas vraiment sortir construit simplement avec le limoud en iyoun de gmarot et halaha. Est-ce que quelqu'un qui étudie correctement un sougia peut arriver à se construire dans le domaine de la pensée, et pas juste dans la technique ou la halaha ? Si oui, comment faut il aborder l'étude pour en sortir quelque chose de plus profond que de simples conclusions halahiques ?

Merci d'avance !
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Je ne sais pas qui est le Rav dont vous parlez, mais comme vous le qualifiez de jeune rav, je pense pouvoir affirmer que je l’ai devancé dans cette "analyse" puisque je l’ai exprimée il y a plus de 30 ans.

Je déplore effectivement le peu de connaissances Hashkafiques dont font preuve les élèves des Yeshivot.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que la yeshiva (sous son format lituanien) vise avant tout à former l’élève au Limoud Hashas.

On s’intéresse presque exclusivement au Shas.
A rien d’autre.

On va étudier 30 minutes quotidiennes de Halakha pour ne pas se tromper dans la pratique religieuse, aussi 30 minutes de Moussar car indispensable, on va prier, manger, dormir, etc. Mais tout cela est accessoire à l’essentiel, notre raison d’être à la Yeshiva : l’étude du Shas.

Quand j’étais jeune yeshiviste, j’ai écrit un commentaire sur le ‘Houmash, chaque semaine, le samedi soir, après le Seder (=sur mon « temps libre »), je mettais par écrit les questions et réponses et développements qui m’étaient venus à l’esprit pendant mon Shnayim Mikra et pendant la Kriat hatorah.

Au bout d’un moment, j’en ai parlé au Mashguia’h qui m’a conseillé d’arrêter, en expliquant que mon job tant que je suis à la Yeshiva est de carburer en « Shas OuPoskim », les commentaires bibliques peuvent attendre plus tard, lorsque je ne serais plus Ba’hour yeshiva.

J’ai écouté et suivi son conseil.

Ceci étant, dans de nombreuses Yeshivot, il faudrait se soucier un peu plus de l’aspect Hashkafa.

Toujours quand j’étais à la yeshiva (Ponovez), il y avait un « Vaad » hebdomadaire du Mashguia’h dans lequel il abordait des notions Hashkafiques.
C’était très bien.
Mais ce n’est pas le cas dans toutes les yeshivot (ou parfois, celui qui le dispense manque lui-même d’information).

Mais là aussi, seuls les thèmes Yeshivisho-lituaniens étaient abordés, en ignorant royalement tout le reste.
Je pensais et je continue de penser qu’avoir plus d’infos sur les Hashkafot ne ferait pas de mal.

A l’époque où j’étais Maguid Shiour de Yeshiva, à part le cours de Gmara en Iyoun, je donnais aussi un mini cours de 30 minutes tous les soirs sur un thème Hashkafique, un grand flash info pour dresser le tableau des différentes hashkafot quant à une problématique choisie.

Je sais qu’il y a quelques yeshivot où un enseignement similaire est proposé, mais c’est généralement plus le cas dans les Yeshivot pour débutants (qui en savent encore moins qu’un Ba’hour Yeshiva classique en hashkafa).
A la Yeshiva Keter Shlomo, l’excellent Rav Alain Samuel שליט"א est réputé pour proposer une réponse concise et précise aux questions de hashkafa que ses élèves écrivent sur un papier qu’ils déposent dans une boite réservée à cet effet.

Bref, la Yeshiva vise avant tout à former à l'étude du Shas. Le reste y est volontairement délaissé, souvent à raison, parfois peut-être à tort.
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