Bien, tout ceci confirme ce que j’ai pu dire ailleurs : il est impératif de garder un œil sur le « bon sens » même dans la Torah.
Celui qui se laisse guider par ce qu’il voit ou croit voir arrive à faire des bêtises.
Mais votre ami ne faute pas seulement par manque de bon sens, il faut aussi savoir faire preuve de clairvoyance ; il vous écrit :
Citation:
s'il n'y avait pas eu certaines institutions qui survivent grâce au black, le rov des juifs du makom seraient devenus des goïm
mais nous ne parlions pas de « black », nous parlions d’arnaquer sa mutuelle.
Je ne viens pas dire qu’il soit licite de payer ses employés « au black », mais que c’est bien différent de notre sujet.
Ne pas payer un impôt ou voler (extraire) une somme d’autrui, ce n’est pas la même chose.
Si votre ami décide qu’il est Moutar de « payer au black », il ne devrait pas en déduire qu’il en va de même pour extirper une somme malhonnêtement.
Et pourquoi ne pas voler dans la poche du voisin tant qu’on y est ?
Payer ses employés sans les déclarer n’est pas souhaitable, mais dans certains cas, cela ne peut aucunement se comparer à notre sujet.
Votre ami écrit encore :
Citation:
Voir des Rabbanim dont la irat Shamaïm est indiscutable agir de la sorte, c'est une légitimité suffisante pour en faire de même
Mais qui lui a dit que leur Yirat Shamayim est « indiscutable » ?
si ce n’est parce qu’il a décidé que cette dernière ne se mesure qu’à l’aune des ‘houmrot sur le Ben Adam Lamakom SEULEMENT, sans tenir compte du Ben Adam La’havéro, ni du Ben Adam Leatsmo ; des Midot, de la Yashrout dans les rapports avec autrui, des Hashkafot (qui doivent être saintes mais aussi SAINES).
D’autre part, il est possible qu’il ait mal interprété, ou mal compris, ce qu’il aurait vu chez ces Rabanim à la Yirat Shamayim indiscutable
(-ce qui ne serait pas étonnant s’il ne pense pas à distinguer le « black » du vol…).
Citation:
L'histoire du 'hiloul Hachem c'est du pipeau. Tu n'es peut-être pas au courant mais plusieurs synagogues se sont récemment faites épinglées par des contrôles fiscaux. Çà n'intéresse pas les médias
Et en quoi cela repousse la réalité du ‘Hilloul Hashem ?
Même s’il ne sera pas à l’échelle nationale, cela reste un ‘Hilloul Hashem (de plus petite envergure).
Citation:
Que certaines institutions ne déclarent pas des salaires, c'est très commun dans le monde associatif , tout le monde s'en ouf.
Je ne dis pas le contraire, mais que votre ami prenne conscience qu’on ne peut donc pas comparer cela à voler sa mutuelle en falsifiant les tarifs…
Car on ne pourra pas dire dans ce cas que «
tout le monde s'en ouf » (traduction pour le lectorat francophone : « personne ne s’en soucie »).
Citation:
Ce n'est pas car certains rabbanim ont prôné le contraire qu'il faut être 'hoched bikchérim avec ceux qui agissent de la sorte
Pour ma part, je ne parle pas d’être ‘Hoshed qui que ce soit, ni de mépriser, ni d’attaquer, ni de vilipender/insulter/etc.
Il s’agît juste –à titre personnel- de comprendre que c’est malhonnête et qu’il ne faut pas voler sa mutuelle.
(et j’ai écrit plus haut : il peut y avoir des situations où cela ne contrevient pas à la Yashrout, disons que le meilleur baromètre reste le bon sens. )
Citation:
J'ai par ailleurs de mes propres oreilles entendu un rav permettre de prendre les allocations françaises alors qu’un est en israel pour "et laasoth lashem"
Avant de rechercher le « bon sens », il faudrait commencer par chercher le « sens » d’une telle assertion.
En quoi serait-ce un
Et Laassot Lashem (=moment d’agir pour D.ieu)?
C’est plutôt un « Et Laassot Kessef », ou « Et Laassot LaPorte-monnaie ».
Pense-t-il que s’il devait payer une taxe sur chaque personne qui touchait les allocations familiales françaises en Erets, il dirait la même chose ?
Dirait-il alors que c’est Moutar et
Et Laassot etc. même s’il est -hélas- taxé pour chaque bénéficiaire ?
Ou alors, là, subitement, il penserait que ce n’est pas honnête puisque la loi française l’interdit (à ceux qui résident à l’étranger) ?
Si c’est le cas, c’est peut-être un signe qu’il ne réfléchit pas seulement avec sa tête, mais aussi avec son ventre, ou son portefeuille…
S’il parlait pour un Ba’hour Yeshiva, dépendant financièrement de ses parents et que ces derniers habitent en France (et qu’il rentre les visiter), ça se comprend , mais s’il parlait d’une personne installée en Israël, un Kollelman (ou autre) qui habite Israël de manière fixe et ne rentre que rarement voir ses parents, comment dire qu’il peut bénéficier des allocations françaises ?
(surtout en ayant recours à Et Laassot Lashem qui trahit une reconnaissance de malhonnêteté…).
Citation:
(d'autres rabbanim le permettent sans même s'en justifier pour une période de un an, les gens ne savent pas pourquoi (et le rav non plus d'ailleurs) mais (comme cela les arrange) ils ne se posent pas de questions...
Dans ce cas, si le rav lui-même n’est pas capable d’expliquer sa position (alors qu’il aurait pu dégainer un
Et Laassot Lashem, ou une
Gzeirat hakatouv…), il ne devrait pas être difficile d’avoir quelques doutes.
Ceci dit, je peux tenter d’expliquer cette période d’un an : un jeune Avrekh qui s’installerait en Israël, n’ayant encore aucune garantie d’y rester et visitant ses parents en France, pourrait dans certains cas être considéré comme encore résidant en France et simplement en « déplacement » à l’étranger.
Mais si cela fait un an qu’il habite Israël, il n’est pas possible de le considérer résidant en France.
Il faudra savoir faire preuve d’honnêteté intellectuelle dans ce cas et ne pas s’empresser de décider être en droit de bénéficier des allocations françaises.
Lorsque j’étais Avrekh au Kollel de Lakewood, la situation financière était très dure
(-à l’époque. Et autrement dure que celles de nos amis Avrekhim en Israël…), nous nous étions renseignés sur la légitimité de bénéficier des allocations familiales.
Mon ami le
Rav Yechiel Jessurun connaissait quelqu’un qui y travaillait et lui avait demandé ce qu’il en était, sa réponse nous privait du droit de bénéficier de ces aides d’état et nous y avions donc renoncé.
Ça serait vous mentir que vous dire que «
Hakadosh Baroukh Hou nous a envoyé autrement ces mêmes sommes multipliées et décuplées » , non, c’est faux.
Nous avons renoncé à ces sommes
(bien qu’il eut été presque impossible que l’on se fasse « prendre ») car cela nous paraissait absurde d’agir avec un tant soit peu de malhonnêteté sous prétexte de vouloir étudier la Torah qui nous enseigne d’agir avec honnêteté et Yashrout.
Donc, oui, c’était dur financièrement, je ne suis pas en train de vous promettre une bénédiction ou une manne céleste si vous vous abstenez de voler les allocations familiales, mais je suis par contre en mesure de vous garantir que votre abstention vous mènera plus loin (spirituellement) que si vous cédiez à la tentation.