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Etudier les lois de deuil

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max
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Bonjour,

Peut-on étudier les lois de deuil ou cela est-il déconseillé sachant que l'on est pas concerné par cela?

Merci
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6685
Il n'y a pas d'interdit, ni même de conseil officiel qui "validerait" une crainte qui s'apparenterait à une "pti'hat pé lassatan".

Si ça avait été le cas, on devrait aussi s'abstenir d'étudier la massekhet Moed Katan ou Yevamot ou encore les lois du divorce comme massekhet guitin, voire même parshat ki tetsé... ou encore tous les psoukim qui parlent d’événements tristes comme le décès de Ra'hel...

On ne s'en sortirait plus.

Je pense que si l'on craint tout de même la pti'hat pé, il conviendra d'apprendre ces halakhot en vue d'aider et de renseigner ceux qui en auront besoin, ainsi on évitera toute pti'hat pé.
Celui qui aura l'esprit un peu plus large se dira qu'il étudie ces lois pour en tirer un enseignement hashkafique et non purement pratique.

Bref, j'estime que cette crainte peut être bravée et la peur surmontée.

Mais je dois vous avouer que certains de nos grands rabanim nourrissaient le même type de suspicion à l'égard de la simple mention de ces lois.

Je pense par exemple au fameux 'Hatam Sofer, ce géant parmi les a'haronim était très superstitieux et lorsqu'il a reçu une lettre de son beau-père le grand Rabbi Akiva Eiger qui présentait deux questions sur les lois du deuil, il ne pu réprimer un tressaillement et en fut très perturbé. (voir Shout 'Hatam Sofer Y"D §346)
Au point qu'il y verra un lien direct avec le décès de sa mère survenu peu après...

Néanmoins, nous voyons bien que Rabbi Akiva Eiger ne s'imaginait même pas provoquer tant de stupeur chez son gendre.

De plus, il convient de souligner que le 'Hatam Sofer étant rabbin devait de toute manière étudier ces lois pour indiquer la halakha lorsqu'un membre de sa kehila connaissait un deuil.
J'ajouterais aussi, que -de mémoire- le père du 'Hatam Sofer est décédé AVANT son épouse, donc le 'Hatam Sofer avait déjà étudié les lois du deuil.

Il semblerait donc que cette superstition extrême du 'Hatam Sofer ne l'aurait pas empêché d'étudier ces lois, c'est juste qu'il fut dérangé de recevoir une lettre portant sur ces sujets...

Quoi qu'il en soit, même si le 'Hatam Sofer lui-même aurait évité d'étudier ces lois (tant que la nécessité ne se présentait pas), nous n'avons pas à adopter cette crainte superstitieuse, d'ailleurs il précise lui-même qu'il est superstitieux sur ce point (gavra kapdana ana) tout en tolérant que son beau-père ne le soit pas et il souligne qu'il ne devrait donc connaître aucune déception liée à leur discussion, puisque seuls les superstitieux courent un risque par la mention de ce qui les effraie.
(man delo kapid lo kapdinan bahadei)

[Le 'Hatam Sofer évitait d'écrire la date habituellement lorsque cela pouvait comporter un quelconque "mauvais signe", par exemple pour l'année 1830 (5590), qui s'écrit tav kouf tsadik -ce qui se lit Tekats (que soit coupé/retranché), il préférait écrire taktsadik (ainsi: תקצדי"ק) ou bien encore Takif (qui fait aussi 590 en guematria).
Pareil pour l'an 1828 (5588) qui se "lirait" tekapéa'h, il préférait écrire pikéa'h en supprimant le Tav du début qui peut se deviner.
Nous voyons aussi dans le Minhaguei 'Hatam Sofer (§2, 23) qu'il évitait de prononcer le mot "din" la nuit et toutes sortes de craintes de cet acabit.]


Nous trouvons au niveau des Rishonim, dans le Sefer 'Hassidim (§261) qu'il y avait déjà des superstitieux de ce genre à son époque qui craignaient d'étudier ces lois, mais Rabbi Yehouda Hé'hassid soutient qu'au contraire, il convient d'étudier ces lois encore plus si "les gens" les snobent.

Le Sefer 'Hassidim appelle ces études délaissées des études "met mitsva"...

En fait, il n'y a (intrinsèquement) aucun problème ni aucune crainte, mais c'est précisément la superstition qui crée le problème et le risque.

C'est aussi ce qu'écrit le Sefer 'Hassidim (§261) et c'est pourquoi il conseille de ne pas avoir peur d'étudier ces halakhot mais, au début de cette étude, de prier et demander à D.ieu que rien de négatif ne sorte de cette étude.

Je pense que le 'Hatam Sofer avait bien lu ce siman du Sefer 'Hassidim, car il écrit dans son Sefer Hazikaron (p.6) au nom du Sefer 'Hassidim qu'il convient de jeûner avant l'étude de 'Houlin ou de Yevamot.
Or cette idée ne se trouve pas dans le Sefer 'Hassidim, mais dans un autre livre, le Yossef Omets (151b) (voir sefer Hazikaron p.6 note 3) et il semblerait qu'il se soit embrouillé avec le Sefer 'Hassidim qui écrit (§261) de prier avant l'étude des sujets "à risque".

Tout ceci étant dit, si vous n'avez pas vraiment un "besoin urgent" d'étudier ces lois et qu'il reste des halakhot qui ne vous seraient pas vraiment connues, pourquoi vouloir absolument commencer par ces lois?

Sauf s'il ne s'agît que d'y jeter un œil, dans ce cas, pas de souci. (voir Shiyarei Knesset Hagdola (Y"D §245, 3) et le Tav Yeoshoua (§18, 4)qui se soucient de tout ça mais écrivent que cela ne doit pas nous empêcher d'étudier Moed Katan et le perek Mi Shéméto. Toutefois, on ne s'y attardera pas...)

En conclusion:
Vous pouvez étudier ces lois en considérant que grâce à cela vous pourrez renseigner ceux qui en auraient besoin, ou bien pour en extraire des notions hashkafiques. Si vous êtes toujours inquiet, ajoutez une petite prière avant le début de cette étude.
Après avoir écrit tout cela, j'ai vu que le Rav Wozner dans Shout Shevet halévi (X, §1, 2) écrit quelque chose qui ressemble à ma conclusion, b"h.
max
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