A priori il est souhaitable de déplacer une lampe LED avec un chinouï (c’est-à-dire de manière inhabituelle), comme par exemple avec le coude.
Cependant, celui qui déplace une lampe LED de manière habituelle (ou par l’intermédiaire du bras métallique d’une lampe de chevet) a sur qui s'appuyer si son but est de profiter de sa lumière.
Sources et explications :
Il est écrit dans la Guemara (.שבת מז) qu'une bougie est mouktsé car elle est bassis (base) de la flamme.
Le 'Hazon Ich (סי' מא סקט"ז) explique que la flamme est mouktsé, soit parce qu'on n'a pas l'habitude de déplacer une bougie pendant Chabat de peur de l'éteindre, soit parce qu'on utilise une bougie à l'endroit où elle se trouve et quelque chose dont on n'a pas l'habitude de déplacer est considéré comme mouktsé.
Ampoules à filament incandescent
Rav Nissim Karelitz (חוט שני ח"ג פמ"ב סק"א) affirme qu'une torche qui dispose d'une ampoule incandescente est mouktsé, car elle est bassis du filament incandescent qui est considéré comme une flamme.
[Voyez aussi Igrot Moché (ח"ה סי' כב אות לו) qui interdit de déplacer une lampe électrique, de peur qu'on vienne à déplacer une bougie, car l'une ressemble à l'autre.]
Néons et lampes LED
De même, Rav Chlomo Zalman Auerbach (מאורי אש ח"א פ"ב ענף ג אות ח) interdit de déplacer une lampe électrique.
Premièrement il considère que c'est un ouvdin de'hol (geste profane).
Deuxièmement, il écrit que si on autorise à manipuler une lampe électrique, il est à craindre que les gens viennent à l'allumer et à l'éteindre pendant Chabat en pensant qu'il est permis de la déplacer du fait que ce n'est pas considéré comme du feu. Et cet argument s'applique également pour les néons et les LED.
Aussi, Rav Elyachiv (שבות יצחק מוקצה - פי"ד אות א סק"ד) interdit de déplacer une lampe incandescente, du fait que nos sages ne nous ont pas suffisamment clarifié la raison pour laquelle une flamme est mouktsé.
Par conséquent, il soutient que non seulement une lampe incandescente mais aussi un néon est comparable à une flamme qui est mouktsé. Et tel est l'avis retenu dans le Or'hot Chabat (פרק יט סעיף קפא).
A priori, cet argument s'applique également pour une lampe LED.
Certains décisionnaires autorisent
D'un autre côté, le Pisské Techouvot (סי' רעט אות א) soutient qu'un néon n'est pas considéré comme mouktsé me'hamat goufo car il n'est pas constitué de filament incandescent. Selon cet argument, il en va de même pour une lampe LED.
De même, le livre Dor Hamelaktim (שבת עמ' 1620) rapporte une lettre de Rav Itzhak Yossef dans laquelle il autorise à déplacer un éclairage de secours portable constitué de lampes LED pour profiter de sa lumière.
Il affirme que les deux explications susmentionnées du 'Hazon Ich selon lesquelles une flamme est mouktsé ne s'appliquent pas ici.
En effet, d'une part, il n'est pas à craindre que cet éclairage de secours s'éteigne lorsqu'on le déplace. D'autre part on n'utilise pas un éclairage de secours uniquement l'endroit où il se trouve.
Il conclut que c'est un keli chemela'hto le'issour qu'il est permis de déplacer lorsqu'on a besoin de profiter de sa lumière (צורך גופו) ou lorsqu'on a besoin de son emplacement (צורך מקומו).
Aussi, Rav Ophir Malka (הליכות שבת ח"ב פ"ו ס"א) écrit qu'une torche à néon ou à LED est considérée keli chemela'hto le'issour, car les lampes LED ne contiennent pas de filament incandescent.
Il précise que dans un néon, certes, il y a une résistance incandescente (le ballast), cependant de facto elle n'est incandescente qu'au début de l'allumage pour enflammer le gaz, c'est pourquoi il n'est pas considéré comme mouktsé me'hamat goufo mais comme un keli chemela'hto le'issour.
En conclusion, étant donné que plusieurs grands décisionnaires considèrent qu'une lampe LED est mouktsé, il est souhaitable de ne pas la manipuler pendant Chabat, même si celui qui la déplace pour profiter de sa lumière (ou qu'il a besoin de son emplacement) a sur qui s'appuyer.
Néanmoins, même si elle est mouktsé, malgré tout il est permis de la déplacer avec un chinouï (de manière inhabituelle), comme l'écrit le Rama (סימן שח סעיף ג), par exemple avec le coude, comme l'écrit le Michna Broura (סימן רעו סקל"א).