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Choulkhan Aroukh et Talmud traduits

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talmid3
Messages: 4
j'aimerais savoir si il existe une traduction complete du choulkhan aroukh en francais
mais egalement si tout les traités du talmud babli ou de jerusalem sont traduits en français dans une edition quelconque
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6664
Il existe une ancienne traduction du Shoul’han Aroukh qui date de la fin du XIXème siècle et que nous devons à un non-juif !

Jean de Pauly (1860-1903), professeur à l’école du Sacré-Cœur de Lyon, s’est intéressé à plusieurs de nos livres sacrés.

Il est plutôt connu pour sa traduction du Zohar, mais il s’est aussi lancé dans une traduction du Shoul’han Aroukh.

Je ne sais pas s’il a tout publié.
Pour la partie Yoré Déa, j’en suis sûr, elle comporte 10 tomes (divisés en 12 traités) sous le titre « Rituel du Judaïsme » (le premier tome a été imprimé à Orléans en 1898 et le dernier à Paris en 1917).
Il a été aidé par le Rav Abba Neviasky (1853-1913), rabbin d’Orléans.

En fait, seuls les 4 premiers tomes sont de Jean de Pauly, à partir du 5ème (imprimé en 1901), c’est uniquement le nom de rav Neviasky qui figure.

De Pauly a aussi publié une traduction de la partie ‘Hoshen Mishpat, « Code civil et pénal du judaïsme », Paris 1896.
Il est à noter qu’il l’avait déjà publiée en allemand trois ans plus tôt (1893) sous le titre « Chosen-Mispat: oder Civil und Strafrecht Des Judenthums » (la faute d’orthographe apparaît sur la couverture même du bouquin ; Civil -en allemand c’est plutôt Zivil qu’il faut écrire, il me semble… étrange… ça sent le Franzose –pour ne pas dire le Froschfresser- qui cause mal le frisé.)

De Pauly est mort à 43 ans, mais il a eu le temps de publier une bonne partie de ses travaux.

Pour ce qui est du Zohar, il n’a été publié (je crois) qu’après son décès, de 1906 à 1912.
De Pauly était un fervent adepte des doctrines kabbalistiques, la première édition de sa traduction du Zohar a été imprimée sur un papier spécialement fabriqué pour l’occasion -vraisemblablement pour y mettre quelques Kavanot mystiques :) -en tout cas, ce papier comportait le nom de D.ieu en hébreu en filigrane ! (cf. Gershom Scholem, De Berlin à Jérusalem, Paris 1984, p.173)

Tout le monde reconnait que cette traduction du Zohar est un grand travail, mais certains lui reprochent d’avoir mal compris ou dénaturé le sens du Zohar dans ses traductions.
Gershom Scholem fait partie des détracteurs de De Pauly (dans son Major Trends in Jewish Mysticism ).

Pour ce qui est du Talmud, le Talmud Yeroushalmi a été entièrement traduit en français par R. Moshé Schwab (1839-1918) et publié en six gros volumes, après sa mort en 1932-33.
C’est un travail colossal (qu’il avait commencé vers 1868. Il en a publié une partie de son vivant, mais je ne sais pas si la totalité avait été publiée par lui).
Il n’est bien entendu pas exempt d’erreurs et hormis les nombreuses fautes de frappe, vous y trouverez aussi des fautes d’orthographe (ce qui était plutôt rare à cette époque) comme des erreurs de compréhension ou d’appréciation.

Le Rav Epstein n’y croyait pas, il était sûr que R. Schwab allait abandonner ce projet en cours et ne pas terminer sa traduction du Yeroushalmi (cf. Mekor Baroukh I, p.803 ).
Mais il a eu tort.

R.M. Schwab est décédé il y a un siècle, le 8 février 1918, ça fait donc 100 ans, ou en date hébraïque le 26 Shvat.
Il est enterré au Père Lachaise.

Pour le Talmud Bavli, il y a plusieurs traductions de traités épars, comme les traductions de R. Mikhel Rabbinowicz –sur Seder Nezikin, Baba Kama (1877), Baba Metsia et aussi sur ‘Houlin.
Mais il lui arrive fréquemment d’alléger le texte.

Il y avait déjà une traduction de Massekhet Brakhot (Bavli & Yeroushalmi) en français en deux tomes (Leipzic = Leipzig, 1831) , par l’abbé Chiarini (1789-1832).
C’est peut-être la plus ancienne traduction (intégrale) d’un traité talmudique.

Il y a eu en anglais, une traduction du Talmud par Michael Levi Rodkinson (1845-1904), qui a été publiée après sa mort en 1918 (une partie comprenant 7 traités avait déjà été publiée de son vivant en 1890).

Rodkinson n’est pas son nom de naissance, il s’appelait Frumkin, son père était un ‘hassid ‘Habad et sa mère la fille d’un grand rav ‘Habad, mais il semble s’être écarté de la pratique religieuse.
Sa traduction est fort imparfaite, voire -selon le Mekor Baroukh (daf 402b), truffée d’erreurs (au point que le rav Epstein souhaite que la mort de l’auteur ne lui apporte pas la Kapara !).

Je crois que la traduction de Rodkinson est la première de langue anglaise et il semblerait que la traduction de l’abbé Chiarini soit la toute première traduction française (?) et les traductions de R.M. Rabbinowicz en français ont aussi devancé celle de Rodkinson.

Il y a eu auparavant des abrégés de traités, traduits en allemand en 1711, sur Brakhot et Souka et aussi sur Sanhedrin, Zva’him et Mena’hot (traductions anonymes).

Bien avant encore, il y avait eu une traduction partielle de Sanhedrin et Makot, en latin, qui date de 1564 à Amsterdam.

Ce type de traductions était bien entendu destiné aux non-juifs, les juifs préféraient l’original en araméen.
Les traductions du Talmud ont souvent été souhaitées par des antisémites qui voulaient avoir accès à nos sources (en raison des nombreuses citations mensongères et/ou mal comprises rapportées dans la littérature antisémite).

Par exemple Teofil Merunowicz (1846-1919) qui demandait une traduction du Talmud –Cf. Être juif en Pologne (Albin Michel 2010, page 249).

Voir aussi le chapitre 7 de la préface de R.M. Schwab à sa traduction du Yeroushalmi, où il est question des anciens projets de traductions et voir aussi le Mekor Baroukh (§IV, 3).

Mais je m’écarte du sujet -qui concerne les traductions françaises.

Pour le XXème siècle, il y a quelques traductions dues au Grand-Rabbin Israël Salzer de Marseille (décédé en 1990) ; il a traduit les traités Sanhedrin, Psa’him, Yoma, Moed Katan, ‘Haguiga et peut-être encore d’autres traités.

J’ai vu une traduction française (par les rabbins J.J. Gugenheim et J. Grunewald) du traité Brakhot, basée sur la traduction de rav Steinsaltz. Il y a encore plusieurs tomes traduits en français, basés sur la traduction « Steinsaltz ».

Le traité Makot a été traduit par Bernard Paperon aux éditions Verdier (1992).

Il y a aussi une traduction du rabbin Désiré Elbèze sur Massekhet Shabbat.

Je ne saurais m’engager sur la fiabilité et la confiance totale que l’on pourrait avoir en ces traductions qui sont l’œuvre d’une personne isolée (et non un travail collectif).
Traduire un traité suppose en avoir compris toutes les nuances au moins au niveau du Pshat, ce qui n’est pas toujours évident.

[Par exemple, dans la traduction de Psa’him (livre de plus de 700 pages), il y a en page 45 un « mais » qui ne devrait pas y être, il faudrait écrire « et » à la place, c’est une erreur de compréhension de la souguia.

En page 87, il y a une traduction qui me semble erronée (portique). Cette erreur est due à la connaissance du grec ; l’auteur (Rav Salzer), sachant ce que signifie le mot utilisé par la Mishna (stoa) l’a traduit selon son sens en grec et n’a pas tenu compte de l’entendement que lui donnait le Talmud.
Pourtant, plus loin, en page 99 note 462, l’auteur indique la bonne traduction de ce même mot.

En pages 332 et 333 le mot אור est lu « Or » au lieu de « Our » et est donc rendu par « lumière » en place de « feu ».
C’est une erreur.

Il y a aussi des remarques à faire sur le contenu des notes, comme en page 98, note 457, où l’on attribue la perte de mémoire de Rav Yossef à son âge avancé, alors qu’en fait elle est due à une « maladie » selon la compréhension de Rashi (Erouvin 41a) des mots de la Gmara Nedarim (41a) « Rav Yossef ‘halash iaker lei limoudei». ]

Bref, les travaux collectifs sont souvent mieux révisés et ce qui échappe à l’un est rattrapé par l’autre.

Dans ce domaine, il y a les traductions par les éditions Bnei Torah du Rav Roth-Lumbroso, grand diffuseur de Torah dans la francophonie du XXIème siècle, il n’y a que quelques tomes, sur des chapitres de Baba Metsia, Baba Batra, Ktouvot et Psa’him, mais avec les commentaires de Rashi et Tosfot traduits et expliqués.

Pour avoir des traités entiers, il y a les traductions assistées et commentées par les éditions Artscroll.
C’est assurément le meilleur travail effectué pour ce qui est du Talmud Bavli, bien que cette édition comporte aussi parfois quelques erreurs (je parle de l’édition française, ces erreurs sont absentes de l’édition hébraïque pourtant plus riche et plus fournie !).
(A noter qu’ils ne traduisent pas les commentaires de Rashi et Tosfot, quoi que souvent intégrés dans la traduction ou les notes).

Le Shas Artscroll n’est pas terminé, mais il l’est en anglais et –je crois- aussi en hébreu.

Certains considèrent qu’il ne convient pas d’y avoir recours, mais voyez ce que j’écris à ce sujet ici :
http://www.techouvot.com/connaissances-vt15039.html
(dans mon post du 5 juillet 2012 et les messages suivants)

Enfin, concrètement, pour vous répondre, si vous souhaitez acheter tout le Shoul’han Aroukh ou tout le Shas Bavli en français, je ne pense pas que vous puissiez trouver ça en vente.
Pour ce qui est du Yeroushalmi, la traduction de R. M. Schwab se vend sur les sites de revente d’occasion mais à un prix très élevé généralement.
Pour le Bavli, vous trouverez certains traités traduits par Artscroll et d’autres que je vous indiquai plus haut, mais pas tout le Shas.
Quant au Shoul’han Aroukh, même la traduction de De Pauly est rarissime.

PS: vu la longueur du post, je ne me relis pas, désolé pour les éventuelles fautes.
Rav Binyamin Wattenberg
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J'ajoute un élément que j'ai lu dans une note ajoutée à la préface du Kol Koré de Rav Eliahou Tsvi Soloweyczyk, dans le cadre de sa traduction française par le rabbin Wogue en 1870, sous le titre :
Kol Kôré
Vox clamantis
La Bible, le Talmud et l'Evangile
préface, page 7, note 1.

Il y est indiqué qu'il y a[vait] deux traductions de la Mishna, l'une en latin imprimée à Amsterdam entre 1698 et 1703 et l'autre en allemand, 1760-1762, "indépendament de quelques traductions en hébreu-allemand".
ça veut dire en Yiddish.
(à noter la faute d'orthographe "indépendament" au lieu de "indépendamment ", mais peut-être qu'en 1870 ça passait sous cette forme. L'orthographe évolue...).

Pour ce qui est du Talmud, il y est dit qu'on en a "traduit quelques parties isolées, mais il n'en existe aucune version complète".

Cette note, absente de la version hébraïque, semble être du rabbin Wogue et non de l'auteur.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6664
J’apporte quelques ajouts et corrections à ma réponse initiale, ajouts qui m’ont été envoyés par mail par le grand rabbin Alexis Blum שליט"א que je remercie ici :

1) Il y a eu une traduction partielle de la partie Even Haezer du Shoul’han Aroukh par Edouard Sautayra et Mahir Charleville, intitulée: Code rabbinique Eben Haezer, traduit par extraits avec les explications des docteurs juifs, la jurisprudence de la cour d’Alger et des notes comparatives de droit français et de droit musulman 2t. en 1 vol 1868-1889 Alger-Paris.

L’un des auteurs est le rabbin Mahir Charleville (1814-1888), rabbin à Lyon, Dijon ,Oran, Versailles puis directeur de l’hospice Rotschild.

2) la 1ère édition de la traduction du Yeroushalmi par Schwab a été éditée de son vivant en 12 vol.1871-1889.

Il a aussi publié une édition anglaise de « The Talmud of Jerusalem » vol.1 Berakhot Londres 1886.

3) il y a eu une traduction complète en anglais du Talmud Bavli éd. Soncino, dirigée par le rabbin Epstein, en 1935.

4) Le GR Salzer a aussi traduit Meguila (1978)

Le rabbin Désiré Elbèze (1920 Batna Algérie -2003 Natanya, ancien rabbin d’Aix-en -Provence) a aussi traduit Betsa en 1994.

Le rabbin J.D. Frankforter a traduit une partie de massekhet Rosh Hashana.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6664
Encore un ajout :

il y a une traduction du Shas qui méritait d’être mentionnée comme étant probablement la plus ancienne ou au moins parmi les plus anciennes puisqu’elle a plus de 1000 ans !

C’est celle de l’espagnol Rabbi Yossef Ben Its’hak Ibn Abitur, élève de Rabbi Moshé Ben ‘Hanokh (l’un des fameux quatre captifs babyloniens), qui a traduit tout le Shas en arabe pour le calife Al-Hakim bi-Amr Allah (985-1021).

Selon certains (Graetz, Les Juifs d’Espagne, Paris 1872, p.119), il ne s’agissait que du Shas Mishna.
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