1. Si la Brit Mila de votre fils tombe pendant Chabat et que des invités viendront en voiture, dans ce cas, certains décisionnaires pensent qu'il est préférable de reporter la Brit Mila à dimanche, mais d'autres décisionnaires soutiennent qu'il ne faut pas la reporter. Donc, quoi que vous décidiez de faire, vous aurez sur qui vous appuyer.
2. En ce qui concerne l'ascenseur, a priori il est souhaitable de trouver une autre solution pour que votre père ne prenne pas l'ascenseur même avec un non-juif.
Cependant, s'il n'y a pas d'autre solution, en cas de force majeure, il est possible de monter dans l'ascenseur avec un non-juif (si le mécanisme de fermeture de la porte ne fonctionne pas à l'aide d'un faisceau lumineux), mais il faut préalablement proposer au non-juif une bouteille de bière (ou autre) qui se trouve à l'étage, car s'il accepte, il est considéré qu'il allume l'ascenseur pour ses propres besoins.
Sources et explications :
1. Quand des invités viennent en voiture
Cette question est sujette à discussion parmi les décisionnaires.
D'un côté Rav Wozner (שבט הלוי ח"ד סי' קלד אות ד) écrit que s'il est certain que certains invités viendront en voiture, il faut repousser la Brit Mila le dimanche pour éviter une profanation de Chabat de masse.
De même, le livre Mor Dror (סי' רנד) rapporte au nom de Rav Bentzion Abba-Chaoul que s'il y a beaucoup d'invités qui ne respectent pas le Chabat, il faut repousser la Brit Mila le dimanche, car en fin de compte ils transgressent le Chabat pour le père du bébé et en son honneur.
D'un autre côté, Rav Elyachiv (אשרי האיש יו"ד ח"ב פנ"ד ס"א) et Rav Ovadia Yossef (יחוה דעת ח"ז סי' סט – יביע אומר ח"י סי' לב) soutiennent que dans ce cas, on ne doit pas repousser la Brit Mila.
Rav Ovadia Yossef explique qu'on ne doit pas repousser une mitzva doraïta pour éviter que d'autres ne transgressent pas le Chabat, d'après le principe énoncé dans la Guemara de Chabat (.ד) selon lequel on ne doit pas fauter pour éviter que son prochain faute (לא אומרים חטוא כדי שיזכה חברך).
Aussi, Rav 'Haïm Kanievsky (וישמע משה גליון קכא פ' פנחס תשע"ו עמ' א) pense qu'il faut – dans la mesure du possible – faire en sorte que les invités ne transgressent pas le Chabat pour venir, mais il ne faut pas repousser la Brit Mila à cause de ça.
2. Monter dans l'ascenseur
Entrainer l'augmentation d'un courant électrique
Certes le Chemirat Chabbat Kehil'hata (פרק ל סעיף סד) écrit que selon la stricte loi il est permis de prendre l'ascenseur si un non-juif appuie sur les boutons pour lui-même.
Il se fonde sur l'avis de Rav Chlomo Zalman Auerbach (שש"כ פל"ד הע' קי) qui considère qu'il n'y a pas d'interdit de causer une augmentation de courant électrique.
Cependant, Rav Elyachiv (שבות יצחק - גדרי מעשה פי"ב הע' א) affirme que l'utilisation d'un ascenseur entraine l'augmentation d'un courant électrique, et selon lui il est interdit de causer l'augmentation d'un courant électrique.
C'est pour ça qu'a priori, il faut trouver une autre solution pour ne pas utiliser un ascenseur pendant Chabat, même si un non-juif appuie sur les boutons pour lui-même.
Faisceau lumineux
Aussi, le Or'hot Chabbat (פכ"ג הערה צט) souligne que dans certains types d'ascenseurs, lorsque quelqu'un y entre, il est détecté par un faisceau lumineux, ce qui enclenche un mécanisme électrique qui empêche la fermeture de la porte.
Entrer dans ce type d'ascenseur pendant Chabbat est interdit dans tous les cas.
Demander à un non-juif d'allumer l'ascenseur
Il est problématique de demander à un non-juif d'allumer pour nous l'ascenseur même sous forme d'allusion, car il est interdit de profiter d'un travail qu'un non-juif qui a fait pour nous, comme on le voit dans le Choul'han Arou'h (סי' רעו ס"א).
Et bien qu'il soit permis de demander à un non-juif de faire un travail interdit derabanan pour les nécessités d'une mitzva, malgré tout, appuyer sur le bouton de l'ascenseur est une opération électrique.
Certes, Rav Ovadia Yossef (יביע אומר ח"א סי' יט אות יח - ח"ז סי' לו אות ג) soutient que l'interdit d'actionner un appareil electrique n'est que derabanan.
Cependant, la majorité des décisionnaires s'alignent au 'Hazon Ich (סי' נ סק"ט) qui considère que c'est interdit doraïta, tel que Rav Moché Feinstein (אגרות משה ח"ד סי' פד), Rav Bentzion Abba-Chaoul (פמ"א סעיפים א־ב), Rav Elyachiv (ארחת שבת הקדמה לפרק כו) et Rav Wozner (שבט הלוי ח"ח סי' מז).
Et même Rav Chlomo Zalman Auerbach qui dans son Min'hat Chlomo (מהדורה קמא סי' יא) tend à réfuter les arguments du 'Hazon Ich, cependant dans les faits il prescrivait d'adopter la position du 'Hazon Ich, comme le témoigne le Or'hot Chabat (הקדמה לפרק כו).
Proposer une bouteille au non-juif
Le Arou'h Hachoul'han (סי' רעו ס"ט) témoigne que lorsqu'il était enfant, pendant les longues nuits de Chabat en hiver, il était de coutume d'appeler un non-juif en lui demandant s'il veut une bouteille de vodka. Après avoir répondu par la positive, on lui disait : "Nous voulons te donner cette bouteille, mais ne nous pouvons pas la trouver dans l'obscurité." Et le non-juif venait allumer une bougie, buvait sa vodka, s'en allait, puis ils pouvaient profiter de la lumière de cette bougie.
Le Arou'h Hachoul'han justifie cette pratique, car bien que ce soit une ruse, malgré tout, en fin de compte, le non-juif allume pour ses propres besoins.
Toutefois, le Arou'h Hachoul'han affirme que c'est permis à condition de ne pas faire appel à chaque fois au même non-juif. Car si c'est toujours le même, sa principale intention est d'allumer pour nous.
Certes, Rav Nissim Karelitz (חוט שני ח"ג פרק פא סק"י) n'est pas d'accord avec cette pratique, car il considère que lorsqu'un non-juif fait dans notre maison un travail interdit qui nécessite l'autorisation du maitre de maison, nous avons une obligation de protester (חובת מחאה), c’est-à-dire que nous devons lui dire de ne pas le faire.
Cependant Rav Chlomo Zalman Auerbach (שמירת שבת כהלכתה פ"ל הערה קכד) et Rav Elyachiv (מלכים אמניך פ"ד הערה ו) soutiennent que l'obligation de protester ne s'applique pas lorsque le non-juif fait un travail pour ses propres besoins, même dans notre maison.
De même, le Or'hot Chabat (פרק כג הערה ק) rapporte qu'une fois dans la maison du Steipeler, les bougies se sont éteintes, et ils appelèrent un non-juif en lui demandant s'il veut une bouteille de bière etc… comme le préconise le Arou'h Hachoul'han.
C'est pourquoi nous pouvons nous appuyer sur les propos du Arou'h Hachoul'han.
Toutefois, puisqu'entrer dans un ascenseur soulève la question controversée de l'augmentation de courant electrique, il est souhaitable d'entrer dans un ascenseur pendant Chabat qu'en cas de force majeure (même après avoir proposé une bouteille de bière au non-juif).