Selon la stricte loi, un célibataire ou une célibataire (autant ashkénaze que sépharade) qui est invité pendant Chabat chez des proches n'a pas d'obligation d’allumer les bougies, peu importe s'il est dépendant de ses parents ou pas.
Néanmoins, celui qui donne une pièce de monnaie à son hôte pour participer au frais d'allumage est digne de bénédiction (s'il réside chez lui moins de 30 jours).
Aussi, une jeune fille, si elle le veut, peut allumer avec bra'ha dans sa chambre. Mais dans ce cas, elle doit fermer les volets un certain temps pendant la nuit lorsque ses bougies sont encore allumées.
En revanche, si elle veut allumer là où la maitresse de maison allume (généralement à l'endroit du repas), elle ne peut pas dire la benediction. Car dans ce cas, seule une femme mariée et ashkénaze peut allumer avec bra'ha.
Dans le cas où l'hôte est célibataire (ou veuf) et qu'il accueille une jeune fille célibataire pour Chabat, en principe l'obligation d'allumer les bougies incombe au maître de maison. Cependant si le maître de maison préfère que son invitée les allume (à l'endroit du repas), il a sur qui s'appuyer.
Sources et explications :
Le Choul'han Arou'h (סימן רסג סעיף ז) écrit qu'un invité qui n'a pas de chambre qui lui est spécialement affectée doit donner une pièce de monnaie à son hôte pour participer au frais d'allumage de son hôte si cet invité n'a pas de femme qui allume chez lui.
Toutefois, le Michna Broura (שם סקל"ג) précise qu'un invité doit donner une pièce de monnaie à son hôte uniquement s'il mange sa propre nourriture, mais pas s'il mange à la table de son hôte, car dans ce cas il est considéré comme un membre de la maison. Et tel est l'avis aussi du Kaf Ha'haïm (שם סק"נ).
Quand un invité est-il considéré comme un membre de la maison ?
Certes, Rav Elyachiv (שבות יצחק נר שבת פרק י"ד אות א) soutient qu'uniquement s'il habite (ou qu'il a l'intention d'habiter) chez son hôte 30 jours, il est considéré comme un membre de la maison, sinon il doit lui donner une pièce de monnaie.
Il se fonde sur les propos du Michna Broura au sujet des bougies de 'Hanouka (סי' תרעז סק"ד), selon lesquels uniquement un invité qui mange constamment (בקביעות) à la table de son hôte est exempté de lui donner une pièce de monnaie. Et Rav Elyachiv précise qu'on parle de constance (קביעות) pour une période de 30 jours.
Cependant, le Chemirat Chabat Kehil'hata (חלק ג פרק מג הערה קעא) rapporte que Rav Chlomo Zalman Auerbach est d'avis que n'importe quel invité qui mange à la table de son hôte est considéré comme un membre de la maison et il n'est pas obligé d'allumer.
C'est la raison pour laquelle il n'est pas d'usage qu'un invité participe au frais d'allumage.
Malgré tout, un invité qui prendra en compte l'opinion de Rav Elyachiv en donnant une pièce de monnaie à son hôte est digne de bénédiction.
Un invité dont la femme allume chez lui
Il ressort du Choul'han Arou'h susmentionné que si sa femme allume chez lui, un invité n'a pas d'obligation de participer au frais d'allumage de son hôte.
Le Biour Halakha (שם ס"ו ד"ה בחורים) explique qu'en allumant chez lui, sa femme le rend quitte de son obligation d'allumer des bougies de Chabat.
Un invité qui a une chambre à lui
Certes, il ressort du Choul'han Arou'h (שם סעיף ו) que s'il a une chambre qui lui a été spécialement affectée, un invité doit allumer des bougies de Chabat dans sa chambre.
Le Michna Broura (שם סק"ל) explique qu'en dehors de l'obligation d'allumer une bougie en raison du Kevod Chabat (honorer le Chabat) ou du Oneg Chabat (délecter le Chabat) pour pouvoir manger son repas du vendredi soir à la lumière, il existe une autre obligation d'allumer une bougie en raison du Chelom Baït (la paix du foyer) pour qu'on ne trébuche pas à cause d'une pierre ou d'un bout de bois qu'on ne voit pas dans l'obscurité.
Toutefois, Rav Elyachiv (שבות יצחק שם פ"ב אות ב סק"א) et Rav Nissim Karelitz (חוט שני ח"ד פרק פג סק"ח) précisent que si de la lumière pénètre la chambre de l'invité au travers de la fenêtre (comme c'est généralement le cas avec les lampadaires de rue), dans ce cas, un invité n'a pas d'obligation d'allumer une bougie dans sa chambre, car il n'y a pas de risque qu'il trébuche.
Fermer les volets
C'est pourquoi lorsqu'un couple est invité pour Chabat chez une autre famille et que la femme (invitée) allume dans sa chambre, si de la lumière de la rue pénètre sa chambre au travers de la fenêtre, Rav Elyachiv (שבות יצחק שם פ"ב אות ב סק"א) affirme qu'il faut fermer les volets la nuit un certain temps lorsque les bougies sont encore allumées pour que sa bénédiction ne soit pas vaine.
De la même façon, si une invitée célibataire veut allumer avec bra'ha dans sa chambre, elle devra fermer les volets la nuit un certain temps lorsque les bougies seront encore allumées.
Toutefois elle n'est pas obligée, comme on l'a vu, parce qu'elle mange à la table de son hôte et qu'aujourd'hui généralement les chambres ne sont pas complètement obscures pendant la nuit.
Allumer à l'endroit où la maîtresse de maison allume
Mais si elle veut allumer à l'endroit où la maîtresse de maison allume, dans ce cas elle ne peut pas réciter la benediction.
En effet, le Choul'han Arou'h (שם סעיף ח) soutient qu'on ne peut pas dire la bénédiction lorsqu'on ne fait que rajouter de la lumière, c’est-à-dire à un endroit où quelqu'un d'autre a déjà allumé ses bougies.
C'est pourquoi il écrit que si deux maitres de maison mangent au même endroit, il est souhaitable qu'un seul d'entre eux allument avec bra'ha.
Et tel est l'avis des décisionnaires sépharades, tels que le Ben Ich 'Haï (נח סי"א) et Rav Ovadia Yossef (חזון עובדיה ח"א פ"ו סי"ג).
A contrario, le Rama (שם) témoigne que la coutume (ashkénaze) est d'allumer avec bra'ha même lorsqu'on ne fait que rajouter de la lumière, par exemple à un endroit où quelqu'un d'autre a déjà allumé ses bougies.
Toutefois le Eshel Avraham de Botchatch (סי' תרי) et Rav Elyachiv ((שבות יצחק שם פ"ה אות ו précisent que cette coutume ne concerne que les femmes mariées.
Un hôte célibataire ou veuf
L'obligation d'allumer les bougies de Chabat en principe incombe au maître de maison (même s'il est dépendant financièrement de ses parents), c'est la raison pour laquelle un invité (qui mange sa propre nourriture) doit participer au frais d'allumage du maître de maison.
Cependant, le Choul'han Arou'h (שם סעיף ג) écrit qu'en ce qui concerne l'allumage des bougies de Chabat, les femmes sont prioritaires aux hommes.
Le Tour rapporte les propos du midrash dans le Yalkout Shimoni (בראשית רמז לב) selon lequel la femme doit accomplir la mitzvah de l'allumage des bougies, car elle a éteint la bougie du monde, c’est-à-dire qu'elle a causé la mort d'Adam.
D'autre part le Rambam (פ"ה ה"ג) expliquent que les femmes sont prioritaires car elles sont davantage présentes à la maison, et s'occupent davantage des travaux domestiques.
C'est pourquoi il est préférable que la maîtresse de maison allume les bougies, même si son mari veut les allumer lui-même, comme le précise le Michna Broura (שם סקי"א).
Aussi, lorsque la maîtresse de maison ne se trouve pas à la maison pour Chabat, le Chemirat Chabat Kehil'hata (פמ"ג הערה מו) considère que le maître de maison doit allumer même s'il a une grande fille, car initialement l'obligation d'allumer incombe à lui et son épouse n'est que son envoyé.
Cependant Rav Elyachiv (שבות יצחק פרק יא אות א) ne partage pas cet avis. Il prétend que dans ce cas, il est souhaitable que sa fille allume les bougies et pas le père, car les deux explications du Tour et du Rambam susmentionnées s'appliquent également à la fille du maître de maison.
De même, le Halakha Broura (סכ"ז חט"ו עמ' קצח) témoigne que son père Rav Ovadia Yossef après avoir perdu sa femme n'allumait pas les bougies de Chabat, mais une de ses filles (mariée) les allumait.
Si un homme célibataire ou veuf accueille une jeune fille célibataire chez lui pour Chabat, en principe, l'obligation d'allumer les bougies incombe au maître de maison.
Cependant certains décisionnaires soutiennent que dans ce cas aussi, il est préférable que la jeune fille allume les bougies, du fait qu'il est toujours préférable qu'une femme allume les bougies.
Un jeune homme est-il acquitté par l'allumage de ses parents lorsqu'il n'est pas chez lui ?
Rav Bentzion Abba Chaoul (אור לציון ח"ב פרק יח ס"ד) soutient que des parents avec leur allumage peuvent rendre quitte leurs enfants, même si leurs enfants ne se trouvent pas à la maison pour Chabat.
C'est la raison pour laquelle il pense qu'un ba'hour yechiva n'a pas d'obligation d'allumer des bougies de Chabat à la yechiva si ses parents allument chez eux (s'ils sont dans le même pays).
Selon lui, il faut considérer qu'un ba'hour yechiva mange à la table de des parents, car il rentre chez lui au moins pour les fêtes.
Cependant la plupart des décisionnaires contestent cette opinion et considèrent qu'un jeune homme n'est pas acquitté par l'allumage de ses parents lorsqu'il ne se trouve chez lui.
Tel est l'avis du Arou'h Hachoul'han (שם ס"ה) qui écrit qu'un invité célibataire doit allumer dans sa chambre (si elle est complètement obscure), même si ses parents allument chez eux, car étant majeur il est considéré comme un maître de maison à part entière.
Le Choul'han Arou'h Harav (שם ס"ט) également écrit que lorsqu'un jeune homme ne se trouve pas chez lui, il n'est pas acquitté par l'allumage de ses parents.
Rav Elyachiv (שבות יצחק שם פט"ו אות א) en déduit qu'un ba'hour yechiva doit allumer dans sa chambre à la yechiva (si elle est obscure) même si ses parents allument chez eux.
Et c'est également l'avis de Rav Ovadia Yossef (חזון עובדיה ח"א פ"ו סט"ו) qui écrit qu'un ba'hour yechiva doit allumer dans sa chambre à la yechiva. C’est-à-dire qu'il n'est pas acquitté par l'allumage de ses parents.