Pour les sépharades, si le café (ou l'eau) qui se trouve dans le kli cheni est au moins yad soledet bo – c’est-à-dire brulant – il est permis d'y verser même beaucoup d'eau bouillante d'un kli richon.
Mais s'il est moins que yad soledet bo, il n'est permis d'y verser qu'un peu d'eau chaude, de sorte à ce qu'il n'atteigne pas une température de yad soledet bo.
Pour les ashkénazes, si le café qui se trouve dans le kli cheni était au départ brulant, tant qu'il est encore un peu chaud – c’est-à-dire qu'il est encore buvable – il est permis d'y verser beaucoup d'eau bouillante d'un kli richon.
Mais s'il n'est plus chaud, il n'est permis d'y verser qu'un peu d'eau chaude, de sorte à ce qu'il n'atteigne pas une température de yad soledet bo.
Sources et explications :
L'opinion du Choul'han Arou'h
Le Choul'han Arou'h (סי' שיח סעיף ו) considère que chauffer un plat liquide déjà cuit qui a refroidi et qui n'est plus yad soledet bo s'inscrit dans l'interdit de mevachel (cuire).
C'est la raison pour laquelle les sépharades peuvent verser beaucoup d'eau bouillante dans un kli cheni uniquement si l'eau qui se trouve dans ce kli cheni est encore yad soledet bo.
L'opinion du Rama
Le Rama (סי' שיח סעיף טו), quant à lui, soutient que si un plat liquide a été déjà cuit et a refroidi, l'interdit de mevachel s'applique uniquement s'il a complètement refroidi.
Tiède ou un peu chaud ?
Le Hazon Ich (סי' לז סקי"ג) comprend que réchauffer un plat déjà cuit même s'il est désormais tiède n'est pas concerné par l'interdit de mevachel.
D'un autre côté, il ressort du Choul'han Arou'h Harav (סי' שיח ס"ט) qu'il faut tout de même que le plat soit encore un peu chaud ; mais s'il est tiède, il est interdit de le réchauffer.
Tel est l'avis également de Rav Moché Feinstein (אגרות משה ח"ד סי' עד אות ב) et de Rav Elyachiv (שבות יצחק - בישול פל"ו אות א).
Verser un peu d'eau bouillante dans de l'eau froide
Néanmoins, il ressort du Choul'han Arou'h (סי' שיח סעיף יב) et du Michna Broura (שם סקפ"ב) qu'il est permis de verser un peu d'eau bouillante d'un kli richon dans une grande quantité d'eau froide, car dans ce cas, sa chaleur s'annule dans l'eau froide.
Nous pouvons en déduire que si la tasse de café est tiède, il est permis d'y verser un peu d'eau bouillante, tant que le café n'atteindra pas la température de yad soledet bo.
A quoi correspond yad soledet bo ?
Littéralement, yad soledet bo veut dire que la main ne supporte pas cette chaleur.
Le Ben Ich 'Haï (בא ס"ה) et le Kitsour Choul'han Arou'h (סי' פ ס"ג) nous donnent un moyen de savoir si une boisson est yad soledet bo ou pas.
En effet, ils écrivent que lorsqu'on ne peut pas boire une boisson chaude d'un trait du fait qu'elle est trop chaude, cela indique qu'elle est yad soledet bo. Mais si nous pouvons la boire d'un trait, elle n'est pas considérée comme yad soledet bo.
En outre, Rav Elyachiv (שבות יצחק - בישול פ"י אות ב ס"ק ב־ג) s'appuie sur leur propos dans certains cas.