A
Torah123 :
Citation:
Avec votre permission Rav, je pense qu'il voulait dire Da'at Zekenim, et non Da'at Sofrim. Voici le lien où une telle idée est mentionnée :
https://www.toratemetfreeware.com/online/f_02513.html#HtmpReportNum0000_L2
‘Hazak ! bravo. Merci. Vous avez raison,
Bemman s’est certainement embrouillé par une Gzeira Shava
Daat-Daat, דעת קנית מה חסרת.
Merci aussi à
Bbinyo et à
Verna qui cite même le texte.
Je rappelle donc la question:
Citation:
je ne comprends pas : il dit que le premier verset de la torah contient 28 lettres comme le nombre de jours dans un mois, jusqu'à présent je pensais qu'un mois de notre calendrier pouvait compter 29 ou 30 jours...
Personnellement, j’aurais plutôt comparé les 28 lettres aux 28 années du Ma’hzor ‘Hama (cycle solaire).
Ce choix de parler des « 28 » jours du mois est fort étrange.
D’autant que le
Zohar (Tikounei Zohar, Hakdama, daf 13a) souligne qu’il y a 28 lettres dans ce premier passouk et y voit une allusion au verset כח מעשיו הגיד לעמו.
(et pas aux 28 jours du mois).
Rav Margulies dans
Nitsotsei Zohar (ad loc §11) renvoie vers le
Tan’houma Buber (Bereshit §11) (qui n’est autre que le Midrash rapporté dans le tout premier Rashi de la Torah -et qui contredira clairement le commentaire rapporté par le Taz dans son Divrei David, qui imagine que le Rabbi Its'hak cité par Rashi était son père) qui dit que la Torah aurait dû commencer par Ha’hodesh Hazé Lakhem, mais a commencé par Bereshit pour faire savoir sa force להודיע כח גבורתו שנאמר כח מעשיו הגיד לעמו.
Le lien avec le nombre de lettres n’est pas souligné, c’est le
Tikounei Zohar qui s’en charge.
Toutefois, ces mêmes
Tikounei Zohar (§69, daf 101b) considèrent eux aussi cette notion et nous parlent des «
28 jours du mois lunaire » (אינון כ"ח יומא דסיהרא)
(sans lien avec le passouk Bereshit).
Ce texte des
Tikounei Zohar (§69) nous dit que celui qui naît durant les 14 premiers jours du mois lunaire, lors de la phase de progression de la lune, connaitra la félicité, longévité, richesse, joies, fertilité, etc. A l’inverse, celui qui naît durant la phase de régression, c-à-d les 14 derniers jours du mois, connaitra tout l’opposé ח"ו.
[Le
Ben Ish ‘Haï (Shout Rav Pealim IV, Sod Yesharim §9) s’en étonne
(il est lui-même né le 27 Av 1835 et était bien conscient qu’il bénéficiait d’une grande Hatsla’ha dans beaucoup de domaines) et nous dit qu’après avoir mené l’enquête, il a constaté de nombreuses contradictions à ce présage du
Zohar, qu’il expliquera donc en nous disant que le
Zohar ne parle pas de la naissance du corps mais de celle de l’âme (!) dont on ne peut pas connaitre la date.
Je trouve cette réponse un peu facile, limite déconcertante.
On a l’impression d’un tour de passe-passe pour s’en sortir.
Et que signifie la naissance de l’âme ? Si c’est son arrivée dans le corps, pourquoi dit-il qu’on ne peut pas en connaitre la date ?
Et si l’on ne peut réellement pas du tout en connaitre la date, c’est le texte du
Zohar qui perd de son charme, quel intérêt à parler de choses qui nous échappent par définition ?]
Mais je souligne que le texte continue
(daf 102a) et nous dit «
et celui qui est né au milieu ». Et cela permet d’imaginer que le milieu dure plus de vingt minutes ; le mois lunaire durant 29 jours et quelques
(=et 12 heures et 44 minutes et 3 secondes et un tier de seconde -cf. Rosh Hashana 25b, ou légèrement moins), il y aurait 14 jours dits de progression, 14 de régression, et 1 jour (et quelques heures) au milieu.
Les fameux 28 jours dont il est question ne seraient que les jours fastes ou néfastes, mais un 29ème jour, au centre, serait neutre.
Voici une première piste de réponse.
Cependant, on retrouve l’idée du
Daat Zkénim aussi dans
Bereshit Rabati (de Rabbi Moshé Hadarshan) avec une précision qui permet de comprendre que ce qu’il appelle un « mois » est en fait « quatre semaines » appelées abusivement « un mois » :
וכן אתה מוצא בבראשית לפי שאותיותיו כ"ח כמנין ימי החדש רמז בו ד' שבועות
C-à-d qu’il souligne qu’il y a dans ce verset 7 mots qui font en tout 28 lettres, les 7 mots font références aux 7 jours de la semaine, et les 28 lettres aux 28 jours du « mois », cela veut dire les 28 jours que font quatre semaines (4 répétitions de ces 7 jours de la semaine).
Je cite le
Daat Zkénim :
ובאותו פסוק יש בו שבע תיבות, כנגד ימי השבוע. ובו כ"ח אותיות, כנגד כ"ח ימי החדש
Ce qui nous donne une seconde piste de réponse.
Sinon, j’ai vu dans
Daat Nota (p.9-10), trois réponses de
Rav ‘Haïm Kanievsky sur cette question, hélas, aucune des trois n’est satisfaisante à mes yeux.
[Je les cite brièvement pour celui qui n’aurait pas accès à ce livre :
1/ la nouvelle lune peut déjà se voir le 29ème jour.
2/ C’est sans compter les deux jours de Rosh ‘Hodesh.
3/ Le jour 29 ne compte déjà plus car au soir c’est déjà Rosh ‘Hodesh.
Je trouve superflu d’expliquer les multiples incohérences et objections que l’on peut opposer à Rav Kanievsky sur chacune de ces trois réponses. Voyez aussi les notes de bas de page sur place, qui en soulèvent quelques-unes.]
Il y a encore une réponse savante dans
Otsrot Yeroushalayim (vol. 56, §664,1 , p.894) en se basant sur le
Yearot Dvash (I, §5) de
Rav Yonathan Eybeschütz qui explique qu’une révolution lunaire dure en réalité approximativement 28 jours
(concrètement 27 jours, 7 heures, 43 minutes et 6 secondes, il s’agit de la révolution sidérale, par rapport aux autres étoiles), et si le mois dure 29,5 jours, c’est parce durant ces 28 jours où la lune a fait tout un tour, «
le soleil s’est lui aussi un peu déplacé ».
Si l’on traduit ses dires en disant que lorsqu’il parle du déplacement du soleil, il faut comprendre un déplacement de la terre par rapport au soleil, il dirait donc que durant les 28 jours qui auraient dû suffire à la lune pour faire un tour de terre, la terre elle-même s’est un peu déplacée en tournant autour du soleil
(d’à peu près un treizième de son orbite autour du soleil), donc la lune est revenue à l’endroit du départ, mais c’est la terre qui a un peu bougé, ce qui implique un petit parcours supplémentaire pour la lune…, ça ajoute près de deux jours, c’est la révolution synodique, alias le Molad.
[C’est un peu étrange, car la lune ne tourne pas indépendamment de la terre, elle gravite autour de la terre, donc ce calcul théorique n’a aucune prise dans la réalité, elle a beau revenir au même endroit, elle ne nous apparaitra pas au même endroit... Le Molad se base sur ce que l’on voit et ce que l’on voit va dépendre de l’alignement des TROIS astres (soleil-terre-lune). Je trouve donc étrange de s’intéresser à la révolution sidérale lorsque l’on parle d’un « mois », le mois correspond à la révolution synodique.]
Voilà, je vous avoue que je ne suis pas convaincu par ces réponses et, à tout prendre, ce sont encore mes pistes de réponse que je préfère, car il faut remarquer que cet enseignement parlant des 28 jours du mois n’a pas vraiment dérangé les Rishonim, ni même les A’haronim, jusqu’au XXIème siècle !
(Rav Eybeschütz qui parle de la révolution sidérale le fait dans un autre contexte et ne venait pas répondre à cette difficulté).
Si l’on dit qu’ils comprenaient qu’il s’agit de « quatre semaines », on comprend qu’ils n’aient pas trouvé nécessaire de l’écrire, l’expliquer. Mais s’ils avaient en tête la distinction entre révolution synodique et sidérale, il y a de quoi être sidéré par leur silence durant tous ces siècles.
PS: je ne me relis pas, veuillez excuser les fautes
(ce message concerne aussi d'autres réponses où je ne l'ai pas signifié, il est de plus en plus rare que je trouve le temps de me relire et c'est dommage.)
