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synagogue vs respect des parents

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Akoun Samuel
Messages: 1
Chalom Rav,

Mes parents ne veulent pas que j'aille à la synagogue le Chabbath vendredi soir et samedi.

Que faire ?

Merci.

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Message envoyé via AlloRav sur iPhone.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6339
Il est difficile de répondre sans tenir compte de plusieurs paramètres qui m'échappent.

Je suppose qu'ils refusent que vous vous rendiez à la synagogue, uniquement en raison des récents événements.

S'il s'agissait de vous interdire d'aller à la synagogue à Rosh Ashana et ainsi ne pas écouter le shofar, vous ne devriez pas les écouter.
Car si les parents souhaitent quelque chose qui va à l'encontre d'une mitsva -même miderabanan- il n'y a pas de mitsva de les écouter.

Mais ici c'est différent, car il n'y a pas d'obligation ala'hique de se rendre à la synagogue, c'est une bonne chose, mais on ne peut pas dire que celui qui ne s'y est pas rendu a "transgressé" la ala'ha.

Nous trouvons des questions et cas quelque peu similaires, comme la maman du Arizal qui lui avait interdit d'aller au mikve en hiver car elle s'inquiétait pour sa santé et le Arizal a cessé d'y aller durant les six mois d'hiver (Cf. Shaar Roua'h Akodesh p.36) (Shaar Amitsvot début de Ki Tetsé) car il n'y a pas d'obligation ala'hique de se tremper au mikvé (-pour un homme -de nos jours), mais lorsqu'on sait ce que représente l'immersion au mikve selon le Arizal, l'indispensable élément pour accéder à la "Assaga" (Cf. Shaar Roua'h Akodesh p.36) , ce n'est pas peu dire.

C'est aussi ce qui semble ressortir du Tshouvot Veanagot (I, §526).
Et du Sefer 'Hassidim (§340) [pour qui on ne devra pas s'imposer un jeûne (non obligatoire) contre la volonté de ses parents], mais il est difficile de comparer les cas et je n'ai rien trouvé d'explicite sur le vôtre.

D'un autre côté, la mitsva de kiboud des parents s'applique essentiellement pour ce qui concerne directement les parents (les nourrir etc...), pas si leur fils va ou non à la synagogue.

Et le Beer moshé (I, §61) écrit que si les parents interdisent au fils de suivre une 'houmra qui trouve une source dans le Talmud ou le Shoul'han Arou'h, le fils n'aura pas à les écouter.

Ceci semble tout de même contredit par le Arizal cité plus haut.

Tout comme le psak du Arougat Abossem (O"H §19) qui stipule que le fils auquel son père a interdit de se tremper au mikvé car trop froid, n'est pas tenu d'accomplir la volonté de son père...

Il apparaît donc que le sujet est discuté et je ne saurais trancher avec aisance sans connaitre vraiment votre situation.

Quoi qu'il en soit, tentez de rassurer vos parents en faisant le chemin avec d'autres personnes ou en promettant d'être vigilant, mais je ne me sens pas capable de vous donner une réponse tranchée.

Parlez-en à votre rabbin qui doit certainement mieux vous connaitre que moi.
abc123
Messages: 37
kvod harav,
se rendre a la synagogue pour prier betzibour ne serait-ce pas une obligation halachique, comme generalement c'est le cas que les gens prient betzibour qu'a la synagogue/beth hamidrash??
a moins qu'il y a un mynian qui se rende chez lui pour chabbat?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6339
Citation:
se rendre a la synagogue pour prier betzibour ne serait-ce pas une obligation halachique


Non, ce n'est pas une obligation halakhique, c’est une mitsva, selon certains même une mitsva min hatorah que l'on accomplit en répondant au Kadish et à la Kdousha (et la birkat cohanim), mais il n'y a pas « d’obligation » halakhique unanime de s'y rendre.

L'obligation halakhique est de prier.

Certains considèrent qu'aller à la synagogue est une obligation halakhique, mais même d'après eux, dans le cas où il y a un danger, ou une angoisse des parents etc. on ne sera pas tenu de braver ces difficultés.

Officiellement, le « seuil de difficulté » qu'il convient de braver pour se rendre à la synagogue correspond à la « difficulté » de parcourir une distance de plus de 2000 coudées –soit à peu près 1 Km
(entre 960m et 1152m selon les avis classiques).

Il s’agît donc d’une difficulté toute relative, marcher 1200m est considéré comme étant déjà trop difficile et on n’en voudra pas à celui qui ne vient pas à la synagogue (sauf à Rosh Hashana si c’est nécessaire pour écouter le Shofar,) si celle-ci se trouve à 1200m de son logis.

Comme il ne s’agît pas d’une « gzeirat hakatouv », nous comprenons que cette distance sert de repère pour signifier le degré de difficulté, de « tsaar/souffrance » qui « dispense » de prier en minian.

Ainsi, lorsqu’il y a un danger de se rendre à la synagogue, la « difficulté » (ou le tsaar) peut s’avérer plus intense qu’une marche de 1200m.
[Idem pour un jeune dont les parents seraient terriblement inquiets (à tort ou à raison) qu’il aille à la synagogue, ainsi que pour toute sorte de difficultés/Tsaar.]

Cependant, ceci concerne la halakha théorique, mais en parallèle de cette théorie halakhique, les autorités des derniers siècles ont particulièrement appuyé sur l’importance capitale de prier à la synagogue, car ils savent que sans cela, le juif a vite fait de s’éloigner réellement de D.ieu.

Il commencera par se tromper dans la prière, oubliant Yaalé Veyavo ou Moussaf et autres ajouts, puis il oubliera les changements liturgiques liés aux changements de saisons, après quoi il se souviendra qu’on est le 10 Teveth ou le 17 Tamouz en plein petit déjeuner et en finale il s’égarera lentement mais surement de la pratique des mitsvot.

Sans parler du fait que fréquenter la synagogue pourrait aussi lui permettre d’apprendre des halakhot, soit par le rabbin, soit en voyant des fidèles à l’œuvre.

C’est pourquoi les rabanim insistent particulièrement sur le poids et la portée de la Tfila Betsibour qui demeure une mitsva clé pour maintenir le judaïsme en vie malgré la Galout.

Il me semble incontestable qu’un juif qui ne fréquente pas la synagogue reste « distant » de D.ieu.

Ceci étant, nous trouvons dans l’histoire des juifs pieux qui n’avaient pas de minian dans leur ville.

Ces juifs restaient « juifs », car bien que déconnectés de la communauté, ils n’absorbaient pas grand-chose du monde « goy » qui les entourait, ils travaillaient en journée et dès qu’ils terminaient leur boulot, ils se précipitaient sur leur Gmara, leur Shoul’han Aroukh ou leur ‘Hayei Adam.

Ainsi, un juif qui habiterait en forêt mais qui serait constamment « lié à D.ieu » par la pensée, tant il serait amoureux de la Torah, ne s’éloignerait pas de D.ieu malgré sa distance de la synagogue.

Mais le juif à qui il faut rappeler après une journée de travail qu’il ne faut pas « oublier l’étude quotidienne de gmara » se détache bien trop de D.ieu en journée pour rester « juif » sans recharger ses batteries quotidiennement à la synagogue.

C’est certainement ce qui permettrait d’expliquer que nous trouvons certains parmi les très grands rabanim qui ne fréquentaient pas systématiquement la synagogue.
C’est qu’ils devaient savoir que leur étude de Torah (durant ce temps) était plus importante, ou bien que pour pouvoir accéder à certaines kavanot il leur fallait prier dans l’isolement et encore d’autres raisons (que je ne souhaite pas mentionner ici) qui font qu’ils ne venaient à la synagogue qu’épisodiquement.

Pour conclure je dirais que la prière à la synagogue est généralement ce qui rattache l’homme à D.ieu, voilà pourquoi c’est primordial, mais ce n’est malgré tout pas une « obligation » au sens halakhique du terme [lorsque s’y rendre passe par une « souffrance » comparable ou supérieure à une marche de 1200m].
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