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Dvar Thora sur Parachat Houkat: Etre serviteur de D.

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Rav Azriel Cohen-Arazi
Messages: 2146
Voici le résumé du cours sur la Paracha que j'ai donné Lundi soir et qui a été mis à l'écrit par une des élèves très brillante:

Cf aussi http://www.torahacademy.fr/parachat-houkat
פרשת חוקת
Etre serviteur de D.ieu
Rav Cohen Arazi שליט''א


Le sens des חוקים
La Paracha de ‘Houkat débute avec la mitsva de פרה אדומה – la vache rousse. Quiconque se rendait impur au contact d’un mort devait se purifier avec les cendres de la vache rousse. Cette mitsva est un חוק, c’est-à-dire un commandement qui ne possède aucune raison logique apparente et dont on ne peut comprendre le sens. Ainsi la Torah introduit cette mitsva par les termes suivants : « זאת חוקת התורה ».
Selon le Ora’h ‘Haïm, il aurait été plus judicieux de dire « זאת חוקת הפרה ». Pourquoi donc la Torah emploie-t-elle l’expression « זאת חוקת התורה » ? Et de répondre que ce verset contient effectivement une allusion importante à toute la Torah. Si les Bné Israël accomplissent la mitsva de פרה אדומה alors que c’est un חוק et qu’ils ne peuvent en comprendre le sens, D.ieu considèrera qu’ils ont accompli toute la Torah. Car l’accomplissement d’une mitsva dénuée de sens apparent témoigne de notre אמונה et de notre soumission à accomplir la volonté divine quelle qu’elle soit.
Autrement dit, toutes les mitsvot qu’un homme peut accomplir durant sa vie ne prennent un sens et une valeur qu’à partir du moment où il est capable d’accomplir des חוקים. De cette façon, il montre à D.ieu qu’il accomplit Ses commandements, non pas parce qu’il Les comprend, mais bien parce que ce sont des ordres divins.

« Nous ferons puis nous comprendrons »
Lorsque D.ieu proposa la Torah aux Bné Israël, ils répondirent : « נעשה ונשמע » - « D’abord nous accomplirons les mitsvot, ensuite nous essaierons de les comprendre ». En cela, ils firent preuve d’une soumission complète envers D.ieu.
En outre, ce verset nous apprend que « נשמע » est aussi important « נעשה ». D.ieu ne veut pas d’un peuple analphabète et idiot qui accomplit aveuglément Sa volonté. Il est important de comprendre les lois de la Torah pour pouvoir bien les respecter.
Néanmoins, « נעשה » précède « נשמע », car on ne peut chercher à comprendre la Torah qu’après s’être engagé à l’accomplir de façon inconditionnelle. La capacité de soumission est un préambule indispensable pour pouvoir servir D.ieu et accomplir correctement la Torah et les mitsvot. C’est en cela qu’on peut devenir un véritable 'עבד ה.

« Moché, mon serviteur »
Par définition un עבד est un homme qui soumet sa personne physique et morale à une volonté supérieure. De nos jours, les mots serviteur, esclave revêtent une connotation plutôt négative. Et pourtant le peuple juif se réclame être le serviteur de D.ieu. Lorsque Moché Rabbénou décéda, D.ieu déclara : « משה עבדי מת » - « Moché, mon serviteur est mort ». D’après nos Sages, cette phrase constitue le plus bel éloge de la part de D.ieu. Moché réussit tout au long de sa vie à faire abstraction de sa personne pour accomplir tous les ordres de D.ieu et s’occuper de son peuple.
Dans son commentaire sur le premier verset de la paracha, Rachi dit que les Nations du monde se moquent des Bné Israël en leur disant : « Pourquoi accomplissez vous ces lois qui n’ont aucun sens ?! » Ce à quoi D.ieu répond : « Toutes ces lois sont les Miennes, et nul n'a le droit de douter de leur bien-fondé et de leur sens. ». D.ieu encourage ici les Bné Israel à ne pas se laisser intimider par les non-Juifs.
Mais pourquoi les חוקים dérangent-ils tellement les Nations du monde ?
Car c'est justement à travers l'accomplissement des חוקים que nous exprimons notre capacité à être 'עבד ה, à annuler notre volonté devant celle de notre Créateur. C'est cela qui nous relie à D.ieu et c'est ce lien si particulier que les Nations cherchent à rompre.

Le témoin révélateur
Le Pélé Yoets explique que certaines de nos actions sont parfois très révélatrices de notre véritable motivation et de notre réelle volonté. Certaines personnes se plaignent par exemple de ne jamais avoir de temps pour le לימוד התורה. « Combien aimerais-je pouvoir étudier ! Mais que faire ? Il faut bien gagner sa vie et le travail ne me laisse pas une minute de répit ! ». Arrive chabbat, jour où l’on ne travaille pas, et pourtant ces mêmes personnes ne prennent pas la peine de se réserver ne serait-ce qu’un petit moment pour étudier ! Que penser de ces gens là ? Sont-ils finalement si motivés à étudier ou bien ne prétendent-ils cela que pour se donner faussement bonne conscience ?
Selon le Pélé Yoets, à chaque fois qu’un homme prononce une parole, il place un témoin sur sa route. Ce même témoin est appelé à la barre au moment décisif (chabbat) et pointe un doigt accusateur sur la personne lorsque celle-ci ne réalise pas sa parole.
A l’inverse, une petite action de notre part peut parfois révéler un grand investissement. Etre capable de temps à autre de se dévouer de façon désintéressée pour rendre service à l’un de nos amis, montre que tous nos gestes de générosité à son égard sont réellement motivés par une volonté de donner et non de recevoir une quelconque contrepartie de sa part.
De même lorsqu’un homme accomplit un חוק, il révèle à D.ieu que même lorsqu’il accomplit d’autres mitsvot, sa véritable motivation est de réaliser la volonté de son Créateur לשם שמים.

La mode, un exemple de servitude actuelle
Bien que l'esclavage ait été aboli depuis plus de 150 ans maintenant, les hommes n'en restent pas moins assujettis à leur désir et à leur instinct. La mode est par définition l'une des servitudes morales les plus fortes. Elle peut s'exprimer dans l'aspect physique, la façon de penser, la façon d'agir... Prenons l'exemple de la mode vestimentaire. La plupart des gens sont prêts à porter des vêtements qui ne leur vont pas ou qui ne leur plaisent pas, uniquement pour la bonne et simple raison que ces derniers sont considérés « à la mode », « en vogue »... Sans s'en rendre compte, ces mêmes individus réagissent comme de véritables esclaves de la pression sociale, du « qu'en dira-t-on ? ».
Par conséquent l'homme ne se défait jamais de cette condition d'esclave. Esclave d'un autre homme, assujetti physiquement ? Esclave de sa propre personne, assujetti moralement à ses pulsions ? Ou esclave de D.ieu ? A chacun de choisir son maître !

Contre-nature
Mais quand bien même, un homme choisirait d'être « esclave de D.ieu », d'être un véritable 'עבד ה, la tache n'en reste pas moins difficile. Par nature l'homme déteste être soumis à une volonté extérieure. Il aime être libre de ses décisions, de ses faits et gestes.
Lorsque David Haméle'h fut sur le point de mourir, il confia à son fils Chlomo la mission de tuer Chimi ben Guéra. Mais Chlomo ne tua pas immédiatement Chimi. Etrangement, il le convoqua et lui ordonna de construire une maison à Jérusalem et de s'y installer. En outre, il lui interdit formellement de sortir de la ville pour le restant de ses jours, auquel cas il serait mis à mort sur le champ. Chimi prêta serment et s'installa effectivement à Jérusalem comme Chlomo le lui avait ordonné. Trois ans plus tard, plusieurs serviteurs de Chimi s'échappèrent en dehors de Jérusalem. Voulant absolument récupérer ses esclaves, Chimi n'y tint plus et partit à leur recherche. La rumeur que Chimi avait quitté Jérusalem parvint jusqu'aux oreilles de Chlomo qui le fit tuer pour insubordination.
Rav 'Haïm Shmulevitz demande pourquoi Chlomo Haméle'h n'a-t-il pas tué immédiatement Chimi au moment où David le lui avait demandé ?
Et de répondre qu'un homme ne supporte pas de se sentir pieds et poings liés dans une situation donnée. Paradoxalement, c'est justement le fait d'avoir contraint Chimi à ne pas sortir de Jérusalem qui le mena à sa perte. Plus un homme est enchaîné, plus il a envie de se libérer de ses chaînes.
A ce sujet, nos Sages disent : « גדול מצווה ועושה ממי שאינו מצווה ועושה ». Lorsque la décision provient de l'homme, il lui est plus facile d'accomplir mêmes les tâches les plus fastidieuses. A l'inverse, lorsqu'on lui impose une décision, un homme est nettement moins motivé à accomplir même la plus insignifiante des tâches. Toute la différence réside dans le choix de la décision.

Choisir d'être 'עבד ה
Si la tendance naturelle de l'homme est de refuser une quelconque soumission, comment peut-on devenir un véritable 'עבד ה ?
Parmi tous les esclaves qu'un roi puisse posséder dans son palais, son serviteur le plus proche sera aussi le plus sollicité. Il devra se plier en quatre pour accomplir toutes les volontés de son souverain, et se tenir toujours à ses côtés pour être prêt à satisfaire à ses moindres désirs. Mais lorsque le roi se tient sur son trône, tous se sujets se proternent également face à son seviteur dévoué. N'est-ce pas là le plus bel hommage qu'on puisse lui rendre ?
Si l'on considère que la Torah est la chose la plus grande qui existe au monde, choisir de s'y soumettre c'est choisir de devenir quelqu'un de grand !
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