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La réponse de qualité à vos questions

Education religieuse enfant parents Juif/non juive

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SRachel
Messages: 2
Shalom à tous,

Tout d'abord, je remercie tous ceux qui prendront le temps de me lire. J'espère trouver ici de véritables conseils, mais aussi de la compréhension (ce qui n'équivaut pas à de l’approbation évidemment). Je vais donc tenter de résumer du mieux possible ma situation. Je vous présente par avance mes excuses si je venais à heurter la foi de qui que ce soit.

Pour commencer : je ne suis pas juive. Je crois en Hachem, je prie chaque jour, je suis très attachée à la culture juive, à laquelle je me suis profondément intéressée dès l'adolescence (pour diverses raisons dont : ma foi mais aussi suite à mon intérêt pour l'histoire de la Shoah) et cultivée en ce qui concerne le judaïsme. Je lis de nombreux ouvrages sur ces sujets, j'apprends l'hébreu, bref, comme vous pouvez le deviner, j'ai une affection réelle et sincère pour le peuple juif. Je viens d'une famille chrétienne qui a toutefois toujours eu une grande considération pour le judaïsme et qui m'a toujours bien expliqué les torts du christianisme envers le peuple juif.
Accordons nous à dire que cela ne fait pas de moi une spécialiste, ni une goy meilleure qu'une autre cependant. Je précise tout cela pour contextualiser ma demande qui vient après.

Je partage ma vie avec un homme juif, que je qualifierais d'agnostique. Il est très attaché à ses origines, mais il a quelques peu délaissé la pratique religieuse (pas de mon fait, c'était déjà le cas à notre rencontre). Je sais que selon la Halakha, notre relation n'est non seulement pas légitime, mais pas souhaitable, et même si j'étais juive, cela ne serait pas correct car nous ne sommes pas encore mariés. Je ne m'en formalise pas car les Juifs ont encore le droit d'appliquer les lois qui leur semblent adéquates, donc je n'ai pas besoin qu'on me le rappelle, mais je ne m'en offusque pas pour autant. Aucune de mes démarches (apprentissage de l'hébreu etc.) n'a été motivée par cette relation, car mon intérêt et ces apprentissages étaient entamés avant notre rencontre. Cela va sans dire, même si cela ne vous intéresse peut-être pas, que nous sommes profondément amoureux, et nous souhaitons fonder une famille et nous marier (enfin plutôt dans l'ordre inverse). Je ne pense pas pour le moment à une conversion, tout simplement car je n'ai jamais compris qu'on le fasse pour le plaisir de son conjoint (qui dans mon cas de plus, ne me le demande pas), mais aussi parce que c'est pour moi une affaire sérieuse de foi et de respect profond des mitsvot.
Encore faut-il donc les connaitre toutes (et avec 613… j'ai encore du travail), et de plus, bien que je sens, pour des raisons purement religieuses, que je pourrais un jour (bientôt ?) débuter un processus de conversion, je souhaite prendre mon temps, d'autant que je me vois mal mentir au Rabbin au sujet de ma vie de couple (avec un mensonge aussi grotesque, la conversion serait mal partie et puis Hachem lui-même le sait alors…). Quand je parle de ma réflexion quant à la conversion, je ne la pose pas dans le cadre du mariage. Elle peut très bien intervenir après, je tiens juste à ce qu'elle soit faite avec une profondeur et une solidité exemplaire. Et donc, en fonction mon chemin se fera. Surtout si c'est pour faire bien pendant la conversion, et tout laisse tomber après, cela ne vaut pas la peine.

Ma question est la suivante : nous avons déjà parlé de l'éducation religieuse des futurs enfants (oui nous en avons déjà parlé car nous croyons tous les deux que ce n'est pas une fois qu'ils sont là qu'il faut en discuter, pour se rendre compte que nous ne sommes pas d'accord et créer un foyer instable). Nous sommes d'accord sur le fait de ne pas les faire baptiser. Cela me semblait d'ailleurs assez évident vu ce que je viens de vous exposer. Bien sûr, une brit-mila, en cas de venue d'un petit garçon, n'est pas possible, puisque je ne suis, en tous cas pas pour le moment, pas juive. Toutefois, je trouve indispensable que les enfants reçoivent une éducation religieuse. J'ai donc suggéré à mon conjoint que les futurs enfants soient élevés selon les principes du judaïsme, en lui rappelant qu'il faudra en tant que juif qu'il montre l'exemple (alors vous me direz que cela commence mal vu qu'il aime une goy, mais ça… les secrets du cœur sont compliqués, et je crois savoir qu'il existe des conversions d'enfants de couples juif/non juif). Je peux moi aussi me plier aux exigences de la Halakha bien sûr, mais cela ne fera pas de moi une juive pour autant (je veux dire par là que mon « exemple » n'en serait finalement pas un puisque je ne ferais pas partie de la communauté). Voici donc (enfin !) mes questions :

 Pensez-vous qu'il faille/ soit faisable/ d'inscrire l'enfant à des cours de Talmud Tora lorsqu'il sera en âge, même si il ne pourra pas préparer comme les autres enfants sa bar/bat mitsvah ? Ou bien au contraire qu'il ne faut surtout pas faire cela ?

 Dois-je m'investir dans cette éducation du judaïsme, bien que n'étant pas juive, et de quelle façon ? (attention, je ne cherche pas à me trouver une excuse pour ne pas le faire, mais au contraire, je veux savoir si vous trouvez inapproprié que je le fasse, comme je ne suis pas juive).


Cela peut vous sembler « spécial », mais je tiens fermement à ce que nos enfants aient une approche de D. dès l'enfance car je suis fermement croyante.

Auriez-vous des conseils ? Est-ce mieux selon vous de nous contenter de lui expliquer le judaïsme, tout en lui apprenant les mitsvot, les fêtes, rites et prières, et lui expliquer que si il se reconnait dans cette foi, il pourra faire une démarche sérieuse à partir de 13 ans ?


N'hésitez pas à me poser toutes les questions que vous jugeriez nécessaires. Je n'ai pas voulu vous écrire un trop gros bloc non plus.


Je vous remercie pour les éclaircissements et avis que vous pourriez m'apporter. J'ai bien conscience que vous ne risquez pas de m'encourager dans cette relation car elle ne correspond pas aux préceptes de la Halakha. J'aimerais faire « au mieux ». J'espère que vous le comprendrez.

J'en profite pour avoir une pensée à tous ceux d'entre vous qui célèbreront bientôt Yom Kippour.

Respectueusement,

Rachel
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6311
Bonjour,
votre question est assez spéciale, en effet!

Bien, comme vous nous y invitez, je me permets de commencer par des questions pour mieux saisir votre démarche (et je vous prie de ne pas vous formaliser ni vous sentir agressée/rejetée/méprisée/etc. -loin de moi cette volonté, bien au contraire, je veux juste mieux cerner votre approche afin de mieux vous répondre):

1) Vous croyez en D.ieu, je l'ai bien compris, mais en quel D.ieu croyez-vous? je veux dire: Croyez-vous au D.ieu de la Torah? Croyez-vous que la Torah est un message divin?

2) je vois bien que vous êtes consciente de la notion de Halakha, je vous demande donc ceci: croyez-vous en la Halakha?
c-à-d: croyez-vous que la Halakha (ou la pratique religieuse juive) reflète correctement la volonté de D.ieu? (ou bien pensez-vous que les juifs pratiquent une religion qui ne va pas dans le sens de la volonté divine)

3) Y a-t-il quelque chose qui vous déplaît/qui ne vous attire pas, dans le christianisme? Pourquoi vous intéressez-vous au judaïsme alors que vous venez d'une famille croyante (et chrétienne)? Vous dites que c'est votre foi qui vous y pousse, pouvez-vous expliquer/définir en quoi/pourquoi vous pousse-t-elle plus vers le judaïsme que vers le christianisme?

4) Vous écrivez : "je tiens fermement à ce que nos enfants aient une approche de D. dès l’enfance car je suis fermement croyante", ne craigniez-vous pas qu'avec un père que vous qualifiez d'agnostique cela risque de relativiser le niveau de croyance en D.ieu que vous pourriez inculquer à votre enfant?
Est-ce vraiment important pour vous que votre enfant soit croyant?
Comment se fait-il que votre conjoint ne le soit pas (ou pas tellement) et que cela ne vous pose aucun problème?

Voilà pour le moment, quelques questions en vrac et arbitrairement séparées, en espérant mieux vous comprendre pour tenter de vous répondre de manière appropriée.
SRachel
Messages: 2
Cher Rav,

tout d'abord, je vous remercie d'avoir prie le temps de me répondre. Je ne me sens nullement méprisée par vos questions, elles sont légitimes.

Je vais donc tenter d'y répondre au mieux.

1) Je crois absolument au D. de la Torah, et je pense que l'intégralité de la Torah est son message. Je crois en la Vérité transmise par les prophètes reconnus comme tels par le peuple juif.

2) Je pense, et c'est là que cela devient plus complexe, car le chemin de Foi de chacun peut être très différent et très compliqué, que la Halakha est la Vérité, et qu'elle reflète effectivement la volonté de D.ieu. Je crois donc que les juifs essaient donc (car nul n'est parfait) d'attendre un idéal qui plait à D.ieu.

3) Là encore, c'est la grande difficulté que je rencontre. Je pense que beaucoup de leçons donnée par Jésus sont bonnes et respectueuses de la volonté de D.ieu (j'espère ne mettre personne mal à laise en disant cela). D'ailleurs Jesus lui-même est juif (point sur lequel mes parents, non croyant pour mon père et croyante pour ma mère, ont toujours beaucop insisté pour me montrer l'irrationnalité de l'antisémitisme chrétien), et montre un respect certain de la Loi. La grande question est pour moi de savoir si il répond ou non à la définition du Messie. Certaines de ses paroles, notamment son message de pardon, d'inclusion et de tolérance, me font avoir une vraie connexion à son message. D'autres choses, tenant plus du miracle, me posent plus question. C'est très complexe à vrai dire. Il y a un peu la peur de "se tromper". J'espère donc que, peu importe le choix que je ferai, D.ieu me pardonnera si ce n'était pas l'entière Vérité, et saura reconnaitre ma vraie Foi en lui toutefois et la confiance que j'ai en lui. Pour conclure sur ce point, le judaïsme est pour moi, sans discuter, une Vérité qu'on ne peut remettre en question. Est-elle la Vérité accomplie? c'est la question qui me taraude (c'est à dire: Le Messie est-il déjà venu parmi nous, ou devons nous encore l'attendre?)

4) Malheureusement, je pense que la Foi ne se "force" pas. C'est à dire que nous pourrions inculquer dans un foyer juif (si je l'étais) un vrai respect de la Halakha et que les enfants s'en détournent pourtant définitivement, et voir des croyants sincères venir d'un foyer agnostique ou "mixte", et ceci peu importe les religions des parents. (je ne sais pas si c'est très clair excusez moi). Je serais triste que mes enfants ne croient pas en D.ieu et se fichent royalement de la religion. Je sais toutefois, ou je crois savoir, que la religion juive est aussi beaucoup affaire de pratiques (mitsvot) (et bien sûr de Foi), bien plus que le christianisme, plus souple en la matière (finalement assez peu d'interdits ni d'injonctions). C'est donc important pour moi que mes enfants connaissent D.ieu d'une façon ou d'une autre: par le biais de leurs parents ou par une éducation religieuse extérieure. Je ne voudrais pas qu'il leur "manque" quelque chose, car je pense que lorsque l'on a connu D.ieu ne serait-ce qu'une fois, il ne nous quitte pas vraiment, même si nous, nous avons l'impression que si.

Pour enfin répondre concernant mon conjoint, il a été croyant plus jeune, et suite à de gros problèmes, que je ne souhaite pas développer par respect pour lui (problèmes très sérieux dont il n'est nullement responsable et que nous affrontons toujours), il a eu, je pense, l'impression que si Hachem existait, il aurait fait quelque chose pour lui, ou au mieux que son cas ne l'intéressait pas. Je ne vous cache pas qu'à sa grande surprise, c'est parfois moi qui lui dit qu'il pourrait "faire un effort" par rapport à certaines mitsvot. Lorsqu'il blasphème (involontairement) je le reprends de façon systématique. Alors, je ne pourrais pas dire que cela ne me pose pas de problème. Cela m'ennuie un peu, et d'ailleurs je prie beaucoup D.ieu afin qu'il lui montre ce que mon compagnon pourrait percevoir comme un signe. Disons plutôt que je lui pardonne et j'essaye de comprendre, aussi en me disant que pour qu'il revienne peut-être aussi vers D.ieu, même de façon timide au début, il faut aussi renvoyer une image positive des croyants (même si je ne suis pas juive). Et donc ne pas le "harceler" à ce sujet, tout en lui en parlant gentiment de temps à autres (je lui demande par exemple pourquoi il s'est détourné de D.ieu, de partager avec moi ses souvenirs, comme par exemple sa Bar-Mitsvah, j'ai même déjà dit que je ne verrais aucun problème à avoir une Menorah à la maison, et j'en suis même à me demander si je ne devrais pas prendre moi-même l'initiative de lui en offrir une). Je crois en fait qu'il voit surtout ce qu'il identifie comme des privations et efforts à faire, et qu'étant dans une situation où sa vie est déjà beaucoup affaire de privations, il doit sans doute avoir du mal à s'en ajouter d'autres.

Si tel était mon choix final et que je restais chrétienne, je n'aurais pas de problème avec le fait qu'il souhaite à nouveau pratiquer sa Foi (même si malheureusement, il ne pourrait être dans le plus grand respect de la Halakha puisque je ne serais pas juive). Clairement, si un jour nous venions à nous séparer, ce que je ne souhaite pas et qui de plus m'étonnerait fortement car nous sommes extrèmement soudés, ce ne serait pas à cause de la religion. MAIS, je considère toutefois que les choix de vie des parents n'empêchent pas d'offrir aux enfants la même chance que nous avons eu de connaître D.ieu dès notre naissance, malgré que nous n'ayons pas grandi dans la même religion lui et moi.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6311
Désolé du temps que je mets à revenir sur chaque fil, les internautes savent qu'il ne faut pas espérer une réponse dans l'année avec moi, j'ai fait un effort pour vous, mais ne m'en veuillez pas si je ne peux pas assurer une réponse rapide par la suite, je ferai de mon mieux avec l'aide de D.ieu.

Je me contente pour le moment de soulever un aspect qui me semble contradictoire dans votre message, toujours dans l'espoir de mieux vous cerner/comprendre:
vous écrivez:

Citation:
1) Je crois absolument au D. de la Torah, et je pense que l'intégralité de la Torah est son message. Je crois en la Vérité transmise par les prophètes reconnus comme tels par le peuple juif.


Mais quand je vous demande :

croyez-vous en la Halakha?
c-à-d: croyez-vous que la Halakha (ou la pratique religieuse juive) reflète correctement la volonté de D.ieu? (ou bien pensez-vous que les juifs pratiquent une religion qui ne va pas dans le sens de la volonté divine)


Vous répondez:
Citation:
2) Je pense, et c'est là que cela devient plus complexe, car le chemin de Foi de chacun peut être très différent et très compliqué, que la Halakha est la Vérité, et qu'elle reflète effectivement la volonté de D.ieu. Je crois donc que les juifs essaient donc (car nul n'est parfait) d'attendre un idéal qui plait à D.ieu.


Mais je vais affiner ma question:
il y a des points de la Halakha [size=](et non les moindres, par définition)[/size] qui se trouvent explicitement dans le texte de la Torah.

Si vous pensez que toute la Torah est bien le message de D.ieu, je vous cite:
Citation:
je pense que l'intégralité de la Torah est son message.

Vous admettrez donc que les points essentiels de la Halakha qui trouvent leur source dans la Torah sont la volonté de D.ieu.

Par exemple: l'interdit de consommer certains animaux, celui de consommer du levain ('hamets) à Pâques, celui de travailler le shabbat et jours de fête, le devoir de circoncision, de mettre les Tfilines (phylactères, quelle que soit leur apparence), les Tsitsit (franges, idem...), la Mezouza, et j'en passe.

Donc, avant tout: respectez-vous, pratiquez-vous tout ce qui ressort explicitement de la Torah?

Comprenez qu'une des différences majeures entre le christianisme et le judaïsme, c'est l'application des textes, le rapport "simple/direct" avec D.ieu.
Si vous considérez que ces textes sont bien la volonté de D.ieu et donc qu'Il vous demande bien de ne pas manger ceci ou cela, si malgré tout vous pensez que vous pouvez ne pas y prêter attention (car ça ne serait qu'une image, une parabole, un symbole... etc.), c'est une démarche chrétienne.
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