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LECTURE DE LA THORA PAR LES FEMMES

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Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6311
Nous sommes en page 4 sur ce post qui avait fait rage il y a un moment maintenant.
En relisant un morceau, je l'aperçois qu'il y a un message qui n'a pas été répondu, il se trouve en page 1, posté par Mertsag le 5 novembre 2012, en voici une copie in extenso:

Citation:
Kvod Harav,
Hazak, hazak, 1000 fois hazak !

Si vous me permettez une toute petite remarque : dans les "alternatives" que vous proposez, vous incluez l'étude du Talmud [par les femmes].
A mon très humble avis, ce serait également à ranger dans les "changements brutaux" à éviter (en France du moins)...
Même si dans certains milieux c'est de plus en plus répandu, et pas formellement interdit par la Hala'ha, cela marque clairement une rupture par rapport à nos traditions ancestrales.
Il y a tant de choses à étudier dans le judaïsme (et je suis à 100% pour que les femmes étudient autant qu'elles veulent de façon générale), pourquoi vouloir à tout prix se plonger dans un texte écrit par des hommes, pour des hommes, avec une structure typiquement masculine, si ce n'est pour essayer d'être l'égal des hommes ?
Je trouve personnellement cette "réforme" dangereuse, pour les mêmes raisons que vous décrivez à propos de la Kriat Hatorah féminine.
Mais si pour la Kria, les risques à long terme que vous évoquez ne sont encore que virtuels, on remarque déjà, là ou cela se pratique, des effets de l'étude du Talmud.
Pour être plus précis, comme vous le savez (ce n'est pas moi qui vais vous apprendre cela !), la maîtrise du Talmud demande un engagement de longue durée (cela ne s'acquiert ni en 2 heures hebdomadaires, ni même en une ou deux années à plein temps). Cette étude étant généralement en plus d'études "profanes" (professionnelles ou académiques), cela retarde d'autant l'âge auquel les jeunes filles sont (ou se sentent) prêtes à se marier. Et, comme vous le savez, plus on attend, plus c'est compliqué... De plus, une femme ayant un niveau en Talmud élevé aura des attentes en conséquence de la part de son mari, ce qui restreint encore "le choix". Ceci est (toujours à mon très humble avis) un facteur (parmi tant d'autres) qui débouche sur la crise des chidou'him que l'on rencontre actuellement (et qui frappe particulièrement durement, justement, les milieux où les femmes étudient le plus).
Peut-être que cette impression (l'impact sur les chidou'him) est erronée, peut-être que ce n'est qu'un décalage momentané sans conséquence grave à long terme (après tout Sarah Schenirrer a fait trembler plus d'un rabbin avant d'imposer son modèle) mais quoi qu'il en soit, je me dis qu'il vaudrait mieux éviter de développer cette "nouveauté" en France (où le phénomène est encore marginal comparé à ailleurs), au même titre que tous les "changements brutaux" que vous dénoncez.
Si vous pensez que l'étude du Talmud par les femmes n'est pas comparable à la Kriat Hatorah par les femmes, je vous serai infiniment reconnaissant de bien vouloir m'expliquer pourquoi.

A part ce tout petit détail, je ne trouve suffisamment de mots pour vous exprimer mon admiration et vous remercier pour la qualité de vos interventions.
Kol touv


Je viens donc répondre à ce message avec un grand retard.

Citation:
Kvod Harav,
Hazak, hazak, 1000 fois hazak !

Merci, merci, 1000 fois merci :)


Citation:
...l'étude du Talmud [par les femmes].
A mon très humble avis, ce serait également à ranger dans les "changements brutaux" à éviter (en France du moins)...

Même si dans certains milieux c'est de plus en plus répandu, et pas formellement interdit par la Hala'ha, cela marque clairement une rupture par rapport à nos traditions ancestrales.


J'entends.
Néanmoins la rupture est différente, elle est de nature à rapprocher les femmes de D.
Je ne dis pas qu'il faille imposer l'étude du Talmud aux femmes, bien sûr.

Je sais que le permettre est déjà un changement, cependant ce changement a déjà été amorcé, par le Rabbi de Loubavitsh et quelques autres, même le 'Hafets 'Haim à son niveau, en permettant et encourageant les filles à étudier la Bible, la ala'ha, Avot et le moussar, il y avait déjà une rupture très nette.

Mais il a jugé cela nécessaire en fonction du changement de mentalité des jeunes générations.
Je crois que c'est aussi le cas de nos jours, en tout cas pour certaines femmes: elles n'ont presque plus de lien avec D. , si cela doit passer par l'étude, au moins elles resteront juives (dans la tête).

Et surtout, la rupture avec le passé étant plus qu'enclenchée, cela ne servirait plus tellement de s'entêter sur ce point dans la mesure où il n'est pas vraiment de nature à déstabiliser la pratique du judaïsme, voire l'inverse.
Je ne parle pas des femmes qui étudient le Talmud par elles-mêmes, en se persuadant qu'elles comprennent tout sans l'aide d'un guide et arrivent à des compréhensions d'un ridicule inégalable si ce n'est par leur orgueil, c'est malheureusement souvent le cas parmi ces femmes qui n'ont étudié le Talmud que par le biais d'une université auprès d'enseignants dont les capacités sont plafonnées à la seule traduction du texte mais à qui il manque le fameux Shimoush dont le Talmud lui-même souligne le caractère indispensable.
Cette lacune va généralement de paire avec l'orgueil de ces personnes (femmes ou hommes), persuadées que rien ne leur échappe puisqu'elles savent traduire le texte de l'araméen.

Concernant le Shimoush, voyez encore ce que j'ai écrit ici:
http://techouvot.com/refome_ou_progres-vt14592.html?highlight=

Citation:
Il y a tant de choses à étudier dans le judaïsme ... pourquoi vouloir à tout prix se plonger dans un texte écrit par des hommes, pour des hommes, ...si ce n'est pour essayer d'être l'égal des hommes ?


J'entends de nouveau.
Toutefois, il y a tellement peu d'hommes qui étudient le Talmud que ce n'est pas comparable à la Kriat athora :)

Aussi, lorsque vous parlez d'un texte "écrit par des hommes et pour des hommes" (argument rabâché même par des femmes qui veulent expliquer leur difficulté à saisir les raisonnements talmudiques), je soulignerais qu'à ce compte, on peut voir le même problème dans l'étude des mathématiques, de la philosophie, de la botanique, de la géologie, de la biologie, de la chimie, de la géométrie, de la physique, ... la musique, l'astronomie, l'économie, la psychologie, l'histoire, la politique, la théologie, la criminologie, le droit, la médecine, ........

Dans toutes ces sciences, l'apport des femmes est minime comparé à celui des hommes, toutes les bases de ces savoirs ont été élaborées "par des hommes pour des hommes" comme vous dites, mais cela n'empêche pas que les femmes qui y ont actuellement accès ont pu y apporter leur contribution pour faire progresser ces disciplines.

En les excluant de ces disciplines "masculines", qu'est-ce que vous leur laissez? La sorcellerie? la restauration? (et encore, jusqu'à ce jour, les plus grands chefs sont des hommes)


Citation:
on remarque déjà, là ou cela se pratique, des effets de l'étude du Talmud.

Ha bon, Je ne le savais pas. Mais êtes-vous sûr que c'est le résultat de l'étude? Ne serait-ce pas plutôt le résultat de l'orgueil qui va souvent avec comme je le disais plus haut?
Il y a eu plusieurs femmes érudites dans l'histoire et on ne retient pas des effets négatifs rapidement survenus.


Citation:
cela retarde d'autant l'âge auquel les jeunes filles sont (ou se sentent) prêtes à se marier

Je reconnais l'existence de ce problème sans pour autant le voir forcément lié avec cette étude. Encore une fois, il y aura les orgueilleuses habituelles qui voudront surtout se faire remarquer, qui iront fanfaronner dans leur synagogue en citant des passages du Talmud à l'encontre du rabbin (si c'est un homme), celles-là ont déjà du mal à se marier et généralement, ces femmes-là n'arrivent jamais à se marier et si elles se marient , ça ne dure pas.

Connaissez-vous des femmes de cette catégorie qui rouspètent systématiquement contre les hommes et qui tiennent à montrer leur connaissances talmudiques à chaque occasion, qui soient restées mariées plus de dix ans?

N'avez-vous jamais remarqué que toutes ces femmes qui se disent érudites sont des divorcées?

Elles se l'expliquent certainement en disant qu'aucun homme ne supporte l'érudition de sa femme.
Je pense personnellement que c'est faux, ce que les hommes ne supportent pas c'est l'orgueil pédant de ces femmes qui se croient érudites.
Mais quand bien même auraient-elles raison, elles admettent donc que cette érudition n'est pas compatible avec une vie de couple/de famille.
A elles de faire leur choix...

Selon moi, le choix n'est pas entre "famille" ou "étude", mais entre "orgueil" ou "étude dans le but de se rapprocher de D."

Citation:
De plus, une femme ayant un niveau en Talmud élevé aura des attentes en conséquence de la part de son mari, ce qui restreint encore "le choix"

Puisque les Sages recommandent d'épouser un érudit, ce choix devrait déjà être restreint. C'est comme si vous disiez que s'astreindre à chercher un pratiquant restreint le champ de recherche...

Citation:
Ceci est ... un facteur... qui débouche sur la crise des chidou'him que l'on rencontre actuellement (et qui frappe particulièrement ... les milieux où les femmes étudient le plus).

C'est vrai, seulement je pense que la difficulté n'est pas liée à l'érudition de la femme, mais à ses midot. Si elle est érudite sans en éprouver de l'orgueil, je ne vois pas en quoi son érudition serait un point négatif, au contraire.

Citation:
quoi qu'il en soit, je me dis qu'il vaudrait mieux éviter de développer cette "nouveauté" en France

Je ne propose pas un nouveau système à l'instar du concept du séminaire qui était nouveau, celle qui veut rester une juive classique le peut, je dis juste aux femmes qui trouvent nécessaire d'organiser des lectures de femmes, qu'elles feraient mieux d'étudier.

Citation:
au même titre que tous les "changements brutaux" que vous dénoncez

J'ai déjà souligné la particularité de tout ce qui touche au rituel synagogal.
De plus dans ce cas, l'aspect facile d'un minian disparaît un peu pour ne laisser en scène que les femmes réellement motivées par un lien avec D.

Citation:
Si vous pensez que l'étude du Talmud par les femmes n'est pas comparable à la Kriat Hatorah par les femmes, je vous serai infiniment reconnaissant de bien vouloir m'expliquer pourquoi.

Je viens de le faire (je réponds au fur et à mesure sans encore avoir lu la suite de votre message).

Citation:
A part ce tout petit détail, je ne trouve suffisamment de mots pour vous exprimer mon admiration et vous remercier pour la qualité de vos interventions.

C'est trop, c'est trop. Je vais rougir...
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6311
On m'a signalé que mon tout premier message (en page 1) qui se rapporte à l'article de M. Ouanounou sur JForum et qui y renvoie par un lien, est désormais incomplet car le lien ne donne plus rien, l'article a été retiré ou déplacé et est inaccessible.

Je vais donc en poster une copie intégrale, afin de permettre la compréhension des messages sur ce fil de discussion.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6311
Voici l'article initial de M. Ouanounou qui a fait l'objet de tous ces débats:

Citation:
Que dit le Talmud sur la lecture de la Torah par les femmes ?

vendredi 2 novembre 2012

La place des femmes à la synagogue a fait l’objet d’un article intitulé : La femme juive : larbin OUI, rabbin NON.

Un lecteur nous adresse un texte qui participe au débat, que JForum entend poursuivre, pour que les femmes aient enfin une place réellement digne dans nos synagogues, et qu’elles soient traitées avec les mêmes égards que les hommes.

Fauteuils pour les uns, chaises en plastique derrière des rideaux atroces pour les autres, voilà l’indignité qui doit frapper les responsables des synagogues, qui devraient avoir honte de ce qu’ils font subir aux femmes sous le fallacieux prétexte de la halakha.

Cette marque de mépris n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, tant la femme n’est pour certains existante qu’au travers de son "impureté", et de la seule mitsva du mikvé dont elle est redevable.
Le débat continu, et vos réflexions sont les bienvenues.


La femme juive : larbin oui, rabbin non ..

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt, mais sans trop de surprise, l’article concernant cet incident à la synagogue de Neuilly.

Il y a depuis quelques années une surenchère orthodoxe dans le judaïsme français, qui me met mal à l’aise, une surenchère sans retenue, coûte que coûte, à laquelle participent souvent des gens qui n’ont découvert que très récemment la pratique juive rituelle.
Cette surenchère nuit gravement à la sérénité de la communauté juive ; elle place souvent le débat là où il n’a pas lieu. Voilà pourquoi, sans prétendre être une référence halakhique, je souhaite participer à ce débat.

Voyons ce que disent les textes à ce sujet, dans le Talmud, Traité Meguila, en page 23a.
Abordant dans ce chapitre la question de savoir quels passages de la Torah doivent être lus, et le nombre de montées à la Torah, et notamment le shabbat, le Talmud aborde la question de savoir qui est éligible à la montée à la Torah.
ת"ר דהכל עולין למנין שבעה ואפילו קטן ואפילו אשה

Nos maîtres ont enseigné que tout le monde compte pour les sept montées [à la Torah], même les enfants, même les femmes.

Ce texte provient de la guemara, texte fondateur du judaïsme – au contraire du Shoul’han Aroukh qui date du XVè Siècle même si, à juste titre, s’appuie sur la Guemara – et ce texte parle de la montée à la Torah des femmes et des enfants pendant l’office rituel du Shabbat.

Soyons clairs : il ne s’agit pas d’un office « entre femmes » ou « entre enfants », mais de l’office rituel public, où sont présents les hommes – et le rabbin qui dirige l’office – ; soyons clairs enfin : le texte n’émet aucune réserve que celle que je préciserai plus loin – et notamment le texte ne mentionne aucune réserve relevant de la Niddah –.

Comme chacun sait, le Talmud est le lieu privilégié du débat, et il est rare qu’un sujet, aussi mineur soit-il, ne soit pas l’objet d’un débat parfois houleux, et toujours sans concession, entre les sages du Talmud.
Cette phrase qui aujourd’hui encore semble révolutionnaire, ne fait cependant l’objet d’aucun débat.
On s’attendrait, sur une phrase aussi inattendue, à quelques désaccords virulents, des divergences – au minimum – ou au moins à une discussion, mettant éventuellement en perspective des avis différents.
Or, cette phrase est là, tranchée, suspendue dans le texte comme un verdict.

Je disais qu’il y avait une réserve, la voici :
אבל אמרו חכמים אשה לא תקרא בתורה מפני כבוד צבור

Cependant, nos sages ont dit qu’une femme ne lise pas afin de préserver le kavod du public.

Faisons attention à la différence de ton avec la phrase précédente : ce sont les sages qui disent –comme un conseil, et non « qui enseignent » une loi – , recommandent qu’une femme ne lise pas elle-même le passage au cours duquel elle monterait à la Torah, afin de ne pas vexer peut-être les hommes qui ne savent pas lire la Torah.

Soyons clairs : ce qui est énoncé ici n’est pas une loi, mais un conseil, pour lequel les sages nous précisent la cause. Les hommes étant généralement jaloux de leur supériorité au sexe dit faible – aujourd’hui encore ? – il faudrait éviter de les titiller sur ce sujet afin de préserver le kavod du public. – Mais alors si la cause disparaît, la règle disparaît ! (voir à ce sujet Avoth 5 :16) ; si les hommes n’étaient plus gênés par l’intelligence des femmes, il n’y aurait plus lieu de tenir compte de cet usage (qui n’est clairement pas une loi).

Car après tout, pourquoi nous donne-t-on les motifs de nos sages si ce n’est pour nous dire que cet usage ne vaut que tant que les talents des femmes sont perçus comme une offense aux hommes.

Pour ma part, et à titre personnel, je n’ai pas très envie – et je le dis plus gentiment que je ne le pense – de prier avec des hommes qui sont vexés qu’une femme soit plus érudite qu’eux.
D’ailleurs, le Traîté talmudique Baba Metsi’a dit bien, page 59a :
(וא"ר) חלבו לעולם יהא אדם זהיר בכבוד אשתו
שאין ברכה מצויה בתוך ביתו של אדם אלא בשביל אשתו
שנאמר ולאברם הטיב בעבורה

Rabbi Halbo a enseigné qu’un homme doit toujours (le texte dit : לעולם « éternellement », et non תמיד) faire attention au kavod de son épouse, car la bénédiction ne vient dans la maison d’un homme que par le fait de son épouse, ainsi qu’il est écrit : « Et il favorisa Abraham grâce à Sarah » (Béréshit – 12 :19)

Faut-il insister lourdement, en précisant que tout le mérite d’Abraham ne suffisait pas … et qu’il fallait celui de Sarah pour que la bénédiction puisse s’installer. Tout cela pour dire que mon sentiment, que j’ai décrit ci-dessus comme personnel, qui consiste à se méfier de ceux qui sont trop prompts à disqualifier les femmes, me paraît explicitement conforté par le Talmud, plus que je ne pouvais l’espérais ...

Voyons maintenant ce que dit le Shoul’han Aroukh à ce sujet : eh bien, il n’a pas le choix ! Le texte de la Guemara étant très explicite, et ne prêtant à aucun débat, le Shoul’han Aroukh, dans sa section qui concerne les montées à la Torah le jour du Shabbat (Hilkhot Shabbat – section 282 parag. 3), reprend exactement, mot pour mot, la phrase du Talmud – Traité Méguila – que j’ai citée plus haut.
La phrase de la Guemara étant tranchée, avait-on le choix ?

Mais les annotations autour du texte, faisant preuve de bien moins de modernité et d’ouverture que le texte du Talmud pourtant plus ancien, ont poussé l’interprétation de cette règle aussi loin que possible dans le sens de la misogynie : puisque le texte de la Guemara parle de sept montées, cette règle ne s’appliquerait – selon une discrète note de bas de page postérieure à la rédaction du Shoul’han Aroukh – que le shabbat, seul jour où il y a sept montées. Cette note, à défaut de justifications explicites, me paraît contraire aux règles de lecture de la Guemara.

La première réserve est que le texte de la Guemara ne s’interprète pas comme on le fait pour la Torah, mais se lit comme un propos humain usuel. Parlant des montées à la Torah le jour du shabbat, il était logique de parler de sept montées.

Et la seconde est que, si les femmes peuvent monter à la Torah le jour du shabbat, on voit mal – sauf justification explicite qui n’est donnée nulle part – ce qui les rendrait invalides les autres jours.

Enfin, saluons cette note de Mishna Beroura, qui vient préciser le texte du Shoulhan Aroukh : les femmes peuvent monter à la Torah le shabbat –lors de l’office rituel public en présence des hommes – , mais il est interdit de faire monter uniquement des femmes. D’un point de vue halakhique, toujours selon le Shoul’han Aroukh, on peut faire monter le Shabbat six femmes et un homme ! Voilà qui invalide définitivement les postures sexistes que l’on rencontre bien trop souvent dans nos synagogues.

Et que dit Maïmonide, dans le Mishnei Torah ? Exactement la même chose, la même phrase (Hilkhot Tefila, chapitre 12, halakha 17), mot pour mot ! Avait-il le choix, puisque la Guemara a prononcé son verdict sans laisser place au moindre débat ?

Maintenant, je pose la question : ne serions nous pas, nous les hommes, en train de voler les femmes, chaque semaine que Dieu fait, en les empêchant de faire des choses que le Talmud, le Shoul’han Aroukh et le Mishnei Torah de Maïmonide les autorisent à faire selon leur bon gré ?

Je pose cette question, en ajoutant ceci : la Torah, dans le verset Dévarim 13 :1, précise qu’il est interdit d’ajouter aux lois de la Torah, et que le Talmud insiste en précisant que celui qui ajoute des lois, retranche en réalité la loi qui interdit d’ajouter !

Mesdames, voici ce que l’Eternel a dit à Abraham, tout Abraham qu’il était !
כֹּל אֲשֶׁר תֹּאמַר אֵלֶיךָ שָׂרָה שְׁמַע בְּקֹלָהּ
Béréshit 21 :12 : Tout ce que te dira Sarah, obéis à sa voix J’ai cherché dans toute la Bible pour savoir si un jour l’Eternel avait dit à une femme d’obéir à la voix de son mari … - j’aurais bien aimé - mais je n’ai rien trouvé de tel.
Je vous réconforterai peut-être en vous disant que rien dans la Torah ne mentionne explicitement l’injonction de prier, ni celle de lire la Torah en office public.
Ces dispositions ont été établies après la destruction du Temple, en s’appuyant sur un verset qui ne vient pas de la Torah, mais des prophètes (Hoshéa 14 :3) – or les règles de l’interprétation talmudique établissent que les livres des prophètes ne sont pas une référence pour fixer la halakha, sauf si elles sont confortées par la Torah .
Si l’on veut d’ailleurs être objectif, il est très vraisemblable que les Hébreux de l’époque biblique – qui ne priaient pas, il n’y avait pas de synagogues ! – , s’ils voyaient notre rituel synagogal, ne nous considèrerait pas comme des coreligionnaires.
Mais soit ! La règle a été fixée, et nous prions. Mais de là à travestir les textes pour y installer ses préjugés misogynes, il me semble que c’est un peu excessif !

Mais cette affaire que j’ai découverte ce matin, sans grand étonnement, révèle des choses qui devraient attirer notre attention : c’est au sujet de cette maladie polémique qui sévit de plus en plus souvent dans nos synagogues sur les questions halakhiques, et qui ressemble de plus en plus à des anathèmes.

Comme dit un de mes amis rabbins – que je respecte profondément – les juifs votent avec leurs pieds : ceux qui sont raisonnables ne vont pas à la synagogue.
Les autres, ceux qui viennent montrer que leur chapeau est plus grand, que leur talith est plus kasher, ou que leurs téfillin sont plus spectaculaires (et quoi d’autre encore ? – décidément il est difficile d’élever le niveau de la comédie humaine, et la religion n’y suffit pas), cassent les pieds au rabbin.
De sorte que, s’il veut avoir la paix, ou simplement survivre dans la synagogue, le rabbin n’a pas d’autre choix que de se laisser dériver vers un fanatisme superstitieux et superficiel, fétichiste (idolâtre ?), où quelques individus plus présomptueux que religieux parviendraient à la seule chose qu’ils semblent désirer ardemment : rester entre soi. C’est, me semble-t-il, ce qui nous attend au tournant !

En somme, pour avoir la paix, consciemment ou non, les rabbins sont contraints de suivre le plus intransigeant, même lorsqu’ils savent qu’il a tort. Devrions-nous en tenir compte, et relativiser tout ce que nos rabbins nous disent ?

En intervenant ici, je ne me fais pas trop d’illusions. Il est peu probable que l’on mette en application les textes que j’ai cités, et qui devraient pourtant faire référence. « Politiquement » parlant, mon intervention est une erreur.

Pourtant, c’est là que se trouve le vrai débat : sommes nous fidèles à nos textes, ou bien gérons nous des intérêts, qui oscillent entre les superstitions des uns, la carrière des autres, ou le narcissisme de quelques uns ? Pourquoi mentir par omission ?

Je me suis déjà interrogé, avec des rabbins « très orthodoxes » sur ces textes talmudiques et sur le fait qu’ils ne sont pas respectés, voire même qu’on entretient l’ignorance des gens à ce sujet. La plupart m’ont avoué qu’il serait trop risqué de mettre ce débat sur la table.

Ce n’est pas ce que je crois. Ne disons nous pas que nous sommes prêts à tout pour la vérité. Alors voilà ! Si c’est vrai, si ce que dit le Talmud est vrai, pourquoi le détourner ?

Ne fût-ce que pour cette raison, je remercie le Rabbin Azoulay de servir la vérité en mettant sur la table un vrai débat, fondé de manière authentique sur nos textes fondateurs, et qui soulève des questions de fond intéressantes.

Je ne connais pas de près le Rabbin Azoulay, et je ne lui ai jamais parlé directement. Mais j’ai assisté à plusieurs de ses offices de semaine, j’ai entendu plusieurs de ses discours, et je l’ai observé à cette ocasion. C’est un homme que j’ai trouvé doux, impliqué dans sa synagogue, très attentionné, et surtout, ayant une réflexion spirituelle dense, un questionnement intérieur profond qui m’a semblé sincère, et une authentique volonté d’être fidèle aux textes. Ça se voit à sa manière d’aborder autrui, au ton de sa voix, doux et attentionné, et la manière dont il conduit sa réflexion et son propos. Il fait partie de ces hommes dont le reflet dans mon cœur m’a été agréable (je fais ici allusion au verset Proverbes 27 :19).

Je ne suis pas étonné qu’il fasse l’objet d’une telle polémique : un philosophe dont j’ai oublié le nom avait dit un jour, dans une émission de radio, que le peuple aime harceler ses élites. C’est pour cette même raison, nous le disons souvent, que les juifs sont harcelés. C’est aussi pour cette raison que les femmes sont disqualifiées … C’est enfin pour cette même raison que les rabbins qui vivent profondément ce qu’ils disent, en l’étudiant méticuleusement et sincèrement, ceux qui ne jouent pas au plus grand chapeau ni à la plus grande kippa, sont victimes de ces polémiques stériles dressées par des néophytes qui feraient bien d’étudier avant de lancer des anathèmes.

Après tout, ces rabbins, ce sont les juifs des juifs !
Mais c’est bien dommage, car ces attitudes primaires causent au judaïsme des dommages infernaux – au sens étymologique du terme – alors que nous disposons, je l’ai montré et je le crois profondément, de textes tellement modernes.

Jacob Ouanounou


Voilà, c'est contre ce texte que j'ai écrit l'article que vous trouverez plus haut ou ici:
http://www.techouvot.com/lecture_de_la_thora_par_les_femmes-vt15762.html
et au long des pages suivantes, il y a les réponses de M. Ouanounou et mes réponses sur les siennes.
anony
Messages: 39
Il y a eu plus de 100 000 vues sur ce sujet, est-ce le record absolu de Techouvot .com ? :-)
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6311
Citation:
Il y a eu plus de 100 000 vues sur ce sujet, est-ce le record absolu de Techouvot .com ?


Je ne sais pas, mais c'est vrai que ça fait beaucoup.

C'est un sujet délicat car souvent passionné -au lieu d'être analysé calmement.
D'où les difficultés rencontrées par certains pour comprendre ce qu'on leur explique (comme vous le constaterez en lisant attentivement les pages qui précèdent).

D'un côté il y a les misogynes et de l'autre les féministes.
On ne peut parler ni avec les uns ni avec les autres, ils se braquent tout de suite sans tenter de comprendre ce qu'on leur dit, tant ils sont persuadés que seules ces deux lectures du monde sont possibles.

Hélas.
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