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Prénom de ville pour une fille

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gadauladaur
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Ayant deja lu les réponses de Rav Binyamin Wattenberg sur ce sujet j'aurai malgré tout voulu savoir ce qu'il en est de nommer un enfant au nom d'un endroit ou d'une ville.
Je precise, pour une fille qui naitrait dans la période des 3 semaines l'idée serai de la nommer Shilo (avec ce que cela implique comme idée)..
Bref, y a-t-il un problème de nommer qqn par un lieu ?
Et est-ce que ce nom serait plus spécifique a un garçon ou a une fille ?

Merci
Rav Binyamin Wattenberg
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Donner le nom d’une ville, pourquoi pas ?

Il y aura certainement des opposants, nous trouvons dans le Shout Shéilat ‘Hemdat Tsvi (V, §47) qu’il ne faut pas donner à son enfant un nom de végétal car cela rabaisserait le niveau de l’homme au végétal.

Mais en tenant compte de tous les avis, on ne peut pratiquement plus vivre, il faut savoir distinguer entre ce qui a une source dans le Talmud et la halakha et ce qui n’en a pas.

Si c’est vrai (ce que dit le ‘Hemdat Tsvi), il ne faut pas donner les noms Tamar, Ilan, Ilana, Hadas, Olivier, Olivia, Shoshana, Suzanne, Vered, Daisy, Rose, Violette, Fleur, Eglantine, Anémone, Capucine, Iris, Hortense, Dalhia, Jasmin, Clémentine, Cerise, Marjolaine, Erez, Alon, Elona, Narcisse, Marguerite (Greta), Mélissa, …
[Pourtant Tamar figure dans la Torah comme nom d’une tsadeket. Aussi, Hadassa dans la Meguilat Esther…]

Et à plus forte raison ne pas donner le nom d’une ville ou d’un endroit qui serait encore plus bas que le végétal, ça rabaisserait l’homme au minéral –‘has veshalom!

Il faudrait interdire des prénoms comme Pierre, Zéphyr, Jade, Ambre, Agathe, Sharon, Eden, … Levana (si c’est la lune…et pas Blanche… mais peu probable), [Bar] Kokhva (résultat peu inspirant…)

Et le prénom Tsion ? Pourtant on voit bien dans la Bible que c’est un lieu géographique. C’est soit Jérusalem, soit Israël, soit une montagne, mais c’est bien un minéral et malgré cela, de grands rabanim ont porté ce prénom ou l’ont donné à leur enfant sans se soucier de le rabaisser au niveau du minéral.

Et Sinaï ? Ce prénom se trouve parmi les Rishonim et leurs élèves. Le Rosh avait un élève Russe nommé Rabbi Asher bar Sinaï (cf. Shout Harosh Klal 51, §2,2, p.219 dans la nouvelle édition Makhon Yeroushalaïm).
En plus récent, il y a le rav Sinaï Steiner (sefer Har Sinaï, 1883) (son fils a écrit le Shoshanat Yaakov -1882), le Rav Sinaï Sapir auteur du Shout Min’hat Ani (1847) (et son nom de famille est tout autant minéral, c’est le saphir), [un sefer éponyme comportant 130 koushiot –guematria Ani- a été rédigé par un rav Isaakhar ben harav Sinaï Lamdan ! Il y a aussi le Shiyarei Min’ha -1862 des écrits du même auteur], le rav Sinaï Rosenberg (sefer Imrei Sinaï, imp. En 1912).
Il y a parmi les récents et contemporains rabanim le rav Sinaï Méir Fraenkel, ou le Rav Sinaï Adler (ancien grand rabbin d’Ashdod) pourtant c’est le nom d’un endroit, c’est plutôt du minéral…

Je vois déjà venir les rabbins intellectuellement malhonnêtes qui sont prêts à [faire] avaler des couleuvres pour justifier un enseignement mystique étrange d’un autre rabbin, comme si le Kavod de la Torah serait plus préservé et sauf en croyant à toutes leurs âneries.
Je les vois venir de loin et soutenir avec aplomb qu’il est évident que rabaisser un homme au niveau du minéral est mauvais, mais si c’est Tsion ou Sinaï, il s’agît là de la crème de la crème du minéral, halvay de porter un tel prénom ! etc… (comme s’ils y comprenaient quelque chose à ces histoires de rabaissement au niveau du minéral).

Mais que diront-ils de Shoushan (Suze), prénom porté par plusieurs rabanim (tunisiens) connus, comme Rabbi Shoshan ‘Hori, ou encore Rabbi Shoshan HaCohen, le fils de l’illustre Rabbi Khalfon Moshé HaCohen !
Il est décédé en 1976 après avoir passé ses vingt dernières années en Israël où il a été Rav du Moshav « Eitan » (-tiens, voilà encore un prénom à interdire puisque c’est le nom d’une localisation !).

Alors oui, ils diront que ce n’est pas Shoushan la ville mais Shoshan la fleur, mais nous n’échapperons pas au rabaissement au niveau du végétal…

Et Shabtaï (=Saturne), en voilà un minéral qui sert de prénom !
Ce prénom aussi a été porté par des tas de rabanim, depuis les Sages du Talmud jusqu’au A’haronim comme le Shakh et des centaines d’autres.

Cependant le Tosfot (Guitin 11a) établit une distinction entre Shabtaï avec ou sans Alef; la planète (et Avoda Zara qui va avec) s’écrirait en cinq lettre (avec un Alef), différemment du prénom.

Mais nous trouvons malgré tout certains rabanim qui portaient ce prénom et l’écrivaient AVEC un Alef, comme :
Rabbi Shabtaï Bo’hbot (grand rabbin de Beyrouth) , mentionné dans le Shout Yaskil Avdi (II, §1 et §3) et dans le Shout Vezot Liyehouda (Y’’D §30 et §31 et E’’H §21)
Rabbi Shabtaï bar Astruc (fin XVème/début XVIème siècles) qui correspondait avec les fils du Rashbash (cf. Shout Yakhin Ouboaz I, §145 et II, §39) (et Cf. Malkhei Yeshouroun p.188)

[Il y a même un Tossafiste Rabbi Shabtaï AVEC un Alef ! voir Tosfot Nazir 3b (d’’h Heikha). (voir aussi Tosfot Baba Metsia 17a et Yevamot 65b)

Il y a aussi des Shabtaï juifs avec un Alef dans la Gmara Betsa (32b) et Yoma (83a), et un Rabbi Shabtaï avec Alef dans Baba Kama (112b), Nida (27b et 46a), Sanhedrin (8a), Midrash Sho’har Tov (§149), Tan’houma (Mishpatim §6), Yalkout Shimoni Melakhim II (§249) et Iyov (§922).

Et que dire des noms de famille au nom de villes ?
Pourquoi ce « problème » ne concernerait que les prénoms ? Somme toute, on va appeler un humain au nom d’une ville !

Chez les ashkenazim, un patronyme en fonction du nom d’une ville, c’est très fréquent (je suis moi-même concerné). Ça existe aussi chez les sfaradim.

Je pense que porter le nom d’un minéral ou d’un végétal ne devrait pas (-au moins de nos jours) porter préjudice à l’âme de l’enfant, dans la mesure où ce nom porte un symbole précieux ou une valeur positive.

Je serais tenté de dire que selon la logique du ‘Hemdat Tsvi, il ne faudrait pas non plus lui donner un nom d’animal, pourtant il s’appelle lui-même Dov (ours) et son père Tsvi (cerf). (son nom est Rav Moshé Dov ben Tsvi Yehouda Welner).
Il le remarque lui-même, mais sa réponse justifiant l’utilisation des prénoms «d'animaux » devrait selon moi plutôt nous pousser à prouver que son invention concernant les végétaux est fausse.

On retrouve cependant la même idée interdisant cette fois-ci de donner le nom d’un minéral, végétal ou animal, dans le Shout Mevasseret Tsion (p.318) au nom de Baba Méir Abou’hatsira.

Que dire si Baba Méir s’en mêle ?
Mais force nous est de constater que le minhag haolam et des milliers de rabanim sont en désaccord avec lui puisque les noms d’animaux sont très fréquents.

Rav Chajkin aussi s’opposait à ce que l’on donne des surnoms d’animaux impurs à des enfants, comme « mon petit lapin » (Pour la gloire de Hachem p.284), je ne sais comment il s’arrangeait avec les prénoms pour faire une distinction entre prénom et surnom, mais il savait bien que les prénoms Arié Zeèv Ber Dov Leib etc. sont monnaie courante et il ne s’y opposait pas (les prénoms de ses fils et petits-fils le prouvent).

Doit-on souligner à quel point l'analyse des sources prouve que cette position (interdire les prénoms d'animaux) est absurde?
Manquerait-il des exemples dans la Bible elle-même?
Je respecte Baba Méir et le Rav Chajkin, mais qu'y puis-je si ce qu'ils pensaient est contredit par nos sources?

POUR CONCLURE, je ne sais pas ce que Shilo vous évoque de positif (le Mishkan ? l’Arche ?) mais puisque vous y voyez un signe positif pour votre enfant, je ne vois pas de souci majeur à ce que vous lui donniez ce nom [dans la mesure où il n'entraînera pas de moqueries à son encontre], comme Tsion ou Sinaï.

Mazal Tov à Shilo !


Dernière édition par Rav Binyamin Wattenberg le Ven 03 Juin 2022, 9:17; édité 1 fois
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6311
On m'a fait remarquer que je vous ai répondu sur la première question (le nom d'une ville pour un enfant), mais pas sur la seconde (Shilo adapté à une fille ou un garçon).

Je dois dire qu'à première vue, c'est plutôt "d'usage" pour un garçon.

Il y a un R. Shilo dans le Talmud, on l'appelle généralement R. Shila car son nom se termine par un Alef, mais les habitués à l'araméen du Talmud n'y verront pas un obstacle.
Il s'orthographie sans souci Shilo avec Hé final dans le Yeroushalmi (2ème chap. de makot et 2ème de Shabbat et 8ème de Sanhédrin).
Voir Mevo Hayeroushalmi (Fraenckel)(124b)

D'autant que de la Gmara Bavlit Sanhedrin (98b), il semble bien que ce soit le même nom (ses élèves y disent que le nom du messie sera Shilo (avec Hé)).

En tout cas, nous avons déjà là Shilo en tant que nom du Mashia'h.

Il y a aussi à l'époque des Rishonim des hommes qui portent ce prénom.
Il y a un Rabbi Shilo ben R. Its'hak mentionné dans le Sefer Haïtour (I, daf 41a, colonne 2 vers le milieu. ici: http://www.hebrewbooks.org/pdfpager.aspx?req=20515&st=&pgnum=82&hilite= )

Bref, c'est plutôt masculin.
Cependant, voyez ce que j'ai écrit plusieurs fois sur ce site, qu'il n'y a pas de réel problème à donner un prénom de garçon à une fille (tant que ce n'est pas humiliant pour l'enfant)
voyez par exemple ici:
http://www.techouvot.com/prenom_jonas_et_montee_a_la_torah-vt18557.html
et là:
http://www.techouvot.com/prenom_gabriel_gabrielle-vt15961.html

Nous trouvons des tas d'exemples de prénoms masculins qui ont été portés par des femmes ou l'inverse.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6311
On m'a demandé ce que j'entendais (dans mon premier message) par cette phrase: "Manquerait-il des exemples dans la Bible elle-même? ", quel exemple (de prénom biblique qui serait un nom d'animal) je pourrais donner?

Hé bien, contentons-nous de Yona.

Voilà déjà de quoi donner à réfléchir sur la position des rabanim cités plus haut (le Rav Welner , le Mevasseret Tsion, Baba Méir, etc.) pour qui il est problématique de porter un prénom de ce type.

Mais comme la question date d'aujourd'hui et que nous avons lu parshat Vaye'hi ce matin, j'ajouterais encore le Midrash sur Vayé'hi, Bereshit Raba (§97, 3) pour qui porter le nom d'un poisson est bon signe pour son fils (le fils de celui qui porte un nom de poisson) [il serait en mesure de "faire entrer les Bnei Israel en Israël"] et l'exemple qui y est donné, c'est Yeoshoua fils de Noun, Noune (ou Nouna) voulant dire poisson en araméen (cf. Nezer Hakodesh, cité par Ets Yossef ad loc).

Sans réclamer les promesses, nous voyons déjà que le nom du père de Yeoshoua n'est pas jugé négatif pour vouloir dire "poisson" et c'est même le contraire.

Je ne sais pas comment expliquer et justifier ces quelques rabanim qui interdisent les prénoms de ce genre (alors que les preuves contre eux sont nombreuses), mais ce que je sais, c'est que nous ne sommes pas tenus de les écouter si l'on constate que c'est contraire à l'avis des milliers de Rabanim qui l'autorisaient sans sourciller et le pratiquaient eux-mêmes.
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